Des milliers de coeurs battant à l'unisson («Wallonie»21 octobre 1996 pg7)
Des milliers de coeurs battant à l'unisson
«
Émotion et dignité étaient les mots qui revenaient le plus fréquemment, dimanche, lors de
Deux cent, trois cent mille personnes avaient rallié Bruxelles pour une formidable démonstration de solidarité, de sympathie, de joie et d'espérance.
Les morceaux de crêpe noir ont fait place à des bouts d'étoffe blanche sur les antennes des voitures. La colère a fait place à la dignité. On a changé les pancartes aux slogans poujadistes en grappes de ballons blancs. On a changé les cris de haine en souffles de tendresse dans la bouche des papas et des mamans.
Les fées ont coloré Bruxelles de milliers de petites touches blanches comme des pétales de roses, en cette grise après-midi d'octobre. Et pourtant, si le décor a changé, les acteurs restent les mêmes. Il y a les méchants : ceux qui sont en prison et les autres, ceux qui savaient, ceux qui n'ont rien fait. Il y a les gentils des papas, des mamans, des frères et des soeurs qui ont transformé leur douleur, qui l'ont transcendée en message d'espoir. Il y a des petites princesses : Julie, Mélissa, An, Eefje, Loubna, Elisabeth, Kim, Laetitia et les autres. Il y a un justicier, que l'on vient de désarmer. Et puis il y a la foule, impressionnante et anonyme. Une foule qui suit depuis deux mois, jour après jour, un feuilleton qui dépasse en horreur et en perversion tout ce que la production américaine aurait pu imaginer. Une foule qui projette sur la trame machiavélique tissée par l'abject Dutroux, toutes ses peurs, toutes ses angoisses, toutes ses colères.
Une foule que l'on s'attendait à voir nombreuse, ce dimanche à Bruxelles, et que l'on imaginait capable de tout.
Parés de blanc et de bons sentiments
On a bien cru que tous les wagons de sympathie, tous les autocars de recueillement, toutes les voitures de fleurs n'y auraient pas suffi.
Vers 11 h, 20.000 personnes se pressaient déjà devant le podium, dressé à deux pas de
En famille, entre amis, par petits groupes, ils ne cesseront plus d'arriver, en un flot perpétuel, inextinguible.
A 13h, alors que les parents des jeunes victimes font leur entrée à la tribune, bon nombre de participants, devant la foule compacte qui apparaît au loin, ont abandonné toute envie de défiler et se rangent le long du parcours. Les discours des parents sont sonorisés tout au long du tracé de la manifestation. Les promeneurs marquent le pas. De véritables grappes humaines s'amoncellent à proximité des hauts parleurs. Sur les visages rougis par la marche, coulent de grosses larmes d'émotion. Le cortège s'ébroue peu après 14h. Au passage du groupe des parents, la foule massée sur les trottoirs applaudit. Derrière, c'est une longue colonne blanche, un long pantin désarticulé qui défile en silence, dans la dignité. En poussette ou en rollers, en chaise roulante ou à pied, les manifestants empruntent les boulevards Lemonnier et Jacqumain.
Alors que la tête de la manifestation a rejoint la gare du Midi, certains commencent seulement leur longue descente vers la gare du Nord, créant un effet de chaos qui ne viendra pourtant à aucun moment troubler la sérénité de la marche.
Ils étaient peut-être trois cent mille à avoir laissé haine et rancoeur à la maison, pour (re)devenir des papas, des mamans, des hommes et des femmes de ce pays, qui ont défilé dignement, en ce dimanche d'octobre, donnant à tous ceux qui en furent les témoins une formidable leçon de démocratie, de liberté, de solidarité et d'amour.
Bernard Barbieaux
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Samedi à 14 heures, ce sont en effet pas moins de 57.791 billets spéciaux qui avaient été vendus aux guichets de
Ils donnaient droit au trajet aller-retour en train entre toute gare belge et Bruxelles; le prix était fixé à 200 francs en prévente (mercredi, jeudi et vendredi) et 250 francs samedi et dimanche.
