QUI A TRUQUÉ LE DOSSIER DI RUPO ?
« Le soir illustré » du mercredi 25 décembre 1996 pages 32 - 33 - 34 et 49
Pages 32 et 33 :
Le commissaire Georges Marnette, patron du Groupe de Répression du banditisme de la Pj de Bruxelles, est au centre de deux enquêtes tournant autour du dossier Di Rupo. La première, menée par le Comité Supérieur de Contrôle pour le compte du juge d'instruction Laffineur, concerne les fuites qui ont eu lieu en direction de la presse avant le 15 novembre. La seconde porte sur le trucage du dossier Di Rupo. Elle est entre les mains du Comité P.
Les instructions du commissaire général de la PJ Christian de Vroom avaient pourtant été claires dès la fin août dernier: tous les éléments concernant les dossiers de pédophilie devaient être centralisés au sein de la PJ dans la cellule qui assure la liaison avec les enquêtes de Neufchâteau.
Mais le commissaire Marnette, qui se présente volontiers comme le meilleur flic du pays en matière de moeurs, ne l'a manifestement pas entendu de cette oreille.
CAVALIER SEUL
En effet, le 6 septembre, un de ses hommes, l'inspecteur Grégory Antipine va au contact avec un informateur occasionnel « tenu » par la PJ de Bruxelles depuis qu'il s' est fait arrêter à l'hôtel Hilton un an auparavant pendant le procès du GIA. Il avait demandé une chambre avec vue sur le palais de Justice. Comme il est d'origine nord-africaine, la Brigade Nationale de la PJ, craignant un attentat terroriste, lui avait sauté dessus.
En ce début septembre 1996, dans la foulée de l'affaire Dutroux-Nihoul, les services de police ratissaient large. Et l'informateur de citer le nom d'un homosexuel qui se livrerait à un trafic de cassettes pornographiques, sado-masochistes et pédophiliques. Mais l'homme ayant déjà été entendu dans le cadre du dossier Dutroux, le dossier ouvert est aussitôt refermé.
Quatre jours plus tard, un nouveau rapport de contact est rédigé par l'inspecteur Antipine. L'intérêt est tel pour le commissaire Marnette que l'informateur passe du statut d'occasionnel à celui d'encodé.
INFORMATEUR 224664
Karim Hammani, c'est son nom, devient ainsi l'informateur 224664 de la PJ de Bruxelles. Il fournit les noms d'Elio Di Rupo, de Jean-Pierre Grafé et déjà, d' Oliver Trusgnach. Mais le rapport d' Antipine mentionne une mauvaise date de naissance de Trusgnach qui ne naît plus en 1974 mais en 1979 ! Un rajeunissement de cinq ans qui posera problème plus tard, question majorité. Trusgnach est présenté comme l'ancien amant de Di Rupo, susceptible de travailler avec la police.
Pour Georges Marnette, c'est l'effervescence. Dans un rapport de synthèse qu'il établira le 27 octobre, il signale, concernant les suites données à ce contact du 10 septembre: « De par sa nature et les noms qui y sont mentionnés (... ) nous le faisons reprendre sous le sceau « secret ». Après en avoir référé au dirigeant de brigade, il est convenu avec celui-ci d'avoir un entretien avec le procureur du Roi en personne (ndlr: Benoît
Dejemeppe), qui (...) oeuvrera dès lors comme magistrat de confiance. Ce dossier sera géré à la PJ de Bruxelles et les informations ne seront transmises à Neufchâteau que s'il y a un lien direct.
Et le rapport de Marnette de poursuivre: « Il nous est demandé d'oeuvrer avec la plus extrême prudence, d'éviter les amalgames, de chercher à établir les faits infractionnels et de se montrer attentifs à la discrétion ». Avec trois mois de recul, on croit rêver.
