A l’école en combi de gendarmerie(«Dernière Heure» 6 septembre 1996 pg 4)
A l’école en combi de gendarmerie
Lorsque le procureur Bourlet doit quitter le palais de justice, il est précédé d'hommes qui inspectent les abords. Lesquels sont habillés du gilet pare-balles. Les Mercedes blindées qui véhiculent ces magistrats sont souvent escortées d'autres voitures de l'escadron spécial d'intervention.
Ce n'est pas tout. L'on sait que l'enfant du juge Connerotte se rend à l'école du village en voiture de la gendarmerie. La venue de la petite écolière, ainsi escortée, ne laisse pas indifférente nombre de parents d'élèves qui, nous dit-on, ont exprimé leurs inquiétudes à la direction de l'école. Selon leur raisonnement, si un quelconque danger pèse sur la fille du juge, alors la menace s'étend à 'ensemble de la population scolaire. Après trois journées a ce régime, la peur, dans les chaumières, s'est atténuée.
Jusqu'à présent, la blondinette supporte bien l'épreuve de l'escorte. Elle a juste pris peur en voyant, sous la fenêtre de sa chambre, des gendarmes en uniforme, mitraillette à la main. Les deux gardes de l'escadron spécial d'intervention, qui ont leur lit... dans le salon du juge et de son épouse, font désormais partie du quotidien de l'enfant.
Nouvelle étape, hier et avant hier, dans la gradation des mesures de sécurité. Après avoir inspecté le palais de justice sous toutes ses. coutures, des spécialistes ont visité la demeure du juge dont ils ont analysé portes et fenêtres. On croit savoir qu'ils ont suggéré de poser une porte blindée à l'étage où la famille Connerotte pourrait trouver refuge en cas de coup dur.
Hier après midi, l'étroite route de campagne qui longe la propriété du magistrat ainsi que les rues adjacentes ont été interdites à la circulation.
En première ligne, des barrières Nadar bloquent le passage. Au-delà, les gendarmes ont posé des barrières de fils barbelés. Juste devant la maison, ont été posées de semblables ustensiles, en chicane. Il subsiste juste un petit passage qui permet au juge ou à son épouse de rentrer chez eux.
le dispositif permet aussi de réduire les effectifs des gendarmes, de faction toute la journée à proximité immédiate du domicile, gendarmes que la hiérarchie estime menacés eux aussi. Moins il y en a d'exposés, mieux c'est.
M. Pe.
En mars 1987, la section jeunesse de
Dans leurs recherches, les policiers allaient notamment débusquer un haut fonctionnaire de l'Unicef (les Nations unies pour l'enfance, ndlr) en poste dans la capitale belge. L’un des suspects, un bon père de famille, s'était pendu en prison au lendemain de son arrestation par la juge Véronique Paulus de Châtelet.
Les condamnations allaient tomber sec sur les principaux organisateurs, qui écopèrent du maximum prévu à l'époque par le code pénal, jusqu’à dix ans d'emprisonnement.
Les enquêteurs ont toujours dit,qu'au printemps 87, ils n'avaient as pu aller jusqu'au fin fond de 'affaire. Nous avons souvenance de la photo terrible d'un tout petit enfant -un bébé -que les policiers avaient retrouvée lors d'une peruisition et qu'ils avaient diffusée ans l'espoir de l'identifier. Ce qui n'a pas été possible.
Le réseau utilisait des documents vidéo et photographiques mettant aussi en scène des gosses de moins de cinq ans. Au fil des ans, les responsables du Cries sont sortis de prison...
Il y a quelques jours, un Bruxellois se présentait dans un commissariat. Les journaux avaient publié les photos de Bernard Weinstein, le complice assassiné de Marc Dutroux et qui habitait, rue Daubresse, à Jumet, le chalet où ont été retrouvés les corps d'An et Eefje.
