Deux semaines orchestrées depuis Neufchâteau('Soir'28 août 1996 p18)
Deux semaines orchestrées depuis Neufchâteau
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Les principales affaires de rapt d'enfants, centralisées à Neufchâteau, livrent chaque jour leur lot de découvertes. Une plongée dans l'horreur qui gravite autour d'un homme, Marc Dutroux.
Mardi 13 août. Marc Dutroux, sa femme Michèle Martin et un marginal, Michel Lelièvre, sont arrêtés dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Laetitia Delhez (14 ans).
Jeudi 15 août. Laetitia, mais aussi la petite Sabine Dardenne, disparue de Kain depuis le 28 mai, sont retrouvées saines et sauves dans une cache secrète aménagée dans la cave de Dutroux à Marcinelle. Le dénouement heureux fait suite à des aveux du principal suspect dans ce dossier. Dans un même temps, Jean-Michel Nihoul est interpellé par les enquêteurs.
Vendredi 16 août. Dutroux, Martin, Lelièvre et Nihoul sont inculpés suivant les cas d'enlèvements et de séquestrations d'enfants, d'association de malfaiteurs.
Samedi 17 août. Une première série de perquisitions est opérée dans une dizaine de maisons de la région de Charleroi.
Des fouilles menées dans la propriété de Sars la Buissière, après des révélations faites par Dutroux lors d'un interrogatoire, permettent de retrouver les cadavres de Julie Lejeune et de Mélissa Russo. Un troisième corps est également retrouvé, celui d'un comparse évincé : Bernard Weinstein.
Dimanche 18 août. Marc Dutroux et Michel Lelièvre passent une nouvelle fois aux aveux. Ils reconnaissent avoir enlevé An Marchal et Eefje Lambrecks à la côte. Pendant ce temps, les fouilles continuent.
Lundi 19 août. La piste de la prostitution en Tchéquie est avancée. Les deux adolescentes flamandes pourraient avoir été livrées à un de ces réseaux.
Mardi 20 août. La justice décide de confier l'ensemble des dossiers de disparitions d'enfants à Neufchâteau. Le vice-directeur d'Interpol à Prague précise de son côté que la police tchèque recherche An et Eefje depuis la fin de 1995.
Mercredi 21 août. L'enquête sur les disparitions ouvertes depuis un an est critiquée. Les errements éclatent au plein jour. La justice liégeoise et la gendarmerie s'opposent sur la manière dont a été menée l'enquête (Julie et Mélissa) pendant un an. Le ministre de la Justice joue les arbitres et s'informe.
Jeudi 22 août. Une foule immense est venue rendre un dernier hommage à Julie et Mélissa, portées en terre au cimetière de Mons-lez-Liège après une longue et émouvante cérémonie à la basilique Saint-Martin.
Le ministre de la Justice reconnaît l'existence de " lacunes indiscutables " dans les enquêtes.
A Neufchâteau, un cinquième suspect est arrêté : Michael Diacostavrianos.
Le policier John Bennett, le spécialiste britannique qui a résolu l'affaire West, à Gloucester, arrive en Belgique.
On fait également venir du matériel spécialisé de l'étranger, dont des chiens et le fameux " radar de sol ".
Vendredi 23 août. Un sixième suspect est arrêté. Il s'agit de Claude Thirault, un ami de Marc Dutroux. Par ailleurs, l'enquête sur l'enquête s'emballe, et Michel Bourlet, le procureur du Roi de Neufchâteau, lance une petite phrase assassine lors d'un débat télévisé en soirée : Toutes les personnes identifiées (...) seront poursuivies... si on me laisse faire ! Les réactions fuseront durant le week-end, notamment de la part du procureur général de Liège, Anne Thily, qui insista : Tous les moyens seront mis en oeuvre.
