L’unanime solidarité('DH'jeudi 22 août 1996 p5)
A la mémoire de Julie et Mélissa, c’est tout le pays qui va se recueillir aujourd’hui
L’unanime solidarité
L’unanime solidarité
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
LIÈGE - les témoignages de soutien aux familles de Julie et Melissa se sont poursuivis hier, durant toute la journée. Au funérarium de Grâce-Hollogne, des centaines de personnes ont encore défilé devant les cercueils des petites. Des parents d'enfants se sont rendus devant le palais de justice de liège pour déposer des fleurs.
LIÈGE - les témoignages de soutien aux familles de Julie et Melissa se sont poursuivis hier, durant toute la journée. Au funérarium de Grâce-Hollogne, des centaines de personnes ont encore défilé devant les cercueils des petites. Des parents d'enfants se sont rendus devant le palais de justice de liège pour déposer des fleurs.
A Jamioulx, les prisonniers, qui avaient déjà mené une action symbolique de protestation lundi soir,se sont une nouvelle fois manifestées hier. Ils ont réuni des cartes de téléphone, des gaufres et des paquets de cigarettes équivalant à une somme de 14.000 francs. L'argent a été utilisé pour acheter une couronne de fleurs pour les petites. « II s'agit vraiment d'un élan du coeur, pas d'un geste de récupération », ont précisé les détenus.
A Lantin, les prisonniers ont également manifesté leur soutien aux parents en envoyant une gerbe de fleurs. Hier, le papa de Julie, Jean Denis Lejeune, s'est rendu à la prison pour remercier personnellement les détenus. Un beau geste...
Des personnalités
Aujourd'hui, de nombreuses personnes - les autorités locales avancent le chiffre de 50.000! assisteront aux funérailles. Celles-ci auront lieu à 11 heures en la basilique Saint-Martin, à liège.
Des personnalités
Aujourd'hui, de nombreuses personnes - les autorités locales avancent le chiffre de 50.000! assisteront aux funérailles. Celles-ci auront lieu à 11 heures en la basilique Saint-Martin, à liège.
La cérémonie religieuse sera retransmise en direct sur les chaînes télévisées RTL-TVi et RTBF, sur la première chaîne radio de la RTBF, sur Fréquence Wallonie et Bel-RTL. A Saint-Laurent, non loin de la basilique, un écran géant sera disposé.
Des micros, installés autour de la basilique, permettront également au public de suivre la cérémonie.
Car il est évident que peu de personnes, sur la foule attendue, pourront rentrer à l'intérieur de l'édifice religieux. Celui-ci peut contenir un millier de personnes, 400 places sont réservées pour les familles et de nombreuses personnalités ont également annoncé leur présence.
Citons ainsi du côté politique : le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, son homologue chargé de la Fonction publique André Flahaut, le ministre wallon de l'Aménagement du territoire Michel Lebrun, le président du Conseil de la Communauté germanophone Manfred Schoumk, le président du VLD Herman De Croo.
Le Palais royal, qui avait tout d'abord annoncé la présence d'un représentant, a finalement démenti l'information, souhaitant respecter le souhait des familles qui veulent des funérailles prioritairement réservées aux proches et à la population. Marie-France Botte devrait revenir du Cambodge pour assister aux obsèques.
Pol et Betty Marchal, les parents d'An, seront aux côtés des familles.
Arrêts de travail
Pol et Betty Marchal, les parents d'An, seront aux côtés des familles.
Arrêts de travail
Aux quatre coins du pays, des actions seront réalisées durant les funérailles. A Liège, la plupart des commerces fermeront leurs portes.
Les ouvriers verriers affiliés à la centrale générale FGTB Charleroi/Sud-Hainaut, le personnel du dépôt Sarma-Nopri de Zuun-Anderlecht et les ouvriers de l'entreprise Cockerill observeront un arrêt de travail en signe de solidarité.