Le Bruxellois allait déclarer qu'il avait travaillé jadis avec Weinstein. Il a commencé par désigner plusieurs terrains connus de Weinstein : certains ne l'étaient pas encore de la justice. En outre, le témoin allait raconter qu'à l'époque Weinstein était en contact à Bruxelles avec un individu qu'il a toujours suspecté d'être attiré par les petits garçons,un certain R. Le renseignement a paru intéressant au juge Connerotte qui, le jour même, chargeait la police de perquisitionner au domicile de R.
Les policiers y ont retrouvé des photos d'art d'enfants nus datant des années 1987/89. Et c'est alors qu'ils ont appris que le fameux R. avait été condamné dans le scandale du Cries. Donc, Bernard Weinstein, complice de Dutroux, était en relation avec un pédophile notoire condamné dans l'affaire du Cries.
Entre 1986 et 1990, toute une série d'expériences ont été effectuées. Finalement, un système radar qui pouvait détecter tant les matériaux ferreux que non-ferreux a été mis en place. Cet appareil, qui avait la forme d'une tondeuse à gazon, envoyait un signal via un computer de telle sorte que les câbles n'étaient pas atteints.
Selon Guido Krieckmans, à l'époque directeur de Blis NV, c'était la première société qui expérimentait un tel système radar. Les résultats étaient bons», explique G. Krieckmans. « Les différences dans nos mesures étaient petites. Elles dépendaient du sous sol où le radar était utilisé. Grâce à différents paramètres, on est parvenu à créer un appareil dont les écarts devenaient Finalement négligeables. La seule chose que l'on ne pouvait faire nous-mêmes, c'était les antennes-radars qui étaient montées sur les engins.
Elles étaient livrées par une entreprise anglaise qui les avait conçues pour la recherche de mines durant la guerre des Falklands. Lorsque notre appareil était autrefois exposé à l'occasion du Flanders Technology à Gand, un journaliste local l'avait décrit comme une tondeuse à gazon spéciale. C'était exactement le même appareil que celui utilisé aujourd'hui par Benett pour les fouilles.
Blis NV a dû fermer ses portes en 1990. Guido Krieckmans se doute que le brevet d'invention, après un détour par Liège, est arrivé entre les mains des Britanniques. Krieckmans a donné sa démission quelques mois avant que la faillite ne soit prononcée et a ainsi perdu l'affaire de vue. Hélas, le monde des entreprises ne manifestait pas un grand intérêt à cette époque pour l'appareil.
L'entreprise n'a jamais été reprise. M. Krieckmans se réjouit néanmoins que plusieurs entreprises de construction belges aient découvert l'utilité de cet appareil qu'ils utilisent sur une grande échelle.
Plusieurs candidats se sont officiellement présentés hier. Après la défection de son ancien conseil bruxellois, Dutroux avait fait appel au bâtonnier de Neufchâteau pour qu'il lui désigne un avocat. Me Danièle Annet, a nouvelle bâtonnière de Neufchâteau, a entamé des consultations. Elle nous a confirmé, hier soir, que plusieurs candidats s'étaient manifestés ». Il revient maintenant à Me Annet de désigner officiellement celui qui aura a lourde tâche de défendre le monstre de Sars-la-Buissière. Ce devrait être fait assez rapidement. « Mais, pour l'instant, je répète que ma décision n'est pas prise, qu'il est trop tôt pour citer un nom... », précisait Me Annet.
On sait cependant que l'un des avocats volontaires est sur le point d'être désigné. Il s'agit d'un ténor du barreau de Neuchâteau, absent durant les derniers jours et qui ne s'est donc manifesté qu'au milieu de cette semaine.
Contacté hier soir, cet avocat nous a confirmé sa candidature, estimant qu'elle était en bonne voie, qu'il n'y avait en fait plus que quelques éléments de procédure à régler. Attendant la décision officielle, il n'a pas souhaité s'exprimer publiquement sur les motivations qui l'ont poussé à se proposer pour défendre Dutroux.
Plus tôt dans la journée, le nom de Me Vic Van Aelst, avocat bruxellois, avait également été évoqué.
Celui-ci a finalement refusé d'assurer la défense de Marc Dutroux. L'émotion est si forte qu'il est impossible d'assurer actuellement cette tâche avec la sérénité et l'indépendance nécessaire », a-t-il dit.
