samedi 18 juillet 2009

« Je cherche An dans les autres...» (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5)


« Je cherche An dans les autres...»

LA DÉTRESSE QUAND DISPARAÎT UN ENFANT...

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- R. Bours : Vous avez une force extraordinaire pour rester calme dans des circonstances aussi dramatiques !

- P. Marchal : « Mais je ne suis pas calme !

- J.D. Lejeune : « On ne peut ni faire ni dire ce qu'on veut. On nous attend au tournant.

- P. Marchal : « il est important qu'on montre aux hommes politiques que nous sommes des gens dignes

- Liliane Heremans : Vos épouses, on les voit. Mais comment vont vos autres enfants

- J.-D. Lejeune : « Je n'ai plus qu'un petit garçon qui a eu 7 ans samedi. Et ça se passe très mal... Pendant 14 mois, il a vécu un calvaire, on ne s'est pratiquement pas vus. Il est rentré en première année primaire et je ne me suis pas occupé une minute de son année scolaire. Il ne comprend pas pourquoi on continue à courir alors qu'on a retrouvé Julie. Son caractère a changé. Ce n'est plus le petit garçon qu'on avait. Il refuse de dormir seul en haut, où Julie avait aussi sa chambre. Je ne vais plus en haut depuis que la petite a disparu.

J’allais tous les jours dans sa chambre, la réveiller avec le chien... Maintenant, quand le petit m'appelle, je n'allume pas où je ferme les yeux... Ma maison, je l'ai construite en deux ans, avec mon père. Deux ans de sacrifices. Mais je suis prêt à la quitter... Perdre un proche, c'est déjà terrible... Mais maintenant qu'on sait tout ce qu'on sait... C'est très difficile, très complexe ! Je suis content quand je peux dormir trois heures par nuit ! Je ne m'aperçois même plus que je suis fatigué. C'est comme quand on coupe la tête à une poule; elle continue à courir

La vie était finie

- P. Marchal : « C'est une question très dure... J'ai perdu An et mon père. Il a pensé beaucoup à elle et à Noël, il est parti. Pour moi, c'était incroyable; la vie était finie. Maintenant, je cherche An dans les autres jeunes et je sais que ce n'est pas bon. Je vois An dans les autres. C'estdur... Pour mes autres enfants, cela ne va pas très bien, lis sont étudiants mais ont tous de très mauvais résultats. J’espère que ça va s'améliorer... A nous cinq, nous formons une famille très solide. On parle beaucoup. Notre vie a changé d'un jour à l'autre.

On sait que rien ne sera plus jamais comme avant. Ma femme a un avantage : elle peut pleurer quand elle veut. Ça aide

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Pourquoi pas un référendum ?

DESSAISISSEMENT DU JUGE CONNEROTTE

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Marie-Louise Carette: Comment peut-on imaginer que M. Connerotte n'a pas pensé, en allant à ce spaghetti, qu'il allait être coincé

- P. Marchal : « M. Connerotte n'est pas obligé de faire ses enquêtes uniquement dans son bureau. Il peut aller sur le terrain.

- J.-D. Lejeune : « Il s'agissait seulement d'une petite fête de village pour Sabine et Laetitia. II est logique qu'on invite les deux hommes qui ont permis de retrouver les gamines vivantes.

Aucune partie civile n'était présente... Finalement, M. Connerotte peut-il encore manger avec sa femme ? C'est quelqu'un qui dérange...

- N. Bernard : Depuis que M.Connerotte a été dessaisi, l'enquête ne stagne-t-elle pas?

- P. Marchal : « On ne peut pas dire maintenant si M. Langlois est bon; il faut du temps...

- J.M. de Montpelier: Quand le Juge Connerotte a été dessaisi, vous avez dit que vous n'iriez pas en appel. Puis vous avez changé d'avis...

- N. Benaïssa : « On n'a rien dit...

- P. Marchal : « On était trop fatigués. Nous n'étions pas vraiment en état de penser.

- N. Benaïssa: « Il faut vous rendre compte que ce n'est pas toujours facile de réagir comme ça, devant les caméras, sans pouvoir réfléchir; et cela après plusieurs heures de réunion.

- R. Boers : Pensez-vous que votre pourvoi en cassation a de grandes chances d'aboutir?

- N. Benaissa : « M. Connerotte ne devait pas être dessaisi. On est bien tous d'accord. La décision nous a mécontenté, donc nous faisons opposition.

- N. Bernard : Pourquoi, nous, les gens du peuple, ne pourrions-nous pas vous appuyer en déposant plainte

aussi

- N. Benaïssa : « Je ne suis pas spécialiste en droit mais je sais par mon avocat que pour déposer plainte, il faut un minimum de lien avec le dossier... Ce n'est donc pas possible.

