Changer le 3e pouvoir
« La Wallonie » du lundi 21 octobre 1996 page 14
L'assassinat d'enfants et d'adolescentes, ainsi que les nombreuses disparitions restées non élucidées, ont réveillé l'ensemble du pays. Manifestations, arrêts de travail dans différents secteurs de d'économie, pétitions, interpellations du monde politique et judiciaire ont marqué Ici vie de toute une société au fil de la semaine qui vient de s'écouler. Ce qui étonnent les «observateurs», c'est la réaction d'une population que l'on croyait résignée «au compromis à la belge». Qui peut dire jusqu'où ira cette lame de fond ? Vendredi une table ronde réunissait autour du Roi à la fois les parents des enfants disparus, des représentants d'associations luttant contre la maltraitance des enfants ainsi que le Ministre de la Justice. Dimanche, des milliers de simples citoyens ont participé à la «Marche Blanches» organisée en souvenir des enfants lâchement assassinés.
II faudra que des trois niveaux de pouvoir de notre démocratie (législatif, exécutif et judiciaire) répondent ces attentes sinon d'un régime en crise, nous aboutirons à une crise de régime avec toutes les aventures que cela sous-entend.
Plusieurs termes sont revenus régulièrement dans I'actualité de ces derniers mois en raison de ce qu'on appelle «les affaires». Parmi ceux ci, le mot : VICTIME. Le dictionnaire définît te mot en ces termes: «Personne tuée ou blessée; personne qui a péri dans une guerre, une catastrophe, un accident. Personne ou; groupe qui souffre de l'hostilité de quelqu'un, de ses propres agissements, des événements. Créature vivante offerte en sacrifice â une divinité». Les synonymes sont notamment : bouc émissaire, jouet, martyr, proie, souffre-douleur. Tout n'est que définition. En fait, ce que recherche une personne victime d'un délit, ce n'est pas seulement un dédommagement ou la condamnation suite à un procès des auteurs mais avant tout d'obtenir une reconnaissance qui dans certains cas doit se manifester aussi par une protection.
Mais pour être protégé il faut d'abord être écouté, compris et cru. Or, les victimes ont eu trop souvent la conviction d'avoir été ignorées voire tenues comme responsables des faits dont elles ont eu le courage de dévoiler. Certes, la Justice doit vérifier une accusation mais elle doit aussi inspirer confiance.
La place des victimes dans le Droit évolue peu à peu mais trop lentement. Depuis quelques années et suite â de dramatiques événements criminels, des structures d'aide aux victimes ont vu le jour.
Parmi celles- ci il y a le programme d'accueil dans les Parquets développé depuis 1993 par le Ministère de la Justice. Dans cette initiative, des assistants sociaux sont chargés d'assurer le premier accueil et l'information des victimes. Des bureaux d'accueil aux victimes dans le cadre des services de police ont également été créés avec comme objectif exclusif l'encadrement des personnes dans l'ensemble des procédures judiciaires à mener.
« Place publique » va plus particulièrement s'intéresser aux services d'aide sociaIe aux justiciables. Ces services indépendants au nombre de 14 pour la communauté française ont pour mission l'aide sociale et le soutien psychologique aux victimes d'infractions ou de faits qualifiés d'infractions ainsi qu'à leurs proches. Toutes les victimes sont importantes quel que soit le délit qu'elles doivent assumer. Nous avons rencontré
Muriel qui a été victime pendant toute son enfance d'abus sexuels, son témoignage peut se résumer en ces termes : «Enfant, je n'osais pas parler. Et maintenant, j'ai toujours peur. »
Des efforts ont été réalisés pour améliorer la qualité d'accueil des victimes. Il ne reste plus qu'à humaniser les arcanes de ce troisième pouvoir qu'est la Justice...