PREMIER COUAC
Cette réunion du 10 septembre s'est-elle déroulée selon les vœux du commissaire Marnette? On n'en sait toujours rien. Mais à la même période, lors d'une autre réunion, le procureur du Roi Benoît Dejemeppe demande aux hommes de la PJ de bétonner….
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…. leur dossier concernant l'inculpation d'Anne Bouty dans le dossier enlèvement d'enfants ouvert à charge de Dutroux et de Nihoul.
Après quoi, c'est le commissaire Marnette en personne qui serait allé trouver un inspecteur de la 23ème brigade en sous-entendant que le procureur du Roi de Bruxelles faisait pression pour qu'on ne « charge » pas Anne Bouty. Le 15 septembre, l'inspecteur de la Brigade Nationale rédige un rapport à ce sujet et le transmet à Neufchâteau. On en reparlera plus tard, à un moment crucial dans l'enquête Di Rupo.
Mais en ce mois de septembre, Karim Hammani turbine ferme pour tenter de repérer Trusgnach. Il prend ainsi contact avec plusieurs membres du milieu gay de Bruxelles. Il affirme être impliqué dans une affaire de vol de cartes de crédit en lieu et place de Trusgnach. Un de ses amis à la police pourrait lui arranger l'affaire s'il parvenait à mettre la main sur Trusgnach. L'ami, c'est vraisemblablement l'inspecteur Antipine. Celui-ci n'hésite pas à mettre la main à la pâte. Le 16 septembre, en compagnie de son informateur Hammani, il se rend dans une soirée homo où, pour la première fois, on parle d'un lien entre Trusgnach et un restaurateur anversois non encore identifié par la PJ.
Hammani, pour sa part, semble avoir compris qui est ce restaurateur. Il va en effet trouver Roger Souvereyns, le patron du Scholteshof de Hasselt, un des meilleurs restaurants de Belgique.
Il arrive chez ce dernier avec une liste des personnes qui, comme Souvereyns, ont été volées par Trusgnach. C'est ici que les choses s'emmêlent pour la PJ.
DOSSIERS EN PARALLÈLE
Car au début du mois de septembre, deux industriels anversois ont amené un de leurs amis, le commissaire général de la PJ Christian de Vroom, au Scholteshof pour un dîner. Roger Souvereyns lui explique que, début juillet, un certain Oliver Trusgnach lui a volé des objets de valeur pour quelque cinq millions de francs, l'affaire étant traitée par la Gendarmerie de Hasselt. Trusgnach s'étant réfugié à Londres, et le traité d'extradition avec la Grande-Bretagne étant muet sur les vols domestiques, les enquêteurs ne peuvent pas agir.
Christian de Vroom promet son aide au restaurateur et confie le dossier à Roger Deleyn, l'homme qui, à la Brigade Nationale de la PJ, entretient de bons contacts avec les services britanniques.
Au sein de la PJ, deux « branches» travaillent donc sur Trusgnach, l'une pour un vol, l'autre pour des problèmes de pédophilie.
Lorsque Roger Souvereyns voit arriver Karim Hammani avec des renseignements sur d'autres vols commis par Trusgnach, il l'embarque et le conduit à Bruxelles dans le bureau de Roger Deleyn.
C'est ainsi, via Hammani, que l'inspecteur Antipine et le commissaire Marnette sont mis au courant des détails concernant le vol chez Souvereyns et qu'ils apprennent «accidentellement» …..
Suite pages 34 et 49
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BARANYANKA ET CLÉMENT DE CLETY: DROIT DE RÉPONSE
« Le soir illustré » du mercredi 25 décembre 1996 page 33
• Monsieur Philippe BREWAEYS, dans un article du Soir illustré du 6 novembre 1996, n'a pas hésité à nous catégorier comme "liés au Front National".
• Poursuivant sur cette voie, il a cru pouvoir affirmer que "des personnes partageant une même idéologie d'extrême droite utilisent des méthodes identiques, traîner dans la boue des magistrats et des enquêteurs honnêtes, compétents et travailleurs".
• C'est intolérable.
