lundi 14 juillet 2008

Les « Moustiques » ont vu …..L’HORREUR !!(TéléMoustique jeudi 22 août 1996)


Les « Moustiques » ont vu …..L’HORREUR !!

Télé Moustique du jeudi 22 août 1996 page 8 et 9

Avons nous bien regardé le même programme ? Les images disent-elles la même chose à chacun d'entre nous ?
Non, bien sûr. On peut regarder la même image et la traduire de mille et une manière.

C'est dans cette optique que cette rubrique fonctionne. C'est ici que nous nous accordons le droit (et le plaisir) de donner une et une seule vision subjective des émissions que nous avons regardées.

Les fidèles le savent: c'est souvent la porte ouverte à toutes les impertinences, guidées par la sensibilité personnelle de ceux qui écrivent la rubrique et qui mettent des mots là où d'autres auraient mis des gants, des silences ou, simplement, les mots contraires.

II y a pourtant ces instants rares où les ressorts de la mécanique cassent. Essayer de vite les réparer serait ridicule, grossier: un mensonge.
Cette fois, nous n'avons pas regardé la télé avec un calepin et un crayon dans les mains.


Nous avons regardé la télé comme tout le monde...comme si nous étions autre chose que n'importe qui.

Le temps d'un moment, les images relayées par les chaînes, le week-end du 15 août, ont, instantanément, dit exactement la même chose à tout le monde: l'horreur.
En regardant ce que personne n'aurait jamais voulu nous montrer - l'insensé - les barrières sont tombées.
Il n'y avait plus de journalistes, il n'y avait plus de téléspectateurs, plus de commentateurs, plus de lecteurs, plus d'experts, plus de garde-fous, plus de remparts.


Et cela se voyait déjà sur les visages de Paul Germain et David Oxley qui, mis à l'épreuve, contenaient difficilement leur propre émotion...

Cela transpirait dans la voix de tous les envoyés spéciaux, de RTBF ou de RTL-TVI, chargés de récolter informations et entretiens et qui ne pouvaient pas faire autrement que de perdre un peu de leur professionnalisme.
Perdre donc aussi le recul, la distance face aux événements, cette prétendue notion d'objectivité, l'orgueil de la profession.

De journaux en éditions spéciales, il n'y avait plus rien que la violence. La violence vue, la violence dite, la violence supposée et la violence qu'on s'interdit de fantasmer. Et après les journaux, il y avait encore la violence.

Celle de la révolte. Et tout a claqué comme une brutale inondation de dégoût, aussi légitime que dangereuse.

Personne ne peut trouver un quelconque autre sens aux images de l'annonce de la mort de Julie et Mélissa, personne ne peut rien décoder de cette incommensurable douleur. La compassion.

Chacun dans son coin a ressenti cette indéfinissable sensation de chagrin, de malaise, de drôles de bouffées de cafard que, quoi que l'on fasse, on ne savait pas éviter qui, au fil des minutes, des heures et des révélations s'est rattachée à la sensation, identique, du voisin pour faire naître ce bourdonnement collectif qui a traversé le pays, subitement d'accord sur tout...

On dit qu'il n'y a pas de mots pour dire ce que l'on ressent. C'est parce qu'il n'y a pas de synonymes pour dire comment, parfois, les hommes sentent le temps s'arrêter.

C'est parce que personne ne sait expliquer comment, pendant quatre jours de soleil, le soleil ne s'est jamais levé.

S.M. et V.P.

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