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Répondre aux angoisses
« La Wallonie » du lundi 21 octobre 1996 page 14
C'est en avril 1989 que la Communauté française a adopté un Arrêté réglementant l'agrément et l'octroi des subventions aux services d'aide sociale aux justiciables. Ce travail peut s'effectuer en collaboration avec d'autres structures privées ou publiques d'aide sociale et psychologique. Les prestations doivent être fournies gratuitement et sans immixtion dans la vie privée, la famille, le domicile ou la correspondance des personnes suivies par le service d'aide aux justiciables.
L’Arrêté définit aussi les missions de ces services qui tournent autour de quatre axes :
1) Aide aux prévenus. Il s'agit d'une aide sociale et psychologique aux personnes placées sous mandat d'arrêt ou qui risquent de faire l'objet d'une telle décision, ainsi qu'à leurs proches.
2) Aide aux condamnés. Cela consiste en un soutien social et psychologique envers les personnes condamnées à une peine privative ou restrictive de liberté.
3) Aide aux détenus libérés. Accompagnement des personnes mises en liberté à titre conditionnel, provisoire ou définitif.
4) Aide aux victimes. Cet axe prévoit une aide sociale et d’un accompagnement psychologique en faveur des personnes victimes d'une infraction ou d'un fait qualifié d'infraction, ainsi qu'à leurs proches.
Les 14 services d'aide aux victimes (ayant la forme juridique d'ASBL) présents dans chaque arrondissement judiciaire de la Communauté française organisent des permanences. Les équipes multidisciplinaires assurent un accueil où la victime peut faire part des difficultés rencontrées à la suite d'un dommage lié à un délit. Les permanents fournissent une information pratique adaptée à chaque demande.
L'aide se concrétise par un accompagnement dans les démarches afin de faire face au problème tant au niveau juridique qu'administratif.
Ce qui aboutit à une orientation vers les différentes structures pouvant fournir une réponse adaptée.
Le rôle de ce type d'association reconnue par la Communauté française est donc d'apporter tout renseignement utile sur l'aide de l'État aux victimes d'actes de violence. En résumé les principales fonctions s'articulent autour de l'écoute, du soutien psychologique, de l'accompagnement dans les procédures judiciaires.
Retrouver un équilibre
A Liège, Le service d'aide sociale aux justiciables intervient auprès de la victime pour qu'elle retrouve son équilibre antérieur aux faits délictueux ou un autre équilibre. La cellule d'aide aux victimes s'est fixée plusieurs objectifs dont celui d'être un lieu de parole pour la victime ainsi que pour sa famille. Afin d'éviter qu'elle ne subisse trop sa situation, il faut lui redonner confiance en ses possibilités. L’équipe d'intervention est composée de deux assistantes sociales, d'une juriste, d'un psychologue ainsi que de collaborateurs extérieurs deux médecins, conseiller juridique, une criminologue, une spécialiste en sophrologie.
Le mode de fonctionnement de l'association est basé sur le caractère multidisciplinaire des membres de l'équipe. Les dossiers sont traités dans la confidentialité et comme autant de cas particuliers en fonction des besoins et des histoires propres à chaque victime. La philosophie est que la victime n'est jamais abandonnée. De plus, c'est elle qui décide de mettre fin à l'intervention de l'équipe.
Délits
Entre 1989 et 1995, I'ASBL «Aide Sociale aux Justiciables» a vu le nombre de dossiers en constante augmentation. En 1989, le nombre de dossiers ouverts par l'association était de 21. Il est passé à 228 en
1991 puis 323 en 1993 pour atteindre le chiffre de 450 dossiers pour l'année '95. Pour ce qui concerne la répartition du type de délits rencontrés par les victimes (cfr tableau), la ventilation démontre que ce sont les faits pour coups et blessures qui viennent en tête (29,54%) puis les actes pour vol (27%) et ensuite les faits de mœurs (26%). Ces dernières années, les responsables de l'association ont observé que le nombre de cas pour faits de moeurs (attentat à la pudeur et viol) était en recrudescence.