- Edouard Lecomte : Pourquoi ne pas organiser un référendum ?

- N. Benaïssa : « C'est l'État qui peut l'organiser. Et de toute manière, ce n'est qu'un avis.

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RENCONTRES AU SOMMET : « Rien de concret »

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- E. Lecomte : Je voudrais l'opinion de M. Marchal sur M.De Clerck...

- P. Marchal : « C'est un politicien. Il a beaucoup de bonnes idées. »

- R. Adriaenssens : Lors de la marche blanche, vous avec été reçus par M. Dehaene. En avez-vous été satisfaits ?

- P. MarchaI : « M. Dehaene a beaucoup parlé, mais il n'a rien dit de concret. C'est cependant bien qu'il ait évoqué le centre européen de recherche d'enfants disparus. Je lui ai retéléphoné lundi. Il a expliqué qu'il en parlerait dans quelques semaines ça, les reports, je n'aime pas. Enfin... On dirait que les politiciens bougent un peu. C'était nécessaire...

- R. Adriaenssens : Qu'en est-il de votre visite chez le Roi ? Êtes-vous toujours en contact avec lui ?

-J.-D. Lejeune : « Le Roi est une personne à part, extérieure aux problèmes. Il ne sait rien du peuple, il sait juste ce qu'on lui raconte. Je ne suis pas satisfait des réunions. Nous n'avons pas eu un vrai contact.

- P. Marchal : « Je suis allé deux fois chez le Roi. La première fois, c'était très bien. J'étais très content d'avoir la chance de parler avec lui. J'avais confiance... Quand nous avons participé à la Table Ronde, c'était différent. Là, j'étais mécontent. On ne peut pas vraiment parler lorsqu'il y a 69 personnes... Quand on veut recevoir les parents, on les reçoit seuls !

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CE DROIT À LA DÉFENSE : Maître Pierre fait son boulot

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Gérard Meurant : Je suis honoré d'être en présence de ces personnes. Tout le peuple a souffert avec vous... (la voix en larmes). Je trouve scandaleux et écoeurant que certaines personnes soutiennent Dutroux en lui envoyant des lettres de soutien et en lui offrant des cadeaux. Je trouve qu'on devrait donner leur identité. Ces gens là, on peut les classer dans la même catégorie que Dutroux !

- J-D. Lejeune : « Ce sont essentiellement des femmes. Je vais être cru mais je ne veux rien cacher. Certaines fantasment d'être pénétrées par Dutroux. Dutroux est odieux, mais ce n'est peut-être pas le plus odieux... Il est un fournisseur, c'est peut-être même un petit ! Les plus odieux, ce sont ceux qui profitent de ce système; il ne faut pas mettre tout sur lui.

- M. Bouselmati : Quelle stratégie utilise Me Pierre,l'avocat de Dutroux ? On dirait qu'il joue un jeu pour déstabiliser les familles...

- J.-D. Lejeune : « Me Pierre fait son boulot. Tout ce qu'il peut faire, c'est freiner l'enquête et emm... le bazar...

- N. Benaïssa : « Il ne faut pas mélanger Dutroux et son avocat. Me Pierre, c'est ladéfense. Si on dit que Dutroux n'a pas droit à un avocat, c'est la porte ouverte à tous les dérapages. Un autre criminel n'aura pas non plus droit à la défense... Nous, on doit s'investir dans d'autres combats, comme le respect du droit des victimes.

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Les comités blancs, chaîne de solidarité : POUR CHANGER LE SYSTÈME

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Sabine de dock : Je suis étudiante en droit. Sur quoi devons-nous plancher, nous les étudiants, pour améliorer la justice

- J.-D. Lejeune : « Il faut être plus humain. Les juges d'instruction disent «Asseyez vous dans votre divan et attendez qu'on vous appelle ». Nous sommes en première ligne pour faire changer un système, via les comités blancs. Ceux-ci symboliseront la continuité de la Marche Blanche. Ce sera le comité de Monsieur tout le monde pour relayer et appuyer les familles, en Flandre et en Wallonie. Je vous demande d'être attentifs début décembre. Nous organiserons une conférence de presse et, via les média, vous en saurez plus. Pour adhérer au comité, il faudra respecter une charte. Ce sera en fait une chaîne de solidarité. Nos attendons beaucoup de ces comités.

- N. Benaïssa : « On ne peut plus vivre dans son petit coin avec son petit job et son petit cercle d'amis. Il est trop facile de dire « rien ne va », sans réagir. Il faut être des citoyens actifs pour faire bouger les choses. C'est trop simple de critiquer sans rien faire.

