lundi 16 mars 2009

Tous à Bruxelles ! («Meuse» 21 octobre 1996 pg 7)


Tous à Bruxelles !

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

 

Venus de tout le pays, des gens de cœur ont voulu participer à la marche historique

Les Liégeois ont probablement été près de 20.000 à se rendre à Bruxelles pour participer à la marche blanche.

Si la SNCB annonçait que Liège-Guillemins avait délivré 6.800 places en prévente vendredi, les guichets ont continué à vendre des billets toute la journée de samedi, et cela jusqu'à 21 h 50 !

L'affluence, dès dimanche 9 h 30, a nécessité la mise en service de sept trains spéciaux en lieu et place des quatre initialement prévus. Quant aux rames qui avaient été conservées en stand-by, elles ont toutes été jointes aux trains réguliers (deux par heure), qui, eux aussi, affichaient complet! Les billets continuant à se vendre dimanche, difficile de donner des chiffres précis. Le nombre de 15.000 voyageurs était le plus fréquemment avancé.

Spectacle étonnant que cette marée humaine de gens de tous âges au visage grave le plus souvent. Des sacs à dos, des sachets avec le pique-nique, mais aussi les brassards blancs, les fleurs blanches...

De multiples familles avec de jeunes enfants portant parfois au cou de petits cartons avec leur identité. Les mêmes mots reviennent sans cesse: « Soutenir les familles des victimes, savoir toute la vérité, mieux protéger nos enfants... »

Les trains qui arrivent de Welkenraedt, Verviers et Visé sont pleins comme des neufs ! Certains s'y infiltrent quand même; la plupart patientent stoïquement l'entrée en gare du suivant (une heure d'attente à Waremme !; on change de quai sans se plaindre. Pas de cohue, des gens calmes et résolus.

Dans les wagons, on s'assied à quatre par banquette, les gosses sur les genoux. Nombreux sont aussi les jeunes qui voyagent debout.

Plusieurs milliers de personnes sont également parties en voitures ou en autocars. A Rotheux-Rimière et Ivoz, ce sont ainsi dix autocars qui ont embarqué 525 personnes bénéficiant d'un voyage gratuit proposé parle comité de la brocante d'Ivoz, qui a même pensé à offrir à chacun une rose blanche. La bourgmestre de Neupré Josée Pagnoul-Demet et l'échevin André Sauvage sont du voyage.

Là aussi, ambiance lourde. Ce départ n'est pas celui d'une excursion de délassement. Quand s'ébranlent les cars, ceux qui restent expriment leurs regrets de ne pas être du voyage, comme cette jeune mère devant garder sa petite fille malade... « Mais la famille est quand même représentée. »

Tant à Neupré qu'aux Guillemins, on part sans crainte de se retrouver mêlés à des excès.

« Les appels au calme ont été entendus. Mais il faut que les autorités entendent l'appel du peuple belge, de toutes les familles belges ! »

La plupart ont confiance : « La marche blanche sera si importante qu'on ne pourra jamais l'oublier ! L'avis de toutes ces familles devra désormais être pris en compte. C'est une marche historique, si nous ne sommes pas entendus, c'est l'histoire belge qui basculera... »

Grand-père, Gilbert (56), de Neupré, ne peut maîtriser son émotion quand il évoque le sort de Julie et Mélissa, mais il est d'une extrême fermeté : « TOUS les coupables doivent être démasqués, sinon, il nous faudra remonter sur Bruxelles... alors, ce sera plus grave ! »

Rob

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 VERVIERS

Environ 2.000 au départ de Verviers-Central

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

De mémoire de chef de gare, Verviers-Central n'avait jamais connu cela. Alors qu'un train spécial avait été ajouté à 12 h 08, dès le train de 10 h 26, ils étaient des centaines de personnes massées sur le quai n° 4.

La composition normale du 10 h 26 est de six voitures, nous avons dû en prévoir cinq de plus, et tout était bondé y compris les premières classes qui avaient été déclassées ». Pour le 11 h 26, ils étaient plus de 900 à attendre. Tous n'ont pu monter et ils étaient encore plusieurs centaines à embarquer dans le long train spécial démarrant de Welkenraedt.

