vendredi 29 août 2008

Séparées à l’heure des funérailles('Meuse' 6 septembre 1996 p11)


Séparées à l’heure des funérailles

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

L'impossible réconciliation entre les familles Marchal et Lambrecks mènera à des enterrements en deux temps, samedi à Hasselt.

Le bouleversant rassemblement autour des deux cercueils blancs de Julie et Mélissa, la communion unanime dans la douleur des parents unis dans l'adversité ne se reproduira pas à Hasselt....

Enlevées ensemble, retrouvées mortes côte à côte, An et Eefje seront séparées à l'heure des funérailles. C'est sans doute la seule ombre au tableau d'un extraordinaire élan de sympathie qui se manifeste également autour des familles Marchal et Lambrecks.


Mais cette fausse note tient à la seule volonté des parents. De ce fait, elle ne mérite aucune critique.
Ce que l'on pressentait s'est confirmé hier: brouillées depuis un an sur la manière de mener les recherches de leurs enfants, les deux familles ne sont pas parvenues à surmonter leurs divergences de vues à l'heure de la séparation. Malgré le fait que mercredi, le père de Eefje annonçait le retrait de sa plainte déposée contre le père de An pour une question de vente d'autocollants... Un geste de conciliation qui n'a pas suffi. Les tentatives de trouver un terrain d'entente, menées par le doyen de Hasselt, le père Jozef Forier, voire même par le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, sont restées vaines.
A quoi bon chercher les responsabilités? «Parlons plutôt de ce qui va bien... » confiait le père de An.

Deux églises, deux cimetières
C'est donc en deux temps que Hasselt rendra un dernier hommage à ses deux jeunes filles. En deux temps mais en un jour, ce samedi. La messe funèbre pour Eefje sera célébrée au matin, à 10 h 30, en l'église
Onze Lieven Vrouw der Armen, dans le quartier Banneux.

Les funérailles de An auront lieu à 14 h, en la cathédrale Saint-Quentin d'Hasselt, dans le centre-ville - l'église de la paroisse de la famille Marchal étant trop petite -.


Deux cimetières aussi : contrairement à Julie et Mélissa, An et Eefje ne reposeront pas côte à côte....


Voilà qui ne semble pas clarifier l'organisation pratique des funérailles. A commencer par la présence ou non d'autorités. Hier, en fin d'après-midi, aucune décision n'avait encore été officiellement arrêtée quant à la présence de représentants du gouvernement.

Que ce soit au niveau national ou de la Région flamande. Il est plus que probable que le ministre e la Justice, Stefaan De Clerck, se rendra aux deux cérémonies.


Cette fois, un représentant du Roi devrait aussi figurer dans l'assemblée. «La décision n'est en rien liée à des questions protocolaires, mais au respect du voeu des familles. Les parents de Julie et Mélissa souhaitaient accorder la priorité à la population entière » souligne-t-on au Palais royal. Impossible aussi de savoir si les deux cérémonies seront retransmises en direct à la télévision.

Autant de zones d'ombre qui n'empêchent pas la population de manifester massivement sa sympathie et sa compassion en allant saluer les dépouilles mortelles de An et Eefje. En deux endroits différents...

P.Hx.

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Le Roi et la Reine ont reçu les parents d'Eefje, de Sabine, de Laetitia, de Loubna et d'Elisabeth

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Comme ils l'avaient promis mardi, nos Souverains ont passé le grand braquet hier pour recevoir la plupart des familles actuellement éprouvées par une disparition d'enfants.

En effet, si mercredi ils avaient déjà reçu en audience les parents de Métissa Russo en compagnie de Marie-France Botte, ainsi que les parents d'An Marchai en fin d'après-midi, ce jeudi matin, c'était au tour des parents d'Eefje Lambrecks à se rendre à Bruxelles, suivis des parents de la petite Sabine Dardenne et de Laetitia Delhez, libérées toutes deux à Marcinelle le 15 août dernier.

L'après-midi, ce fut au tour des parents et de la sueur aînée de Loubna Ben Aïssa, une fillette marocaine de 9 ans qui avait disparu à Ixelles, le 5 août 1992, en allant faire une course. Puis de Mme Bouzet, la maman de la petite Elisabeth Brichet, disparue elle à Namur depuis 1989, à l'âge de 12 ans.
A chaque fois, c'est une Mercedes du Palais qui est venue chercher ces familles à leur domicile avant de les reconduire chez elles.