- Sylvie Veys : Je représente les étudiants de plusieurs écoles. Que peut-on faire pour vous aider concrètement ? On se sent impuissants par rapport à votre combat...

- J.-D. Lejeune : « Nous,sans vous,o n n'est rien.

- W. hôte : Tout le monde veut aider les familles financièrement. Que peut-on faire ?

- J.-D. Lejeune : « Si on n'avait pas eu le peuple pour nous aider financièrement, pour faire les affiches,... j'aurais dû revendre ma maison. Et je l'aurais fait... Les gens ont fait des dons, parfois 50 francs, parfois 1000 francs. Maintenant,les dons sont pour l'asbl Julie et Mélissa. Les sous vont permettre d'aider les autres famille qui n'ont peut-être pas la chance d'avoir, comme nous,des proches pour les aider.

- M. Mandl : Êtes-vous en contact avec les autres parents des enfants disparus ?

- N. Benaïssa : « On est dispersés aux quatre coins de la Belgique. C'est difficile de se voir tous les jours... Mais on poursuit les mêmes buts; donc on est tous ensemble.

- P. Marchal : « Il y a des parents qui veulent être plus tranquilles - et on ne le leur reproche rien -, d'autres plus actifs. »

- N. Benaïssa : « Chacun vit sa douleur comme il le veut

- S. de Cock : Ne pensez vous pas que l'idée d'une marche rouge est prématurée ?

- J.-D. Lejeune : (avec humour ) : « Nous avons dit marche rouge parce que nous avions déjà organisé la marche blanche... et que je suis supporter du Standard

- N. Benaïssa : (plus sérieuse) Il n'y aura pas de marche rouge, ne vous inquiétez pas

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Dl RUPO-GRAFÉ : Un mauvais climat...

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- N. Bernard : Quel est votre sentiment par rapport à l'affaire Di Rupo-Grafé ?

- N. Benaïssa : « Il faut faire très attention. Le climat n'est pas très chouette. Et il y a des noms qui sortent comme ça. Il ne faut pas aller trop vite, pas se précipiter. On est dans un très mauvais climat.

- J.D. Lejeune : « Il ne faut pas précipiter les choses. Les gens veulent des noms et on a lâché ceux de deux ministres. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont homosexuels qu'ils sont pédophiles... Mais ce sont maintenant deux hommes salis à vie, qui n'ont peut-être rien à se reprocher. C'est comme M. Van der Biest... Il est de ma commune, je le connais. Et je serais étonné s'il avait fait quelque chose...

- R. Adriaenssens : Pourquoi parle-t-on maintenant de pédophilie dans la politique?

- N. Benaïssa : « On a parlé trop tôt. Rien n'a encore été démontré; il faut attendre...

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UN BEAU MESSAGE : « Que les enfants profitent de la vie »

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Jean-Marie de Montpelier : J'ai dit à mes enfants que je venais vous rencontrer. Qu'auriez-vous envie de leur dire?

- J.-D. Lejeune : « Qu'ils s'amusent et qu'ils profitent de la vie ! Il ne faut pas faire une psychose de toute cette affaire, mais il faut quand même que les enfants fassent très attention. Il est important qu'ils continuent a apprécier les bons cotés de l'existence. Ce sont eux les adultes de demain.

- P. Marchal : « Il est important de dire aux enfants de parler avec leurs parents... tous les jours. Pour voir ce qui se passe dans leur tête....

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PEINES INCOMPRESSIBLES :Un débat contradictoire

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- G. Mourant : Que penses vous des peines incompressibles

- N. Benaïssa : C'est un sujet à prendre avec des pincettes. Je dois réfléchir, je ne peux pas répondre maintenant Il faut un débat contradictoire. Les lois doivent être mûrement réfléchies avant d'être adaptées »

- J.-D. Lejeune : « Quelque chose n'est pas logique. Par exemple, celui qui vole pour nourrir sa famille et qui écope d'une peine de deux ans de prison. Mérite-il -de devoir accomplir sa peine, comme on doit l'exiger pour un pédophile ? Il ne faut pas mélanger la pédophilie et les autres délits. Il faut appliquer les peines incompressibles dans certains cas, mais il ne faut pas généraliser. »

- Martine Peereman: Ne pourrait-on pas, avant de mettre sur pied des choses comme l'Euro, d'abord changer les lois dans ces matières? On est au Moyen Age...

- J.-D. Lejeune : « C'est vrai que, quand on a créé les lois, il fallait huit jours pour traverser le pays à cheval. Aujourd'hui, il faut deux heures en voiture... »

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