Tous à Bruxelles ! («Meuse» 21 octobre 1996 pg 7)
Tous à Bruxelles !
Venus de tout le pays, des gens de cœur ont voulu participer à la marche historique
Si
L'affluence, dès dimanche 9 h
Spectacle étonnant que cette marée humaine de gens de tous âges au visage grave le plus souvent. Des sacs à dos, des sachets avec le pique-nique, mais aussi les brassards blancs, les fleurs blanches...
De multiples familles avec de jeunes enfants portant parfois au cou de petits cartons avec leur identité. Les mêmes mots reviennent sans cesse: « Soutenir les familles des victimes, savoir toute la vérité, mieux protéger nos enfants... »
Les trains qui arrivent de Welkenraedt, Verviers et Visé sont pleins comme des neufs ! Certains s'y infiltrent quand même; la plupart patientent stoïquement l'entrée en gare du suivant (une heure d'attente à Waremme !; on change de quai sans se plaindre. Pas de cohue, des gens calmes et résolus.
Dans les wagons, on s'assied à quatre par banquette, les gosses sur les genoux. Nombreux sont aussi les jeunes qui voyagent debout.
Plusieurs milliers de personnes sont également parties en voitures ou en autocars. A Rotheux-Rimière et Ivoz, ce sont ainsi dix autocars qui ont embarqué 525 personnes bénéficiant d'un voyage gratuit proposé parle comité de la brocante d'Ivoz, qui a même pensé à offrir à chacun une rose blanche. La bourgmestre de Neupré Josée Pagnoul-Demet et l'échevin André Sauvage sont du voyage.
Là aussi, ambiance lourde. Ce départ n'est pas celui d'une excursion de délassement. Quand s'ébranlent les cars, ceux qui restent expriment leurs regrets de ne pas être du voyage, comme cette jeune mère devant garder sa petite fille malade... « Mais la famille est quand même représentée. »
Tant à Neupré qu'aux Guillemins, on part sans crainte de se retrouver mêlés à des excès.
« Les appels au calme ont été entendus. Mais il faut que les autorités entendent l'appel du peuple belge, de toutes les familles belges ! »
Grand-père, Gilbert (56), de Neupré, ne peut maîtriser son émotion quand il évoque le sort de Julie et Mélissa, mais il est d'une extrême fermeté : « TOUS les coupables doivent être démasqués, sinon, il nous faudra remonter sur Bruxelles... alors, ce sera plus grave ! »
La composition normale du 10 h 26 est de six voitures, nous avons dû en prévoir cinq de plus, et tout était bondé y compris les premières classes qui avaient été déclassées ». Pour le 11 h 26, ils étaient plus de 900 à attendre. Tous n'ont pu monter et ils étaient encore plusieurs centaines à embarquer dans le long train spécial démarrant de Welkenraedt.
Un bouquet de fleurs blanches à la main, Valérie Hubert (18) espère bien pouvoir déposer son bouquet au pied des portraits des enfants disparus, enfin de la manifestation. « Car c'est par respect pour les petites que j'y vais, pour qu'on ne les oublie jamais. Il y a aussi leurs parents qu'il nous faut soutenir pour leur courage. »
Jean Davenne, de Sart-lez-Spa et Rager Blondin, de Xhoffraix ont 70 ans: « Nous sommes là pour la protection et la sécurité des enfants. Mais aussi pour réclamer le plus d'éclaircissement possible sur ce qui s'est passé; que !es responsables des erreurs soient identifiés car on sent tout de même un blocage à un certain niveau. Bien sûr, l'être humain n'est pas parfait mais il y a des choses qu'on ne peut admettre. »
Dignité et respect étaient de mise au départ de Verviers.
A l'origine, deux trains spéciaux étaient prévus aux alentours de midi, tandis que les trains habituels étaient sensiblement allongés. Il a même fallu les dédoubler pour pouvoir embarquer tout le monde.
L'ambiance était calme et digne. Beaucoup d'enfants, parfois même très jeunes, accompagnaient leurs parents. « C'est une marche pour les enfants, expliquait une jeune dame accompagnée de son mari et de ses trois garçons, et nous avons donc trouvé normal d'y participer avec les nôtres. On espère que tout va bien se passer, car il va y avoir une telle foule!»
Cet aspect des choses était bien présent dans les conversations entre les familles qui avaient prévu d'aller ensemble à Bruxelles. Mais la majorité des parents avaient manifestement bien entendu les consignes de sécurité expliquées par les medias, et presque tous les enfants portaient un carton attaché au cou, avec leur nom, prénom, adresse...
Pour le retour, c'était l'incertitude totale, puisque
De nombreux autres participants avaient choisi de venir au centre-ville en bus, des bus du TEC qui arboraient au rétroviseur un long ruban blanc.
A l'entrée de la gare, malgré l'interdiction qui lui avait été faite par le tribunal de Bruxelles, à la demande des parents de Julie et Mélissa, de tenter de récupérer cet événement, le PTB distribuait des tracts, et avait placardé dans les souterrains des affiches accusant la gendarmerie d'avoir «sabote l'enquête sur les fillettes disparues ».
La plupart sont montés à la capitale en rangs serrés.
Ainsi, à Waremme et à Huy, ils étaient des centaines, prêts à aller gonfler les rangs de l'imposant cortège.
Dans la cité du Pontia, le TEC avait mis deux bus à la disposition dé
Ainsi, devant l' I PES, avenue Delchambre et à la gare, des groupes s'étaient constitués, attendant calmement le départ, en fin de matinée. Grands-parents, parents et enfants, la plupart de blanc vêtus, rose blanche à la main; ils étaient tous là.
Pour tous, un seul objectif à suivre : respecter les doléances des parents des petites victimes. «Nous allons défiler dans le calme comme ils le souhaitent. Le silence vaut parfois mieux que les mots. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'agitateurs. Tout doit se passer dans la plus grande dignité si on veut que cette marche serve à quelque chose», nous confie t’on, presque en chuchotant.
Car en attendant que les bus ou le train les emmènent, les gens, solidaires à l'extrême, semblent respecter un silence étonnant, comme si leurs pensées communiaient déjà avec le grand cortège de l'après-midi.
Même les nombreux enfants se sont mis au diapason, évitant toute forme de turbulence ou de crier.
En bus, en train ou en voiture pour les plus téméraires, de Ferrières à Waremme, de Ben-Ahin- à Hermalle, Hesbignons et Condrusiens se sont unis pour une même quête, le coeur plein de rancoeur mais aussi avec la promesse d'éviter tout débordement.
P.K.
ARLON
Le train, outre les quatre haltes habituelles dans la province (Marbehan, Libramont, Jemelle, Marloie), faisait un arrêt spécial, plus que symbolique, à Neufchâteau...
Le vêtement le plus adéquat était le coupe-vent imperméable: hier matin, à Arlon, le brouillard et la grisaille étaient aussi au rendez-vous pour tous ces gens qui allaient s'offrir un très long voyage, une très longue journée.
En dernière minute, plusieurs personnes se décidaient à rester sur le quai. « Mon épouse part quand même avec notre fils de 7 ans. Moi, vu le temps, je vais rester avec le petit. C'est un peu trop risqué pour lui, surtout au vu de la météo ».
Affluence aussi aux points d'embarquement dans les nombreux autocars affrétés, des quatre coins du Luxembourg. Laetitia Delhez, elle, montait, saluée par la foule, dans le car partant de Bertrix...
Si de très nombreux envois ont été faits de France, de Suisse, du Portugal ou d'Italie, d'autres sont venus du Québec, des U.S.A., du Costa Rica, du Vénézuéla et d'Australie.
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