lundi 21 juillet 2008

L’enquête sur l’enquête : Charleroi sur le gril('Soir'28 août 1996 p19)



L’enquête sur l’enquête : Charleroi sur le gril

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

La guerre des polices envenimait le climat à Charleroi. Il y a de la corruption dans l'air. Et peut-être des aveux dans le dossier de la « Porsche ».

Le parquet de Charleroi et le parquet général de Mons sont au centre de l'enquête confiée par le ministre de la justice Stefaan De Clerck au procureur général de Cassation Jacques Velu.
Le premier magistrat du parquet doit faire la lumière sur les raisons pour lesquelles le ministère de la Justice n'a pas été informé de la ré-arrestation de Marc Dutroux en décembre 1995.
La loi l'impose, on le sait,lorsqu'il s'agit de personnes en liberté conditionnelle, afin de permettre au ministre de révoquer l'arrêté de libération signé, dans le cas Dutroux, par Melchior Wathelet en avril 1992.
Le procureur général doit déterminer où l'on a failli : au parquet de Charleroi ou au parquet général de Mons, dont le chef, Georges Demanet, jure n'avoir été informé de rien?

Deuxième question : les informations obtenues par des gendarmes sur Dutroux dès octobre1993 (il aménageait ses caves pour y séquestrer des enfants) puis en 1995 (il offrait 150.000 F par fillette enlevée) ont-elles été communiquées à temps et entièrement au parquet de Charleroi?
Ont-elles été transmises au parquet de Liège à destination de la juge Martine Doutrèwe chargée de l'enquête sur Julie et Mélissa?
C'est dans ce volet de l'enquête que travaille à Liège le procureur général Anne Thily, chargée de faire le relevé de tous les devoirs effectués dans l'enquête « Julie et Mélissa ».

Troisième question : s'il y a eu blocages à Charleroi, comme certains l'affirment, il faut savoir par qui et pourquoi.

Quatrième question greffée sur la précédente : quel intérêt avaient des policiers, des gendarmes ou des magistrats carolorégiens de protéger Dutroux?
II n'est pas impossible que les réponses se rejoignent. Les explications obtenues se concentrent en effet sur une sale guerre entre policiers et gendarmes, mais, selon les sources, elles divergent quand il s'agit d'identifier les bons et les mauvais.
Les informations sur Dutroux obtenues par des gendarmes carolorégiens en octobre 1993, et complétées pendant l'été 1995, de même que le résultat des surveillances par une unité des Posa et les résultats de la perquisition de décembre 1995 chez Dutroux (on y avait déjà saisi plus de cent cassettes vidéo non pornographiques) ont, on le sait, été transmises par la gendarmerie de Charleroi à la brigade de Grâce-Hollogne.
Les surveillances sur Dutroux avaient notamment permis de le pister lorsqu'il sortait la nuit et sillonnait la région de Namur.
Mais aucun fait révélateur d'infraction permettant de l'inculper n'avait pu être observé.
On nous affirme que la gendarmerie a transmis en 1995 et par écrit ces informations à la section jeunesse du parquet de Charleroi.
Comme le parquet en a le droit, la substitute aurait même exigé de connaître le nom de l'informateur. Ce qui lui aurait été refusé, l'informateur craignant d'être éliminé si Dutroux parvenait à l'identifier.

UN CLIMAT DETESTABLE
C'était l'époque où le climat était devenu plus détestable que jamais à Charleroi. Zicot avait notamment pour informateur Marc Dutroux. Les gendarmes avaient un complice. Dans la chasse aux trafics de voiture, c'était la guerre entre PJ et gendarmes. On dit que Georges Zicot, ancien gendarme passé à la PJ, avait ouvert des dossiers à charge d'un gendarme et de dépanneurs. Que des gendarmes avaient perquisitionné dans un garage où étaient parquées les voitures saisies par le parquet de Charleroi, et que leur enquête visait notamment Zicot.
C'était aussi la guerre entre Zicot et l'expert en voitures Philip pe Demanet, le fils du procureur général de Mons. Zicot cherchait à le pincer dans un trafic.
Le comité P (contrôle des polices) avait investigué. Certains affirment que les enquêteurs auraient promis à des truands des arrangements à l'amiable s'ils chargeaient Zicot. D'autres disent que Philippe Demanet aurait «fait un contrat» avec des truands sur Zicot. D'autres encore, que Zicot aurait proposé au procureur général un arrangement: laisser tomber l'enquête sur son fils Philippe et l'enquête sur le vol en Espagne en 1994 de la Porsche achetée en leasing par l'expert Philippe Demanet. Zicot, ayant repéré trois Porsche suspectes dans un garage, soupçonnait Philippe Demanet, qui avait acheté une autre Porsche en France en décembre 1994, d'avoir fait voler la première pour la faire rapatrier. Après le vol de la Porsche, la société de leasing a été dédommagée par l'assurance.

Où est la vérité dans ce treillis de règlements de comptes? On n'en sait rien. D'aucuns disent qu'à travers le dossier du fils du procureur général, on entendait exercer un chantage sur le père sous pression.
Ce que l'on sait, c'est qu'en raison des enquêtes en cours, le père Demanet avait estimé qu'il était prématuré de nommer Zicot inspecteur principal à la PJ.

Dans ce climat, le ministre estima urgent de créer une cellule anti-corruption. Initiative qui fut battue en brèche à Charleroi où fut créée une cellule «trafics de voitures ».
Le juge Laffineur, à Bruxelles, est chargé du dossier « trafics » à charge de Zicot, et du dossier
«Escroquerie à l'assurance » relatif à la Porsche de Philippe Demanet.
Le juge a entendu plusieurs personnes hier. Et l'on nous affirme qu'un garagiste aurait avoue avoir été paye pour voler la Porsche et la ramener d'Espagne. Le parquet de Bruxelles ne l'a pas confirmé.

Des magistrats du palais de Charleroi auraient, par l'un ou l'autre des enquêteurs, acheté à bon prix de belles « occasions ».
Ce qui, si c'est confirmé, pourrait expliquer les blocages d'informations qui ont paralysé l'enquête à Liège, avec les conséquences que l'on connaît...

RENÉ HAQUIN
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Un dossier de tabassage bloqué ?

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

L'histoire d'un dossier de tabassages concernant trois gendarmes de Charleroi peut être aussi révélatrice du climat qui empoisonnait les relations dans le monde judiciaire et policier.
Tout a commencé par une enquête interne à la gendarmerie: un officier, un adjudant et un premier maréchal des logis étaient soupçonnés d'avoir frappe un suspect dans la caserne de gendarmerie. L'enquête interne à la gendarmerie débuta, et le substitut chargé des affaires disciplinaires fut tenu informé.
Craignant l'arbitraire d'une enquête interne, les trois gendarmes suspects portèrent plainte en diffamation et calomnie contre X chez un juge carolo auquel leurs avocats demandèrent divers devoirs, notamment de saisir le dossier interne à la gendarmerie. La chambre du conseil rendit un non-lieu.
Un des trois porta alors plainte contre deux collègues pour séquestration arbitraire: il estimait avoir été retenu illégalement dans un bureau lors de son interrogatoire dans le cadre de l'enquête disciplinaire.
La chambre du conseil clôtura aussi ce dossier par un non-lieu. Le gendarme interjeta appel. La chambre des mises en accusation de Mons rendit un arrêt renversant les rôles: c'est le plaignant qui fut condamne a payer des dommages (100.000 F) à ceux qu'il visait dans sa plainte.

DEUX ÉCLAIRAGES TRÈS DIFFÉRENTS
Selon qu'on s'informe de l'un ou l'autre côté, l'éclairage de cette affaire est différent. Pour les uns, les trois gendarmes faisaient un travail remarquable, ceux qui les accusent seraient des ripoux qui auraient voulu les casser.
Pour d'autres, les trois gendarmes seraient les protégés d'un magistrat du parquet et du juge en charge de leurs plaintes. Pour d'autres encore, c'est une enquête simple, qui s'inscrit dans le droit fil de la dynamique de la gendarmerie qui veut remettre de l'ordre dans ses unités.
Tandis qu'on s'interroge sur la suite que le parquet de Charleroi donnera à l'enquête ouverte pour tabassages (Qui était aux mains de l'actuel procureur du Roi avant sa nomination) certains de ceux qui l'ont menée feraient encore l'objet de menaces.

R. Hq.
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La majorité de Braine-l’Alleud attaquera seule l’état belge

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

Lorsque,, lundi dernier, j'ai proposé au collège de Braine-l'Alleud d'assigner l'État belge en responsabilité pour défaut de prévoyance dans le traitement de l'affaire Julie et Mélissa, je n'avais alors que des informations partielles. Aujourd'hui, l'intolérable est atteint, et celui ou celle qui trouverait ces accusations déplacées adopterait le comportement de ceux qui ont voulu libérer Barabbas.
Pour tenter de convaincre la minorité de soutenir son projet, le bourgmestre de Braine-l'AIleud, Emmanuel Hendrickx (PRL), n'a pas mâché ses mots lundi soir lors du conseil communal.
Selon lui, de telles défaillances, d'autant plus graves que leurs auteurs appartiennent à divers corps de l'État, sont de nature à briser la confiance du citoyen dans les autorités politiques et judiciaires. Un discours qui n'a pas convaincu la minorité PSC qui avait annoncé d'emblée son refus de suivre le bourgmestre (« Le Soir » du 26 août).
Votre proposition nous choque et nous attriste, répondit Paul Maréchal, chef du groupe PSC. Croyez-vous que c'est en hurlant avec les loups que vous répondez à la digne indignation des citoyens? N’y a-t-il pas mieux à faire ? Vous nous proposez une démarche vide de sens.
C'est l'expression de la langue de bois, de la récupération politicienne. Sceptique, mais moins agressif, le conseiller écolo Claude Van Wageningen s'interrogea aussi sur le bien-fondé d'une telle démarche.
Votre proposition, si louable soit-elle, ne va-t-elle pas nous conduire dans une voie sans issue? Plutôt que de pratiquer une autre forme de répression,ne devrions-nous pas pousser plus encore la prévention dans notre commune?
Déçu de ne pas être suivi par tous les conseillers, le bourgmestre les interrogea de front sans recevoir de réponse:
- De quoi donc avez-vous peur? De devoir rendre des comptes à vos dirigeants parce que vous auriez osé attaquer l'Etat ?
Le débat se clôtura alors pas un vote sans surprise: 19 oui (PRL et PS) et 9 abstentions (PSC et Ecolo).
S'il semble bel et bien acquis que la commune de Braine intentera une action en justice, le bourgmestre est resté très vague sur la forme qu'elle prendra. En tant que commune, nous avons peu de chance d'être reçu, conclut-il. Mais nous envisageons de constituer une association de citoyens.

ISABELLE WILLOT
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Emotion et recueillement au congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

STOCKHOLM De notre envoyée spéciale

Une minute de silence pour Julie, Mélissa et toutes les victimes des abuseurs d'enfants. Le congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales a débuté dans le recueillement et l'émotion ce mardi matin à Stockholm.

Ici, l'affaire Dutroux est sur toutes les lèvres, tant dans les coulisses du congrès que dans les interventions officielles.

Le Premier ministre suédois Gôran Persson a évoqué d'emblée le choc ressenti par les peuples européens lors de la révélation de ce crime abominable au coeur de l'Europe.

Ron O'Grady, le porte-parole d'Ecpat (End Child Prostitution in Asian Tourism), qui coorganise ce sommet avec l'Unicef et le gouvernement suédois, y voit la preuve que la traite des enfants n'épargne désormais plus aucun pays : Nous prédisons que des événements analogues se produiront dans d'autres pays européens, assène-t-il, Nous sommes en face de réseaux infiniment plus forts que nous ne l'imaginions.
Au cours de cette semaine que nous passerons a Stockholm, un million d'enfants prostitués recevront plus de douze millions de clients adultes.

