mardi 16 septembre 2008

Nihoul et Bouty sur la sellette («Meuse» 9 septembre 1996 pg 8)


Nihoul et Bouty sur la sellette

 « La Meuse » du lundi 9 septembre 1996 page 8

Elle reconnaît avoir hébergé Lelièvre en mai 1995, à la demande de son ex amant

Les choses semblent se précipiter à Bruxelles où ce week-end Annie Bouty et Michel Nihoul ont été réentendus longuement par les enquêteurs de la 23e brigade et de la PJ de Bruxelles. Annie Bouty a fait des aveux partiels, la nuit de samedi à dimanche : elle a notamment reconnu avoir hébergé Michel Lelièvre durant dix jours dans son appartement saint-gillois, en mai 1995, à la demande de Nihoul. Elle a également reconnu avoir invité à dîner chez elle les « artistes » de la bande (Nihoul, Dutroux et Lelièvre). Quant à Nihoul, transféré avec un luxe de précautions d'Arlon à Bruxelles dimanche en début d'après-midi, il devait lui aussi être interrogé durant plusieurs heures.

Avec quelques heures d'avance sur le planning prévu, Annie Bouty, inculpée et arrêtée jeudi après-midi, a été ramenée à Bruxelles samedi et interrogée de longues heures par les enquêteurs de la 23e brigade et de la PJ de Bruxelles. Entendue jusqu'à 3 h, dimanche matin, Bouty a fait des aveux partiels. Elle qui avait toujours prétendu n'avoir eu aucun contact avec les membres de la bande Dutroux (y compris avec Michel Nihoul, son ex amant et voisin de palier ! ) a reconnu avoir hébergé Michel Lelièvre durant dix jours, en mai 1995. « Une période chaude » selon les enquêteurs puisqu'elle se situe un mois avant l'enlêvement de Julie et Métissa.

Dans ses aveux, Bouty reconnaît avoir hébergé Lelièvre à la demande de Michel Nihoul. Pour les enquêteurs, ce n'est guère étonnant.

Comme Michèle Martin à l'égard de Dutroux, Bouty paraît totalement soumise à Nihoul. « Elle est totalement sous l'emprise de Nihoul, à tout point de vue. Si Nihoul demande quelque chose, elle fera TOUT pour le satisfaire. Il n'y a que sur le plan sexuel qu'elle ne paraissait pas prête à tout accepter».

Selon nos informations, Bouty a également admis avoir reçu à dîner à une reprise au moins les plus im portants membres de la bande : Nihoul, Dutroux et Lelièvre. Mais en réalité, elle recevait Nihoul à dîner bien plus fréquemment. Michel Nihoul, qui habite au 8e étage de l'immeuble 99, avenue Jaspar, n'avait qu'un étage à grimper pour rejoindre le duplex de Bouty, au 9°. Il y venait en compagnie de Marleen, sa maîtresse officielle depuis une dizaine d'années.

Pour l'anecdote, Marleen s'apprêtait à épouser un candidat réfugié politique roumain afin de régulariser la situation de séjour de ce dernier...

Hier après-midi, c'était autour de Michel Nihoul d'être interrogé à Bruxelles. Transféré d'Arlon par les équipes

ATA (protection et surveillance) de la 23e brigade, sous haute surveillance (trois voitures dont une blindée et des policiers armés de fusils d'assaut M-16), il est arrivé dans la capitale à 13 h 45. Un transfert au cours duquel les équipes ATA ont remarqué des « anomalies » : le retour devait se faire sous plus haute protection encore. « Les menaces sont de plus en plus précises. L'organisation criminelle structurée est toujours active. Il reste indubitablement des gens à l'extérieur».

A l'heure de mettre sous presse, on ignorait encore si l'audition de Michel Nihoul avait pu apporter de nouveaux éléments aux enquêteurs.

Philippe Crêteur

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Michel Nihoul: des connexions avec le dossier Cools ?

 « La Meuse » du lundi 9 septembre 1996 page 8

Alors que, de plusieurs sources, il paraît se confirmer qu'il n'y a aucun lien d'enquête entre le dossier Dutroux et le dossier Cools, il semble tout aussi probable que Michel Nihoul (que d'aucuns ont présenté comme un «porteur de valises » de certains socialistes liégeois) ait eu des rapports réguliers avec certains proches d'André Cools, voire avec l'homme de Flémalle lui-même.