Des inconnus avaient placardé jeudi matin devant chez M. Van Aelst des photos des quatre fillettes assassinées, avec une mention : « Ici habite le défenseur de Dutroux ».
Pour Michelle Martin, qui éprouvait elle aussi des difficultés à être assistée d'un avocat, le problème est apparemment résolu. De source judiciaire, on a appris hier que Me Darge avait accepté de la défendre.
Me Darge, d'Arlon, est l'un des ténors de la province du Luxembourg, habitue aux procès d'assises. Il aurait déjà rencontré
Michelle Martin à la prison de Namur. Malgré nos efforts, il ne nous a pas été possible, jeudi soir, d'entrer en contact avec Me Darge.
Me Bouchat, avocat du barreau de Charleroi, avait été contacté au préalable par Martin mais avait refusé de la défendre. Des menaces anonymes de mort lui avaient été adressées ainsi qu'à sa famille.
Légalement, tout accusé en assises doit être assisté d'un avocat.
Je pense que Marie-France et es gens qui l'entourent sont un peu trop seuls et prennent en tout cas beaucoup trop de risques. C'est très bien si, pour leur action, ils peuvent bénéficier du soutien d'artistes, de personnes publiques.
- Comment avez-vous ressenti les tragiques événements de ces dernières semaines?
- Maurane : « 1e suis comme tout le monde: révoltée. Ce problème est tellement grave, tellement complexe. C'est comme une grande toile d'araignée et si on gratte autour, on peut certainement encore révéler des choses épouvantables. Je rejoins Mme Botte quand elle dit qu'il y a forcément des protections derrière... Les gens qui procurent des passeports à des pédophiles pour leurs activités à l'étranger, ces autres qui peuvent se permettre d'acheter des cassettes à 60.000 dollars .'ces personnes ne sont pas de petites gens. 1I est impossible de rester silencieux face à ce drame. Je n'ai pas le courage, ni le cran de Marie-(rance Botte, mais je n'ai jamais pu fermer ma g... et ce n'est pas maintenant que je vais changer! Pas à corps perdu
- Maurane : « C'est vrai qu'il y a de quoi douter quant au suivi de l'enquête. Quand on entend Dutroux dire qu'il est intouchable, quand on entend /e procureur dire qu'il ira jusqu'au bout si on le laisse faire... II y a eu tellement de légèreté jusqu'ici autour du dossier... Je me demande parfois qui nous dirige. Ma peur est que l'on n'en parle plus une fois que l'on aura pris ses marques. Je constate, d'autre part, sans être féministe, que les femmes publiques sont nettement plus nombreuses à avoir pris position que leurs collègues masculins. Pour le reste, disons qu'il ne faut pas foncer à corps perdu, mais agir avec ses moyens.
- Maurane : « D'abord, dès le début de cette affaire, j'ai envoyé un fax à l'opération Marie-France Botte. C'est une petite goutte dans l'océan, mais si nous, artistes, pouvons dire tout haut ce que tout le monde pense... Oui, je pourrais associer mon image publique à l'opération et j'espère que je serai suivie: les artistes ont déjà montré combien ils pouvaient être solidaires pour de grandes causes, comme sol en si (ndlr : solidarité-enfant-sida) par exemple.
- Maurane « Évidemment, une chanson, cela m'est venu à l'esprit... Mais je ne ferai jamais une chose pareille sans que la demande émane des parents des amines. La mort de leurs enfants leur appartient. C'est trop délicat autrement et je ne veux pas passer pour une récupératrice. Mais, par ailleurs, je devrais évoquer le sujet au cours de mon prochain spectacle, qui, depuis longtemps déjà, doit s'appeler buste une petite fille.
J'ai demandé à Mme Botte de m'écrire quelque chose, une page du programme, qu'elle m'aide à trouver les mots justes pour en parler entre deux chansons.
- Maurane : « J'ai toujours pensé, jusqu`ici, qu'il était inutile d'être une chanteuse engagée, mais, là, je commence sérieusement à penser différemment...
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