Face à cette réalité, Ron O'Grady dit hésiter souvent entre le désespoir et le cynisme.
Ecpat, en 1991, s'était donné pour objectif de mettre fin à la prostitution, au trafic d'enfants et au tourisme sexuel.
Mais il faut bien reconnaître que ce but s'éloigne de plus en plus. Les enfants sont devenus les premières victimes de la mondialisation de l'économie et des moyens de communication.
Quand les valeurs dominantes sont celles du marché, les enfants deviennent des marchandises comme les autres.
Ecpat, annonce son porte-parole, s'est donné cinq années supplémentaires après ce congrès pour mettre fin à la traite des enfants. Mais cela suppose que les gouvernements se dotent des moyens et surtout de la volonté politique nécessaire pour mettre fin à l'exploitation sexuelle.

Pendant ces cinq jours de congrès, les délégués de 111 pays vont venir préciser quelle législation, quelles mesures ils comptent prendre pour combattre l'exploitation sexuelle d'enfants.

Annita Gradin, commissaire européen chargé des Affaires intérieures, de l'Immigration et de la Justice, a annoncé qu'à l'automne la Commission allait proposer des mesures contre le tourisme sexuel mais également contre l'utilisation d'Internet à des fins pédophiliques.

Mais tout cela suffira-t-il? Les participants au congrès sont visiblement conscients de l'efficacité limitée des conventions internationales (comme celle de 1989 sur les droits de l'enfant).
Il faut que les législations soient appliquées, explique Anita Gradin . Et elles le seront réellement quand notre société considérera la protection de l'enfant comme un enjeu essentiel.

Pour le commissaire européen, l'aggravation du trafic d'enfants est aussi facilitée par le fait qu'un trafiquant d'enfants risque moins aujourd'hui qu'un trafiquant de drogue.

Pour Carol Bellamy, pourtant, il ne faut pas rendre les autorités politiques seules responsables de la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. La directrice de l'Unicef estime que la société civile a un rôle tout aussi déterminant à jouer. Combien d'enfants ne sont-ils pas vendus par leurs familles? Il serait simplissime de n'envisager le problème que d'un point de vue criminel, explique-t-elle. Plus que jamais, les réponses doivent être variées et nombreuses. Elles doivent tenir compte aussi des facteurs qui encouragent l'exploitation des enfants comme la pauvreté, les discriminations ethniques, les discriminations sexuelles. Une convention pour les droits de l'enfant, c'est d'abord et aussi un mouvement social.

Tous les intervenants sont d'accord sur un point: il y a urgence. Et le maître mot, c'est désormais la coopération. Entre Etats, mais aussi entre Etats et ONG.

Aux milliers de Julie et de Mélissa, je vous dis: « On ne vous oubliera pas», affirme Ayala Lasso, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme. Votre mort n'aura pas servi à rien si elle permettra de canaliser toutes les énergies des hommes, des Etats comme des ONG pour juguler ces crimes.

MARTINE VANDEMEULEBROUCKE
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L’internement pour éviter la procédure pénale

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

Défendre la société contre les déments... C'était l'ambition du législateur lors de la rédaction de l'article 71 du Code pénal et de la loi du 1er juillet 1964.
En cas de problèmes mentaux, il fallait trouver une autre procédure tant au niveau des juridictions d'instruction que des juridictions de jugement.
Marc Dutroux, qui n'a toujours pas d'avocat, pourrait y recourir... et éviter ainsi les poursuites au pénal.

La loi de défense sociale, de 1964, permet à un inculpé d'être placé en observation dès la mise à l'instruction de son affaire. Pour cela, il faut qu'il soit, soit en état de démence, soit dans un état grave de déséquilibre mental ou de débilité mentale le rendant incapable du contrôle de ses actions. Il est placé dans l'annexe psychiatrique d'un centre pénitentiaire.
La mise en observation peut être ordonnée à toutes les phases de la procédure, explique encore la loi. Et ce, soit d'office, soit sur la réquisition du ministère public, soit sur la requête de l'inculpé ou de son avocat.

L'inculpé peut ainsi être maintenu six mois, au maximum, en observation. Ensuite, c'est d'internement qu'il est question. Une décision qui peut être prise par la chambre du conseil, la chambre des mises en accusation et les juridictions de jugement. C'est la commission de défense sociale qui joue un rôle important dans ce cas. Présidée par un magistrat, elle compte aussi un avocat et un médecin.
C'est elle qui désigne l'établissement dans lequel la personne doit être internée. C'est également cette commission qui peut décider un régime de semi-liberté et même ordonner la mise en liberté définitive ou à l'essai.

Ces dispositions sont souvent critiquées, parce qu'elles fonctionnent mal, parce qu'elles peuvent détourner un criminel d'un procès au pénal et d'une condamnation, mais aussi pour le vague quant à la durée de l'internement.

Dutroux empruntera-t-il cette filière? On en parle dans son entourage. Il serait tenté de demander à son futur défenseur de lancer une procédure en ce sens.
Mais de défenseur, pour le moment, il n'en a point. Difficile, pour un avocat, de plaider une telle cause.
Le bâtonnier de Neufchâteau, Me Jean-Pierre Poncelet, nous a confirmé qu'il entreprenait des contacts avec les avocats pour en désigner un «pro Deo». Mais ils ne sont pas obligés d'accepter...

JEAN-PIERRE BORLOO
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Le premier procès belge du tourisme sexuel ?

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

Depuis la loi d'avril 1995, la Belgique s'est dotée des moyens de poursuivre pénalement un Belge qui aurait commis des délits sexuels sur des enfants à l'étranger. Cette disposition légale vise clairement a réprimer le tourisme sexuel, comme l'ont déjà fait d'autres pays européens dont la Suède et la Norvège.
Jusqu'ici, cette loi n'a pas encore été appliquée. Mais, selon Katlyn, Declercq (Ecpat Belgique), notre pays pourrait connaître bientôt son premier cas de belge condamné pour pédophilie à l'étranger.

Les faits se sont produits en juillet 1996. Un certain Patrick P. a été arrêté en Thaïlande pour abus sexuels commis sur un jeune garçon de 14 ans. Emprisonné pendant quelques jours et condamné à
240.000 F d'amende, il a été laissé en liberté provisoire, mais les autorités thaïlandaises lui ont retiré son passeport.
Patrick P. a tenté vainement d'en obtenir un nouveau auprès de l'ambassade belge à Bangkok.
Ecpat Belgique a obtenu de son équivalent thaïlandais des informations selon lesquelles ce Belge ferait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt de la part de la police thaïlandaise pour avoir organisé, avec deux Français, des «sex-voyages» de l'Europe vers Pattaya, la station balnéaire de Thaïlande qui offre le plus haut taux de concentration de bordels au kilomètre carré.

ASSUMER LES COUTS D'UNE TELLE PROCÉDURE
La loi de 1995 permet à une association comme Ecpat de se constituer partie civile, et Ecpat entend bien en faire un cas exemplaire.
- S'il n'est pas condamné en Thailande, nous nous constituerons partie civile, annonce Katlyn Declercq. Mais la responsable d'Ecpat Belgique est inquiète.
Au ministère des Affaires étrangères, on objecte le coût de pareille procédure. Il faut envoyer un policier sur place, rassembler les preuves de l'infraction. Autrement dit: la Belgique préférerait sans doute que l'homme soit condamné en Thailande.

UN PROCÈS EXEMPLAIRE POUR DISSUADER LES AUTRES
Tout récemment, les tribunaux suédois ont condamné à trois mois de prison un de leurs ressortissants qui avait abusé d'une jeune adolescente aux Philippines. La procédure a dure deux ans et aurait coûté quelques millions au gouvernement suédois.
Mais, selon Ecpat Suède, le gouvernement avait envoyé plusieurs officiers sur place parce qu'il voulait faire un procès exemplaire.
Aujourd'hui, on ne sait pas trop où se trouve le dossier de Patrick P. Il semble qu'il n'ait pas encore été transmis au parquet par l'administration des Affaires étrangères.

Nous ne savons même pas si l'homme se trouve encore en Thailande, déplore Katlyn Declercq, ou s'il a pu s'enfuir et rentrer en Belgique. Si, vraiment, il se confirme qu'il organisait également des voyages organisés pour abuseurs sexuels, il est important que le procès se fasse en Belgique.
Cela donnerait un signal clair aux autres et cela nous semble bien plus efficace que de ficher les pédophiles ou les adeptes du tourisme sexuel.

M. Vdm.
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Interpol pour un fichier de pédophiles

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 19

Agnès Fournier de Saint-Maur est l'officier responsable de la cellule « disparitions » a Interpol. Pour elle, l'affaire Dutroux n'a rien d'inattendu malgré l'horreur des faits. Elle explose à la face du public, mais, pour nous, elle se situe dans une certaine logique. Celle des réseaux pédophiliques criminels.

Dans la plupart des pays européens, et en Belgique notamment, on a tendance à nier l'existence de réseaux pédophiliques structurés travaillant en Europe occidentale...
Et l'affaire Standfort, c'était quoi? Sinon un réseau bien implanté en Europe, et dans votre pays notamment. Il est clair que, si Interpol a jugé utile de créer en 1992 un groupe de travail spécialisé sur la traite des enfants pour tous les pays, y compris européens, c'est par ce que nous pensons que l'Europe n'échappe pas non plus au phénomène.

Comment s'élabore aujourd'hui la collaboration avec les forces de police en cas de disparition d'enfants?
Mieux depuis que ce groupe de travail existe. Nous avons maintenant une bonne collaboration avec les pays européens.

Que pensez-vous de l'idée de ficher les délinquants sexuels comme le président américain Bill Clinton veut le faire?
Je suis tout à fait pour ce genre d'initiative. A Interpol, nous plaidons même pour que cela se fasse au niveau de tous les pays européens. L a Grande Bretagne a d'ailleurs annoncé son intention de créer ce type de fichier. Ce serait un instrument de prévention très important.
On va vous objecter que ce type de mesure est une atteinte à la vie privée et qu'elle pourrait faire l'objet d'un précédent dangereux.

Faut-il hésiter entre la défense des droits du criminel et celle des droits de la victime?
Pour nous, la défense des enfants est un intérêt supérieur.

Pour vous, il faut une réponse spécifique au problème de la pédophilie?
Exactement. La spécificité de la pédophilie, c'est le risque de récidive, et on ne peut mener une action efficace si on n'en tient pas compte. Actuellement déjà, nous faisons des notices d'information sur tous les pédophiles condamnés. Nous envoyons la photo, une description du délit et du «modus opérandi » à tous les pays membres. C'est un sorte de pré fichier, si vous voulez, dont le but est essentiellement préventif

M. Vdm.













Deux semaines orchestrées depuis Neufchâteau('Soir'28 août 1996 p18)



Deux semaines orchestrées depuis Neufchâteau

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Les principales affaires de rapt d'enfants, centralisées à Neufchâteau, livrent chaque jour leur lot de découvertes. Une plongée dans l'horreur qui gravite autour d'un homme, Marc Dutroux.

Mardi 13 août. Marc Dutroux, sa femme Michèle Martin et un marginal, Michel Lelièvre, sont arrêtés dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Laetitia Delhez (14 ans).

Jeudi 15 août. Laetitia, mais aussi la petite Sabine Dardenne, disparue de Kain depuis le 28 mai, sont retrouvées saines et sauves dans une cache secrète aménagée dans la cave de Dutroux à Marcinelle. Le dénouement heureux fait suite à des aveux du principal suspect dans ce dossier. Dans un même temps, Jean-Michel Nihoul est interpellé par les enquêteurs.