Les taxis Verts et Orange de Bruxelles ne rouleront pas de 11 heures à 11 heures 05. Ils laisseront, en outre, leurs phares allumés pendant toute la durée de la cérémonie religieuse. Le personnel de la prison de Namur arrêtera aussi le travail au moment où débuteront les funérailles.
Enfin, le gouvernement a demandé que le personnel de toutes les administrations publiques et parapubliques ainsi que toutes celles et tous ceux qui en ont la possibilité observent ce matin à
11 heures un moment de silence et expriment leur solidarité en rendant hommage à la mémoire des enfants tragiquement décédées.
Nathalie Evrard
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Assommée par l’horreur de la situation
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
NAMUR - À l'heure où les dossiers de disparition d'enfants en Belgique prennent la tournure que l'on sait on en vient à nourrir de nouveaux espoirs quant à la disparition d'Elisabeth Brichet, à Saint Servais, le 20 décembre 1989, à l'âge de 12 ans.
C'est alors qu'elle effectuait un voyage aux Etats-Unis, dont elle est rentrée hier, que la maman d'Elisabeth, M" Bouzet, a appris les événements qui secouent la Belgique : « J'en ai eu connaissance vendredi, en téléphonant à un oncle, qui m'a dit qu'on avait retrouvé Sabine et Laetitia vivantes. C'était assez rassurant. Et puis j'ai téléphoné à la maman de Mélissa. Elle m'a annoncé : Maintenant, c'est fini... »
Enfin, le gouvernement a demandé que le personnel de toutes les administrations publiques et parapubliques ainsi que toutes celles et tous ceux qui en ont la possibilité observent ce matin à
11 heures un moment de silence et expriment leur solidarité en rendant hommage à la mémoire des enfants tragiquement décédées.
Nathalie Evrard
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Assommée par l’horreur de la situation
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
NAMUR - À l'heure où les dossiers de disparition d'enfants en Belgique prennent la tournure que l'on sait on en vient à nourrir de nouveaux espoirs quant à la disparition d'Elisabeth Brichet, à Saint Servais, le 20 décembre 1989, à l'âge de 12 ans.
C'est alors qu'elle effectuait un voyage aux Etats-Unis, dont elle est rentrée hier, que la maman d'Elisabeth, M" Bouzet, a appris les événements qui secouent la Belgique : « J'en ai eu connaissance vendredi, en téléphonant à un oncle, qui m'a dit qu'on avait retrouvé Sabine et Laetitia vivantes. C'était assez rassurant. Et puis j'ai téléphoné à la maman de Mélissa. Elle m'a annoncé : Maintenant, c'est fini... »
«A présent je suis littéralement assommée par l'horreur de la situation et par le fait que l'on avait finalement raison de redouter de telles atrocités, poursuit Mme Bouzet. Cette histoire montre que tout est possible dans l'horreur. Elle me donne aussi d'énormes rancoeurs à l'égard de la justice. Savez-vous, annonce encore la maman d'Elisabeth, pleine de colère, que Melchior Wathelet a refusé à plusieurs reprises la libération d'un proxénète qui la réclamait en échange de plus d'informations sur le sort de ma fille «Il disait l'avoir vue dans un réseau de prostitution aux Canaries. Il a fallu attendre ses congés pénitentiaires légaux pour pouvoir s'y rendre. »
Cette maman meurtrie pour suit : «Il faut vraiment que les policiers aient l'esprit ouvert et rigoureux, ce qui n'a pas toujours été le cas. Ils devraient également collaborer avec les parents qui, avec la force des choses, deviennent eux-mêmes de bons enquêteurs. »
Espoir ?
A propos du sort à réserver à des monstres comme Dutroux, Mme Bouzet se pose cette difficile question « On est un être humain censé, on n'a pas envie de tuer; mais il y a des prédateurs extrêmement dangereux pour ce que l'on a de plus cher, nos enfants. Si l'on ne veut pas de peines incompressibles, que reste-t-il ? Laisser nos enfants en danger ? Je me le demande. »
Les événements de ces derniers jours redonnent-ils espoir à la maman d'Elisabeth ?