Samedi 24 août. Une nouvelle vague d'interventions policières va émailler le week-end, et, avec elle, des perquisitions et des interpellations. En soirée, Georges Zicot, inspecteur principal de la police judiciaire de Charleroi, est intercepté à son retour de vacances. Il est présenté comme un premier " protecteur " de Dutroux et aurait couvert certaines de ses activités dans le cadre de trafics de véhicules. Il s'agit d'une piste connexe au volet " pédophilie " des dossiers ouverts à Neufchâteau.
Dimanche 25 août. Après son audition et une perquisition à son bureau de la PJ de Charleroi, l'inspecteur principal Zicot est placé sous mandat d'arrêt.
Gérard Pinon, le propriétaire d'un hangar à Ransart où avait été caché un camion volé par la bande Dutroux, est également placé sous mandat d'arrêt, de même que Thierry Dehaan, un agent d'assurance considéré comme complice de Dutroux dans l'affaire du camion volé.
Lundi 26 août. Un dixième suspect est placé sous mandat d'arrêt à Neufchâteau. Il s'agit de Pierre Rochow, un jeune homme de 24 ans, qui avait tenté de " doubler " Dutroux dans l'affaire du camion volé.
Il avait été séquestré à Jumet par Dutroux en même temps qu'un ami et une jeune femme. C'est cette séquestration qui avait valu à Marc Dutroux trois mois de détention préventive fin 1995, début 1996.
CHRISTIAN DU BRULLE
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Photos :
Marc Dutroux
Arrêté le 13 août, il est suspecté d'enlèvement, séquestration, assassinat, association de malfaiteurs, trafic de voitures, vols et viols. Photo Belga.
Michèle Martin
L'épouse de Marc Dutroux a été arrêtée le 13 août. Elle est suspectée d'association de malfaiteurs et de complicité dans les enlèvements. Photo Belga
Michel Lelièvre
Arrêté le 13 août, il est suspecté d'association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration, assassinat, vol et de trafic de véhicules. Photo Belga.
Jean-Michel Nihoul
Arrêté le 15 août, cet homme d'affaires qui était en contact avec Michel Dutroux est suspecté d'association de malfaiteurs.
Photo Belga.
Michaël Diacostavrianos
Arrêté le 22 août, ce garagiste, qui occupe une maison de Dutroux, est suspecté de faire partie de l'association de malfaiteurs. Photo Photo News.
Claude Thirault
Arrêté depuis le 23 août, cet ami de Marc Dutroux est suspecté d'association de malfaiteurs.
Photo VTM.
Georges Zicot
Arrêté le 25 août, l'inspecteur principal de la P.J. de Charleroi est suspecté de vol, recel, escroquerie, faux en écritures et faux P.-V. Photo EPA.
Gérard Pinon
Arrêté le 25 août, ce commerçant est suspecté de recel et d'association de malfaiteurs dans le cadre des vols de véhicules. Photo VTM.
Thierry Dehaan
Arrêté le 25 août, cet agent d'assurances est suspecté de faux en écritures et d'association de malfaiteurs.
Photo VTM.
Pierre Rochow
Arrêté le 26 août, ce jeune complice de Dutroux est suspecté de trafic de véhicules et d'association de malfaiteurs.
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Tant d’autres disparus et des parents entre espoir et angoisse
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Chaque jour apporte son lot d'horreur. Après la joie de retrouver Sabine et Laetitia vivantes, l'horreur de la découverte des petits corps de Julie et Mélissa et les rumeurs sur le sort d'An et Eefje, les parents de tous les autres enfants disparus vivent aujourd'hui entre l'espoir et l'angoisse.
Huit enfants sont toujours portés disparus et l'affaire Dutroux a relancé l'intérêt des enquêteurs sur leurs dossiers.
Gevrije Kavas, 6 ans, était parti jouer au football avec son grand frère, le 6 février 1985. Gevrije marchait derrière lui quand le grand frère s'est retourné: Gevrije avait disparu.
Ilse Stockmans, 19 ans, disparue le 17 février 1987. Elle souffrait de pertes de mémoire et était sous médicaments. On ne l'a plus jamais revue.