Vendredi 16 août. Dutroux, Martin, Lelièvre et Nihoul sont inculpés suivant les cas d'enlèvements et de séquestrations d'enfants, d'association de malfaiteurs.

Samedi 17 août. Une première série de perquisitions est opérée dans une dizaine de maisons de la région de Charleroi.
Des fouilles menées dans la propriété de Sars la Buissière, après des révélations faites par Dutroux lors d'un interrogatoire, permettent de retrouver les cadavres de Julie Lejeune et de Mélissa Russo. Un troisième corps est également retrouvé, celui d'un comparse évincé : Bernard Weinstein.

Dimanche 18 août. Marc Dutroux et Michel Lelièvre passent une nouvelle fois aux aveux. Ils reconnaissent avoir enlevé An Marchal et Eefje Lambrecks à la côte. Pendant ce temps, les fouilles continuent.

Lundi 19 août. La piste de la prostitution en Tchéquie est avancée. Les deux adolescentes flamandes pourraient avoir été livrées à un de ces réseaux.

Mardi 20 août. La justice décide de confier l'ensemble des dossiers de disparitions d'enfants à Neufchâteau. Le vice-directeur d'Interpol à Prague précise de son côté que la police tchèque recherche An et Eefje depuis la fin de 1995.

Mercredi 21 août. L'enquête sur les disparitions ouvertes depuis un an est critiquée. Les errements éclatent au plein jour. La justice liégeoise et la gendarmerie s'opposent sur la manière dont a été menée l'enquête (Julie et Mélissa) pendant un an. Le ministre de la Justice joue les arbitres et s'informe.

Jeudi 22 août. Une foule immense est venue rendre un dernier hommage à Julie et Mélissa, portées en terre au cimetière de Mons-lez-Liège après une longue et émouvante cérémonie à la basilique Saint-Martin.
Le ministre de la Justice reconnaît l'existence de " lacunes indiscutables " dans les enquêtes.
A Neufchâteau, un cinquième suspect est arrêté : Michael Diacostavrianos.
Le policier John Bennett, le spécialiste britannique qui a résolu l'affaire West, à Gloucester, arrive en Belgique.
On fait également venir du matériel spécialisé de l'étranger, dont des chiens et le fameux " radar de sol ".

Vendredi 23 août. Un sixième suspect est arrêté. Il s'agit de Claude Thirault, un ami de Marc Dutroux. Par ailleurs, l'enquête sur l'enquête s'emballe, et Michel Bourlet, le procureur du Roi de Neufchâteau, lance une petite phrase assassine lors d'un débat télévisé en soirée : Toutes les personnes identifiées (...) seront poursuivies... si on me laisse faire ! Les réactions fuseront durant le week-end, notamment de la part du procureur général de Liège, Anne Thily, qui insista : Tous les moyens seront mis en oeuvre.

Samedi 24 août. Une nouvelle vague d'interventions policières va émailler le week-end, et, avec elle, des perquisitions et des interpellations. En soirée, Georges Zicot, inspecteur principal de la police judiciaire de Charleroi, est intercepté à son retour de vacances. Il est présenté comme un premier " protecteur " de Dutroux et aurait couvert certaines de ses activités dans le cadre de trafics de véhicules. Il s'agit d'une piste connexe au volet " pédophilie " des dossiers ouverts à Neufchâteau.

Dimanche 25 août. Après son audition et une perquisition à son bureau de la PJ de Charleroi, l'inspecteur principal Zicot est placé sous mandat d'arrêt.
Gérard Pinon, le propriétaire d'un hangar à Ransart où avait été caché un camion volé par la bande Dutroux, est également placé sous mandat d'arrêt, de même que Thierry Dehaan, un agent d'assurance considéré comme complice de Dutroux dans l'affaire du camion volé.

Lundi 26 août. Un dixième suspect est placé sous mandat d'arrêt à Neufchâteau. Il s'agit de Pierre Rochow, un jeune homme de 24 ans, qui avait tenté de " doubler " Dutroux dans l'affaire du camion volé.
Il avait été séquestré à Jumet par Dutroux en même temps qu'un ami et une jeune femme. C'est cette séquestration qui avait valu à Marc Dutroux trois mois de détention préventive fin 1995, début 1996.

CHRISTIAN DU BRULLE

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Photos :

Marc Dutroux

Arrêté le 13 août, il est suspecté d'enlèvement, séquestration, assassinat, association de malfaiteurs, trafic de voitures, vols et viols. Photo Belga.

Michèle Martin
L'épouse de Marc Dutroux a été arrêtée le 13 août. Elle est suspectée d'association de malfaiteurs et de complicité dans les enlèvements. Photo Belga

Michel Lelièvre
Arrêté le 13 août, il est suspecté d'association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration, assassinat, vol et de trafic de véhicules. Photo Belga.

Jean-Michel Nihoul
Arrêté le 15 août, cet homme d'affaires qui était en contact avec Michel Dutroux est suspecté d'association de malfaiteurs.
Photo Belga.

Michaël Diacostavrianos
Arrêté le 22 août, ce garagiste, qui occupe une maison de Dutroux, est suspecté de faire partie de l'association de malfaiteurs. Photo Photo News.

Claude Thirault
Arrêté depuis le 23 août, cet ami de Marc Dutroux est suspecté d'association de malfaiteurs.
Photo VTM.

Georges Zicot
Arrêté le 25 août, l'inspecteur principal de la P.J. de Charleroi est suspecté de vol, recel, escroquerie, faux en écritures et faux P.-V. Photo EPA.

Gérard Pinon
Arrêté le 25 août, ce commerçant est suspecté de recel et d'association de malfaiteurs dans le cadre des vols de véhicules. Photo VTM.

Thierry Dehaan
Arrêté le 25 août, cet agent d'assurances est suspecté de faux en écritures et d'association de malfaiteurs.
Photo VTM.

Pierre Rochow
Arrêté le 26 août, ce jeune complice de Dutroux est suspecté de trafic de véhicules et d'association de malfaiteurs.
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Tant d’autres disparus et des parents entre espoir et angoisse

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Chaque jour apporte son lot d'horreur. Après la joie de retrouver Sabine et Laetitia vivantes, l'horreur de la découverte des petits corps de Julie et Mélissa et les rumeurs sur le sort d'An et Eefje, les parents de tous les autres enfants disparus vivent aujourd'hui entre l'espoir et l'angoisse.

Huit enfants sont toujours portés disparus et l'affaire Dutroux a relancé l'intérêt des enquêteurs sur leurs dossiers.

Gevrije Kavas, 6 ans, était parti jouer au football avec son grand frère, le 6 février 1985. Gevrije marchait derrière lui quand le grand frère s'est retourné: Gevrije avait disparu.

Ilse Stockmans, 19 ans, disparue le 17 février 1987. Elle souffrait de pertes de mémoire et était sous médicaments. On ne l'a plus jamais revue.

Elisabeth Brichet, 12 ans, a disparu le 20 décembre 1989 à Saint-Servais (Namur). Il y a eu de nombreuses pistes, mais aucune n'a donné de résultat.

Nathalie Geijsbregts, 9 ans, n'est jamais arrivée à l'école le 26 février 1991.Un automobiliste l'a aperçue à travers sa vitre arrière. Il est le dernier à l'avoir vue.

Loubna Benaïssa, 9 ans, était partie chercher un yaourt pour son petit frère au magasin du coin, le 6 août 1992. Elle n'en est jamais revenue.

Sylvie Carlin, 19 ans, a disparu depuis plus d'un an de Sars la Buissière. Sa disparition est restée discrète, elle est presque inconnue des médias. Les enquêteurs avaient privilégié l'hypothèse du suicide. Les événements de ces derniers jours jettent un doute sur cette hypothèse.

Ken et Kim Heyrman, 8 et 11 ans, étaient partis chez des amis le 4 janvier
1994. Le corps de Kim était retrouvé un mois plus tard. On est sans nouvelles de son petit frère.

Liam Van den Branden, 2 ans, jouait sur la digue de Malines, le 3 mai dernier. Un moment d'inattention des parents et le petit avait disparu. Les enquêteurs privilégient l'hypothèse de la noyade. Les parents sont convaincus qu'il s'agit d'un enlèvement. Aucun élément n'a encore permis d'étayer l'une ou l'autre thèse.

W. V. (St.)
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Un enlèvement raté à St Vith avant le rapt de Laeticia

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Marc Dutroux a-t-il raté une tentative de rapt, à Rodt (St-Vith), le 9 août dernier, le jour même où il a enlevé Laetitia à Bertrix ? Certains éléments de l'enquête pourraient le laisser penser. Ainsi, la voiture utilisée par le candidat ravisseur était elle de couleur grise. Ainsi, Marc Dutroux et Michèle Martin connaissaient-ils la région. Le « Grenz-Echo» évoquait, hier, ce rapt manqué. Le 9 août, un homme s'empare d'une fille de sept ans et tente de la faire monter, de force, dans une voiture grise.

La fillette réussit toutefois à s'échapper après s'être débattue et avoir crié au secours. Trois semaines plus tard, elle croit se souvenir, sans certitude, que le véhicule en question pourrait être une Citroën...
D'autres faits similaires s'étaient déjà déroulés, quelques semaines auparavant, à la mi-juillet, dans le même village. Mais, cette fois-là, un homme (le même?) s'était contenté d'approcher deux enfants, sans essayer de les enlever. Lui aussi conduisait une voiture grise.
Les procès-verbaux dressés à la suite de ces deux affaires ont été transmis à Neufchâteau.

Marc Dutroux et sa compagne Michèle Martin connaissaient bien ce petit village de l'entité saint-vithoise. C'est là, dans une firme de matériaux de construction, que Michèle Martin avait acheté en 1993 des pierres de coffrage qui peuvent servir, entre autres, à des travaux de soutènement. Les factures avaient été libellées au nom de Dutroux et envoyées à Marcinelle.

FRANK DESTREBECQ
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Dossiers liégeois en cours

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Suite à une plainte, on a arrêté un ressortissant anglais qui vivait dans un mobil home en région liégeoise. John Pearson s'était lié d'amitié avec de nombreux enfants et leurs parents. Il hébergeait même certains enfants, avec l'assentiment des parents. La surprise a donc été énorme quand deux frères (10 et 12 ans) se sont plaints de ses agissements.

La justice liégeoise lance aussi un appel au témoignage concernant deux autres affaires. La première concerne l'arrestation d'un professeur, Ph. Halleux qui se serait livré à divers attouchements.
Pour tout témoignage : PJ de Liège, commissaire Pousset, 041-32.50.50). La seconde affaire concerne un exhibitionniste prénommé Michaël (24 ans) qui sévissait d'Oupeye à Seraing à bord d'une voiture rouge. Il abordait souvent des jeunes filles avec une fausse carte de policier. On peut contacter la gendarmerie de Bassenge (041-86.10.10). (É. R.)
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Enquête sur l’enquête par le procureur général Anne Thily

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Chargée jeudi dernier d'une enquête sur tous les devoirs prescrits dans le cadre du dossier Julie et Mélissa, et des informations transmises tant par la gendarmerie que par le parquet de Charleroi au sujet des soupçons qui pesaient sur Marc Dutroux, le procureur général de Liège, Anne Thily, avait entamé ses investigations lundi, en entendant principalement la juge d'instruction Martine Doutrèwe et le premier substitut du Parquet, M. Hombroise.

Mercredi, Mme Thily s'est rendue à Bruxelles pour y faire rapport au procureur général de la Cour de cassation Jacques Velu, puis au ministre de la Justice Stefaan De Clerck.

Dans le cadre de l'affaire Dutroux, la 23e brigade de la P.J. vérifie actuellement l'alibi de Jean-Michel Nihoul, l'agent immobilier bruxellois arrêté la semaine dernière : des touristes hollandais l'auraient vu à Bertrix à l'époque de la disparition de la petite Laetitia. Plusieurs personnes, dont un ancien avocat bruxellois qui fut impliqué dans une autre affaire criminelle, ont été entendus et devraient être confrontées à Nihoul.