On sait en effet que Michel Nihoul, de même d'ailleurs qu'Annie Bouty alors avocate d'un des protagonistes de cette affaire, a participé d'assez près à l'affaire dite du « Centre Médical de l'est », en l'occurrence le projet de construction d'un hôpital de 439 lits sur le site de Waroux (Ans-Alleur). Les trente médecins, membres effectifs de l'asbl, qui s'étaient portés caution (5 millions chacun) du projet, abandonnèrent le projet et l'asbl se trouva redevable, en janvier 1977, d'une somme globale d'environ 95 millions de francs. Les cautions devenaient donc mobilisables.

L'année suivante, toutefois, plusieurs hommes politiques socialistes obtenaient de la CGER qu'elle prête à l'asbl une somme de 16 millions (qui ne sera jamais remboursée). Deux ans plus tard, l'exécutif wallon rachetait le terrain de Waroux pour plus de 57 millions. Ce qui, a l'époque, parut fort cher payé. Parmi les trente médecins, personne ne s'en est plaint: chacun a vu sa caution diminuée d'un million !

Dans cette affaire, plusieurs familiers d'hommes-clés du parti socialiste à Liège sont intervenus dans ce dossier et ont rencontré Michel Nihoul ainsi qu'Annie Bouty.

Il paraît certain également qu'à l'instar de ce qui se passait à Bruxelles, Nihoul avait ses entrées dans les allées du pouvoir, à Liège. Son rôle était, comme il a toujours été, celui d'un entremetteur, prêt à toutes les « sales besognes » pour autant qu'elles soient rémunérées. Elles l'étaient.

Ph.C.

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Ixelles : l’ours en peluche n’appartenait pas aux disparues

« La Meuse » du lundi 9 septembre 1996 page 8

Les enquêteurs de la BSR de la gendarmerie de Bruxelles ont amené Roland Corvillain, samedi vers 18 h 15, dans la maison qu'il occupait, rue du Conseil, 35, à Ixelles. Il y est resté durant 1 h 20 et est reparti à 19 h 35 à bord d'une Ford Sierra qui l'a reconduit à la prison de Forest.

Les fouilles, qui avaient repris dans ce bâtiment samedi vers 10 h 30, se sont poursuivies toute la nuit et dimanche après-midi. Elles ont été interrompues vers 16 h et reprendront mardi avec les chiens et le radar de John Bennet.

Le jouet d'enfant dont nous avions annoncé la découverte dans l'une des citernes d'eau de pluie du bâtiment - en réalité, un ours en peluche rose - n'a été reconnu par aucune des familles d'enfants disparus. D'autres vieux jouets et des papiers d'emballage ont encore été retrouvés : tous ces objets ont été examinés par les dix hommes du DVI présents sur place et emmenés par leur patron, le commandant Johan Dewinne.

Samedi, une quinzaine de gendarmes de la brigade de Bruxelles, 5 ou 6 policiers d'Ixelles, 23 membres de la protection civile et 4 ou 5 membres de la BSR de Bruxelles ont tout particulièrement fouillé le jardin, la cuisine et les deux caves. Un puits a été découvert dans la cave mais son exploration n'a donne aucun résultat. Par ailleurs, des ouvrages de maçonnerie en briques rouges ont été retrouvés, sous la courette, menant à une seconde cave. De très anciennes traces de présence humaine ont été retrouvées (un vieux poêle, un très vieille machine à laver).

Le plancher de la cuisine,qui présente quelques anomalies, a été démonté. Tous les travaux se font à la pelle, aucun engin mécanique ne pouvant accéder à l'intérieur de la maison. Ni les appareils du Britannique John Bennett ni les chiens allemands n'ont été appelés sur place.

Selon les enquêteurs, Corvillain a été très coopératif: il a donné des précisions correspondant aux constatations faites par les enquêteurs. Il a expliqué avoir fait lui-même des travaux de canalisation dans les caves et dans la cuisine.

A 11 h dimanche matin, il restait encore 5 à 6 mètres cubes à déblayer dans la seconde cave : des travaux nécessitant la mise en place d'échafaudages et réalisés par les douze hommes de la Protection civile restés sur place. A 16 h, les fouilles ont été interrompues: elles ne reprendront que mardi prochain avec le radar et les chiens. Les enquêteurs sont arrivés à la partie dure et veulent être certains de ne rien laisser passer.

