Lettre d’un enquêteur de la BSR de Seraing à Julie et Mélissa (« Télé Moustique » du jeudi 10 octobre 1996 «UNE » et pages 22 et 23)
E x c I u s i f
Lettre d’un enquêteur de
L'enquête "Julie et Mélissa" étant bien évidemment au centre de nos préoccupations. Nous versons aujourd'hui une autre pièce au dossier. La confession d'un enquêteur de
L'intéressé a été entendu verbalement sur le but des travaux, il a déclaré qu'il aménageait ses caves sans plus. Les travaux étaient à leurs débuts (terrassements).
L'intéressé est propriétaire de plusieurs maisons:
- Sars -la-Buissière rue de Rubignies 45;
- Sars-la-Buissière rue de Rubignies 43;
- Marchienne-au-Pont rue J.Destrée 17(17A, 17B); Jemeppe-sur-Sambre rue Léopold Lenoble 27;
- Charleroi (Marcinelle) avenue de Philippeville 128.
Il est domicilié à la dernière adresse, mais se rend également aux autres maisons qu'il ne loue pas. L’enquête des vols a duré plus d'un an. Au cours de l'enquête rien n'a été relevé concernant des problèmes avec des enfants. En son temps, cette information a été transmise à
1995 chez Marc Dutroux.
Enfin, nous nous inquiétions – sur la base principalement d'un rapport officiel du Centre pour I'égalité des chances - du rôle étonnant de
On rappellera que Carolo Todaléro avait notamment été cité dans ce dossier et que, fait peu courant, il fut acquitté en première instance et en appel, alors qu'il faisait défaut à toutes les audiences. Enfin nous révélions que des informations récentes communiquées à la cellule de Neufchâteau faisaient état de la présence, fin mai 1996, de plusieurs protagonistes du réseau Dutroux dans cet établissement.
Ces informations ont été depuis lors largement confirmées et étayées par plusieurs médias - qui révélaient notamment que des perquisitions ont eu lieu au « Refuge » le lundi 30 septembre, dans le cadre de l'enquête menée par la cellule de Neufchâteau. Le journal de RTL-TVI ajoutant même que l'on aurait trouvé une carte de visite de l'établissement Le Refuge dans l'une des maisons de Dutroux.
De son côté, l'adjudant Lesage a réagi en annonçant à l'agence Belga qu’il va déposer plainte pour calomnie et diffamations contre Télé Moustique. Arguant par ailleurs que les actes qu'il a posés l'ont toujours été avec l'assentiment du Parquet de Liège. Un élément d'information supplémentaire que l'on notera volontiers dans un contexte où l'on cherche à mieux cerner les responsabilités dans les nombreux dérapages qui ont émaillé l'enquête visant à retrouver Julie et Mélissa. On signalera cependant à M. Lesage que tous les arguments, toutes les questions que nous avons développés l'ont été sur la base de documents officiels, excepté l'affirmation selon laquelle cet enquêteur s'est intéressé à la mafia russe à Liège.
Une information qui vient, elle, du récit que nous ont fait les parents de Julie et Mélissa auxquels M. Lesage s'en confia, il y a quelque temps déjà.
Peut-être avons-nous été trop catégorique avec cet enquêteur de
Est-ce moins grave? Chacun jugera. En tout cas, cela nous rappelle une conversation que nous rapportait naguère Carine Russo, la maman de Mélissa.
Elle demandait à l'enquêteur en question ce qu'il ferait si d'aventure, il devait tomber sur une personnalité importante dans un réseau de pédophilie: « C'est clair. Je jette l'info à la poubelle. Parce que, de toute façon, mes supérieurs la jetteraient eux-mêmes et moi aussi par la même occasion ». Un certain état d'esprit...
« Julie, Mélissa... fallait-il vous sacrifier sur l'autel de la juslice? »
Après cela, on ne nous fera pas croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes à
Julie et Mélissa. M. Martin est l'un des subordonnés de l'adjudant Lesage et a ce titre, il œuvrait dans l'enquête visant à retrouver les deux pentes hiles. Très présent sur ce dossier depuis le 4 I' u i n 1995 cet homme s'est incontestablement investi dans son travail. Et comme beaucoup, il pleurait le jour où on a retrouvé les corps sans vie de Julie et Mélissa. Apprenant la terrible nouvelle, Valère Martin ressentit le besoin de mettre sa douleur sur papier, d'adresser un mot aux petites qu'il confia à leurs parents:
Ce sont d'abord vos yeux qui regardaient disant: « Monsieur, rendez-nous à nos parents ».
Vos yeux me faisaient confiance. En outre, vos parents me parlaient tellement de vous que j'ai bravé beaucoup d'interdits dressés par l'institution, dont tous devraient attendre la protection et la compréhension. Je me suis heurte à un mur, le sacro-saint secret de notre institution.
Fallait-il vous sacrifier sur l'autel de la "justice" et que l'on dise c'est malheureux ce qui arrive? Ceux qui m'ont interdit de travailler, de rencontrer vos parents n'éprouveront-ils jamais de la honte?
Vous ont-ils considérées autrement qu'un numéro de procès-verbal, je dis non. Je viens ici, mes chères petites, de vous écrire une partie de mes pensées.
Julie et Mélissa, un de vos parents m'a dit un jour que vous aviez trouve un nouveau tonton. C'est vrai, chaque jour je pensais à vous. Je voulais un jour vous reconduire chez vos parents, vous tenant par la main. En ouvrant la porte, vous auriez dit « Tonton Valère nous a trouvées ».
Je n'aurai pas le bonheur de voir votre sourire, de vous voir grandir, de pouvoir fêter
Julie et Mélissa, de là-haut protégez vos parents, ils sont formidables. Vous serez toujours vivantes dans mon coeur. Je ne vous oublierai jamais.
Valère »
Dans ce mot sincère et touchant, on note plusieurs phrases lourdes de sens:
-- « J'ai bravé beaucoup de murs dressés par l'institution »;
-- « Ceux qui m'ont interdit de travailler, de rencontrer vos parents n'éprouveront-il, jamais de la honte? »
Terminons par ce commentaire: on nous ferait un mauvais procès en nous taxant de mangeur de flics. En l'occurrence, ce serait même plutôt l'inverse. Nous n'avons rien de personnel contre les enquêteurs que nous citons dans nos articles. Ce que nous dénonçons, c'est un état d'esprit, un système qui conduit à la résignation. Et finalement à des échecs irréparables et insupportables pour tout le monde. II y aurait moins d'affaires Julie et Mélissa, moins de familles éplorées et définitivement mutilées, moins enfin d'enquêteurs démotivés et traumatisés si certains d'entre eux osaient enfin donner un coup de pied dans la fourmilière.
II y aura bientôt une commission parlementaire d'enquête qui pourra notamment entendre le témoignage des enquêteurs. Ne sera-ce pas l'occasion de prouver pour certains que Julie et Mélissa seront toujours vivantes"?
Ne sera-ce bas l'occasion de dire pourquoi un homme comme M. Lesage qui a voulu vouer sa vie à la justice en est arrivé aujourd'hui à dire qu'il jetterait certaines informations trop chaudes à la poubelle?
Ne sera-ce pas l'occasion aussi pour M. Martin de révéler publiquement l'identité de « ceux » qui lui « ont interdit de travailler »?
Évidemment, il est plus Facile d'évacuer les problèmes d'un revers de manche en annonçant le dépôt d'une plainte contre un journal. Et de reprendre le train-train quotidien puisque, de toute manière, le temps efface tout... En attendant une autre affaire Julie et Mélissa
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