Dans le cadre de l'enquête sur les rapts et meurtres d'enfants, des investigations se dirigent aussi vers des organisateurs de mariages blancs facilitant l'immigration clandestine.

Notons par ailleurs que le parquet de Mons a, dans un communiqué, démenti qu'un lien ait été fait entre le dossier " trafics de voitures " dans le cadre duquel est inculpé l'inspecteur de P.J. carolorégien Georges Zicot et le meurtre de l'inspecteur de P.J. montois Simon Poncelet, abattu dans le hall de la brigade au début de cette année.

De même qu'à Mons le procureur général Demanet a démenti être à l'origine d'un communiqué diffusé mardi soir par l'agence Belga qui précisait, notamment, que son fils Philippe n'était pas inculpé dans le dossier " escroquerie " ouvert après le vol de sa Porsche.

R. Hq.
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DIVERS : Colonne de droite

Super-ministres au chevet de la justice
La rentrée politique devait être tout entière placée sous le signe du budget 1997. L'affaire qui endeuille le pays en a décidé autrement. Dehaene et ses vices premiers ont décidé hier que le conseil restreint de jeudi et le conseil des ministres de vendredi seront très largement consacrés à des réformes judiciaires, sur base des propositions du ministre Stefaan De Clerck. Celui-ci avait déjà déposé, en juin, une note d'orientation qui avait reçu un accueil favorable de ses collègues. Il fera cette fois des propositions plus précises, notamment sur les responsabilités à conférer à un collège de magistrats en matière de libération conditionnelle. Johan Vande Lanotte soumettra, lui, à ses collègues, de nouvelles initiatives pour la sécurité des transports de fonds. Les débats budgétaires seront reportés à samedi.
(B.V.)

Résolution d'urgence
Philippe Monfils a déposé au Parlement européen une proposition de résolution d'urgence relative à l'exploitation sexuelle des enfants et aux réseaux de pédophilie en Europe. Le député européen demande aux Etats membres de développer au sein d'Europol une cellule de lutte contre les réseaux pédophiles, cellule dotée de moyens suffisants. Il demande à la Commission européenne la mise en place d'un bureau qui coordonnerait l'action des diverses organisations privées qui participent à la recherche d'enfants disparus.
Il réclame l'insertion dans le Traité de l'Union européenne d'un nouvel article indiquant clairement que la Communauté contribue à la lutte contre la pédophilie en encourageant la coopération entre les États membres et en appuyant leur action.

Les « super magistrats »
Les apparitions régulières du magistrat national André Vandoren et de son homologue néerlandophone Patrick Duinslager remettent en lumière le rôle joué par ces «super» magistrats dans les grands dossiers criminels. Pour pallier les éventuelles guerres de police, ces deux magistrats dits «nationaux» dépendant du parquet général ont compétence pour représenter le parquet dans les grandes enquêtes dont l'ampleur dépasse les besoins de coordination à l'échelle d'un simple arrondissement.
(Belga.)

Une cellule spécialisée et renforcée
La cellule « Disparitions » de la gendarmerie manque cruellement de moyens et d'effectifs compétents. Cette cellule, au départ baptisée « crimes contre les personnes », a été rebaptisée suite aux demandes de créer un organe spécialisé dans la disparition de personnes. Elle se compose de cinq néerlandophones et d'un francophone. Celui-ci, dépassé par l'ampleur de la situation, a demandé du renfort à l'état-major. On lui a adjoint l'aide de deux gendarmes francophones de la réserve nationale. Le colonel Vanden Broeck, chef du service de presse de la gendarmerie, a précisé qu'il n'y a eu, jusqu'ici, aucun problème de traitement de dossier étant donné que les membres néerlandophones sont capables de traiter tous les dossiers. (Belga.)

Le tribunal piétine en Allemagne
Appelés à juger le cas le plus grave d'abus sexuels commis contre des enfants en Allemagne, les juges du tribunal de Mayence doivent faire face, depuis 234 jours, aux limites des procès pour pédophilie et inceste. 24 adultes, membres de deux familles, sont accusés d'avoir violé et torturé les 16 enfants des deux familles, et de les avoir loués pour en abuser sexuellement. Au total, les 24 accusés sont poursuivis pour 200 crimes sexuels commis en 1994 et 1995, dont certains sur des enfants de six mois. Beaucoup de ces actes sadiques auraient de plus été filmés. Jusqu'à présent, tous les accusés ont gardé le silence et les juges doivent composer avec les obstacles légaux et le traumatisme émotionnel que suscitent de tels drames. Si bien qu'après des mois d'auditions, le procès est au point mort. (Reuter.) .
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Le père de Laurence à Neufchâteau

« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18

Hier, le père de Laurence Mathues a été reçu à Neufchâteau par le procureur du Roi et le juge d'instruction.
Le 28 août 1992, il avait déposé Laurence à l'entrée de Walibi pour 8 h 30. Pendant le trajet, elle lui avait demandé l'autorisation de passer la nuit suivante chez une amie. Il avait réservé sa réponse la priant de lui téléphoner à 16 heures. Puis il a rejoint son lieu de travail à Bruxelles. Le coup de fil de Laurence n'est jamais venu.
On sait par ses amies que Laurence est entrée à Walibi, qu'elle a ôté son T shirt et se rhabilla en vêtements de ville, disant que son beau-père l'attendait sur le parking pour l'accompagner à Bruxelles prendre les résultats d'analyses de sang.

Un passant a découvert son corps le 7 septembre, caché sous des branchages sur le bord de la route de Franc-Waret à Neuville. Une lamentable erreur d'autopsie déboucha sur une mauvaise identification: Delphine, une autre disparue en fugue, voyant son portrait à la télé, avertit aussitôt ses parents qu'elle était vivante !
Il fallut une seconde autopsie pour identifier le corps de Laurence à la dentition et à une cicatrice sur l'abdomen. Les branchages qui le recouvraient indiquaient que le corps avait été déposé peu de temps avant la découverte mais que le décès remontait au jour de la disparition. La mort était due à l'absorption massive de médicaments dont la conjugaison permet d'affirmer que Laurence n'a pas pu se déplacer après les avoir in
gurgités, et que la mort est intervenue rapidement.
Probablement le jour même de sa disparition. C'est sur la base de ce constat que l'on peut aujourd'hui s'interroger sur l'implication éventuelle de Dutroux (chez lequel ont été saisis des barbituriques et des sédatifs en vrac).
Le juge d'instruction Jean-Pierre Marotte vérifia l'emploi du temps du père et du beau-père. Des témoins ont confirmé que le père de Laurence était bien venu au travail. Le beau-père était seul chez lui: les freins de sa voiture étaient défectueux et ne permettaient pas un déplacement jusqu'à Walibi, a-t-il dit.
Mais des contradictions sont apparues lors de la vérification de cet alibi.

Quarante deux mois d'enquête ont débouché, à Namur, sur une conclusion que le père de Laurence n'accepte pas: un suicide ou une overdose. Avec l'appui de l'association « Marc et Corine», il a fait appel, mais la chambre des mises en accusation de Liège a confirmé la première conclusion de l'enquête.

Il reste donc, dans ce dossier, de nouvelles vérifications à faire: chercher dans la masse d'objets saisis chez Dutroux et chez ses complices la présence éventuelle d'un objet, d'un vêtement, d'un cheveu de Laurence.
Si le dossier de la disparition de Laurence, refermé, doit être rouvert à Neufchâteau, ce sera un autre et triste exemple d'une enquête menée à l'écart du père qui continuait seul à chercher.

R. Hq.



Les fouilles d’Ostende visaient Casper Flier('Soir'28 août 1996 p17)



Les fouilles d’Ostende visaient Casper Flier

« Le Soir » du Mercredi 28 août 1996 page 17

Outre les fouilles de Jumet, celles effectuées à Ostende, lundi, avaient pour cible le Néerlandais, déjà interpellé par Neufchâteau le 20 août.
L'appartement et les boxes de garage passés au peigne fin lors d'une perquisition lundi à Ostende dans le cadre du dossier de pédophilie, communément appelé l'" affaire Dutroux ", appartiennent à un octogénaire, un certain Talmasse, de la société Transports Talmasse, rue Delcourt, 27, à Anthée.
L'homme n'aurait rien à voir avec l'enquête. Si la 23e brigade nationale de la police judiciaire, secondée par la BSR d'Ostende et une équipe de la recherche technique de la PJ de Bruges, a, à la demande du parquet de Neufchâteau, passé au peigne fin l'appartement et les deux boxes de garage à la mer, c'est qu'ils espéraient y découvrir des preuves accablantes contre le Néerlandais Casper Flier (58 ans).
Cet homme, dont on connaît les liens avec Jean-Michel Nihoul et Michel Lelièvre, tous les deux arrêtés dans le cadre de l'affaire Dutroux, possède une maison à Schaerbeek, mais habite généralement un chalet dans un camping à Hastière. Le 20 août déjà, le parquet de Neufchâteau l'avait interpellé. Faute de preuves, il avait été remis en liberté.
Lors d'une perquisition dans une des nombreuses maisons de Marc Dutroux, à Anthée, les enquêteurs avaient trouvé des documents qui les ont immédiatement menés vers la côte. Plus spécialement vers l'appartement 9C, au neuvième étage de la résidence Dauphins, rue Louise, 39, et dans deux boxes de garage de l'immeuble à garages Parking Ritz, rue des Soeurs Blanches, à Ostende.
Casper Flier, qui pendant un certain nombre d'années avait été l'ami intime de l'ex-femme de Jean-Pierre Nihoul, aurait en partie aidé à gérer la fortune du fondateur des Transports Talmasse, propriétaire de l'appartement à Ostende. Ces rapports privilégiés lui ont permis d'occuper, pendant des périodes plus ou moins longues, l'appartement où le propriétaire ne venait pratiquement plus. Selon plusieurs témoins, Flier était souvent accompagné d'une femme " d'un certain âge ", lors de ses séjours à la mer.

LES VETEMENTS D'ENFANTS
Lors des différentes perquisitions, les enquêteurs ont saisi six sacs-poubelles bourrés de vêtements d'enfants et d'adultes, ainsi qu'une grande bobine de cinéma amateur 8 mm qui pourrait être un film pornographique d'avant l'ère de la vidéo.
Le tout a été dépêché vers le parquet de Neufchâteau, qui selon nos informations, avait défendu aux enquêteurs présents à Ostende de visionner le film 8 mm. Impossible de savoir si, parmi les vêtements saisis, se trouvaient des vêtements ayant appartenu à des enfants ou des jeunes filles disparus.
Hier, aucune information ne filtrait quant au sort réservé à Casper Flier. On ne sait donc pas s'il a été interpellé suite aux découvertes faites à Ostende. Selon des informations non confirmées, les résultats obtenus lors des perquisitions auraient été plutôt maigres. C'est en tout cas ce que les enquêteurs laissaient entendre.
Aussi bien chez Casper Flier, à Schaerbeek et à Hastière, qu'aux Transports Talmasse, à Anthée, le téléphone était aux abonnés absents, hier, pendant toute la journée.

EDDY SURMONT
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Les Marchal admirables face aux affirmations

« Le Soir » du Mercredi 28 août 1996 page 17

Paul et Betty Marchal ont fait front, mardi, avec un courage admirable, aux terribles affirmations recueillies, dans la nuit, auprès de Marc Dutroux et de sa bande. Ils n'ont pas voulu prêter l'oreille aux informations selon lesquelles les corps de leur fille An, de son amie Eefje Lambrecks et de trois autres jeunes filles auraient été retrouvés à Jumet.

