samedi 14 novembre 2009

Marc Dutroux, arrêté, parle « Je vais vous donner deux filles »(«Le Soir »28 décembre 1996 pg 2)


Marc Dutroux, arrêté, parle: ....

« Je vais vous donner deux filles »

« Le Soir » du samedi 28 décembre 1996 page 2

Le 15 août, la libération de Sabine et Laetitia marque le début de l'affaire Dutroux .

Marc Dutroux, Michèle Martin et un certain N. ont comparu ce matin (16 août) devant la chambre du conseil de Neufchâteau. Une foule les a hués et leur a adressé des bordées d'injures lors de l'arrivée de leurs fourgons au palais de justice.

Une quinzaine d'heures plus tôt, soit vers 18 h 40 jeudi (15 août), les deux victimes du trio, Sabine et Laetitia, avaient été délivrées de leur geôle, dans une cave de Marcinelle.

Laetitia Delhez, 14 ans, avait disparu de Bertrix depuis le vendredi 9 août. En la libérant, on a aussi découvert et délivré Sabine Dardenne, 12 ans, qui avaient disparu le 28 mai à Kain, près de Tournai, alors qu'elle se rendait en classe à vélo.

L'enquête est partie de la piscine de Bertrix. Laetitia en était sortie avec une amie, en début de soirée le 9 août, disant qu'elle rentrait chez elle. Elle n'y arriva pas.

Deux témoins se sont présentés à la gendarmerie. L'un signalait une camionnette blanche suspecte qui avait stationné devant la piscine; l'autre avait noté une partie de la plaque. La gendarmerie confia ces éléments à son ordinateur doté d'un système d'analyse sophistiqué, qui sortit le nom d'un suspect théorique, Marc Dutroux, âgé de 40 ans. Celui-ci avait été condamné en 1989 à neuf ans de prison pour le viol (et la séquestration), perpétrés en 1985, de deux mineures. (...) L'homme avait été libéré en avril 1992. La camionnette correspondait, la plaque aussi. Cet homme devenait le suspect n° 1. On le retrouva dans la région de Charleroi.

Il possède six maisons avec sa femme, Michèle Martin, 36 ans, qui a déjà été détenue pendant

six ans. On surveilla toutes ces maisons. Et, mardi matin (13 août), la gendarmerie appréhenda le couple à Sars-la Buissière, près de Thuin, où ils vivent avec leurs trois enfants.

Elle perquisitionna aussi dans les six maisons, dont certaines étaient vides. Sans rien trouver.

L'interrogatoire donna plus de résultats. Le suspect n° 1 finit par avouer et lança : « Je vais vous donner deux filles... »

C'est dans une des maisons déjà perquisitionnées qu'on a découvert Laetitia et Sabine, hier, au 128 de l'avenue de Philippeville, à Marcinelle. L'entrée du réduit minable dans lequel leurs ravisseurs les avaient enfermées était dissimulée par une armoire métallique qui coulissait sur des rails, ce que les enquêteurs n'avaient pas remarqué au cours de leur première visite.

Dans le réduit, deux lits superposes: Sabine et Laetitia s'y trouvaient. (...)A Kain comme à Bertrix, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre.

Dans le lotissement où habitent les parents de Sabine Dardenne, tout le monde était dans la rue. On se congratulait, on s'interpellait de porte à fenêtre, tous communiaient dans le bonheur des parents.

A Bertrix, c'est sur la grand-place que curieux et proches de Laetitia se sont réunis.

Un grand feu de joie a illuminé la place, alimenté par les affiches signalant la disparition. (...)

Et les autres fillettes enlevées ?

L'espoir renaît soudain de les retrouver. Les enquêteurs pensent de plus en plus sérieusement qu'ils ont mis la main sur une bande - un réseau – de pédophiles dont Sabine et Laetitia ne seraient pas les seules victimes. Bien des indices leur permettent de le croire; des noms, des lieux circulent déjà.

Article paru le 16 août.

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Julie et Mélissa, mortes de faim

après huit mois d'un insoutenable calvaire

« Le Soir » du samedi 28 décembre 1996 page 2

L'espoir de retrouver les fillettes vivantes s'éteint brutalement à Sars-la-Buissière.

Après la joie de la libération de Sabine et Laetitia, l'angoisse, puis l'effroi et l'écoeurement ont étreint l'ensemble du pays.

Samedi soir (17 août), radios et télés n'avaient cessé de dresser la liste des corps arrachés à la glaise de Sars-la-Buissière.

Dutroux pointait le doigt. Sous la pelle d'un terrassier, les corps mutilés de Julie, de Métissa et d'un complice du pervers étaient lentement apparus au soleil couchant. Le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, avait promis des explications. Hier (18 août), à 10 heures, il les a livrées, la gorge serrée.

Et l'horreur s'est ajoutée à l'horreur.

Enlevées en juin 1995, les deux fillettes âgées de huit ans ont passé plus de huit mois aux mains de Dutroux, de sa bande et de ses «clients». Huit mois de tortures qui se sont achevées, si l'on en croit Dutroux, dans une mort plus épouvantable encore.

(...) Et le bourreau raconte (aux enquêteurs): J'avais promis 50.000 F à mes complices s'ils me ramenaient une fille. Mais c'était une boutade. Quand ils sont arrivés avec Julie et Mélissa, j'étais embarrassé car les cages n'étaient pas tout à fait prêtes.

Et encore: Quand on m'a arrêté pour vol j'ai demandé à Lelièvre de s'occuper des deux gamines. Il ne l'a pas fait. Quand j'ai été libéré, je les ai trouvées mourant de faim et de soif. L'une d'elles est quasiment morte dans mes bras.