Les entretiens ont été très courtois, le Roi et la Reine écoutant les histoires des uns et des autres.
Si nos Souverains n'ont pas encore rencontré les parents de la petite Julie Lejeune, c'est vraisemblablement parce qu'ils sont encore en repos à l'étranger.
On a appris également qu'ils seront représentés aux funérailles de An et Eefje. Visiblement, le palais royal veut rattraper le temps perdu dans la douloureuse période que traverse actuellement le pays.
Le poids moral que veut aujourd'hui donner le Roi à l'enquête devrait favorablement l'influencer ainsi que les moyens que le gouvernement compte mettre en oeuvre pour que de tels drames ne se reproduisent plus.

L.G.

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ABUS SEXUELS
Laurette Onkelinx veut prendre du recul...et ouvre son catalogue d'initiatives

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

COMME chaque citoyen, nous sommes envahis par un sentiment de révolte et de haine, déclare la ministre-présidente faisant allusion à l'affaire Dutroux. Celui-ci étant qualifié de «cas exceptionnel ».
En Communauté française, parmi les 3.499 signalements d'enfants aux équipes SOS Enfants en 1995, les suspicions de maltraitance sexuelle représentent 36% des situations.
Et Laurette Onkelinx d'égrener les mesures prises par la Communauté. Ainsi les écoles primaires recevront une cassette de l'émission « Ici Bla Bla » réalisée avec le PrHayez (SOS Enfants) tandis que 20.000 exemplaires de la brochure « Ta sécurité, toi aussi, penses-y » (Missing Children) seront bientôt disponibles à l'Administration de l'Aide à la jeunesse ( 02/413.26.31) et chez le délégué général aux droits de l'enfants
(2 02/203.07.42) et 40.000 exemplaires du livre « Mini-Fleur de Cactus et son hérisson » seront également mis à la disposition des enseignants demandeurs. Il s'agit de répondre à l'angoisse profonde des enfants; ainsi Maryse Thonon (Ecoute-Enfants) a évoqué cette petite fille qui avait baptisé deux poupées du nom de Dutroux et de son épouse avant de les enfermer dans une boîte que sa mère ne pouvait ouvrir. Quant aux professionnels de l'enfance et de l'éducation, ils peuvent obtenir la brochure « Un enfant n'est pas un partenaire sexuel » auprès de l'Administration de l'Aide à la jeunesse.
La ministre-présidente signale le dépôt avant la fin de l'année d'un décret relatif à la coordination de la lutte contre la maltraitance devant le Conseil de la Communauté française. Ses grandes lignes: la création d'une commission de coordination par arrondissement, l'obligation pour les professionnels de l'enfance et de l'éducation d'apporter une aide à l'enfant quand ils ont connaissance d'une situation de maltraitance et, dans l'impossibilité d'agir personnellement et de mettre fin à la maltraitance, l'obligation - sous peine de poursuites pénales - d'informer une autorité compétente. Plus immédiatement, Laurette Onkelinx débloquera deux millions pour former dans chaque PMS une personne de référence et se réjouit de voir fonctionner un service téléphonique gratuit pour enfants (Ecoute Enfants 0800/144.00) où des professionnels sont au bout du fil et ce, 24 heures sur 24, à partir du 1 er octobre.
Malaise
Si on se félicitera de ces mesures, ne faut il pas cependant regretter qu'elles aient dû attendre les drames que l'on sait pour trouver une (amorce de) concrétisation ? En 1994, lors d'un débat organisé par notre journal, le projet de décret exigeant le signalement de la maltraitance était déjà sur la table et Laurette Onkelinx évoquait le renforcement des équipes SOS-Enfants. Aujourd'hui, elle reconnaît que «leur budget n'a pas diminué ». Les 2 millions qui assureront la formation d'agents spécialisés de PMS ne doivent pas faire oublier les menaces qui planent sur les PMS-IMS. Enfin,ne faut-il pas remarquer avec le délégué général aux droits de l'enfant Claude Lelièvre qu'un contrôle des personnes en contact avec les enfants (dans les secteurs de l'aide à la jeunesse, des organisations de jeunesse, du sport) n'a toujours pas été instauré?