Cette maman meurtrie pour suit : «Il faut vraiment que les policiers aient l'esprit ouvert et rigoureux, ce qui n'a pas toujours été le cas. Ils devraient également collaborer avec les parents qui, avec la force des choses, deviennent eux-mêmes de bons enquêteurs. »
Espoir ?
A propos du sort à réserver à des monstres comme Dutroux, Mme Bouzet se pose cette difficile question « On est un être humain censé, on n'a pas envie de tuer; mais il y a des prédateurs extrêmement dangereux pour ce que l'on a de plus cher, nos enfants. Si l'on ne veut pas de peines incompressibles, que reste-t-il ? Laisser nos enfants en danger ? Je me le demande. »
Les événements de ces derniers jours redonnent-ils espoir à la maman d'Elisabeth ?
« Espoir, c'est un drôle de mot car si ma fille est passée entre les mains de ces gens là - ce qu'il est logique de penser - ça doit être l'horreur totale. Si elle est vivante, après sept ans, dans quel état ? Elle peut très bien 'être aussi dans le fond d'un de leurs jardins, mais comme Sabine et Laetitia sont vivantes et An et Eefje probablement aussi, on peut peut-être espérer... »
En attendant, Mme Bouzet, hier, est allée rejoindre les parents de Julie et Mélissa, dont elle est fort proche. Et qui n'ont malheureusement plus rien a espérer...
Laurent Belot
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Sabine et Laetitia
Les parents à Liège
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
TOURNAI-BERTRIX - Doucement, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez retrouvent une vie normale. La joie qui a marqué leur retour à la maison a été écourtée par l'annonce de la mort de Julie et Melissa. Des milliers de personnes assisteront ce matin aux funérailles des deux petites filles en la basilique Saint-Martin de Liège.
Laurent Belot
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Sabine et Laetitia
Les parents à Liège
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
TOURNAI-BERTRIX - Doucement, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez retrouvent une vie normale. La joie qui a marqué leur retour à la maison a été écourtée par l'annonce de la mort de Julie et Melissa. Des milliers de personnes assisteront ce matin aux funérailles des deux petites filles en la basilique Saint-Martin de Liège.
Durant les jours d'angoisse qui ont marqué la disparition de Sabine et Laetitia, les parents des adolescentes ont été soutenus par les proches de Julie et Melissa.
Dans les deux familles, à Kain et Bertrix, on entend ne pas abandonner les Lejeune-Russo. A Bertrix, une partie de la famille assistera à liège aux obsèques. Mais Laetitia et sa maman, craignant d'affronter la foule, resteront à la maison. Une messe sera célébrée le soir à Bertrix.
A Kain, Guy Dardenne nous avait précisé le week-end dernier qu'il comptait se rendre aux funérailles.
Mais Sabine et sa maman ne quitteront pas la résidence du Renard.
A. D. et N.Dz
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Une cérémonie d’adieu longue d’une heure vingt
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
LIÈGE - La cérémonie d'adieux à Julie et Melissa s'ouvrira par une musique extraite du film « La leçon de piano ».
Mais Sabine et sa maman ne quitteront pas la résidence du Renard.
A. D. et N.Dz
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Une cérémonie d’adieu longue d’une heure vingt
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
LIÈGE - La cérémonie d'adieux à Julie et Melissa s'ouvrira par une musique extraite du film « La leçon de piano ».
L'abbé Gaston Schoonbroodt prononcera ensuite les paroles de bienvenue. La place sera alors laissée aux lectures : le Psaume 50 tout d'abord, suivi de trois textes évangéliques, par l'abbé Schoonbroodt et le vice-recteur de l'Université catholique de Louvain,
Gabriel Ringlet. Ils seront entrecoupés de chants : un prélude de Bach et « Pour les enfants du monde entier », d'Yves DuteiI, interprété par un petit Namurois de 8 ans.