Elisabeth Brichet, 12 ans, a disparu le 20 décembre 1989 à Saint-Servais (Namur). Il y a eu de nombreuses pistes, mais aucune n'a donné de résultat.
Nathalie Geijsbregts, 9 ans, n'est jamais arrivée à l'école le 26 février 1991.Un automobiliste l'a aperçue à travers sa vitre arrière. Il est le dernier à l'avoir vue.
Loubna Benaïssa, 9 ans, était partie chercher un yaourt pour son petit frère au magasin du coin, le 6 août 1992. Elle n'en est jamais revenue.
Sylvie Carlin, 19 ans, a disparu depuis plus d'un an de Sars la Buissière. Sa disparition est restée discrète, elle est presque inconnue des médias. Les enquêteurs avaient privilégié l'hypothèse du suicide. Les événements de ces derniers jours jettent un doute sur cette hypothèse.
Ken et Kim Heyrman, 8 et 11 ans, étaient partis chez des amis le 4 janvier
1994. Le corps de Kim était retrouvé un mois plus tard. On est sans nouvelles de son petit frère.
Liam Van den Branden, 2 ans, jouait sur la digue de Malines, le 3 mai dernier. Un moment d'inattention des parents et le petit avait disparu. Les enquêteurs privilégient l'hypothèse de la noyade. Les parents sont convaincus qu'il s'agit d'un enlèvement. Aucun élément n'a encore permis d'étayer l'une ou l'autre thèse.
W. V. (St.)
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Un enlèvement raté à St Vith avant le rapt de Laeticia
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Marc Dutroux a-t-il raté une tentative de rapt, à Rodt (St-Vith), le 9 août dernier, le jour même où il a enlevé Laetitia à Bertrix ? Certains éléments de l'enquête pourraient le laisser penser. Ainsi, la voiture utilisée par le candidat ravisseur était elle de couleur grise. Ainsi, Marc Dutroux et Michèle Martin connaissaient-ils la région. Le « Grenz-Echo» évoquait, hier, ce rapt manqué. Le 9 août, un homme s'empare d'une fille de sept ans et tente de la faire monter, de force, dans une voiture grise.
La fillette réussit toutefois à s'échapper après s'être débattue et avoir crié au secours. Trois semaines plus tard, elle croit se souvenir, sans certitude, que le véhicule en question pourrait être une Citroën...
D'autres faits similaires s'étaient déjà déroulés, quelques semaines auparavant, à la mi-juillet, dans le même village. Mais, cette fois-là, un homme (le même?) s'était contenté d'approcher deux enfants, sans essayer de les enlever. Lui aussi conduisait une voiture grise.
Les procès-verbaux dressés à la suite de ces deux affaires ont été transmis à Neufchâteau.
Marc Dutroux et sa compagne Michèle Martin connaissaient bien ce petit village de l'entité saint-vithoise. C'est là, dans une firme de matériaux de construction, que Michèle Martin avait acheté en 1993 des pierres de coffrage qui peuvent servir, entre autres, à des travaux de soutènement. Les factures avaient été libellées au nom de Dutroux et envoyées à Marcinelle.
FRANK DESTREBECQ
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Dossiers liégeois en cours
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Suite à une plainte, on a arrêté un ressortissant anglais qui vivait dans un mobil home en région liégeoise. John Pearson s'était lié d'amitié avec de nombreux enfants et leurs parents. Il hébergeait même certains enfants, avec l'assentiment des parents. La surprise a donc été énorme quand deux frères (10 et 12 ans) se sont plaints de ses agissements.
La justice liégeoise lance aussi un appel au témoignage concernant deux autres affaires. La première concerne l'arrestation d'un professeur, Ph. Halleux qui se serait livré à divers attouchements.
Pour tout témoignage : PJ de Liège, commissaire Pousset, 041-32.50.50). La seconde affaire concerne un exhibitionniste prénommé Michaël (24 ans) qui sévissait d'Oupeye à Seraing à bord d'une voiture rouge. Il abordait souvent des jeunes filles avec une fausse carte de policier. On peut contacter la gendarmerie de Bassenge (041-86.10.10). (É. R.)