Angoisse
Derrière ces données, il y a une autre réalité car être victime c'est toujours perdre une partie de soi.
Non seulement la victime doit évoluer dans les procédures judiciaires mais également réagir face aux effets secondaires de la délinquance. Les troubles apparaissent en général six mois après l'incident.
Ces angoisses se caractérisent par des troubles du sommeil avec cauchemars et ressouvenance du traumatisme, perturbation de l'état mental avec une tendance à la dépression nerveuse. Au quotidien, des circonstances d'apparence anodine peuvent conduire à des angoisses, par exemple, ainsi les dates d'anniversaires d'agression sont souvent pénibles à vivre. Pour certains, l'esprit est constamment en éveil pour éviter les pensées en rapport avec l'événement. Ces conséquences d'anxiété sont multiples.
Ainsi des personnes auront tendance à s'isoler, à voir l'avenir sans perspectives, manifesteront des difficultés de concentration ou un caractère irritable. Si à la suite d'une agression ou d'un fait répréhensible, des difficultés d'ordre psychologiques apparaissent, il ne faut pas hésiter à consulter un centre d'aide. Plus la réponse sera rapide, au plus les chances de s'en sortir seront nombreuses.
Le repli sur soi étant la plus mauvaise des solutions.
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Services d'aide aux victimes :
Arlon : 063/ 21.44.90
Bruxelles : 02/ 548.98.00
Bruxelles 1 :02/334.28.44
Bruxelles Il : 02/ 537.66.10
Charleroi : 071/ 130.56.70
Dinant : 082/22.73.70
Huy : 083/ 21,63.63
Liège 1 : 04l/ 23.43.18
Liège 1 : 041/ 23. 13.27
Mons : 065/ 35.53.96
Namur : 081 / 74.08.14
Neufchâteau : 063/2 1.44.90
Nivelles : 067/ 22.D3.08
Tournai : 069/ 21.10.24
Verviers : 087/ 33.60.89
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Une identité à retrouver
« La Wallonie » du lundi 21 octobre 1996 page 14
René Michel est le coordinateur de l'équipe d'intervention de l'association «Aide Sociale aux justiciables» à Liège. Nous avons interrogé ce criminologue de formation insiste sur le rôle de l'association qui consiste à travailler avec les victimes d'actes délictueux afin qu'elles retrouvent leur identité.
Dans quel contexte, l'association «Aide sociale aux justiciables» a-t elle été créée
- Notre association s'occupait déjà de l'aide aux personnes détenues. Nous étions souvent sollicités pour intervenir aussi en faveur des victimes. Face à cette demande, j'ai été amené à créer en 1988, un département qui s'occuperait de l'aide aux victimes. En effet, elles doivent suivre un parcours qui n'est pas des plus facile pour obtenir soit un dédommagement, soit simplement pour être reconnue en tant que victime.
L'association, comme le prévoit l'arrêté de 1989, prend en charge à la fois des délinquants et des victimes. Ceci peut apparaître comme paradoxal?
S'occuper des victimes, c'est tout aussi important que de prendre en charge les justiciables, car si on veut éviter d'autres victimes; cela signifie qu'il faut aussi travailler avec les détenus qui sortiront de toute manière de prison. Il faut essayer d'utiliser ce temps de détention positivement sinon en fin de peine, il y aura un risque de récidive.
Les victimes se sentent-elles perdues dans le dédale judiciaire?
- Ma réponse serait plutôt non car nous nous sommes aperçus lorsque les personnes arrivent ici le délai, entre le moment du délit et l'appel de demande d'aide, se situe entre 1 à 6 mois. Pour les affaires de moeurs, le laps de temps peut aller jusqu'à une dizaine d'années. La victime utilise les moyens de l'association parce qu'elle avait certaines attentes par rapport à ce que la Justice pouvait faire dans son cas. Elle constate que le système pénal est lent. Elle ne connaît pas l'évolution de sa plainte et désire être informée sur les suites de son dossier.