L'homélie sera faite par M. Ringlet. Avant la lecture d'un extrait de « Le silence de la mer », de Vercors, la place sera laissée à la chanson « Où s'en vont » de Michel Fugain.
Trois personnes témoigneront ensuite : le psychothérapeute M. de Keyser, le criminologue Daniel
Martin et le journaliste José Dessart. L'avocat des familles, Me Victor Hissel, prendra la parole. Un texte écrit par un anonyme et intitulé « Elles étaient notre avenir » devrait être lu par un membre de la famille. La parole sera encore laissée à un membre du comité de soutien.
Avant la bénédiction des cercueils et le Notre Père, ce sera « Conte partiro », la chanson d'Andrea Boccelli. Un texte d'Augustin « Ne pleure pas si tu m'aimes » sera lu avant le chant final, « Vole » de Céline Dion. De nombreux extraits de disques d'Enya seront aussi diffusés.
Cette cérémonie devrait durer 1heure 20.
Une fois conclue, le public présent tant à l'extérieur de la basilique qu'à l'intérieur pourra défiler devant les cercueils pour rendre un dernier hommage aux petites victimes.
Ce recueillement sera accompagné d'une musique d'orgue et de chants des choristes de l'Opéra royal de Wallonie.
Les parents se rendront ensuite au cimetière de Mons-lez-liège, où ils souhaitent être seuls.
N.E.
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Voici 25 ans,Chantale, 8 ans, était violée et tuée par un pervers
La maman crie son indignation face à la justice
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
BRUXELLES - « La justice n'a pas changé. Elle est toujours aussi cruelle et injuste. On tue votre enfant et le seul droit que vous avez est celui de vous taire ! Vingt cinq ans après l'assassinat de ma fille, les parents de Julie et Melissa ont eu droit au même manque de considération : on leur a interdit l'accès au dossier et on a même voulu leur retirer les allocations familiales. C'est comme si les victimes n'existaient pas !
J'ai voulu écrire aux parents des deux fillettes parce que j'ai vécu ce drame, mais je n'ai pas pu... », raconte Monique Libert, des sanglots plein la voix.
Le samedi 19 juin 1971, la petite Chantale Libert, 8 ans et demi, était retrouvée étranglée dans un terrain vague au bout de la rue Emile Hellebaut, à Anderlecht. La fillette avait également subi des sévices sexuels.
Le tueur, Jean Jacques D., était rapidement intercepté et se mettait à table, niant toutefois les violences sexuelles. Il avait rencontré Chantale dans un parc où jouaient plusieurs enfants.
Il avait réussi à attirer la gamine et à la faire monter dans son camion pour « faire une randonnée », disait-il. Une mortelle randonnée...
De profondes cicatrices ravivées
Mon calvaire a sans doute été moins pénible que celui des parents des deux petites Liégeoises,car leurs 14 mois d'attente ont dû être atroces. Moi, je suis allée embrasser ma fille dans son lit le matin avant de gagner mon travail aux Galeries Anspach et le soir, j'apprenais sa mort.
Vingt-cinq ans ont passe, mais la douleur reste vive pour la maman et l'épilogue tragique de la disparition de Julie et Melissa a ravivé de profondes cicatrices. Le chagrin est cependant submergé par une immense colère : celle d'une justice laxiste avec les meurtriers d'enfants et foulant aux pieds le plus élémentaire respect à l'égard des victimes.
Ignoble récidiviste
Quatre mois après la mort de ma fille, je n'avais reçu aucune nouvelle, aucune explication, l'ai décidé d'aller voir le juge d'instruction dans son bureau. Il m'a reçue comme un jeu de quilles !
Qu'est ce que vous venez faire ici, vous voulez des détails?, m'a-t-il dit avec un sourire narquois. J'étais désemparée, je lui ai explique que je voulais savoir ce qui se passait, où en était le dossier. Je lui ai demandé également si je devais prendre un avocat. Bien sûr, m'a-t’il soufflé cyniquement. Une telle froideur m'a bouleversée, à tel point que lorsque je suis sortie du palais de justice, j'avais l'impression que c'est moi qui était accusée d'avoir tué ma fille! », commente la maman qui ne peut réprimer un froncement de sourcils étonné face à tant d'indifférence.