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Enquête sur l’enquête par le procureur général Anne Thily
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Chargée jeudi dernier d'une enquête sur tous les devoirs prescrits dans le cadre du dossier Julie et Mélissa, et des informations transmises tant par la gendarmerie que par le parquet de Charleroi au sujet des soupçons qui pesaient sur Marc Dutroux, le procureur général de Liège, Anne Thily, avait entamé ses investigations lundi, en entendant principalement la juge d'instruction Martine Doutrèwe et le premier substitut du Parquet, M. Hombroise.
Mercredi, Mme Thily s'est rendue à Bruxelles pour y faire rapport au procureur général de la Cour de cassation Jacques Velu, puis au ministre de la Justice Stefaan De Clerck.
Dans le cadre de l'affaire Dutroux, la 23e brigade de la P.J. vérifie actuellement l'alibi de Jean-Michel Nihoul, l'agent immobilier bruxellois arrêté la semaine dernière : des touristes hollandais l'auraient vu à Bertrix à l'époque de la disparition de la petite Laetitia. Plusieurs personnes, dont un ancien avocat bruxellois qui fut impliqué dans une autre affaire criminelle, ont été entendus et devraient être confrontées à Nihoul.
Dans le cadre de l'enquête sur les rapts et meurtres d'enfants, des investigations se dirigent aussi vers des organisateurs de mariages blancs facilitant l'immigration clandestine.
Notons par ailleurs que le parquet de Mons a, dans un communiqué, démenti qu'un lien ait été fait entre le dossier " trafics de voitures " dans le cadre duquel est inculpé l'inspecteur de P.J. carolorégien Georges Zicot et le meurtre de l'inspecteur de P.J. montois Simon Poncelet, abattu dans le hall de la brigade au début de cette année.
De même qu'à Mons le procureur général Demanet a démenti être à l'origine d'un communiqué diffusé mardi soir par l'agence Belga qui précisait, notamment, que son fils Philippe n'était pas inculpé dans le dossier " escroquerie " ouvert après le vol de sa Porsche.
R. Hq.
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DIVERS : Colonne de droite
Super-ministres au chevet de la justice
La rentrée politique devait être tout entière placée sous le signe du budget 1997. L'affaire qui endeuille le pays en a décidé autrement. Dehaene et ses vices premiers ont décidé hier que le conseil restreint de jeudi et le conseil des ministres de vendredi seront très largement consacrés à des réformes judiciaires, sur base des propositions du ministre Stefaan De Clerck. Celui-ci avait déjà déposé, en juin, une note d'orientation qui avait reçu un accueil favorable de ses collègues. Il fera cette fois des propositions plus précises, notamment sur les responsabilités à conférer à un collège de magistrats en matière de libération conditionnelle. Johan Vande Lanotte soumettra, lui, à ses collègues, de nouvelles initiatives pour la sécurité des transports de fonds. Les débats budgétaires seront reportés à samedi.
(B.V.)
Résolution d'urgence
Philippe Monfils a déposé au Parlement européen une proposition de résolution d'urgence relative à l'exploitation sexuelle des enfants et aux réseaux de pédophilie en Europe. Le député européen demande aux Etats membres de développer au sein d'Europol une cellule de lutte contre les réseaux pédophiles, cellule dotée de moyens suffisants. Il demande à la Commission européenne la mise en place d'un bureau qui coordonnerait l'action des diverses organisations privées qui participent à la recherche d'enfants disparus.
Il réclame l'insertion dans le Traité de l'Union européenne d'un nouvel article indiquant clairement que la Communauté contribue à la lutte contre la pédophilie en encourageant la coopération entre les États membres et en appuyant leur action.
