Marc Dutroux, arrêté, parle « Je vais vous donner deux filles »(«Le Soir »28 décembre 1996 pg 2)
Marc Dutroux, arrêté, parle: ....
« Je vais vous donner deux filles »
Une quinzaine d'heures plus tôt, soit vers 18 h 40 jeudi (15 août), les deux victimes du trio, Sabine et Laetitia, avaient été délivrées de leur geôle, dans une cave de Marcinelle.
Laetitia Delhez, 14 ans, avait disparu de Bertrix depuis le vendredi 9 août. En la libérant, on a aussi découvert et délivré Sabine Dardenne, 12 ans, qui avaient disparu le 28 mai à Kain, près de Tournai, alors qu'elle se rendait en classe à vélo.
L'enquête est partie de la piscine de Bertrix. Laetitia en était sortie avec une amie, en début de soirée le 9 août, disant qu'elle rentrait chez elle. Elle n'y arriva pas.
Deux témoins se sont présentés à la gendarmerie. L'un signalait une camionnette blanche suspecte qui avait stationné devant la piscine; l'autre avait noté une partie de la plaque. La gendarmerie confia ces éléments à son ordinateur doté d'un système d'analyse sophistiqué, qui sortit le nom d'un suspect théorique, Marc Dutroux, âgé de 40 ans. Celui-ci avait été condamné en 1989 à neuf ans de prison pour le viol (et la séquestration), perpétrés en 1985, de deux mineures. (...) L'homme avait été libéré en avril 1992. La camionnette correspondait, la plaque aussi. Cet homme devenait le suspect n° 1. On le retrouva dans la région de Charleroi.
Il possède six maisons avec sa femme, Michèle Martin, 36 ans, qui a déjà été détenue pendant
six ans. On surveilla toutes ces maisons. Et, mardi matin (13 août), la gendarmerie appréhenda le couple à Sars-la Buissière, près de Thuin, où ils vivent avec leurs trois enfants.
Elle perquisitionna aussi dans les six maisons, dont certaines étaient vides. Sans rien trouver.
C'est dans une des maisons déjà perquisitionnées qu'on a découvert Laetitia et Sabine, hier, au 128 de l'avenue de Philippeville, à Marcinelle. L'entrée du réduit minable dans lequel leurs ravisseurs les avaient enfermées était dissimulée par une armoire métallique qui coulissait sur des rails, ce que les enquêteurs n'avaient pas remarqué au cours de leur première visite.
Dans le réduit, deux lits superposes: Sabine et Laetitia s'y trouvaient. (...)A Kain comme à Bertrix, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre.
Dans le lotissement où habitent les parents de Sabine Dardenne, tout le monde était dans la rue. On se congratulait, on s'interpellait de porte à fenêtre, tous communiaient dans le bonheur des parents.
A Bertrix, c'est sur la grand-place que curieux et proches de Laetitia se sont réunis.
Un grand feu de joie a illuminé la place, alimenté par les affiches signalant la disparition. (...)
Après la joie de la libération de Sabine et Laetitia, l'angoisse, puis l'effroi et l'écoeurement ont étreint l'ensemble du pays.
Samedi soir (17 août), radios et télés n'avaient cessé de dresser la liste des corps arrachés à la glaise de Sars-la-Buissière.
Dutroux pointait le doigt. Sous la pelle d'un terrassier, les corps mutilés de Julie, de Métissa et d'un complice du pervers étaient lentement apparus au soleil couchant. Le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, avait promis des explications. Hier (18 août), à 10 heures, il les a livrées, la gorge serrée.
Alors, une nuit de mars ou d'avril, il a pris son bulldozer et creuse une fosse de
Pendant près de neuf mois, Julie et Mélissa ont donc sans doute subi le calvaire de Sabine et Laetitia. Les menaces, les privations, les coups, les viols.
An et Eefje gisaient à Jumet
Hier (3 septembre), vers 9h45, à Jumet, la nouvelle tant redoutée est devenue réalité.
L'identification des corps a été officialisée par le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet dans la soirée, peu après que le Premier ministre Jean-Luc Dehaene eut exprimé la tristesse du gouvernement et présenté ses condoléances aux familles d'An Marchai et Eefje Lambrechts, disparues à la côte le 22 août 1995. (...)
Les enquêteurs ont découvert hier (3 septembre) des corps incomplets et en décomposition avancée.
Des images filmées le matin par un cameraman amateur (...) laissaient d'ailleurs entrevoir des restes humains plus souvent que des ossements.
(...) Dans leur première déclaration, Dutroux, comme son épouse Michèle Martin, laissaient entendre que Weinstein pouvait avoir brûlé des corps.
Les deux corps ont été identifiés, l'un (celui d'Eefje) grâce à une montre-bracelet Swatch «Pop», l'autre (An) par des fragments de dentition.
Le 25 ou 26 août, Michèle Martin, l'épouse de Dutroux, avait confié aux enquêteurs que son mari lui avait dit: Weinstein m'a expliqué qu'il a enterré plusieurs filles dans son jardin, dont sans doute An et Eefje.
Dutroux a confirmé ces dires aux enquêteurs, tout en leur jurant qu'il était étranger à l'exécution des
deux Limbourgeoises. (...)
enquêteurs, dans la nuit de lundi à mardi. Les deux corps avaient été placés dans une sorte de creuset qui remonterait au XIXe siècle, la maison de Weinstein ayant été édifiée sur une ancienne fonderie d'aluminium. Dutroux avait déjà avoué l'enlèvement des deux Limbourgeoises. Lundi (2 septembre), il a reconnu qu'il les avait séquestrées, rue de Philippeville à Marcinelle, en précisant que, pendant toute leur détention, elles avaient été droguées, anesthésiées. Il a en outre assuré qu'il avait ensuite confié An et Eefje à Weinstein.
Louisa et Jean-Denis Lejeune semblent plus ronds, mais surtout abattus, terrassés par ce qui leur arrive depuis quatorze mois.
A eux deux, ils figurent l'image du chagrin, celui qui mine l'être et qui lui coupe le souffle.(...)
A quoi ont servi les prières ? (..)
Nous sommes tous désenfantés et mutilés.(...)
Article paru te 23 août.
1 commentaires:
crève
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