Certains vêtus de blanc, ils étaient de tous âges et de touts horizons. Voyageant en solitaire, Nicole Boland, pré pensionnée verviétoise de 56 ans, ne voulait être ailleurs: « Il y a déjà beaucoup de monde, mais je trouve qu'il devrait y en avoir encore plus. Tout le monde devrait se mobiliser. C'est /a seule chose que nous puissions faire. Déjà à l'annonce du décès des fillettes, j'avais mis mon drapeau en berne... »

M. et Mme Damas, de Hockay-Francorchamps, sont accompagnés de Leur fille (7 ans) et de leur fils (4 ans) : « C'est très important d'y aller avec les enfants car c'est pour eux qu'il faut qu'on sache la vérité ».

Un bouquet de fleurs blanches à la main, Valérie Hubert (18) espère bien pouvoir déposer son bouquet au pied des portraits des enfants disparus, enfin de la manifestation. « Car c'est par respect pour les petites que j'y vais, pour qu'on ne les oublie jamais. Il y a aussi leurs parents qu'il nous faut soutenir pour leur courage. »

 

Jean Davenne, de Sart-lez-Spa et Rager Blondin, de Xhoffraix ont 70 ans: « Nous sommes là pour la protection et la sécurité des enfants. Mais aussi pour réclamer le plus d'éclaircissement possible sur ce qui s'est passé; que !es responsables des erreurs soient identifiés car on sent tout de même un blocage à un certain niveau. Bien sûr, l'être humain n'est pas parfait mais il y a des choses qu'on ne peut admettre. »

Dignité et respect étaient de mise au départ de Verviers.

P.M.  Ph. GDS

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Namur

Des enfants et des fleurs

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

Des ballons blancs, des fleurs blanches, des vêtements blancs, des écharpes blanches, et bien d'autres accessoires...

A la gare de Namur, ils étaient des milliers, venus souvent déjà très tôt pour pouvoir emprunter les trains normaux. La précaution n'était pas inutile, puisque, en  fin de matinée, les convois venant de la province de Luxembourg étaient annoncés complets.

A l'origine, deux trains spéciaux étaient prévus aux alentours de midi, tandis que les trains habituels étaient sensiblement allongés. Il a même fallu les dédoubler pour pouvoir embarquer tout le monde.

L'ambiance était calme et digne. Beaucoup d'enfants, parfois même très jeunes, accompagnaient leurs parents. « C'est une marche pour les enfants, expliquait une jeune dame accompagnée de son mari et de ses trois garçons, et nous avons donc trouvé normal d'y participer avec les nôtres. On espère que tout va bien se passer, car il va y avoir une telle foule!»

 

Cet aspect des choses était bien présent dans les conversations entre les familles qui avaient prévu d'aller ensemble à Bruxelles. Mais la majorité des parents avaient manifestement bien entendu les consignes de sécurité expliquées par les medias, et presque tous les enfants portaient un carton attaché au cou, avec leur nom, prénom, adresse...

Pour le retour, c'était l'incertitude totale, puisque la SNCB elle-même annonçait que les horaires des trains seraient établis en fonction de l'heure de la dislocation du cortège. «J'essaierai de te téléphoner au moment du départ», criait une jeune fille à son père qui était venu la conduire à la gare en voiture.

De nombreux autres participants avaient choisi de venir au centre-ville en bus, des bus du TEC qui arboraient au rétroviseur un long ruban blanc.

 

A l'entrée de la gare, malgré l'interdiction qui lui avait été faite par le tribunal de Bruxelles, à la demande des parents de Julie et Mélissa, de tenter de récupérer cet événement, le PTB distribuait des tracts, et avait placardé dans les souterrains des affiches accusant la gendarmerie d'avoir «sabote l'enquête sur les fillettes disparues ».

M.D.

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 Huy

Un calme saisissant

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

A l'instar de toutes les régions du pays, Hesbignons et Condrusiens s'étaient donné rendez-vous ce dimanche à Bruxelles pour la Marche Blanche.

La plupart sont montés à la capitale en rangs serrés.