Les « super magistrats »
Les apparitions régulières du magistrat national André Vandoren et de son homologue néerlandophone Patrick Duinslager remettent en lumière le rôle joué par ces «super» magistrats dans les grands dossiers criminels. Pour pallier les éventuelles guerres de police, ces deux magistrats dits «nationaux» dépendant du parquet général ont compétence pour représenter le parquet dans les grandes enquêtes dont l'ampleur dépasse les besoins de coordination à l'échelle d'un simple arrondissement.
(Belga.)
Une cellule spécialisée et renforcée
La cellule « Disparitions » de la gendarmerie manque cruellement de moyens et d'effectifs compétents. Cette cellule, au départ baptisée « crimes contre les personnes », a été rebaptisée suite aux demandes de créer un organe spécialisé dans la disparition de personnes. Elle se compose de cinq néerlandophones et d'un francophone. Celui-ci, dépassé par l'ampleur de la situation, a demandé du renfort à l'état-major. On lui a adjoint l'aide de deux gendarmes francophones de la réserve nationale. Le colonel Vanden Broeck, chef du service de presse de la gendarmerie, a précisé qu'il n'y a eu, jusqu'ici, aucun problème de traitement de dossier étant donné que les membres néerlandophones sont capables de traiter tous les dossiers. (Belga.)
Le tribunal piétine en Allemagne
Appelés à juger le cas le plus grave d'abus sexuels commis contre des enfants en Allemagne, les juges du tribunal de Mayence doivent faire face, depuis 234 jours, aux limites des procès pour pédophilie et inceste. 24 adultes, membres de deux familles, sont accusés d'avoir violé et torturé les 16 enfants des deux familles, et de les avoir loués pour en abuser sexuellement. Au total, les 24 accusés sont poursuivis pour 200 crimes sexuels commis en 1994 et 1995, dont certains sur des enfants de six mois. Beaucoup de ces actes sadiques auraient de plus été filmés. Jusqu'à présent, tous les accusés ont gardé le silence et les juges doivent composer avec les obstacles légaux et le traumatisme émotionnel que suscitent de tels drames. Si bien qu'après des mois d'auditions, le procès est au point mort. (Reuter.) .
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Le père de Laurence à Neufchâteau
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Hier, le père de Laurence Mathues a été reçu à Neufchâteau par le procureur du Roi et le juge d'instruction.
Le 28 août 1992, il avait déposé Laurence à l'entrée de Walibi pour 8 h 30. Pendant le trajet, elle lui avait demandé l'autorisation de passer la nuit suivante chez une amie. Il avait réservé sa réponse la priant de lui téléphoner à 16 heures. Puis il a rejoint son lieu de travail à Bruxelles. Le coup de fil de Laurence n'est jamais venu.
On sait par ses amies que Laurence est entrée à Walibi, qu'elle a ôté son T shirt et se rhabilla en vêtements de ville, disant que son beau-père l'attendait sur le parking pour l'accompagner à Bruxelles prendre les résultats d'analyses de sang.
Un passant a découvert son corps le 7 septembre, caché sous des branchages sur le bord de la route de Franc-Waret à Neuville. Une lamentable erreur d'autopsie déboucha sur une mauvaise identification: Delphine, une autre disparue en fugue, voyant son portrait à la télé, avertit aussitôt ses parents qu'elle était vivante !
Il fallut une seconde autopsie pour identifier le corps de Laurence à la dentition et à une cicatrice sur l'abdomen. Les branchages qui le recouvraient indiquaient que le corps avait été déposé peu de temps avant la découverte mais que le décès remontait au jour de la disparition. La mort était due à l'absorption massive de médicaments dont la conjugaison permet d'affirmer que Laurence n'a pas pu se déplacer après les avoir in
gurgités, et que la mort est intervenue rapidement.
Probablement le jour même de sa disparition. C'est sur la base de ce constat que l'on peut aujourd'hui s'interroger sur l'implication éventuelle de Dutroux (chez lequel ont été saisis des barbituriques et des sédatifs en vrac).
