samedi 18 juillet 2009

Portrait d'un garçon un peu excentrique (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , page 2)


Portrait d'un garçon un peu excentrique

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , page 2

OLIVER TRUSGNACH RACONTE-T-IL N'IMPORTE QUOI ?

HASSELT - « Je ne veux plus parler de mon fils. Ça va faire deux ans qu'il a quitté la maison. J'ai d'autres enfants, que je veux protéger de toute cette boue.

Hier, fin de matinée. Genk. Nous parlons à Mme Trusgnach, la mère d'Oliver, l'homme sur qui repose le scandale Grafé / Di Rupo. Si scandale il y a. Si tout ça n'est pas sorti de la tête d'un mythomane.

Même sa mère ne croit pas un mot des accusations lancées par son fils, dont elle va jusqu'à affirmer qu'il « lui manque une vis ». Pour elle, il est impossible qu'Olivier ait eu des relations sexuelles avec qui que ce soit à l'âge de quinze ans. «A quinze ans, dit-elle, Oliver était encore un snottebel qui ne savait rien de la vie. ». Pour dire l'estime qu'elle a pour son fils, on peut traduire snottebel par caca de nez !

Vacances

Olivier a dix-sept ans lorsque ses parents, qui partent en vacances, osent pour la première fois le laisser seul à la maison. A l'époque où Oliver Trusgnach déclare avoir couché avec deux ministres, il faisait comme tous les gamins de son âge : il vivait sagement chez papa et maman.

A l'écouter, Trugsnach aurait rencontré Di Rupo en 89, dans les toilettes du Garage, à Bruxelles. Invraisemblable, réplique sa mère. « En 92, mon fils était encore au lycée. » Les habitués du Garage, ceux qui connaissent la disposition des wc, nous ont dit qu'ils imaginaient mal un visage aussi connu que M. Di Rupo prendre le risque de s'y enfermer avec un jeune.

A 18 ans, quand il quitte l'athénée de Genk, Oliver Trusgnach ne sait trop que faire de sa vie. II commence par l'armée et passe six mois à l'hôpital militaire de Gand. Et vire sa cuti. On prétend - mais nous n'avons pu vérifier - qu'il se met à fréquenter des bars homos à Hasselt, le Silvergate, le Vervolg. Il multiplie les aventures, des dizaines prétend-il. Et monte à Bruxelles, surtout le week-end. Sa vie s'entoure de mystères. Qui fréquente-t-il ? A un ami, il affirme : Grafé aime les petits jeunes gens ».

Début 95, il quitte papa, maman. Au passage, il leur emprunte des montants considérables, plus d'un demi-million aux premiers, 150.000 F à sa grand-mère. Trusgnach, qui a la bougeotte, séjourne en Suisse, puis à Londres, chez un ami. Il rêve d'obtenir une accréditation pour le Te Deum du 21 juillet. Il se fait passer pour le vice-consul des Seychelles. Puis, au Scholteshof, dont il devient le réceptionniste, pour le baron Trusgnach de Mechelburg Schwering. Lui qui n'est que Trusgnach...

Où est le vrai ?

La Justice découvre son existence voici environ deux mois lorsqu'un informateur de la P1 de Bruxelles cite son nom, au côté de deux ou trois autres jeunes gens, dont il dit qu'ils se livrent, parfois depuis le début de leur adolescence, à des parties fines auxquelles prendraient part d'importantes personnalités des milieux politiques, financiers, etc.

Mais les choses se corsent. Oliver Trusgnach est arrêté, à la mi-octobre, notamment pour vol domestique, début juillet, au Schotel- shof. II avait fui à l'étranger le 8 ou 9 juillet.

Le mardi 22 octobre, la BSR de Hasselt l'interroge. Le PV est signé à 10 h 50. C'est là qu'il balance sa première version des faits, déclarant être entré dans le milieu homosexuel à l'âge de 19 ans et y avoir fait la connaissance, environ un an plus tard, d'Elio Di Rupo avec lequel il dit avoir entretenu une liaison très courte.

Le surlendemain, la PJ de Bruxelles, qui apprend son arrestation, obtient l'autorisation de l'interroger dans le cadre du dossier qu'elle a ouvert et dans lequel son nom apparaît. Il fait sa déposition le jeudi 24 octobre (à 14 h 45) et... revient sur sa première version. Cette fois, il prétend être entré dans le milieu homo à 15 ans et y avoir fait la connaissance de Di Rupo à 17. Il dit alors que leur relation aurait duré un mois. Dans le même temps, il évoque ses relations avec... Jean-Pierre Grafé et fournit une série de détails sur son appartement liégeois où il détiendrait des cassettes et des photos pédophiles (nos éditions d'hier).

Le lundi 28 octobre, Trusgnach est entendu à deux reprises, à quelques heures d'intervalle, par la BSR de Hasselt. En matinée, il déclare avoir rencontré Di Rupo à... 15 ans et avoir vécu une relation amoureuse avec lui durant neuf mois. Il dit aussi détenir du courrier et des photos compromettantes pour le vice-Premier. Le PV est signé à 11 h 55. L'après-midi, à 14 h 10, il confirme ses propos du matin qu'il agrémente de quelques détails. Cette fois, les preuves dont il dispose « seraient en sécurité à l'étranger ». Que de contradictions en huit jours...

Gilbert Dupont et Christian Carpentier

Légende photo :

Oliver Trusgnach ne quittera le domicile familial (notre photo) de Genk qu'au début de l'année 1995.

(Ph. Didier Bauweraerts et Doc. De Morgen)

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