Loubna

Disons-le donc clairement aucun élément d'enquête ne permet pour l'heure de relier la maison de la rue du Conseil à la disparition de la petite Loubna Ben Aïssa. Toutefois, on sait, de sources sûres, que le dossier de la disparition de cette petite fille va sous peu être transmis au parquet de Neufchâteau, le parquet de Bruxelles s'en dessaisissant.

Hier, on a vu le papa de Loubna et deux de ses sœurs se rendre à la maison de la rue du Conseil. Ils y sont restés un quart d'heure environ avant de quitter les lieux à 17h 10, sans faire de commentaires. Selon le commandant Guillaume, les parents voulaient voir la maison.

300 cartes

Le papa de Loubna Ben Aïssa qui s'est rendu samedi aux funérailles d'An et Eefje en compagnie de Nabila, son aînée, de Najat (16) et d' Ilias (4 ans et demi). Avant ces cérémonies, il a été applaudi, ce qui l'a beaucoup ému.

Samedi, il a reçu la visite des gendarmes à deux reprises : à chaque fois, on lui annonçait qu'il n'y avait rien de neuf.

Depuis quinze jours, explique le papa de la petite Loubna, la famille Ben Aïssa a reçu 300 cartes d'encouragement (venant de tous les coins du pays) et de très nombreux coups de téléphone.

Philippe Crêteur

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AUTOPSIE : Tagliaferro a-t-il été éliminé parce qu'il en savait trop?

« La Meuse » du lundi 9 septembre 1996 page 8

BRUNO Tagliaferro est décédé subitement !e 5 novembre 1995 à l'âge de 33 ans. Le médecin qui avait délivré le permis d'inhumer avait alors conclu à une crise cardiaque.

Marié et père de trois enfants, Bruno Tagliaferro exploitait un chantier de démolition au n°32 de la rue de la Brasserie à

Keumiée. Il vivait avec sa famille dans une caravane sur ce terrain.

Il gagnait sa vie en vendant des pneus neufs à prix très bas et faisait du commerce de pneus avec le Portugal.

Bruno Tagliaferro était en relation avec un des complices de Marc Dutroux, Michel Diakostavrianos, dit le Grec, qui faisait le commerce de pneus d'occasion importés d'Allemagne.

Diakostavrianos se rendait fréquemment chez lui à Keumiée. Très peu de temps avant son décès, Bruno Tagliaferro avait effectué un séjour d'un mois chez des amis au Portugal.

Selon les voisins, deux hommes avaient assuré ta garde de son chantier de démolition pendant son absence.

Ceux-ci auraient déplacé une des caravanes, creusé un trou,puis coulé une dalle de béton, avant de la recouvrir de terre et d'y replacer la caravane.

Le Parquet de Neutchateau avait ordonné des fouilles sur le terrain de la rue de la Brasserie dès 1e mardi 27 août. Les recherches, interrompues pendant une semaine, avaient repris de plus belle le 3 septembre et avaient été menées au finish.

A l'aide d'une pelleteuse et d'une grue, la protection civile et une trentaine de gendarmes ont retourné entièrement ce terrain d'environ un hectare sur une profondeur d'un mètre.

Toute la surface a été minutieusement inspectée par le radar du superintendant Bennet. Les enquêteurs ne cherchaient manifestement pas de cadavre (les chiens spécialisés dans la détection de corps n'ont pas été amenés sur le site) mais des indices et peut-être des armes.

Pendant ces fouilles, la veuve de Bruno Tagliaferro s'était rendue sur le chantier de démolition et avait interpellé les journalistes présents. Elle avait affirmé que son mari détenait une liste de noms de personnes impliquées dans le dossier de trafic de voitures volées. Selon elle, son époux était un témoin gênant et aurait été éliminé par Marc Dutroux.

Ces accusations ont été prises au sérieux par le Parquet de Neufchâteau qui a ordonné l'exhumation et l'autopsie du démolisseur de Keumiee.

Réalisée vendredi, cette autopsie a révélé que la mort de Bruno Tagliaferro était due à un empoisonnement.

Il faudra encore procéder à des analyses toxicologiques pour déterminer le type de poison utilisé.

 

Vu le contexte de cette affaire, la thèse du suicide semble très peu probable. Bruno Tagliaferro est mort le 5 novembre 1995. Très peu de temps avant la disparition de Bernard Weinstein, le complice que Marc Dutroux a avoué avoir enterré vivant après l'avoir drogué. Troublantes coïncidences...

E.Ma.

 

 

 

 

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