Le juge d'instruction Jean-Pierre Marotte vérifia l'emploi du temps du père et du beau-père. Des témoins ont confirmé que le père de Laurence était bien venu au travail. Le beau-père était seul chez lui: les freins de sa voiture étaient défectueux et ne permettaient pas un déplacement jusqu'à Walibi, a-t-il dit.
Mais des contradictions sont apparues lors de la vérification de cet alibi.
Quarante deux mois d'enquête ont débouché, à Namur, sur une conclusion que le père de Laurence n'accepte pas: un suicide ou une overdose. Avec l'appui de l'association « Marc et Corine», il a fait appel, mais la chambre des mises en accusation de Liège a confirmé la première conclusion de l'enquête.
Il reste donc, dans ce dossier, de nouvelles vérifications à faire: chercher dans la masse d'objets saisis chez Dutroux et chez ses complices la présence éventuelle d'un objet, d'un vêtement, d'un cheveu de Laurence.
Si le dossier de la disparition de Laurence, refermé, doit être rouvert à Neufchâteau, ce sera un autre et triste exemple d'une enquête menée à l'écart du père qui continuait seul à chercher.
R. Hq.
Super-ministres au chevet de la justice
La rentrée politique devait être tout entière placée sous le signe du budget 1997. L'affaire qui endeuille le pays en a décidé autrement. Dehaene et ses vices premiers ont décidé hier que le conseil restreint de jeudi et le conseil des ministres de vendredi seront très largement consacrés à des réformes judiciaires, sur base des propositions du ministre Stefaan De Clerck. Celui-ci avait déjà déposé, en juin, une note d'orientation qui avait reçu un accueil favorable de ses collègues. Il fera cette fois des propositions plus précises, notamment sur les responsabilités à conférer à un collège de magistrats en matière de libération conditionnelle. Johan Vande Lanotte soumettra, lui, à ses collègues, de nouvelles initiatives pour la sécurité des transports de fonds. Les débats budgétaires seront reportés à samedi.
(B.V.)
Résolution d'urgence
Philippe Monfils a déposé au Parlement européen une proposition de résolution d'urgence relative à l'exploitation sexuelle des enfants et aux réseaux de pédophilie en Europe. Le député européen demande aux Etats membres de développer au sein d'Europol une cellule de lutte contre les réseaux pédophiles, cellule dotée de moyens suffisants. Il demande à la Commission européenne la mise en place d'un bureau qui coordonnerait l'action des diverses organisations privées qui participent à la recherche d'enfants disparus.
Il réclame l'insertion dans le Traité de l'Union européenne d'un nouvel article indiquant clairement que la Communauté contribue à la lutte contre la pédophilie en encourageant la coopération entre les États membres et en appuyant leur action.
Les « super magistrats »
Les apparitions régulières du magistrat national André Vandoren et de son homologue néerlandophone Patrick Duinslager remettent en lumière le rôle joué par ces «super» magistrats dans les grands dossiers criminels. Pour pallier les éventuelles guerres de police, ces deux magistrats dits «nationaux» dépendant du parquet général ont compétence pour représenter le parquet dans les grandes enquêtes dont l'ampleur dépasse les besoins de coordination à l'échelle d'un simple arrondissement.
(Belga.)
Une cellule spécialisée et renforcée
La cellule « Disparitions » de la gendarmerie manque cruellement de moyens et d'effectifs compétents. Cette cellule, au départ baptisée « crimes contre les personnes », a été rebaptisée suite aux demandes de créer un organe spécialisé dans la disparition de personnes. Elle se compose de cinq néerlandophones et d'un francophone. Celui-ci, dépassé par l'ampleur de la situation, a demandé du renfort à l'état-major. On lui a adjoint l'aide de deux gendarmes francophones de la réserve nationale. Le colonel Vanden Broeck, chef du service de presse de la gendarmerie, a précisé qu'il n'y a eu, jusqu'ici, aucun problème de traitement de dossier étant donné que les membres néerlandophones sont capables de traiter tous les dossiers. (Belga.)