Monique Libert apprenait par la suite que le meurtrier de sa fille Chantale avait été interne :
«Dix ans après la mort de Chantale, j'ai eu l'attention attirée par un entrefilet dans la presse. Sous le titre « Un ignoble récidiviste », un journaliste expliquait qu'un certain Jean Jacques D. avait tenté de violer deux enfants de deux et cinq ans.
Mon sang n'a fait qu'un tour : il était déjà libre. J'ai l'impression qu'on protège ces tueurs d'enfants. Je ne peux pas exiger la peine de mort, mais à tout le moins des peines incompressibles pour de tels crimes.
La justice n'est pas assez sévère. Cet homme n'a pas seulement arraché Chantale à la vie, mais il a brisé quatre existences : celles de mon mari, de mes deux fils et la mienne.
Mon fils cadet avait trois ans à la mort de sa soeur, mais il peut toujours décrire avec précision les traits du meurtrier.
Ces faits d u 19 juin 1971 hantent toujours toute la famille », soupire Monique, qui, le temps d'une larme, redresse ensuite la tête, car « la vie vaut malgré tout la peine d'être vécue ».
Une haie formée par les enfants des écoles anderlechtoises accueillait le cercueil de Chantale le jour des funérailles: « J'ai eu le soutien de beaucoup de monde à Anderlecht : du bourgmestre Henri Simonet, du voisinage... l'ai reçu beaucoup de lettres que j'ai conservées.
Mais quand la pression a disparu et que je me suis retrouvée seule avec mon chagrin, je n'ai jamais autant souffert...
A l'heure actuelle, il ne se passe pas une journée sans que Monique ne pense à Chantale, « une fille géniale, battante, affectueuse et courageuse ». Une photo de la fillette en tenue de communiante ne quitte jamais la maman, de même « qu'une mèche de cheveux coupée alors qu'elle était morte ».
Donatienne Stévigny
Martin et le journaliste José Dessart. L'avocat des familles, Me Victor Hissel, prendra la parole. Un texte écrit par un anonyme et intitulé « Elles étaient notre avenir » devrait être lu par un membre de la famille. La parole sera encore laissée à un membre du comité de soutien.
Avant la bénédiction des cercueils et le Notre Père, ce sera « Conte partiro », la chanson d'Andrea Boccelli. Un texte d'Augustin « Ne pleure pas si tu m'aimes » sera lu avant le chant final, « Vole » de Céline Dion. De nombreux extraits de disques d'Enya seront aussi diffusés.
Cette cérémonie devrait durer 1heure 20.
Une fois conclue, le public présent tant à l'extérieur de la basilique qu'à l'intérieur pourra défiler devant les cercueils pour rendre un dernier hommage aux petites victimes.
Ce recueillement sera accompagné d'une musique d'orgue et de chants des choristes de l'Opéra royal de Wallonie.
Les parents se rendront ensuite au cimetière de Mons-lez-liège, où ils souhaitent être seuls.
N.E.
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Voici 25 ans,Chantale, 8 ans, était violée et tuée par un pervers
La maman crie son indignation face à la justice
« DH » du jeudi 22 août 1996 page 5
BRUXELLES - « La justice n'a pas changé. Elle est toujours aussi cruelle et injuste. On tue votre enfant et le seul droit que vous avez est celui de vous taire ! Vingt cinq ans après l'assassinat de ma fille, les parents de Julie et Melissa ont eu droit au même manque de considération : on leur a interdit l'accès au dossier et on a même voulu leur retirer les allocations familiales. C'est comme si les victimes n'existaient pas !
J'ai voulu écrire aux parents des deux fillettes parce que j'ai vécu ce drame, mais je n'ai pas pu... », raconte Monique Libert, des sanglots plein la voix.
