Le Roi était en colère !(«Dernière Heure» 7 septembre 1996 pg 4)
Le Roi était en colère !
Originaires de Tétouan, au Maroc, les Benaïssa vivent en Belgique depuis 22 ans. Lahsen et Habi a, qui se sont mariés en 1977, ont eu huit enfants, trois filles et cinq garçons qui ont aujourd'hui entre 4 et 18 ans.
C'est le corps de leur fille, Loubna, disparue à Ixelles le 5 août 1992, que les enquêteurs ont craint retrouver jeudi chez le pédophile Roland Corvillain, dans sa cave et son jardin au numéro 35 de la rue du Conseil - à deux pas de chez eux.
Visiblement, Lahsen n'en revient pas vraiment. Mais l'entrevue n'a pas changé sa vie. Après l'entretien, qui dura trois quarts d'heure, le couple est rentre a Ixelles. Bien sur, n'a pas pu résister à la tentation de se rendre dans le quartier où les fouilles se poursuivaient. Puis, comme tous les soirs, Lahsen est parti au boulot, à la gare de Forest, où, depuis des années, l'ouvrier nettoie les wagons de
Rencontrer nos Souverains a été d'un réconfort magnifique, confie Lahsen. Nous avons raconté comment notre petite fille avait disparu et c'est à ce moment que le Roi s'est mis en colère en se demandant comment il était possible que des enfants disparaissent en plein jour à Bruxelles. Le Roi et
Regrets
Pendant ces trois quarts d'heure, il n'a pas été question de l'enquête. Et pourtant, lahsen avait bien des regrets à formuler.
Loubna a disparu un mercredi midi. Elle s'était rendue avec son grand frère à l'Aldi du quartier, mais ils avaient oublié des yaourts. Loubna a proposé de retourner,seule. C'était la première fois qu'elle faisait des courses seule. Mais elle y tenait parce que les yaourts étaient pour son petit frère, llias, qu'elle adorait. Après un quart d'heure déjà, ma femme,ne la voyant pas revenir, a su qu'il lui était arrivé quelque chose de grave. Je me suis rendu tout de suite au commissariat, mais nous n'avons vu de policiers ni !e mercredi, ni le jeudi, ni le vendredi. Je me suis adressé à la gendarmerie d'Etterbeek, où un gendarme m'a dit que ce n'était pas sérieux. Le lundi, au sixième jour de la disparition,
Après quelques jours, le silence s'est installé. Nous n'avons plus jamais rien entendu jusqu'à l'arrestation de Dutroux. Immédiatement, nous avons pensé qu'un lien était possible. Tout ça, lahsen et Habiba ne l'ont heureusement pas expliqué au Roi.
Selon nos infos, les fouilles reprennent lundi rue du Conseil.
Le dernier élément en date vient de Tournai. Une dame affirme avoir vu Michel Nihoul, en juin, rôdant à proximité d'une école du boulevard Léopold. Ce témoignage a été consigné parla police locale et transmis à Neufchâteau.
En février, une petite fille de 8 ans, Rebecca, manque d'être enlevée a Welkenraedt par deux hommes. Des passants font échouer la tentative. Les deux hommes seraient Marc Dutroux et de Michel lelièvre.
Le parquet de Neufchâteau a par ailleurs reçu copie d'un procès-verbal rédigé à Anvers. Ce P.-V. fait état des déclarations d'une fillette de
Deux personnes d'Orp-Gauche reconnaissent encore Dutroux. Il se serait trouvé dans un café, puis à bord d'un véhicule dans les parages, quelques mois après la disparition et la mort de Laurence Mathues (surdose de médicaments identiques à ceux retrouvés chez Dutroux). L'un des témoins est le père de Laurence.
Le 19 juin - un mois après le rapt de Sabine, deux mois avant celui de Laetitia -, le Forem a proposé à Michel Lelièvre, un des complices de Dutroux, un job de... moniteur d'enfants dans une plaine de jeux.
Comme quoi la justice n'a pas l'exclusivité des dérapages et qu'il ne serait sans doute pas tout à fait inutile de suggérer au Forem de reconsidérer ses critères de sélection, façon d'éviter des drames.
Imaginez que lelièvre ait accepté le job et en ait profité pour repérer de futures petites victimes ?
A 25 ans, Michel Lelièvre pointait au bureau de chômage de Marchienne-Docherie depuis le 8 novembre 1991. Nous avons sa fiche sous les yeux. Son code ? CLE 63239116 SSE 52 BP 0 SECT 71. Sa lecture est édifiante.
Le 19 juin, donc, le bras droit de Dutroux se voit proposer l'offre d'emploi 52372631. Il s'agit d'un contrat à durée indéterminée pour un job de moniteur-prime consistant en l'animation d'enfants et d'adolescents des deux sexes à Aiseau-Prestes, avec u n horaire de jour à temps plein (38 h / sem.). On lui demandait également de savoir nager pour se rendre dans des clubs de natation à Biesmes, à Auvelais et à Taurines.
les expériences professionnelles pour obtenir cet emploi étaient l'organisation d'ateliers et de festivités. Comme curriculum vitae, lelièvre ne déclare évidemment pas tueur d e gosses, mais prétend disposer d'expériences d'employé de bureau niveau 3, de réassortisseur ouvrier magasinier, d'animateur socioculturel, d'aide monteur en châssis métalliques, de clarkiste, de chauffeur de camionnette et de mouleur en matière plastique (Celluloïd).Le tout accompagné d'une spécialisation en fabrication et montage de châssis en PVC.