En premier lieu, la demande est d'ordre judiciaire afin de connaître la procédure; de type : «J'ai déposé plainte et j'ignore les suites». Puis dans un second temps, il y a le besoin de s'exprimer pour être reconnue comme victime.
Peut-on estimer que la victime n'est pas assez informée
- L'information devrait se faire par la police ou la gendarmerie d'une façon automatique. Au niveau du Parquet, dans ce cas à Liège, la victime constate qu'il y a des dysfonctionnements et cherche une aide. Mais dire que dans tous les cas, le travail de communication a été mal effectué, sur ce point, je crois qu'il faut rester prudent. II est aussi important que des solidarités multiples s'organisent autour de la victime que ce soit par rapport à sa famille, son médecin,ses amis.
Pour beaucoup d'observateurs, le droit n'a pas pris suffisamment en compte la victime. L'ordre de la société passe-t-il avant le cas de la simple victime
Il est exact que l'objectif du parquet, c'est la sécurité publique. Dans le Code pénal, la victime a des droits mais c'est à elle de les faire valoir. Or, elle attend que la société lui vienne en aide justement par rapport à l'application de ses droits. La victime se sent seule dans les méandres de la procédure.
La démarche de votre association est de travailler avec la collaboration des victimes.
- Notre association est autonome et indépendante car nous ne dépendons pas du pouvoir judiciaire. Ce qui signifie une large possibilité de manoeuvrer. Pour les personnes, le système pénal est mal perçu; d'où l'intérêt de ce style d'association où les structures sont plus petites et moins académiques. Les victimes peuvent venir ici et s'exprimer à leur manière car nous sommes tenus au secret professionnel. En fait, elles ont besoin de parler et d'être écoutées.
Elles ne pourront faire leur deuil que si elles sont reconnues comme victimes. Au niveau, juridique, nous ne déposons pas de conclusions, nous ne plaidons pas. Notre rôle est de transmettre une information, d'expliquer dans un langage clair où en est la procédure.
Quelles sont les principales répercussions d'un délit sur une victime
Chacune réagit différemment. Certaines traversent les problèmes sans répercussions apparentes. Pour d'autres, l'événement provoquera une crise profonde. Un cambriolage peut aboutir à des conséquences graves parce que le vol d'objets est considéré comme une atteinte à la vie. Des personnes n'osent plus sortir de chez elles et vivent repliées sur elles mêmes. Face à cette insécurité, il faut que la victime puisse verbaliser ce qu'elle ressent. Les symptômes peuvent prendre différentes formes comme une anxiété permanente, des troubles du sommeil, des pertes d'appétit. La victime n'ose plus vivre comme avant.
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Muriel,une victime parmi d'autres
« La Wallonie » du lundi 21 octobre 1996 page 14
Aujourd'hui, les victimes d'abus sexuels osent parler, osent rompre le silence de leur enfance, osent dénoncer ceux qui ont détruit une partie de leur vie.
Pourtant, dévoiler ces actes inhumains n'est pas une décision facile à prendre et à assumer. Ce courage n'est possible que si les victimes se sentent entendues et protégées. Au travers de son histoire, Muriel émet des regrets car la gendarmerie et le Parquet n'ont pas cru en son témoignage. Elle ne comprend pas le classement de son dossier. D'autant, que les auteurs viennent régulièrement la menacer, «Enfant je n'osais pas parler. Et maintenant, j'ai toujours peur, »
Votre enfance a été marquée par certaines violences.
- J'ai été victime à l'âge de 3 ans d'abus sexuels de la part de membres de ma famille. Pendant mon enfance, je n'ai jamais parlé. Ces violences ont influencé mon comportement car j'étais parfois très méchante. Je répondais mal parce que je ne réagissais pas comme les autres enfants. C'est seulement lorsque j'ai rencontré mon compagnon que peu à peu j'ai réussi à dire les actes ce que j'avais subi. II voyait bien qu'il y avait un problème. C'est lui qui m'a aidé à tout raconter à ma mère quand j'ai eu 18 ans.