Ainsi, à Waremme et à Huy, ils étaient des centaines, prêts à aller gonfler les rangs de l'imposant cortège.

Dans la cité du Pontia, le TEC avait mis deux bus à la disposition dé la Ville. Depuis jeudi, les appels ont afflué à l'Hôtel de Ville où les gens étaient invités à réserver leur place.

Ainsi, devant l' I PES, avenue Delchambre et à la gare, des groupes s'étaient constitués, attendant calmement le départ, en fin de matinée. Grands-parents, parents et enfants, la plupart de blanc vêtus, rose blanche à la main; ils étaient tous là.

Solidarité

Pour tous, un seul objectif à suivre : respecter les doléances des parents des petites victimes. «Nous allons défiler dans le calme comme ils le souhaitent. Le silence vaut parfois mieux que les mots. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'agitateurs. Tout doit se passer dans la plus grande dignité si on veut que cette marche serve à quelque chose», nous confie t’on, presque en chuchotant.

Car en attendant que les bus ou le train les emmènent, les gens, solidaires à l'extrême, semblent respecter un silence étonnant, comme si leurs pensées communiaient déjà avec le grand cortège de l'après-midi.

Même les nombreux enfants se sont mis au diapason, évitant toute forme de turbulence ou de crier.

En bus, en train ou en voiture pour les plus téméraires, de Ferrières à Waremme, de Ben-Ahin- à Hermalle, Hesbignons et Condrusiens se sont unis pour une même quête, le coeur plein de rancoeur mais aussi avec la promesse d'éviter tout débordement.

 

P.K.

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ARLON

Des familles en blanc sous la grisaille

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

Affluence peu coutumière à la gare d'Arlon hier aux alentours de 10 h. Déjà, l'IC de 9 h 48 sur la ligne habituelle vers Bruxelles, était envahi. C'était le premier des trois convois réguliers, renforcés pour la circonstance. Et déjà quelque 350 participants à la marche blanche y montaient. Le flot de voyageurs, dès ce moment, allait être ininterrompu. Deux trains spéciaux démarraient encore de la gare du chef-lieu luxembourgeois, à 10 h 10. Chacun offrait un peu moins de 1000 places. Une capacité que chaque convoi régulier pouvait absorber aussi

Le train, outre les quatre haltes habituelles dans la province (Marbehan, Libramont, Jemelle, Marloie), faisait un arrêt spécial, plus que symbolique, à Neufchâteau...

Partout, le scénario était le même. « On voulait y être, évidemment, avec les enfants » : les familles, du petit dernier en poussette jusqu'aux grands-parents, les amis, tous avaient cherché l'accessoire blanc. On voyait beaucoup de ballons, des bouquets de fleurs blanches, des tulles accrochés aux sacs, des casquettes, des écharpes, des pulls...

Le vêtement le plus adéquat était le coupe-vent imperméable: hier matin, à Arlon, le brouillard et la grisaille étaient aussi au rendez-vous pour tous ces gens qui allaient s'offrir un très long voyage, une très longue journée.

En dernière minute, plusieurs personnes se décidaient à rester sur le quai. « Mon épouse part quand même avec notre fils de 7 ans. Moi, vu le temps, je vais rester avec le petit. C'est un peu trop risqué pour lui, surtout au vu de la météo ».

Affluence aussi aux points d'embarquement dans les nombreux autocars affrétés, des quatre coins du Luxembourg. Laetitia Delhez, elle, montait, saluée par la foule, dans le car partant de Bertrix...

 A.D.

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1.414 bouquets virtuels de roses via Internet

« La Meuse » du lundi 21 octobre 1996 page 7

Ce sont 1414 bouquet virtuels de roses que le site internet Netomium ( http:w.w.w.netiomium.be  ) vient de transmettre aux parents de Julie et Mélissa.  Il suffisait de cliquer dans le site pour ajouter un bouquet de fleurs.

Si de très nombreux envois ont été faits de France, de Suisse, du Portugal ou d'Italie, d'autres sont venus du Québec, des U.S.A., du Costa Rica, du Vénézuéla et d'Australie.

 

 

 

 

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