Dans toutes les gares on assistait au même spectacle de groupes se présentant en rangs serrés, la couleur blanche dominant largement à cause des vêtements clairs, des fleurs, des ballonnets.
"Tout ce qui a des roues est sur les rails aujourd'hui", a résumé notamment un sous-chef de gare anversois.
On signalait dans toutes les gares des provinces wallonnes d'importants rassemblements, et des trains supplémentaires avaient été ajoutés encore en dernière minute, deux à Liège et un à Charleroi, notamment. Trente trains spéciaux avaient été prévus mais la compagnie des chemins de fer a dû en ajouter 26 autres, tous ces convois étant de plus au maximum de leurs capacités. Outre ces trains spéciaux, les navettes régulières circulaient, ce qui représente une vingtaine de trains par heures, également allonges à leur maximum.
Dans la matinée,
Notre photo (cuissard) sous le titre: la foule massée dimanche matin sur les quais de la gare des Guillemins
Pour leur part, les organisateurs de la marche ont avancé le chiffre de 325.000 participants, ils l'ont en tout cas annoncé par l'entremise des hauts parleurs installés tout au long du parcours du cortège.
Le lieutenant Jonniaux a encore donné quelques indications chiffrées intéressantes: 100.000 personnes ont été acheminées vers Bruxelles par les trains de
Les divergences s'expliquent par le fait que les interpellations ont été effectuées tant par les polices communales sur le terrain que par la gendarmerie; vers 18 h. des actes de vandalisme ont été enregistrés dans le quartier du Sablon où des jeunes gens se sont attaqué à des voitures garées dans la rue de
- des incidents, sans grande conséquence, se sont produits au carrefour Louise, tout près du Palais de Justice. Quelque 800 personnes se sont groupées là et ont jeté divers projectiles (pierres, neufs, spaghettis) en direction du Palais de Justice;
- vers 18H30, la gare du Midi était noire du monde. Il a fallu organiser les entrées dans les trains en pratiquant le système des "portes ouvertes et fermées" dès qu'un compartiment était bondé;
6 enfants ont été perdus, puis retrouvés par leurs parents, même si cela a pris un peu plus de temps pour l'un d'entre eux. A noter que
3.500 motards samedi à Bruxelles
Les motards ont fait halte près de la station de métro « Arts-Loi », à deux pas du parlement. Ils se sont également rendus devant le palais de Justice, tous phares allumés et klaxonnant é tout rompre
(notre photo Belga).
Une délégation de motards a également remis une lettre au palais royal à l'attention du Roi Albert II.
Ainsi, des habitants de Vaux sous Chèvremont avaient décoré de blanc la cité, et les enfants arboraient tous un foulard blanc durant la journée de dimanche.
Un communiqué diffuse" dimanche matin précisait que ces arrêts de travail constituaient une initiative des membres du personnel et des organisations syndicales avec l'accord de la direction.
La manifestation était organisée par quatre étudiants de Heerlen et Sittard, qui se sont insurgés contre la décision de
Les manifestants, qui entendaient également s'associer aux objectifs de la marche en faveur des enfants organisée à Bruxelles sont allés remettre une pétition au Conseul général belge à Maastricht, M. H. Schaepman.
Cette pétition exhorte notamment le parlement belge à faire en sorte que le système judiciaire belge recouvre davantage de crédibilité.
Selon le ministre, des manifestations de masse, comme celle qui se déroulait ce dimanche à Bruxelles pour exprimer le mécontentement général,peuvent cependant constituer un remède salutaire, en ayant un « effet psychiatrique »
Enfin, faisant allusion à l'intervention du Roi Albert II dans le débat sur le fonctionnement de la justice, M. Van Mierlo a remarqué que
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