• Nous sommes effectivement les avocats d'un élu du F.N., qui est d'ailleurs un élu indépendant, non membre de ce parti. Ce client nous a choisi comme conseils, pour des raisons de crédibilité évidentes, précisément parce que nous n'avions aucun lien avec le F.N. dont nous ne partageons pas les idées.
• Sommes-nous alors également, si nous suivons votre raisonnement, intégristes musulmans parce que nous avons défendu un inculpé dans le procès du GIA, - belle cohérence intellectuelle -, et liés au "milieu" parce que nous avons défendu des voleurs?
• Et que sommes-nous lorsque nous défendons des réfugiés politiques de tout pays, de toute couleur et de toute obédience politique, philosophique ou religieuse?
• Et que sommes-nous encore en notre qualité de conseils de partis d'opposition persécutés, de certains pays du tiers monde, ou de l'association des veuves du génocide du Rwanda?
• Non, Monsieur BREEWAYS, nous ne sommes pas liés au Front National, nous ne partageons aucune idéologie, et une idéologie d'extrême droite moins que toute autre, et nous ne tolérerons jamais que vous affirmiez des choses de ce genre.
• Nous sommes seulement des avocats, épris de justice et de démocratie.
• Nous ne traînons pas davantage qui que ce soit dans la boue, comme vous le faites par ailleurs dans votre article.
• Nous soulevons des moyens de défense. Ne pas le faire est une faute professionnelle grave.
• Par ailleurs que penserez-vous si un jour vous êtes en procès avec votre voisin ou votre propriétaire, et que vous apprenez que la veille du procès votre voisin a dîné avec le juge?
• Et pourtant, ce ne sera qu'un contentieux locatif ou de voisinage, pas un dossier tragique comme celui de Neufchateau...
• Nous avons la faiblesse de penser que la dignité de notre profession implique que nous puissions défendre "n'importe qui", mais dignement, conformément à notre serment professionnel.
• C'est ce que nous estimons faire, et nous sommes de ce point de vue en paix avec notre conscience, mais également en parfait accord avec nos autorités disciplinaires.
• Le droit d'un inculpé à un avocat est un droit fondamental, il n'implique pas que l'avocat puisse plaider n'importe quoi.
• De même, la liberté de la presse est également un droit fondamental, il n'implique pas, Monsieur BREWAEYS, que vous puissiez écrire n'importe quoi, et certainement pas tenir des propos calomnieux.
• Pour cette raison, nous avons faix choix d'un conseil afin de vous assigner en responsabilité devant le tribunal de première instance.
V. BARANYANKA - F. CLEMENT de CLETY
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L'orthographe n'est pas celle de la rédaction. Liés au Front National, disions-nous. Les deux avocats sont les conseils non pas d'un mais d'au moins deux élus de ce parti d'extrême droite dans une procédure qui visait à les destituer de leur titre de conseiller communal à Molenbeek.
A cette période, le bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, ancien ministre de la Justice, a constaté à plusieurs reprises que Me Baranyanka n'était pas seulement le conseil des deux élus tricheurs mais qu'elle affichait sa présence ait sein dit groupe des sympathisants du FN lors des conseils communaux alors qu'aucune procédure n 'y visait son client.
De même, au sein dit Front National, plusieurs personnes affirment que si Mes Baranyanka et Clément de Cléty sont devenus les avocats des élus néo-fascistes, c'est par l'entremise de Daniel Féret, le président dit parti.
Une très large majorité des avocats, qui interviennent dans la procédure Nihoul-Dutroux, n'ont pas suivi Mes Baranyanka et Clémént de Cléty dans leurs discours incendiaires et dans la procédure de dessaisissement du juge Connerotte.
Il est de notre droit le plus élémentaire de critiquer les méthodes de défense utilisées par certains avocats, dès lors qu'elles mettent en cause le fonctionnement des enquêtes.
Les droits de la défense ne signifient pas la possibilité de dire n'importe quoi.
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