L e procureur du Roi, M. Bourlet, nous a encore confirmé, lundi, que nous serions les premiers informés sil y avait du neuf, nous confiait Betty Marchal, mardi, peu avant 13 heures.
Elle venait de recevoir un coup de téléphone de la P.J. de Bruges la mettant en garde contre les « rumeurs selon lesquelles on aurait retrouvé An et Eefje.
Les télévisions avaient, en effet, annoncé une émission spéciale, à la mi-journée, pour relayer les nouvelles relatives à des aveux.
Et comme la télévision est allumée en permanence chez les Marchal...

PENSEZ AUX PARENTS...
Mardi encore, comme tous les autres jours ou presque, depuis un an, les parents Marchal sont à l'affût, chez eux, à Hasselt. Le télétexte de la RTBF défile «L'enquête continue, les fouilles ont commencé, etc. »

Les lettres de soutien continuent de s'amonceler sur la table de la salle à manger et les bouquets de fleurs sur les étagères. Paul Marchal accorde une interview à la BRTN sur la terrasse ensoleillée tandis que d'autres journalistes attendent leur tour, assis sur les divans du salon.
Debout, toujours debout, Betty Marchal leur refait inlassablement du, café, répond au téléphone ou répond aux visiteurs.

Et toujours cette admirable maîtrise de soi, caractéristique également des familles Lejeune et Russo. A côté des photos d'An et d'Eefje, on aperçoit celles de Julie et de Métissa. A chaque coup de sonnette, le chien quitte son panier et aboie.
Treize heures approche, la tension monte. Betty et Paul Marchal tournent leurs regards vers l'écran de télévision. Sur VTM, un enquêteur s'indigne: Pensez un peu aux parents des victimes qui entendent ces rumeurs sur leurs filles!...». Ils tiennent bon, debout.

AVEC L'ASBL MARC ET CORINE
En marge de cette affaire, les époux Marchal tiennent à vider une querelle qui les oppose, depuis quelques mois, aux parents Lambrecks. Ces derniers avaient affirmé au journal «HetVolk» qu'ils avaient demandé à être reçus par le procureur du Roi de Neufchâteau pour se plaindre du peu d'informations reçues par le biais des Marchal.

- C'est tout à fait faux ! , réplique Paul Marchal. Étant donné que nous maîtrisons mieux le français que les Lambrecks, il a été convenu avec M. Bourlet que nous servirions de relais à chaque information reçue de lui. Ce que nous avons toujours fait.

- Nous avons même pris contact avec M- Lambrecks qui vit séparée de son mari, complète Betty Marchal. Et ils peuvent nous appeler quand ils veulent. Nous n'avons qu'une seule idée en tête: retrouver An et Eefje.
Dans leurs recherches, les parents Marchal ont préféré faire confiance à l'association Marc et Corine plutôt qu'à un équivalent flamand.

- Contrairement aux autres, les responsables de l'ASBL Marc et Corine sont parents de victimes. Ils ressentent ce que nous ressentons et ont toujours été de notre côté, financier et moral.
Ce n'est pas le cas, semble-t-il, de l'association flamande Hulpdienst voor ontvoerde en vermiste kinderen.

- Depuis le début, reprend Betty Marchal, ils nous ont toujours dit qu'ils s'occupaient de tout et que nous ne devions prendre aucune initiative. Ils ont été grossiers avec nous, nous demandant si nous n'avions pas encore divorcé... Cette association a entretenu notre différend avec les parents Lambrecks en n'annonçant que la disparition d'Eefje.

Les Marchal préfèrent, eux, s'en remettre totalement au parquet de Neufchâteau qui, rappelons le, concentre tous les dossiers d'enlèvement.

- Bruges a mis trois mois à nous restituer le journal intime d'An et, la semaine dernière, ils nous ont téléphoné plus souvent qu'en un an!

MICHELLE LAMENSCH
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Dutroux était en Slovaquie début août

« Le Soir » du Mercredi 28 août 1996 page 17

Le pédophile belge Marc Dutroux a séjourné en Slovaquie du 2 au 4 août, une dizaine de jours seulement avant son arrestation, a indiqué, hier, le directeur du bureau slovaque d'Interpol.
Dutroux s'est notamment rendu à Topolcany, une petite ville de province située à 70 kilomètres au nord-est de Bratislava, où il venait depuis 1995 pour «se reposer» et «chercher de nouveaux contacts» avec des jeunes femmes, selon ce directeur, Rudolf Gajdos.

La police slovaque a également retrouvé des traces de séjours dans ce pays de la compagne de Dutroux, Michelle Martin, et de ses complices, Michel Lelièvre et Michael Diakostavrianos.
En revanche, aucun indice d'éventuels contacts de Dutroux avec des enfants ou d'actes de pédophilie n'a été trouvé en Slovaquie.

Toujours selon Interpol, l'enquête n'a pas, jusqu'à présent, confirmé la déposition de Lelièvre selon laquelle Dutroux aurait violé, près de Trencin (ouest), une jeune fille lors de l'un de ses séjours en Slovaquie. Dutroux, qui se faisait passer pour un marchand de pneumatiques d'occasion importés d'Allemagne et de Belgique, profitait de ses déplacements en Slovaquie pour contacter des jeunes filles d'environ 18 ans, dont plusieurs devaient être ensuite recrutées comme actrices dans des films pornographiques. Jusqu'à présent, la police slovaque n'a pas trouvé de preuves d'activités cri minelles de Dutroux en Slovaquie et aucune des jeunes femmes interrogées sur cette affaire n'a voulu porter plainte contre lui, selon le chef de la section slovaque d'Interpol.

(AFP.)











Trouver les ordures qui tirent les ficelles !('Soir illustré'28 août 1996 p34'35'36'36)


Trouver les ordures qui tirent les ficelles !

« Soir illustré » du mercredi 28 août 1996 pages 34,35 ,36 et 36

Deux anges ont payé un prix atroce pour que la Belgique puisse à nouveau se regarder dans un miroir sans avoir honte. L'électrochoc sera salutaire.

Galvanisés par la mort odieuse de deux petites filles, abasourdis par les effarants errements de la justice,les enquêteurs de Neufchateau n'ont pas mis une semaine à mettre en lumière les protections efficaces dont jouissaient Dutroux et ses complices.

« J'irais juqu'au bout si on me laisse faire » a promis le procureur ,cette phrase, lâchée dans l'ambiance électrique du plateau de l'émission spéciale de la RTBF, vendredi dernier, le procureur l'a prononcée en pleine connaissance de cause. Il sait parfaitement que toute la population belge, des deux côtés de la frontière linguistique, est derrière lui et qu'elle n'acceptera plus que, comme dans l'enquête sur l'assassinat d'André Cools, le dossier lui soit retiré pour être étouffé à Liège.
Les interpellations de dimanche, dont celle d'un inspecteur principal de la PJ de Charleroi (voir l'article de Marcel Leroy) confirment cette volonté d'aller très vite.

Et d'aller très haut? Il le faudra aussi. M. Russo, le père de Mélissa, a dit tout clair au cours de la même émission de télévision ce que toute la population pense tout bas depuis longtemps: « II faut protéger Dutroux. Il ne faudrait pas que, dans trois jours, on nous apprenne qu'il s'est suicidé en prison. Il doit vomir tout ce qu'il a dans le ventre ».

TROUVERA-T-ON LA LISTE DES CLIENTS PÉDOPHILES?

M. Russo n'a pas eu besoin de rappeler les "suicides" en prison de Patrick Haemers et, avant lui, de
Paul Latinus. Tout le monde avait compris. Mais pour que les choses soient claires, Marie-France Botte a souligné que, chaque fois qu'une affaire de pédophilie est mise à jour, on se trouve en présence de la même conjonction: beaucoup d'argent, la protection du pouvoir, une liste de clients. Et pour qu'elles soient encore plus claires, elle a repris ses accusations dans une lettre ouverte au ministre de la Justice Stefaan De Clerck. Un extrait: « l'enlèvement des fillettes, les violences sexuelles, la pornographie, le passage des frontières ne se gèrent pas en entreprise familiale. Pour qu'un réseau de pédophilie, pour que la machine infernale fonctionne, il faut impérativement des consommateurs d'enfants protégés. Il faut des soutiens financiers et politiques.
Monsieur De Clerck, dans tous les réseaux de diffusion de cassettes pornographiques, une liste de clients existe. Dons le cas présent, Monsieur Dutroux serait connecté à des clients belges et internationaux. Les carences de l'enquête ainsi que les moyens financiers importants de Dutroux m'amènent à vous demander si vous possédez une liste de consommateurs. Nous attendons de vous, Monsieur De Clerck, la transparence".

TROIS MILLIONS POUR UN ADO, UN MILLION POUR UNE VIDÉO
Les moyens financiers de Dutroux et également de Nihoul, l'escroc aux multiples faillites dont le nom figurait déjà dans la liste des clients pédophiles du CRIES, il y a quelques années?
Ils s'expliqueraient facilement par la rentabilité de l'ignoble trafic. Une jeune vierge de 16 ans se vendrait deux à trois millions. Il y a aussi des pédophiles amateurs de nourrissons...
Une cassette porno vaut, selon son "intérêt" pour les clients, de cent-cinquante mille francs belges à plus d'un million. Des cassettes semblables ont été retrouvées chez Dutroux et chez son complice Diakostavrianos. Leur contenu, enregistré sur les bandes de films innocents - parfois, des dessins animés pour enfants ! – montre des pédophiles en action, difficilement identifiables. II y avait de 300 à 400 cassettes, une vraie fortune.
M. Bourlet a déclaré que tous ceux qui seraient identifiés seraient poursuivis. Poursuivis, quels qu'ils soient? Le fait que les clients des réseaux pédophiles soient riches et hauts placés a toujours rendu difficile l'aboutissement de nombre d'enquêtes. La protection de la vie privée (celle des abuseurs!) a bon dos et leur nom disparaît vite des colonnes des journaux, surtout s’il est très connu.

Trop souvent, aussi, le pédophilie est considéree comme un délit mineur, et les accusations des enfants ne sont pas prises au sérieux. Ce ne sont que des enfants, n'est-ce pas?
Si les choses risquent d'aller plus loin, des pressions sont exercées, et même des menaces, à l'encontre de ceux qui dénoncent des scandales.

Ce fut le cas chez nous dans l'affaire de l'IMP Decroly. Aujourd'hui, l'électro-choc de la mort atroce des deux petites filles est tellement fort dans la société civile belge que ce genre de menaces ne suffirait plus à faire taire des plaignants. Les verrous psychologiques sautent.

Témoin, cet appel anonyme à notre rédaction d'un homme d'âge mûr qui porte depuis des années le poids moral des sévices qu'il a subis, enfant, de pédophiles « extrêmement haut placés dans le pouvoir à Bruxelles ».
« Je n'ai jamais osé en parler depuis, nous a-t-il dit. Mais ce souvenir est tellement atroce que, pour moi, la pédophilie est devenue pratiquement une métaphore du pouvoir, tellement elle est répandue dans les hautes sphères ».

LA QUESTION QUE NOUS NOUS POSONS TOUS

Devant un témoignage de ce genre, on peut légitimement se poser la question: si des pédophiles sont si haut placés, sont-ils intouchables?
Permettra-t-on à l'enquête de Michel Bourlet de monter jusqu'où elle doit monter?
Où est-il trop tard, déjà, pour envisager une guérison morale de l'ensemble de notre société?
Sa base vient de montrer sa santé. Et son sommet?

Il faudra aussi tirer les effroyables conséquences du bordel régnant dans nos services de police et de gendarmerie, sans parler de la Justice, massacrée par Melchior Wathelet, le pire de ses ministres depuis 1945. Indifférence et incom pétence des responsables, déliquescence de l'État belge, guerre des polices, tout s'est conjugué pour que des pédophiles voient la vie en rose.

