Un débat exceptionnel ! (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , page 4)
Un débat exceptionnel !
Belges face à des institutions qui les ont considérablement déçus. Avant d'aborder ces sujets, ils ont tenu, cependant à exprimer leur soutien et leur gratitude aux trois porte-croix, ce ,four là, des familles en détresse.
Les questions n'ont à aucun moment manqué de pudeur, de pertinence et de justesse.
Marche blanchet 300.000 personnes ont continuellement frappé dans leurs mains. Ce geste vaut tous les discours.
- Nabela Benaïssa : « Il est difficile de répondre à cela. Je ne sais pas moi-même. La semaine dernière, j'ai dit : à l8ans, on a beaucoup de Blanche-Neige et de 7 nains en tête. Mais se retrouver devant la réalité, c'est difficile. La justice n'est cependant pas pourrie de A à Z ». Tu crois en qui ?
- Jean Denis Lejeune:Il est prématuré d'en parler...
- J.-D. Lejeune : « Oui, confiant en la commission parlementaire. Ils font du bon travail et posent des questions adéquates. Ce qui m'inquiète, c'est le rythme des réunions... Mais j'espère qu'ils vont établir les responsabilités et surtout que certains vont prendre leurs responsabilités.
- Paul Marchal : « On ne nous parle plus parce que les enfants sont retrouvés. Mais on peut demander des détails aux enquêteurs si on veut. Je suis sûr qu'ils font du très bon travail. Il est nécessaire de faire certaines choses tranquillement, sans la présence du public. Moi, je suis content de voir que les policiers font leur travail.
- P. Marchal : « Non, pas exactement. Mais il y a des choses qu'on sait et qu'on veut garder confidentielles. Il est important de ne pas tout dire. Mais c'est vrai qu'on n'est pas au courant de tous les éléments de l'enquête.
- Y a-t-il des limites aux réponses qu'on vous donne?
- J.-D. Lejeune : « Oui. Quand Louisa, mon épouse, pose des questions sur Julie, on dévie la conversation sur un autre dossier. Il y a peut-être des vérités qui sont difficiles à affronter. Nous devrons de toute façon attendre d'être un mois avant le procès pour enfin avoir accès au dossier. Avant d'être victime au deuxième
degré car les premières victimes, ce sont les enfants-, moi, la justice, je ne savais pas comment ça fonctionnait. On n'a rien à dire, on n'existe pas. Les victimes ne sont pas prévues dans le code.
- J.-D. Lejeune : « Oui, pour tout ce qui concerne Liège, donc ce qui s'est passé du 24 juin 1995 au début août. En principe, on devrait recevoir gratuitement des copies de ce dossier. Mais le problème, c'est qu'il n'y a personne pour les faire ! A Neufchâteau, on n'a accès .à rien. Par contre, les inculpés peuvent consulter leur dossier deux fois par semaine !
- N. Benaïssa : « J'ai eu quelques bonnes impressions. J'ai rencontré quelqu'un qui a dit : « l'estime qu'il aurait fallu nommer un juge d'instruction ». Pour une fois, ce n'était pas quelqu'un qui venait seulement se défendre. A certains moments, j'ai ressenti de l'agressivité envers moi. Mais je ne vais pas en rester là, je vais répondre... Plus tard...
- J.-D. Lejeune : « Qui va prendre ses responsabilités dans cette histoire ? Personne n'osera!»
- J.-D. Lejeune : « Oui, mais il était injoignable...
- J.-D. Lejeune : « Je ne sais pas...
- N. Benaïssa : « On est comme vous. On n'est pas plus informé... On ne mène pas l'enquête. Imaginiez même que nous sachions quelque chose, on ne va quand même pas tout vous révéler ! Mais je ne pense pas qu'on va s'arrêter à Dutroux-Nihoul; des têtes vont encore tomber... »
Jean -Denis:Lejeune explique qu'il ne dort pas plus de trois heures par jour.
Il ne s'aperçoit même plus, dit-il, quand il est fatigué.
Leurrés de bout en bout
«
- N. Benaïssa : « Je suis sous le cou de plus de 20 heures d'audition et je n'y vois pas plus clair. C'est du ping-pong. C'est pas moi, c'est l'autre. lis se renvoient tous la balle
- N. Benaïssa : « Tu as de la chance toi, tu as eu un chien pisteur...
Le lundi soir, quand l'enquête a été confiée à un juge d'instruction, ils ont repris les frais d'écoute.
Apparemment, tout se passait bien. Mais il faut savoir que nous avons seulement eu douze réunions en quatorze mois. Il n'y avait pas une bonne collaboration entre
- J.-D. Lejeune : « Mme Doutrewe devait partir en vacances. Tout le monde a besoin de vacances après un an de travail, je ne dis rien contre ça. Mais pour les parents, les premiers moments sont les plus importants... Nous avons eu affaire à cinq juges d'instruction... »
- P. Marchal : « Quand les jeunes du groupe d'An et Eefje sont allés à la police de Westende, signaler la disparition des filles, on a ri d'eux. On leur a dit qu'elles étaient sûrement avec des garçons... A 22 h, on nous a téléphoné. Nous sommes allés à la permanence de la police de Middelkerke. Ils nous ont dit qu'elles allaient revenir. On nous a envoyés à Bruges. C'était le vendredi et elles avaient disparu mercredi matin...
- P. Marchal : « Non ! J'ai juste reçu un fax dans lequel on disait que j'étais un pisse vinaigre... Je n'ai jamais vu un juge d'instruction à Bruges; j'en ai juste eu un une fois au téléphone. Maintenant, il donne des conférences dans les écoles!
- P. Marchal : Oui, toujours ! Je suis sûr que s'il n'y avait pas eu ce spectacle, les deux filles seraient maintenant à la maison.
- R. Adriaenssens : Quand on a retrouvé Julie et Melissa, on vous a interdit de vous rendre à la morgue. Les mamans étaient alors en colère et ont déclaré qu'elles n'étaient pas sûres qu'on enterrait leur propre enfant.
- J.-D. Lejeune : « Nous avons été leurrés pendant quatorze mois. On s'est alors dit pourquoi serait-on sûrs, maintenant, que ce sont elles ? Mais c'était peut-être une façon de ne pas vouloir faire face à la réalité....
CENTRE DE RECHERCHE D’ENFANTS DISPARUS
- J.-D. Lejeune : Le principe est bon. Cette émission permet de diffuser des milliers d'affiches qui suscitent beaucoup de témoignages.
- M. Peereman : On a beaucoup parlé du centre américain de recherche d'enfants disparus. Où en est-on à votre niveau ?
- J.-D. Lejeune : « Je suis allé deux fois aux États-Unis. Une première pour dégrossir le sujet et une deuxième pour approfondir les contacts. M.Dehaene a les cartes en main. S'il ne veut rien faire, on a de toute manière des contacts avec des partenaires privés. S’ils veulent bien investir sans passer par le gouvernement. Mais il faudra des moyens importants; c'est plus qu'une asbl
- J.-D. Lejeune : « On espère une collaboration, notamment avec les forces de police. Le centre sera là pour faire pression sur les enquêteurs. Ce qui leur fait peur, c'est la privatisation du centre. Il faudra changer certaines lois. Mais il n'est pas question qu'on se fasse récupérer. Sinon, on ne sera plus crédibles
- J.-D. Lejeune : « Oui. Le taux de réussite oscille entre 30 et 40 %. On retrouve un enfant sur deux ou trois. Mais attention, il n'y a pas que des enfants victimes de pédophiles; il y a aussi beaucoup de rapts parentaux.
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