Ph. Allard


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Quand le commerce reflète la psychose

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

L'AFFAIRE Dutroux a créé une onde de choc au sein de la population et les parents inquiets multiplient les précautions. Ils peuvent notamment donner à leurs enfants un Mypaal, traduisez: My personnel alarm.
Selon un porte-parole de la firme qui le commercialise, Quorum international, les ventes de cet appareil ont progressé ces derniers temps.
Mais qu'est-ce exactement que le Mypaal ? Un petit système d'alarme que l'enfant accroche à ses vêtements grâce à un clip et qu'il peut déclencher en tirant la cordelette attachée au Mypaal ou, plus simplement, en appuyant sur un bouton situé au dos de l'appareil. S'il est déclenché, le Mypaal émet un bruit d'environ 103 décibels, ce qui a pour effet, selon un distributeur indépendant que nous avons rencontré, d' «alerter l'entourage mais aussi de perturber l'agresseur». Ce distributeur favorise « le contact avec les gens » pour vendre son produit et il a remarqué que « depuis l'affaire Dutroux, les gens sont plus craintifs mais, pour la plupart d'entre eux, ça se passe ailleurs, c'est pas chez eux ». De plus, il affirme, contrairement à Quorum international, que les ventes n'ont pas réellement progressé, qu'il ne veut pas faire de l'argent avec le malheur des autres. Le Mypaal, sur le marché depuis quatre ans, coûte 570 FB et est destiné aux enfants de plus de 10 ans. La firme Quorum international entend également sortir un bracelet-radar qui devrait permettre aux parents d'entendre une alarme sonner lorsque leur enfant s'éloigne trop d'eux. Un produit qui devrait bien marcher dans le climat actuel.
Quorum, Customer Service 555.12.12

M.S.


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DERNIERE MINUTE

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Weinstein et le CRIES
En août dernier, un homme qui a travaillé en compagnie de Bernard Weinstein et qui l'avait reconnu à la télévision s'est présenté spontanément dans une police communale de l'agglomération de Bruxelles pour y faire un certain nombre de déclarations. Il a notamment désigné un grand nombre de terrains qu'il avait visités en compagnie de Weinstein: des terrains que le juge connaissait mais qui prouvent la bonne foi du témoin. A cette époque, plusieurs d'entre eux n'étaient pas encore connus du grand public. Mais l'homme a ajouté qu'il savait que Weinstein fréquentait régulièrement un Ixellois, connu des services de police pour avoir été impliqué (et condamné) dans le premier réseau pédophile découvert dans notre pays, celui du CRIES, en mars 1987. Une perquisition a été effectuée chez cet homme le 27 août: elle a permis de saisir des « vieilles » photos « d'art » représentant des enfants nus, des photos qui dataient de la précédente affaire. L'homme n'a pas été plus inquiété. Signalons tout de même que le CRIES était installé 281, chaussée d'Ixelles, non loin de la rue du Conseil.

Nihoul connu dans les quartiers chauds
Hier, un animateur de rue actif à la place Fontainas, à Bruxelles, haut lieu de la prostitution des mineurs dans la capitale, a déclaré à la télévision que nombre de ses « protégés » lui signalaient ces derniers jours qu'ils avaient croisé fréquemment Michel Nihoul, ces dernières années.

Carte Belgique Loisirs
Marc Dutroux pourra encore difficilement dire qu'il n'était pour rien dans le meurtre d'An et Eefje puisqu'il se confirme qu'à côté de leurs ossements retrouvés sous le hangar de Bernard Weinstein, à Jumet, les enquêteurs ont également récupéré une carte Belgique Loisirs au nom de... Marc Dutroux !

Le gouvernement wallon
Évoquant« les événements au cours du mois d'août, concernant Julie et Melissa, et maintenant An et Eefje », le ministre président de la Région wallonne, Robert Collignon, a déclaré hier que des fleurs et des télégrammes ont été envoyés aux familles des victimes.
« Ce n'est pas directement dans nos compétences mais je crois que l'ensemble de la solidarité wallonne est tout à fait acquise à ces événements. Il est aussi de notre responsabilité de vouloir que la lumière soit faite et que des événements pareils ne se reproduisent pas.