Un premier exemple: la gestion du BCR (Bureau Central de Recherches). Un rapport (confidentiel) établi en 1993, au départ axé sur la pédophilie, a permis de soulever un lièvre diabolique.
Destinée à constituer un "profil" des auteurs d'actes de pédophilie, la mission s'est heurtée à d'incroyables inepties, à de surprenantes erreurs d'encodage, à d'étranges négligences de manipulation d'informations dont on sait combien elles peuvent engendrer le pire.
"L'album photos" du départ – telle était la "bonne intention" d'un des services de la gendarmerie- s'est rapidement métamorphosé en un rapport au contenu accablant...
Est-il normal, en effet, à titre d'exemple, qu'un pédophile reconnu coupable d'une série d'agressions sexuelles dans une école pendant une quinzaine d'années,n'apparaisse dans l'ordinateur que comme auteur d'un seul fait? Le plus souvent, un seul numéro de fait recouvrait en réalité plusieurs abus sexuels commis pendant plusieurs années.
Autrement dit, sur le plan du traitement statistique, le nombre des faits rapportés aux services de police était supérieur au nombre de faits effectivement enregistrés.

Etrangement, les individus les plus dangereux ne sont répertoriés qu'une seule fois.
Bizarre quand on sait que chaque hold-up fait l'objet d'une description détaillée même s'il est commis par un seul individu.
C'est clair. Aux yeux de la gendarmerie et de la police, la pédophilie n'est considérée ni comme une infraction ni comme un fait policier.
A la gendarmerie comme ailleurs, les infractions de moeurs, et la pédophilie en particulier, sont considérées comme des délits mineurs. De 400 à 500 cas d'infraction de moeurs sur les enfants relevés rien qu'en 1986 - et le chiffre a sensiblement augmenté depuis - était-ce vraiment quantité négligeable?
Résultat, l'actuelle banque de données informatisées ne permet pas d'isoler avec précision les auteurs d'actes pédophiles. La pédophilie est tout simplement absente dans la nomenclature policière d'encodage des faits. Le constat est à peu près identique en ce qui concerne les lenteurs et les manquements du Service Général d'Appui Policier.
Quand un gendarme saisit des cassettes pédopornographiques enregistrées en Allemagne et qu'on ne juge pas utile de s'investir dans des recherches au-delà du Rhin,voilà un bien étrange comportement.

Heureusement, grâce à la combativité et à la détermination de certains gendarmes, une étude sur le sujet existe. La même démarche, tout aussi titanesque, a été menée, peu de temps après, au sein de la cellule "Disparition" débouchant sur les mêmes inepties, voire pire, quant à la coordination des multiples informations.
On le voit, jusqu'il y a peu, l'ambiance n'était pas franchement a la répression chez nous. Les appels au secours des familles des disparues n'étaient pas entendus, ni à la Justice, ni au Palais royal, alors même qu'un extraordinaire éveil des consciences se faisait dans la population grâce au travail de l'association Marc et Corine.

Quant à l'ancien ministre Wathelet, qui se réfugie aujourd'hui derrière son habituelle langue de bois – le bois dont on fait les cercueils d'enfant -, il est directement responsable de la libération anticipée du monstre Dutroux.

LIBÉRATION DE DUTROUX: L'OPPOSITION FORMELLE DE M. DEMANET

Et dans quelles conditions! Les journalistes étaient sidérés, quand, à leur demande, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck lut l'avis que le procureur général Demanet avait joint au dossier accablant Marc Dutroux. Les faits de 1985 annonçaient ceux des années 90.

Voici la teneur de ce document:

« Avis défavorable: l'extrême gravité des agressions sexuelles, leur multiplicité et les circonstances ignominieuses dans lesquelles elles ont été perpétrées, ainsi que la lâcheté L vol à l'aide de violences ou de menaces commis sur une personne âgée et vivant seule, le manque total de bonnes dispositions morales et la persistance de l'intéressé à se faire passer pour la victime des poursuites qui furent intentées à sa charge s'opposent formellement à la proposition tendant à le faire bénéficier d'une libération conditionnelle.
Octroyer pareille mesure de clémence dans les conditions relevées ci-dessus et à une époque où le viol et les agressions sur les personnes âgées sont dénoncés comme un fléau social irait à l'encontre des impératifs de la répression comme des nécessités de la sécurité publique et ferait de nature à discréditer l'oeuvre de la Justice. »

Le Procureur général G. Demanet.

M. Demanet est actuellement le chef de file des Procureurs généraux. Quand le ministre Wathelet a signé la libération conditionnelle de Dutroux, le PG ne pouvait plus rien faire. Le ministre, dans des déclarations, a dit qu'il regrettait d'avoir signé, mais ne se sentait pas responsable. Quatre voix pour contre deux voix contre, et il a ajouté qu'il fallait surveiller Dutroux étroitement. M. Wathelet a dit que le parquet général était pratiquement toujours contre la libération conditionnelle. Statistiques à l'appui, M. Demanet démontre que c'est faux, pour Mons. Signer une telle libération en sachant qu'en Belgique, terre de surréalisme, les milliers de libérés conditionnels sont suivis par 47 agents pénitentaires externes et demi (il y a une personne à mi temps), est une opération de trompe l' oeil !

Dutroux, lui, avait aussi choisi lui-même son médecin thérapeute, un praticien aujourd'hui largement octogénaire. Un spécialiste qui ne devait pas remettre de rapport, tenu au secret professionnel.
Le ministre Stefaan De Clerck a raison de dire qu'il faudra changer le système. Belles paroles, qu'il faudra appliquer, d'urgence.

COMPLICITÉ POLICIÈRE, PROTECTIONPOLITIQUE?

Mais il y a eu des "dysfonctionnements" bien pires encore, ceux qui ont commencé à faire soupçonner que Dutroux et sa bande bénéficiaient de complicités efficaces, qu'une espèce de main invisible éliminait leur nom de rapports convergents. Ainsi en 1995, après le ratage des révélations d'un pédophile de Louvain avec lequel le parquet ne voulut pas négocier – il réclamait une libération en échange de la preuve que Julie et Mélissa figuraient sur des cassettes porno -
il y eut ce rapport de gendarmerie qui, à Charleroi, établissait que Dutroux préparait des cachettes souterraines pour y enfermer des enfants et qu'il offrait 150.000 F par gosse qui serait enlevé.

Ce rapport, rédigé dès 1993, aurait été transmis en 1995 à la juge d'instruction de Liège, Mme Doutrèwe. « Jamais reçu, ou que des bribes inutilisables », dit celle-ci. De même, la fameuse opération Othello, opération de surveillance de la gendarmerie de Charleroi dont Liège, responsable de l'enquête sur Julie et Mélissa, n'avait pas été mis au courant.
A la même juge, les gendarmes auraient fait des demandes d'apostilles pour "vols de voitures" alors qu'ils recherchaient les fillettes. Dutroux trafiquait effectivement dans les voitures. Mais pourquoi ces secrets?
Une grande défiance des services les uns envers les autres, alimentée par le fait que toute la bande gravitant autour de Dutroux, les Nihoul et Lelièvre, jouaient à l' indic de police et profitaient de ce statut borderline pour organiser impunément tous leurs autres trafics?
Impunément, et peut-être avec des complicités agissantes dans les services de police? Nihoul, proche des milieux partouzards de Bruxelles, s'est souvent targué de protections politiques puissantes et d'avoir été un factotum du CEPIC, l'extrême droite du PSC. Selon certains, il aurait eu en tout cas des relations suivies avec Henri Tombeur, un conseiller communal etterbeekois récemment arrêté pour faits de pédophilie.
Dutroux, toujours en 1995, avait enlevé et drogué trois ados dans la maison de son complice Weinstein, mais alors que celui-ci fut arrêté, lui-même ne fut pas inquiété.
Après sa liberté conditionnelle, Marc Dutroux était littéralement libre comme l'air, même s'il est retourné en prison trois ans plus tard, de décembre 95 à mars 96.

Un témoignage nous l'a confirmé. Mme Mauricette Navez, professeur de langues germaniques, a été littéralement terrorisée par Dutroux, alors qu'elle ne l'avait jamais regardé en face. Mme Navez se réjouissait d'entrer dans sa nouvelle maison à Sars-la-Buissière. Elle ignorait qu'elle habiterait à proximité de Marc Dutroux, qui provoqua son malheur. Pendant la nuit du mercredi au jeudi de l'Ascension 93, alors qu'elle logeait pour la dernière fois à son ancien domicile, Dutroux vida la maison neuve de tout ce qu'elle contenait. Il sabota même le brûleur de la chaudière, parce qu'il ne pouvait l'emporter. Il embarqua dans deux remorques un évier, les robinets, tout le matériel de cuisine, la chaîne hi-fi, tous les vêtements du professeur! Lors de son opération, Dutroux avait perdu le carnet d'adresse de sa victime. Mme Navez le ramassa sur le pas de sa porte et remarqua que des croix avaient été apposées (par Dutroux) à côté de tous les prénoms féminins contenus dans le carnet. Elle se chargea de prévenir ces personnes.
Elle déposa plainte à la gendarmerie. Et, un jour, fut contactée à l'athénée de Gosselies, où elle enseigne. Elle visita la maison de Dutroux, en compagnie d'un gendarme, et identifia plusieurs objets qui lui avaient été volés. Comme Dutroux ne semblait pas être poursuivi pour ce vol, afin d'échapper à la vision obsédante de cet homme passant devant chez elle, à bord de sa camionnette, Mme Navez décida de baisser ses volets. Elle n'a jamais pu effacer de son esprit le souvenir du capharnaüm régnant dans la maison de Dutroux, et où elle retrouva certains de ses objets volés.
Une maison regorgeant d'objets arrachés à des familles. Mme Navez a appelé la cellule de Neufchâteau, où son témoignage a été enregistré. Enfin...

Stéve Polus avec Marcel Leroy, Corinne Le Brun et Michel Jaspar

40.000 BOUQUETS('Soir illustré'28 août 1996 p28'29)



40.000 BOUQUETS POUR DIRE LA DOULEUR DE TOUT UN PAYS

« Soir illustré » du mercredi 28 août 1996 pages 28 et 29

FLEURS

Devant la maison de M et Mme Russo ,à grâce Hollogne, là où deux familles on espérés pendant 14 mois,des amis,mais aussi des anonymes,d’autres parents,ont déposés des centaines,des milliers de bouquets de fleurs.
La pelouse de Mélissa, où elle aimait à jouer avec Julie, était noyée sous les fleurs,témoignages de sympathie aux malheureux parents.

Avec ceux-ci et ceux que l’ont a déposé au cimetière et à Sart la Buissière, 40.000 bouquets sont arrivés de tout le pays.

Serrée à l'entrée de la basilique Saint-Martin, dans ce Liège qui est une ville morte, où tous les commerces et administrations sont fermés, la foule salue d'applaudissements les deux petits cercueils blancs précédés de camions de fleurs avec le respect réservé aux grands de ce monde.
Pour ceux qui attendent dans l'église, l'écho assourdi de cet hommage résonne comme une forte pluie, c'est une tempête de larmes qui secoue la Belgique.