Adolescent, lelièvre avait achevé un cycle d'études de l'enseignement secondaire inférieur en sciences économiques à l'Institut Notre-Dame d'Auvelais. Il avait, par la suite, décroché un brevet d'animateur. Mais il n'avait jamais suivi de formation au Forem.
L'offre d'emploi précisait qu'il serait demande a lelièvre d'accepter des horaires élastiques et de travailler, le cas échéant, l'après midi, en soirée voire même les week-ends, « en internat ou externat ».
On demandait enfin à Lelièvre de posséder un véhicule et de faire preuve, dans son emploi, d'une grande disponibilité ».
Bref, un tout grand Bravo ! à ces messieurs-dames du Forem.
Une information de plus en ce sens est apparemment à verser au dossier. A Hensies, paisible bourg coincé entre le Borinage et la frontière française, on affirme avoir aperçu l'odieux pédophile à plus d'une reprise durant le mois de mai dernier. Plusieurs témoignages catégoriques ont d'ores et déjà été recueillis depuis l'arrestation de Marc Dutroux par les autorités judiciaires.
Les faits s'étalent sur une période de quinze jours. Durant deux semaines en mai, plus d'une personne habitant la rue de Villers,une artère calme de la localité, ont été intriguées par le curieux manège d'une camionnette blanche.
A heures répétées, le véhicule suspect rôdait dans cette longue ligne droite bordée de villas et menant au cimetière du village.
À l'époque, aucun riverain ne s'était inquiété outre mesure. Chacun pensait à une camionnette véhiculant des travailleurs ayant fini leur journée dans un chantier du coin. En fait, la police locale n'a été informée que lorsque Marc Dutroux a été arrêté et que les écrans de TV et la une des journaux ont été submergés par son faciès.Depuis, tous les témoignages sont formels : le conducteur de la camionnette blanche était bel et bien Dutroux!
Selon toute vraisemblance, le pédophile carolo s'intéressait de près aux horaires des bus qu'empruntaient régulièrement des gamines âgées entre 10 et 13 ans et habitant la rue en question. Ces informations sont en tout cas prises très au sérieux. Le dossier a d'ailleurs été envoyé, via le parquet de Mons, aux enquêteurs de Neufchâteau.
Ces éléments pourraient bien y être mis en relation avec d'autres concernant cette fois Michel Nihoul, un autre protagoniste du dossier Dutroux. On sait en effet que, tout récemment, la police d'Onnezies, une entité des Hauts Pays... distante de quelques kilomètres à peine de Hensies, a lancé un appel à témoins pour obtenir un maximum de renseignements sur les activités de l'escroc bruxellois.
Ce dernier avait pris ses habitudes dans la bourgade des Honnelles. Apparemment, Nihoul était en relation avec un ferrailleur de la localité. Et bizarrement, son arrivée à Onnezies pourrait correspondre avec les allées-venues suspectes de Dutroux à Hensies...
L'appel à témoins a en tout cas bien été entendu par la population locale. Les récits affluent. Ils sont actuellement examinés à la loupe au palais de justice de Mons avant d'être transférés aux hommes du procureur du Roi Bourlet.
Val. S.
Des chiens pisteurs de cadavres de la police allemande et des enquêteurs hollandais dont le commandant Jongen, ont cru flairer la bonne trouvaille dans le jardin. Les animaux ont fortement aboyé à un endroit qui a ensuite été creusé,sans résultats, Sans résultats ont également été les fouilles entreprises dans la maison qui, au lendemain de l'arrestation de Michelle Martin, avait déjà été entièrement examinée. Vendredi, l'avenue
Beau vallon a été entièrement bloquée à tout passage autre que celui des enquêteurs. La police et la gendarmerie de Waterloo veillaient au grain et ont fait la chasse aux photographes de presse en quête du cliché révélateur.
Ce remue-ménage a attiré une foule de curieux qui pour la plupart étaient des habitants de ce quartier du Chenois. Les commentaires allaient bon train et étaient empreints de réactions parfois violentes à l'égard de Michelle Martin, la fille indigne d'une veuve qui a axé sa vie entière sur elle.
On a appris sur place qu'Henriette Puers, quand elle a appris les méfaits de Michelle, son enfant, est tombée très malade au point qu'elle est hospitalisée dans une aile neurologique d'un hôpital de la région de Charleroi.
Jacqueline Louckx, une riveraine, a une peur rétroactive quand elle pense à ses petites-filles qui se promenaient seules dans le bois des gruyères et qu'elles vivent dans un quartier où, au début de l'année, on a encore vu Michelle Martin aller et venir à l'avenue Beau vallon.
Elle y a vécu, plusieurs semaines chez sa maman alors que Dutroux était incarcéré pour des faits de pédophilie. Le dégoût des habitants de ce quartier paisible de Waterloo provient du fait que Michelle Martin avait elle-même deux enfants et qu'elle a effectué un stage de 3 mois à l'école du Chenois.
On demande des certificats de bonne vie et moeurs aux femmes de ménage et pas aux enseignants.
C'est scandaleux », s'est encore exclamée Jacqueline Louckx.
André, coiffeur de son état, et Véronique, mère de famille réagissaient de la même manière. Une phrase parmi tant : « Jamais nous n'aurions imaginé qu'une telle personne pouvait vivre près de nous. C'est étrange de vivre dans un feuilleton inimaginable ».
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