Le tribunal piétine en Allemagne
Appelés à juger le cas le plus grave d'abus sexuels commis contre des enfants en Allemagne, les juges du tribunal de Mayence doivent faire face, depuis 234 jours, aux limites des procès pour pédophilie et inceste. 24 adultes, membres de deux familles, sont accusés d'avoir violé et torturé les 16 enfants des deux familles, et de les avoir loués pour en abuser sexuellement. Au total, les 24 accusés sont poursuivis pour 200 crimes sexuels commis en 1994 et 1995, dont certains sur des enfants de six mois. Beaucoup de ces actes sadiques auraient de plus été filmés. Jusqu'à présent, tous les accusés ont gardé le silence et les juges doivent composer avec les obstacles légaux et le traumatisme émotionnel que suscitent de tels drames. Si bien qu'après des mois d'auditions, le procès est au point mort. (Reuter.) .
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Le père de Laurence à Neufchâteau
« Le Soir » du mercredi 28 août 1996 page 18
Hier, le père de Laurence Mathues a été reçu à Neufchâteau par le procureur du Roi et le juge d'instruction.
Le 28 août 1992, il avait déposé Laurence à l'entrée de Walibi pour 8 h 30. Pendant le trajet, elle lui avait demandé l'autorisation de passer la nuit suivante chez une amie. Il avait réservé sa réponse la priant de lui téléphoner à 16 heures. Puis il a rejoint son lieu de travail à Bruxelles. Le coup de fil de Laurence n'est jamais venu.
On sait par ses amies que Laurence est entrée à Walibi, qu'elle a ôté son T shirt et se rhabilla en vêtements de ville, disant que son beau-père l'attendait sur le parking pour l'accompagner à Bruxelles prendre les résultats d'analyses de sang.
Un passant a découvert son corps le 7 septembre, caché sous des branchages sur le bord de la route de Franc-Waret à Neuville. Une lamentable erreur d'autopsie déboucha sur une mauvaise identification: Delphine, une autre disparue en fugue, voyant son portrait à la télé, avertit aussitôt ses parents qu'elle était vivante !
Il fallut une seconde autopsie pour identifier le corps de Laurence à la dentition et à une cicatrice sur l'abdomen. Les branchages qui le recouvraient indiquaient que le corps avait été déposé peu de temps avant la découverte mais que le décès remontait au jour de la disparition. La mort était due à l'absorption massive de médicaments dont la conjugaison permet d'affirmer que Laurence n'a pas pu se déplacer après les avoir in
gurgités, et que la mort est intervenue rapidement.
Probablement le jour même de sa disparition. C'est sur la base de ce constat que l'on peut aujourd'hui s'interroger sur l'implication éventuelle de Dutroux (chez lequel ont été saisis des barbituriques et des sédatifs en vrac).
Le juge d'instruction Jean-Pierre Marotte vérifia l'emploi du temps du père et du beau-père. Des témoins ont confirmé que le père de Laurence était bien venu au travail. Le beau-père était seul chez lui: les freins de sa voiture étaient défectueux et ne permettaient pas un déplacement jusqu'à Walibi, a-t-il dit.
Mais des contradictions sont apparues lors de la vérification de cet alibi.
Quarante deux mois d'enquête ont débouché, à Namur, sur une conclusion que le père de Laurence n'accepte pas: un suicide ou une overdose. Avec l'appui de l'association « Marc et Corine», il a fait appel, mais la chambre des mises en accusation de Liège a confirmé la première conclusion de l'enquête.
Il reste donc, dans ce dossier, de nouvelles vérifications à faire: chercher dans la masse d'objets saisis chez Dutroux et chez ses complices la présence éventuelle d'un objet, d'un vêtement, d'un cheveu de Laurence.
Si le dossier de la disparition de Laurence, refermé, doit être rouvert à Neufchâteau, ce sera un autre et triste exemple d'une enquête menée à l'écart du père qui continuait seul à chercher.
R. Hq.
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