Le samedi 19 juin 1971, la petite Chantale Libert, 8 ans et demi, était retrouvée étranglée dans un terrain vague au bout de la rue Emile Hellebaut, à Anderlecht. La fillette avait également subi des sévices sexuels.
Le tueur, Jean Jacques D., était rapidement intercepté et se mettait à table, niant toutefois les violences sexuelles. Il avait rencontré Chantale dans un parc où jouaient plusieurs enfants.
Il avait réussi à attirer la gamine et à la faire monter dans son camion pour « faire une randonnée », disait-il. Une mortelle randonnée...
De profondes cicatrices ravivées
Mon calvaire a sans doute été moins pénible que celui des parents des deux petites Liégeoises,car leurs 14 mois d'attente ont dû être atroces. Moi, je suis allée embrasser ma fille dans son lit le matin avant de gagner mon travail aux Galeries Anspach et le soir, j'apprenais sa mort.
Vingt-cinq ans ont passe, mais la douleur reste vive pour la maman et l'épilogue tragique de la disparition de Julie et Melissa a ravivé de profondes cicatrices. Le chagrin est cependant submergé par une immense colère : celle d'une justice laxiste avec les meurtriers d'enfants et foulant aux pieds le plus élémentaire respect à l'égard des victimes.
Ignoble récidiviste
Quatre mois après la mort de ma fille, je n'avais reçu aucune nouvelle, aucune explication, l'ai décidé d'aller voir le juge d'instruction dans son bureau. Il m'a reçue comme un jeu de quilles !
Qu'est ce que vous venez faire ici, vous voulez des détails?, m'a-t-il dit avec un sourire narquois. J'étais désemparée, je lui ai explique que je voulais savoir ce qui se passait, où en était le dossier. Je lui ai demandé également si je devais prendre un avocat. Bien sûr, m'a-t’il soufflé cyniquement. Une telle froideur m'a bouleversée, à tel point que lorsque je suis sortie du palais de justice, j'avais l'impression que c'est moi qui était accusée d'avoir tué ma fille! », commente la maman qui ne peut réprimer un froncement de sourcils étonné face à tant d'indifférence.
Monique Libert apprenait par la suite que le meurtrier de sa fille Chantale avait été interne :
«Dix ans après la mort de Chantale, j'ai eu l'attention attirée par un entrefilet dans la presse. Sous le titre « Un ignoble récidiviste », un journaliste expliquait qu'un certain Jean Jacques D. avait tenté de violer deux enfants de deux et cinq ans.
Mon sang n'a fait qu'un tour : il était déjà libre. J'ai l'impression qu'on protège ces tueurs d'enfants. Je ne peux pas exiger la peine de mort, mais à tout le moins des peines incompressibles pour de tels crimes.
La justice n'est pas assez sévère. Cet homme n'a pas seulement arraché Chantale à la vie, mais il a brisé quatre existences : celles de mon mari, de mes deux fils et la mienne.
Mon fils cadet avait trois ans à la mort de sa soeur, mais il peut toujours décrire avec précision les traits du meurtrier.
Ces faits d u 19 juin 1971 hantent toujours toute la famille », soupire Monique, qui, le temps d'une larme, redresse ensuite la tête, car « la vie vaut malgré tout la peine d'être vécue ».
Une haie formée par les enfants des écoles anderlechtoises accueillait le cercueil de Chantale le jour des funérailles: « J'ai eu le soutien de beaucoup de monde à Anderlecht : du bourgmestre Henri Simonet, du voisinage... l'ai reçu beaucoup de lettres que j'ai conservées.
Mais quand la pression a disparu et que je me suis retrouvée seule avec mon chagrin, je n'ai jamais autant souffert...
A l'heure actuelle, il ne se passe pas une journée sans que Monique ne pense à Chantale, « une fille géniale, battante, affectueuse et courageuse ». Une photo de la fillette en tenue de communiante ne quitte jamais la maman, de même « qu'une mèche de cheveux coupée alors qu'elle était morte ».
Donatienne Stévigny
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