Après ces révélations, quelle démarche avez-vous entrepris
- Je me suis rendue à la gendarmerie. Ce n'est pas un très bon souvenir pour moi. J'ai dû tout raconter alors que pendant mon enfance, c'était le silence. La démarche était d'autant plus dure que «l'interrogatoire» a duré huit heures. C'était tellement difficile pour moi que je n'arrivais plus a répondre aux questions. Je pensais que mon témoignage devait suffire. Je me souvenais que toute petite j'avais passé un examen dans un hôpital qui pouvait renforcer mon témoignage. Au moment où j'ai demandé les preuves de ce dossier, eh bien, on m'a dit qu'il n'y avait plus rien.
Au poste de gendarmerie, il y avait une assistante sociale qui m'a bien entouré et encore aujourd'hui, je sais qu'elle est là en cas de problème. Il m'a fallu du courage pour parler. Après cet effort, j'ai tenté de me suicider. La seule qui est venue me voir, c'est cette assistante sociale.
Avec les enquêteurs tout s'est résumé a des questions. J'avais le sentiment qu'on croyait plus les auteurs que moi. J'avais peur parce que j'étais impressionnée. Des enquêteurs sont venus à mon domicile pour m'interroger, puis je suis retournée à leur bureau mais chaque fois c'était les mêmes questions qui revenaient. Je sais que les auteurs ont eux aussi été entendus, ils ont tout nié.
J'ignorais comment évoluait mon dossier. Ma mère n'ayant pas des moyens financiers, nous avons utilisé les services d'un avocat prodéo. Un jour, j'ai reçu une lettre qui m'informait que mon dossier était classé.
Peu de temps après, les auteurs sont venus me menacer. J'ai prévenu les forces de l'ordre et la réponse fut que je devais rester enfermée chez moi. On aurait pu au moins les interdire de venir à proximité de mon domicile.
Comment vivez-vous les événements actuels liés aux affaires de pédophilie
- La période actuelle est très mauvaise pour moi car j'ai l'impression de revivre une partie de mon histoire. C'est d'autant plus difficile que dans la formation que je suis, on me demande des travaux de réflexion sur les événements. Pour moi, c'est très pénible parce que je reste marquée par ces abus. Il y a des images que j'avais oubliées et qui maintenant reviennent dans ma tête. J'espère vraiment que l'on fera des efforts pour protéger les enfants mais on est loin d'atteindre cet objectif. J'ai vécu un drame et j'ai peur qu'ils recommencent avec d'autres enfants.
Parfois, je me dis que je n'aurais pas dû parler et ainsi j'aurais affronté moins de problèmes. C'est pénible et complexe à assumer. J'ai difficile à tenir le coup.
Quel soutien vous apporte l'association d'aide aux victimes
C'est un lieu où je peux parler de ma vie et pas uniquement des abus, d'ailleurs j'essaie d'éviter de trop penser à ces actes. Je suis suivie par une psychologue car il y a des périodes où je suis totalement perdue. Dans ces moments de crise, je réagis avec beaucoup de violence comme si je devais prendre une revanche. Peut-être pour que l'on fasse attention à moi?
Il y a des craintes que je dois affronter au quotidien. J'ai peur dans le noir. J'ai peur des bruits bizarres même en journée. Au moindre craquement, je panique et je vérifie tout. Je pleure très vite parce que je m'énerve et donc je craque. Je suis très méfiante et j'ai difficile à faire confiance. Lorsque je marche dans la rue, j'ai peur si quelqu'un s'approche trop de moi. J'espère qu'au fil des années que mes malaises disparaîtront. Je sais que ce sera long. Avec le temps, j'y arriverai.