Face aux cercueils, Gaston Schoonbrbodt, le prêtre-ouvrier, ami de Gino Russo, s'adresse « à vous quatre, à Grégory et à Maxime ». Le papier tremble entre les mains du prêtre qui évoque leur courage à toute épreuve, leur calvaire de quatorze mois.
Derrière les parents de Julie et Mélissa, ceux d'An Marchal, sont figés, pans de souffrance.
Le prêtre ne veut pas remuer encore le fer dans la plaie, il lance plutôt :
« Julie et Mélissa, vous êtes là, et à travers vous, les enfants du monde entier », mais rien ne peut atténuer la peine. Humain, si parfaitement simple, le prêtre parle en frère, cette messe n'est pas ordinaire, elle est une réunion de gens venus de tous les horizons, le coeur meurtri.
Le prêtre veut se charger d'une part du fardeau de la douleur des parents, il accompagne, il a mal, lui aussi, il pleure. Tous ceux qui sont dans l'église, les yeux rouges, perdus dans leurs pensées, pensent à ceux qu'ils aiment, en se remémorant Julie et Mélisse, dont les photos resteront gravées dans nos souvenirs.
La succession des hymnes, des chants et des messages fait de l'absoute une dramaturgie solennelle s'élevant contre l'assassinat de l'enfance qui glace le pays d'effroi et de colère.
Un gamin de 12 ans en baskets, François Saussus, de Namur, entonne la chanson qu'il offre à ces petites filles qu'il ne connaîtra jamais: Pour tous les enfants du monde, d' Yves Duteil, rappelle la vie, qui s'est retirée, loin de ce lieu grave.

DES LOIS POUR NOUS PROTÉGER

Des applaudissements résonnent à nouveau. Sans inconvenance. Sans outrance.
Il faut être là, à quelques pas des parents, pour comprendre que ce salut est un hymne à l'enfance qui doit continuer à chanter, balayant le marécage nauséabond de la pédophilie et du commerce des enfants qui envahit notre société. Le prêtre interroge: quand les lois seront elles plus proches de ceux qu'elles doivent protéger?
On pense à ces parents qui ont lutté pour être associés à la recherche de leurs enfants et à qui les autorités n'ont pas tendu la main.

Gabriel Ringlet, prêtre, professeur, vice-recteur de l'UCL, ému, profondément, évoque le personnage d'un enfant qui nourrissait les ombres des oiseaux.
Cette innocence, il nous faut la respecter. Elle était celle de Julie et Mélissa qu'il ne faudra jamais oublier. Oui, les parents des petites savent que le pays, avec eux, se souviendra de leurs enfants avec qui est partie un morceau de notre enfance à tous. "Il ne faut plus accepter que ce monde écrase les petits", poursuit Gabriel Ringlet, qui parle du temps des génocides: Grozny, Charleroi, Bujumbura... Toutes les deux secondes, Julie et Mélissa meurent dans le monde, du sida, de génocide, de viol.

Pour une des mamans, à qui Où s'en vont ceux qu'on aime rappelle des moments envolés, s'élève la chanson de Michel Fugain. Les coeurs se serrent. José, Yves, Daniel, un journaliste, un psychothérapeute, un criminologue, dont le prêtre ne précisera pas les noms, délivrent des messages, au nom de tous.
José, fermement, dit que la révolte montrée par les parents de Julie et Mélissa était la seule manière de vivre debout, de combattre la fatalité et la routine. Pour écarter la honte de l'humanité que représente la mort de Julie et Mélissa, le journaliste unit les quatre prénoms de Louisa, Jean-Denis, Carine, Gino, un bloc qui symbolisera la noblesse du mot parents: Jean-Denis et Louisa Lejeune, parents de Julie; Gino et Carine Russo, parents de Mélissa.

L'avocat Victor Hissel, après la lecture d'un petit poème, termine par "Plus jamais ça", sa voix se brise, un piano tend le silence. Rappel terrible d'une autre disparition, quand la maman d' Elisabeth
Brichet évoque le calvaire de l'absence, et la solitude de ceux qui restent, en proie aussi aux rumeurs, après avoir dit "Julie et Mélissa, vous êtes les soeurs d’Elisabeth".

"CON TE PARTI RO..."

Le prêtre-ouvrier annonce une autre chanson, qui ne saluera plus jamais, dit-il, le départ d'une famille vers l'Italie. C'est Con tepartiro, une mélodie d'Andrea Bocelli, une de ces bleuettes taillées pour l'été et les amours de vacances, une de ces romances lancinantes venues du fond des mémoires, qui accompagnent la vie de tous les jours, avec sa sublime banalité faite de tendresse et de choses que l'on ne se dit pas assez. Gino, à ce moment-là, agrippe le genou de son fils survivant, chaque note de la chanson fouille les souvenirs et borde l'avenir d'un cadre noir.

Gaston Schoonbroodt, incantatoire presque, martèle que les crucifix, sur les cercueils blancs, ne sont pas là pour rien: "Qu'avons-nous fait, bon Dieu, de toute la beauté du monde?"
Des larmes coulent sur le visage du prêtre. Et enfin la chanson de Céline Dion, Vole, mariant la liturgie au moment qui coule, alourdit encore la chape de tristesse qui pèse sur ces funérailles hors du temps.
On ne sait plus si la cérémonie dure depuis des heures, on ne sait plus quel jour on est, depuis la libération de Sabine et Laetitia, à Marcinelle, et la découverte des corps de Julie et Mélissa,
à Sars-la-Buissière, et le début des recherches d'autres enfants violés.

A la fin de l'absoute, les deux familles se lèvent, se figent devant les petits cercueils. Les deux papas et les deux mamans embrassent le bois vernis, Maxime et Grégory sont écrasés par la solennité du moment. Les pères, qui ne se quittent pas, s'épaulent, se soutiennent, forment un bloc que rien n'entamera, ils ne peuvent s'arracher à ce moment d'union, avant la mise en terre, dans quelques dizaines de minutes, dans l'intimité, seuls face aux cercueils blancs, loin du soutien de tout un peuple d'amis acquis pour la vie.
Ils sont des exemples de courage et de dignité, ces parents. Chacun voudrait qu'ils sachent, en ce moment précis, qu’ils sont entourés comme personne ne le fut auparavant. Un enfant, le petit Frédéric Russo, 10 ans, chante alors un extrait du Requiem de Fauré.

Un instant, cette terrible pensée, pour l'homme qui a conduit. Julie et Mélissa en enfer, pour Marc Dutroux, un jour, lui aussi, il a été un enfant. Lui aussi a des enfants. Un fils de 12 ans. Des frères exemplaires, une mère qui pleure, un père qui l'a largué. Pourquoi est-il devenu ce monstre à visage d'homme qui nous inspire de la répulsion? Qui aura été le Marc Dutroux qui l'a détruit ?
Comment protéger les enfants qui grandissent, aujourd'hui, et qui ont peur en regardant la télé ? Comment les protéger de ce monde qui nous fait peur, à la fin de ce deuxième millénaire?
Julie et Mélissa nous ont mis en garde. A nous de respecter leur mémoire en agissant, autour de nous.

Marcel Leroy.

L’ADIEU A DEUX ANGES('Soir illustré'28 août 1996 p26'27



L’ADIEU A DEUX ANGES QU’ON N’OUBLIERA JAMAIS


« Soir illustré » du mercredi 28 août 1996 pages 26 et 27

« A chaque enfant qui disparaît c’est l’univers qui tire un trait »

(Yves Duteil)


ADIEU

A l’entrée de la basilique Saint Martin,à Liège, les familles Russo et Lejeune,main dans la main,précèdent les deux petits cercueils blancs de Julie et Mélissa.

Pendant toute la cérémonie, empreinte à la fois d’une émotion bouleversante et d’un chagrin indicible,le courage et la dignité des deux familles forcèrent la sympathie.

C’est tout un pays qui partagea leur peine. Après avoir laissé les parents et les frères dire un dernier adieu à leurs fillettes,la foule défila au cimetière de Mons Lez Liège jusque tard dans la nuit.

LES LARMES DE LA BELGIQUE ('Soir illustré'28 août 1996 p25'26)


LES LARMES DE LA BELGIQUE

« Soir illustré » du mercredi 28 août 1996 page 25 et 26

« Qu’avons nous fait, Bon Dieu, à toute la beauté du monde ? »

Aux funérailles de Julie et Mélissa, c’est toute la Belgique qui pleurait.


A Liège, la basilique Saint-Martin était hors du temps,pour dramaturgie qui restera comme un cri déchirant,un appel à respecter l’enfance,à l’écouter,à le protéger .

Grâce à ce combat qui ne connaîtra jamais de relâche, les parents de Julie et Mélissa resteront à jamais aux côté de leurs enfants, les enfants de tout un pays meurtri.

Ces funérailles nationales resteront parmi les grandes émotions de l’histoire de ce pays.

La perte du Roi Baudoin fut un adieu au passé,…..

…………… la mort de Julie et Mélissa est une injure à la vie

LE DEUIL QUI NOUS A TOUS UNIS('Soir illustré'28 août 1996)


LE DEUIL QUI NOUS A TOUS UNIS

« UNE » du « Soir illustré » du mercredi 28 août 1996

Toute la Belgique derrière le procureur du Roi qui veut lui rendre son honneur

MICHEL BOURLET POURRA-T-IL ALLER JUSQU’AU BOUT ?

Les clients du monstre : Hauts placés intouchables ?
Les routes des trafics mondiaux, le pris des enfants

La colère de nos lecteurs(Nvl Gazette'28 août 1996 p9)


La colère de nos lecteurs

« La Nouvelle Gazette » du mercredi 28 août 1996 page 9

Nos lecteurs continuent à nous faire part de leur indignation et de leur colère. La plupart d’entre eux se montrent sans pitié pour les ravisseurs et les violeurs d’enfants pour lesquels ils réclament de lourdes peines ; Et incompressibles. Beaucoup s’en prennent également au ministre de la justice et à son prédécesseur.

M.Hubert Baerten et Michèle Denis, de Monceau sur Sambre, font savoir qu’ils apportent leur soutien total aux campagnes menées par Marie France Botte et réclament des mesure concrètes et des budgets suffisants afin de pouvoir lutter avec efficacité contre la prostitution des enfants

Mme Houari, de Châtelet, se demande si l'ancien ministre Wathelet se prend pour Dieu le Père, lui qui prétend ne pas avoir commis d'erreur en cette circonstance. «Il eut été plus humble de reconnaître son erreur et à son successeur de la réparer.»

Mme Cl. Évrard, de Souvret: «Je ne suis pas triste de vieillir. Mais je suis triste pour tout ce qu'on laissera derrière soi. Une jeunesse traumatisée, bafouée...

Mme Nadine Doumont, institutrice, de Vogenée, nous écrit une très longue lettre dans laquelle elle tient à faire part de sa douleur, de sa colère, de sa révolte. Elle rend un vibrant hommage aux parents de Julie et Métissa, remarquables de dignité. «Un mot pourtant, dit-elle, n'a pas été prononcé: le mot pardon.
Julie et Mélissa, je vous demande pardon au nom de toutes les femmes dont la définition première est d'aimer et de comprendre, de faire preuve d'intuition et de sensibilité... Je vous demande pardon au nom de toutes les mères.., au nom de tous les enseignants dont le rôle premier n'est pas d'apprendre mais d'aider l'enfant à prendre son envol... Une institutrice, pourtant, a éteint la lumière vers laquelle vous marchiez avec confiance...»

M. Yvon Van Winckel et Mate Simone Forthomme, et Mme Christiane Van Winckel, de Havre, sont volontaires pour «s'occuper de ces bêtes sauvages, avec raffinement...»

M. et Mme Picroa-Duguesnoy, de Dour, qui ont eu une fille assassinée en 1988, ont eux aussi vécu dans l'ignorance. «Vous ne voulez pas de peines incompressibles, écrivent-ils au ministre de la Justice, alors, laissez faire la justice du peuple.»

Mme Marte-Ange Denier, de Quiévrain, ne sait pas répondre au pourquoi de son petit garçon de 9 ans. «Je pense à ces milliers de parents qui, eux non plus ne savent que répondre aux pourquoi de leurs petits...»