Disparitions d'enfants: aide et prévention
DE plus en plus d'enfants disparaissent; on ne l'entend que trop. Mais il existe des associations dont la volonté est de prévenir ce genre de drame. Le programme de Parents-Secours a pour but le quadrillage de quartier par des gens de confiance prêts à aider et protéger les enfants se retrouvant seuls dans -une situation embarrassante. Ces foyers se reconnaissent par une pancarte placée bien en vue sur une fenêtre. Pour les enfants, cette pancarte est un repère, un symbole d'aide. Aujourd'hui, plusieurs dessinateurs s'associent pour créer deux affiches, dont le but est de prévenir les enfants du danger de suivre ou parler à un inconnu. Se sont joints à ce projet: Gos, Olivier Saive, Batem, Tibet et Dany. Il ne manque plus qu'un budget pour financer cette bonne idée, et tous les sponsors seront les bienvenus. Renseignements: Mmme Graillet ou M-, Duquesne, Parents-Secours: rue Surlet, 32-34,4020 Liège, 2: 041/41.10.99.

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Le Soir se défend

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Nous avons accepté de publier le droit de réponse suivant, que nous a adressé la rédaction de notre confrère Le Soir;

« Dans leurs éditions du 5 septembre 1996 et sous la signature du même rédacteur, « La Nouvelle Gazette », « La Meuse » et « La Lanterne» ont violemment attaqué «Le Soir » et, particulièrement, un de ses journalistes. Depuis l'ouverture du dossier Dutroux au Parquet de Neufchâteau, la presse consacre de nombreux articles à la manière dont elle-même fonctionne. Des articles de réflexion. De polémique aussi.
« C'est ainsi que « Le Soir » a été l'objet de critiques de confrères qui nous reprochent d'avoir écrit trop tôt ce qu'eux-mêmes ont repris par la suite. La plus violente émane des trois journaux précités.
« Nous tenons à préciser ce qui suit:

1. Nous avons respecté le black-out demandé. L'information allusive que nous avons publiée ne pouvait pas, et n'a pas mis en péril ni l'enquête, ni la libération de Laetitia et de Sabine.
2. Nous n'avons jamais affirmé qu'il y avait cinq cadavres dans la propriété de Jumet. Nous n'avons fait que préciser que Marc Dutroux avait indiqué des endroits où il pourrait y avoir cinq cadavres, dont ceux d'An et Eefje. En ce qui concerne les deux Limbourgeoises, les faits nous malheureusement ont donné raison. De plus, nous n'avons jamais publié d'édition spéciale pour donner cette information, mais nous avons simplement utilisé notre édition « après-midi », qui paraît tous les jours sauf le samedi, comme les observateurs de la presse belge le savent.
3. Il est évident que le trouble qui entoure aujourd'hui certains membres du milieu judiciaire de Charleroi n'est pas de la compétence du procureur du Roi Michel Bourlet. Il est dès lors compréhensible que celui-ci ait infirmé que des policiers ou magistrats de Charleroi, sauf Georges Zicot, soient concernés par les dossiers dont il a la charge, sans que cela implique de sa part un démenti de nos informations.
4. Enfin, Alain Guillaume, journaliste au « Soir » et cible particulière de la hargne de « La Nouvelle Gazette », « La Meuse » et « La Lanterne », ne siège pas au conseil de déontologie de l'Association générale de la presse belge, contrairement à ce que ces journaux écrivent.
Clôturons donc cette polémique en répétant que nous faisons l'impossible pour mériter la confiance de nos lecteurs. »
« Le Soir»

Ce droit de réponse ne nous a pas été transmis dans les formes légales. C'est donc par courtoisie et par esprit confraternel que nous l'avons publié. Il nous faut cependant bien répondre à la réponse, et nous le faisons, donc
1. « Le Soir » a, dit-il, respecté le black-out sur l'orientation de l'enquête vers Charleroi, à propos de l'enlèvement de Sabine et de Laetitia. Il n'a publié qu'une information « allusive ». La nuance est subtile, qui va de l'information simple à l'information allusive. Il est un fait : cette information, allusive ou non, a bien été publiée.
2. « Le Soir » a bien été le seul à dire que, seIon Dutroux; il se trouvait à Jumet cinq cidavres, dont ceux d'An et Eefje. Nous répétons qu'il était pour le moins prématuré d'en faire l'annonce aux parents des disparues, même si les faits ont donné raison, par la suite, à cette annonce.
3. « Le Soir » se contente d'évoquer le démenti du procureur du Roi de Neufchâteau, M. Bourlet; pourquoi passer sous silence celui du procureur du Roi de Charleroi, M. Thierry Marchandise, au moins aussi net et qui va à l'encontre des rumeurs avancées le matin même?
4. Nous prenons acte que M. Alain Guillaume ne fait pas partie du Comité de déontologie de l'Association des Journalistes. Il est en effet membre de son Conseil de Direction, ce qui n'est pas moins important.


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