Alors, une nuit de mars ou d'avril, il a pris son bulldozer et creuse une fosse de 3 mètres .Pas loin, dans un autre trou, il avait jeté, en mars, le corps d'un complice drogué et enterré vivant qui avait eu le tort, croit-il, de vouloir « le doubler » sur « un autre coup ».

Pendant près de neuf mois, Julie et Mélissa ont donc sans doute subi le calvaire de Sabine et Laetitia. Les menaces, les privations, les coups, les viols.

Ces tortures ont-elles été filmées par Dutroux et ses acolytes? On ne le sait pas encore. Mais on a trouvé, dans l'une des « planques » de Dutroux, du matériel vidéo et un ordinateur connectés l'un à l'autre. Peut-être « un banc de montage » électronique servant à la confection de vidéocassettes soigneusement montées.

A l'annonce de la mort des deux fillettes, Gino Russo, le père de Mélissa, a été envahi d'une terrible et froide colère. Sur la porte de sa maison, il a apposé une affiche, à l'adresse de celui qui a signé la libération anticipée de Dutroux : « L'ex-ministre de la Justice Melchior Wathelet a-t-il la conscience tranquille? »

Article paru le 19 août

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An et Eefje gisaient à Jumet

« Le Soir » du samedi 28 décembre 1996 page 2

Les fouilles entreprises sous la maison de Weinstein révèlent une nouvelle horreur.

Hier (3 septembre), vers 9h45, à Jumet, la nouvelle tant redoutée est devenue réalité.

Sous la pelleteuse de la Protection civile, les restes de deux nouvelles victimes de Dutroux et de sa bande ont surgi du sol.

L'identification des corps a été officialisée par le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet dans la soirée, peu après que le Premier ministre Jean-Luc Dehaene eut exprimé la tristesse du gouvernement et présenté ses condoléances aux familles d'An Marchai et Eefje Lambrechts, disparues à la côte le 22 août 1995. (...)

Les enquêteurs ont découvert hier (3 septembre) des corps incomplets et en décomposition avancée.

Des images filmées le matin par un cameraman amateur (...) laissaient d'ailleurs entrevoir des restes humains plus souvent que des ossements.

(...) Dans leur première déclaration, Dutroux, comme son épouse Michèle Martin, laissaient entendre que Weinstein pouvait avoir brûlé des corps.

Les deux corps ont été identifiés, l'un (celui d'Eefje) grâce à une montre-bracelet Swatch «Pop», l'autre (An) par des fragments de dentition.

Les familles des deux victimes ont été précisément informées des découvertes faites à Jumet et on a prié les parents de donner des échantillons de leur sang pour permettre une comparaison d'ADN. Pour les deux familles limbourgeoises, étranglées par le doute depuis un an, la nuit de mardi à mercredi (3 au 4 septembre) allait se révéler plus longue encore que toutes les autres. Il y a, en fait, une semaine qu'à Hasselt, la tension était encore montée d'un cran.

Le 25 ou 26 août, Michèle Martin, l'épouse de Dutroux, avait confié aux enquêteurs que son mari lui avait dit: Weinstein m'a expliqué qu'il a enterré plusieurs filles dans son jardin, dont sans doute An et Eefje.

Dutroux a confirmé ces dires aux enquêteurs, tout en leur jurant qu'il était étranger à l'exécution des

deux Limbourgeoises. (...)

C'est finalement sous une dalle de béton, dans le sol du hangar de Weinstein, que les deux corps ont été retrouvés, à deux mètres de profondeur... à un endroit que Dutroux a finalement indiqué avec précision aux

enquêteurs, dans la nuit de lundi à mardi. Les deux corps avaient été placés dans une sorte de creuset qui remonterait au XIXe siècle, la maison de Weinstein ayant été édifiée sur une ancienne fonderie d'aluminium. Dutroux avait déjà avoué l'enlèvement des deux Limbourgeoises. Lundi (2 septembre), il a reconnu qu'il les avait séquestrées, rue de Philippeville à Marcinelle, en précisant que, pendant toute leur détention, elles avaient été droguées, anesthésiées. Il a en outre assuré qu'il avait ensuite confié An et Eefje à Weinstein.

Article paru le 4 septembre

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L’immense chagrin des Belges

« Le Soir » du samedi 28 décembre 1996 page 2

A 11 hr30 ( 22 août ), les deux petits cercueils blancs pénètrent dans l'église. Ils resteront sur les simples brancards d’aciers, nu, sans même un tissu (...) L'image même des parents traduits la complexité des sentiments du moment.

Carine et Gino Russo sont anguleux, rugueux. Leurs mâchoires se serrent de façon visible.

Louisa et Jean-Denis Lejeune semblent plus ronds, mais surtout abattus, terrassés par ce qui leur arrive depuis quatorze mois.

A eux deux, ils figurent l'image du chagrin, celui qui mine l'être et qui lui coupe le souffle.(...)

Quatorze mois de tourments et de douleur, comme quatorze stations d'un calvaire que, pourtant vous avez soutenu, s'est exclamé l'abbé Schoonbroodt. Le bon Dieu est-il sourd?

A quoi ont servi les prières ? (..)

Nous sommes tous désenfantés et mutilés.(...)

Arrive le moment de l'adieu.

Les parents, d'abord, font le tour des deux cercueils. Leurs mains les touchent, ils les embrassent. Puis commence le défilé de l'assemblée. Interminable.

Photo Belga

Article paru te 23 août.

1 commentaires:

À 29 novembre 2014 à 21:56 , Anonymous Anonyme a dit...

crève

 

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