M.P.Fontignie, de Ciply, a trouvé une solution au trop plein des prisons: mettre certaines catégories de détenus dans les casernes vides... Il écrit d'autre part: «Il n'y a pas d'argent pour permettre des progrès importants dans les enquêtes criminelles mais il y en a beaucoup pour installer des radars sur les routes pour arnaquer les honnêtes citoyens...»

Mme Yola Tavernel, de Montigny-le Tilleul, est pour la loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent. «Une bête enragée, on l'abat, Puisque nos politiciens ne l'entendent pas de cette oreille, que chacun, lors des prochaines élections, se souvienne de Julie et Métissa.»

Mme Matou Bruno-Watbelet, d'Overijse, suggère de publier les noms et adresses de tous ceux qui étaient les clients des ravisseurs d'enfants afin que plus personne n'ose encore assouvir ces vices ignobles...»

Mme Henin et une douzaine de voisins de la rue Degrange à Châtelet, réclament des peines incompressibles d'une extrême sévérité pour les violeurs d'enfants; «la seule peine à infliger à des salauds de ce genre c'est de les castrer ou de leur faire subir les mêmes traitements que leurs petites victimes.»

M.Raymond Cuvelier d'Anderlues, ex-prisonnier de guerre: «En 1940, des milliers de soldats belges ont été marqués d'un signe qui les distinguait de la race des seigneurs: P.G. Pourquoi ne pas marquer les pédophiles libérés de deux lettres P.L. dans leur dos?»

Mme Rita Gianfreda, de Dampremy, rend hommage au courage des parents de Julie et Mélissa et appellent tous les Belges et les étrangers à rester mobilisés dans les mois à venir car on aura besoin de tout le monde comme l'a dit M.Russo.

Mme Milan, d'Anderlues, estime que l'enquête n'aboutira pas car, selon elle, il y a trop de puissants personnages impliqués: entre loups, on ne se mange pas.»

M.Michel Kerremans, de Mont-sur-Marchienne: «En temps de guerre, le soldat qui déserte passe devant un peloton d'exécution, et cela pour n'avoir pas voulu tuer ses semblables... Mais des individus comme Dutroux sont remis en liberté... Je suis heureux de ne pas être ministre, j'ai la conscience tranquille...»

M J.Monseur, de Marcinelle, nous envoie un poème:
Je vous salue, Marie, Mère de Dieu
Une vierge martyre et son amie sont dans vos cieux
Libérées d'atrocités ignobles et indicibles
Imaginées par un sadique horrible
Entourez-les de vos grâces imprescriptibles...

M.Robert Marit, de Jumet: «Qu'en est-il de la justice et de la démocratie? Le procureur Bourlet n'a-t-il pas déclaré que «dans certaines affaires On ne lui avait pas permis d'aller jusqu'au dénouement de son enquête? C'est une preuve indubitable de la corruption généralisée des autorités politiques, religieuses, judiciaires et financières de notre pays. Pauvre démocratie! Pauvres électeurs! Il serait étonnant que cette note soit publiée dans un média dont le seul but est de vendre du papier.»

Mme. Sarah Trillet de Courcelles: «Comment oser parler de démocratie, comme le font certains, et se gargariser de discours moralisateurs face à une telle bestialité qui tient de l'absurde? Avant de vider, de détruire, de tuer, ces bourreaux se sont-ils demandés si leurs actes étaient démocratiques?»

M. Y. Daix de Ransart: «Lorsqu'on a découvert les camps nazis, on a dit : «plus jamais ça». Aujourd'hui à l'aube de l'an 2000, des monstres plongent la Belgique dans l'horreur. Ils ne payeront jamais assez cher pour leurs crimes, même s'ils sont condamnés à vie.»

Mme. Laplanche de Lodelinsart: «La pédophilie a toujours existé; souvenir de l'affaire des ballets roses à Liège... Je souhaiterais que l'on publie dans le journal le nom et la photo de tous les pédophiles.»

M. Guy Remont de Mont-sur-Marchienne: «Que faire de ces ignobles personnages? Ils sont faits, à mon avis, pour remplacer les animaux de laboratoire...»

Mme. Gh. Gennaux de Ransart: «Pour ma part, tant qu'il n'y aura pas une solution pour punir ces profiteurs d'enfants, ces pédophiles et tant qu'on les relâchera de prison après quelques années, je ne voterai plus.»
M. et Mme. Gaster-Tilmant de Genval: «Nous soutiendrons les familles des deux petites filles jusqu'au bout car il faut que cela change. Et que tous les auteurs de sévices sur les enfants, du plus petit au plus haut placé, soient punis et leurs noms affichés en place publique.»

Mme. R.S. de Fleurus: «Il faut que Dutroux dise le nom de ses protecteurs aux enquêteurs... Mais ce ne serait quand même pas la première fois que l'on trouverait des brebis galeuses au sein de la Justice belge. En tous cas, j'espère que personne ne baissera les bras dans un mois ou dans six...»

M. J. Carbo de Charleroi: «Lorsque j'entends parler de congés pénitentiaires, je me demande de qui l'on se moque. Le meurtre de Marc et de Corinne n'a t-il pas été commis par des récidivistes Muselle et Bauregard. Alors que penser de ces «congés». Un fauve reste un fauve, psy ou pas psy...»

M. Claude Demanet de Châtelet: «Je crains que la conférence de presse du Procureur Bourlet, qu'il avait annoncée comme pas anodine, n'ait été habilement montée de toutes pièces pour calmer les esprits: «du pain et des jeux». A mon avis, Dutroux et sa bande sont en train de conduire les enquêteurs sur des voies de garage. Nous n'avons que faire, dans l'immédiat, des casseurs, des garagistes et autres trafiquants de voitures. Je crains que, quelques jours après le deuil nous ne soyons déjà dans la phase de dérive.

Mme Nadine de Paturages : Marc Dutroux doit rester en vie pour que la vérité soit faite. Dutroux, sa femme et ses complices doivent rester enfermer à vie pour qu’on n’oublie jamais tout le mal qu’ils ont commis.

M.Oscar Lecomte de Dampremy : Je suggère que chaque ville où commune du pays dédie les noms de Julie et Mélissa à une avenue, une rue, une place, etc. Ou même donner leur nom a des écoles, des instituts Qu'on ne les oublie jamais.»

Mme. Leclercq de Hantes-Wihéries: «Pourquoi de telles atrocités, pourquoi des enfants sans défense sont-ils livrés à des êtres qui ne sont humains qu'en apparence?»

M. E. Vandenabeele de Pont-de-Loup: «Pourquoi faire de la thérapie à des pédophiles? Qui va payer tous les soins accordés à cette pourriture; surtout qu'on dit qu'ils ne guériront jamais!»

M. Jacques Vassart de Gilly: «Est-il encore possible de croire à ce jour que notre pays est gouverné par des gens qui sont réellement conscients de leurs responsabilités, quand on découvre autant d'anomalies constatées et prouvées dans le dossier de Julie et Melissa?»

M. Claude Debeukelaer de Charleroi: «Pourquoi le ministre de la Justice peut-il prendre une décision contraire à un jugement et préconisé par un Procureur général?»

Melle. Nertia Antoiiolli de fraire: «On devrait être honteux de prêter le titre d'être humain face à de telles horreurs. La seule différence est que pour cela , on ne peut être humain.

M. et Mme Manchel-Sore de Mons: «Nous sommes déçus des Montois qui n'ont pas porté le deuil en fixant un ruban noir à leur voiture. Pourtant, cela concerne tout le monde.»

M. Jacques Troch de Houdeng-Aimeries: «Je souhaite que la régie des Postes émette un timbre spécial «Julie et Mélissa-Plus jamais ça», avec une surtaxe qui serait versée à l'association Marc et Corinne qui a sûrement besoin d'un soutien financier.»

M. Fabien Branswyk de Couillet: «Ces actes sont révoltants. Il est incompréhensible de commettre de tels agissements sur des gamines aussi naïves qu'innocentes et la justice belge s'est montrée incapable de gérer la sécurité de nos enfants.»

Mme. Gilmant d'Eugies: «On abat un chien enragé pour le danger qu'il représente. Pourquoi tant de laxisme envers les pédophiles monstrueux. En refusant le principe des peines incompressibles, le ministre de la Justice va applique ce que le bon sens populaire appelle «un emplâtre sur une jambe de bois».

Mme. Marcelle Delnest-Cartier. «Pas tant de verbiage et de clémence. L'essentiel est de protéger nos enfants contre ces anormaux. Mais il est aussi un sentiment essentiel, que je n'ai trouvé dans aucun article de presse, c'est l'amour; un des facteurs importants de la guérison des petites victimes.»

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C’étaient les musiques entendues aux funérailles

Gros succès chez les disquaires pour Dion, Duteil, Bocelli et Fugain


« La Nouvelle Gazette » du mercredi 28 août 1996 page 9

La célébration des funérailles de Julie et Mélissa, retransmise en direct par la télévision,aura arraché des larmes aux plus endurcis. Un des moments les plus émouvants fut sans nul doute l’interprétation de la chanson d’Yves Duteil « Pour les enfants du monde entier » Ce disque connaît aujourd’hui une seconde jeunesse partout en Belgique.

Conséquence indirecte et inattendue des funérailles, retransmise à la télévision,de Julie et Mélissa,les disquaires ont été assaillis de demandes des chansons qu'avait choisies la famille pour la cérémonie.
« Où s'en vont » de Michel Fugain, « Vole » de Céline Dion, « Con te partiro » d'Andréa Bocelli et
« Pour les enfants du monde entier » de Yves Duteil.

Effectivement, nous confirme un vendeur de la FNAC Liège. La demande pour ces disques a été très importante dès le lendemain des funérailles au point que nous avons dû en recommander dare-dare
Même son de cloche chez un disquaire de Fléron ainsi que chez le plus gros marchand de disque de Charleroi
Il faut dire que la cérémonie a été suivie par 1,6 million de téléspectateurs (Moitié francophones,moitié flamands et que les paroles de ces chansons étaient particulièrement bien choisies pour interpréter l'espoir qu'on peut encore tenir après de tels événement
Plus de 800.000 téléspectateurs ont également suivi le débat organisé par la RTBF vendredi soir, en présence de Gino Russo et de Marie France Botte.

« Un record d'audience pour un débat » indique t'on du coté de Reyers.

LG
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Par la poste

La photo de Julie et Mélissa dans toutes les boites aux lettres ?


« La Nouvelle Gazette » du mercredi 28 août 1996 page 9

A la sortie des funérailles de Julie et de Mélissa jeudi dernier, le comité de soutien distribuait à la foule présente une photo couleur des deux fillettes avec ce texte simple et émouvant, écrit dans les deux langues nationales:

« Nous n'avions que huit ans et beaucoup de rêves. On croyait que la vie serait belle... Vous les grands, préparez-nous un monde meilleur. »

Depuis, des centaines de personnes cherchent à se procurer cette photo et le téléphone du comité de soutien Julie et Mélissa est assailli de demandes.
Lors du débat de la RTBF vendredi dernier, le père de Mélissa, Gino Russo, avait déclaré que, pour répondre à toutes ces demandes, il avait dans l'idée de contacter la Poste pour savoir dans quelle mesure les facteurs ne pourraient pas les distribuer dans toutes les boîtes aux lettres du Royaume.
Suite à cette intervention télévisée, de nombreux bureaux de poste étaient déjà sollicites dès lundi matin.

A la direction de La Poste, on nous a répondu que les parents de Julie et Mélissa n'avaient toujours pas pris contact avec eux pour développer cette idée (rappelons qu'ils ont demandé quelques jours de repos), mais qu'il est clair qu'elle serait favorablement accueillie,la Poste ayant également une vocation sociale importante. »

Patience donc pour tous ceux qui cherchent à se procurer cette photo. Il se pourrait qu'elle se retrouve prochainement dans toutes les boîtes aux lettres.

L.G.


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