UN NOUVEAU DUO AUX COMMANDES A NEUFCHATEAU
« Soir Illustré » du mercredi 30 octobre 1996 pages 36 et 37
Jean-Marc Connerotte, quelques jours durant, a accusé le coup. Mais a très vite repris du poil de la bête. Il conserve une totale confiance sur le devenir de l'enquête qu'il a entamée le 10 août dernier. Son président, Francis Moinet, a installé aux commandes de l'instruction des dossiers Dutroux-Nihoul un nouveau duo qui, ne manque pas d'allant, de jusqu'au-boutisme de pugnacité. En un mot de talent.
- «Il faut raison garder», disait, en guise de chant du cygne, le juge Connerotte quelques heures avant son dessaisissement. Il demandait à la Belgique de ne pas le prendre pour le messie. Il sait que ses successeurs mèneront à bien, jusqu'au bout, le travail entrepris. D'autant que l'équipe des enquêteurs a été renforcée et remodelée pour une plus grande efficacité encore.
C'est évidemment ce que chacun souhaite.
«L'esprit de l'enquête ne meurt pas, disait le juge. L'esprit ne meurt jamais». Un esprit incarné aussi par l'incontournable Michel Bourlet.
- Au fil des ans et des enquêtes, des policiers et des gendarmes sont vraiment devenus amis du juge. On les a vus au palais pour lui remonter le moral: «Pour nous, ce dessaisissement est vraiment un choc. Nous avions totale confiance en M. Connerotte. D'un autre côté, le procureur est conforté. Autrement dit, l'arrêt de la Cour de Cassation montre que l'on n'a pas décelé d'erreur dans le déroulement de cette enquête très difficile».
- Les deux nouveaux: Jacques Langlois, 43 ans, d'Étale, et Dominique Gérard, 35 ans, de Recogne (Libramont). Ils sont entrés dans la magistrature à peu près en même temps, le premier voici 3 ans, le second un an plus tôt. Le Gaumais et l'Ardennais se sont ainsi rencontrés au palais de justice, à Neufchâteau déjà.
Jacques Langlois semble sorti d'un collège anglais. La mèche noire du premier de classe lui couvre souvent le front. Avant sa nomination, comme juge de siège, il était au barreau d' Arlon. Jacques Langlois a tâté de la politique locale. De tendance sociale chrétienne, il siégeait sur les bancs de l'opposition, à Etalle.
Jacques Langlois est marié et papa d'une fille et d'un garçon. Homme discret, il a une passion pour les belles voitures. De toute puissance, de tout format. On dit qu'il s'intéresse aux courses de formule 1 tandis qu'il collectionne les modèles réduits. Il circule dans une rutilante Rover verte, intérieur cuir.
C'est par arrêté royal qu'il a été nommé à l'instruction, la seule place ouverte pour le moment restant aux mains de Jean-Marc Connerotte. A peine aux commandes de l'instruction, Jacques Langlois a obtenu le
concours de Dominique Gérard, délégué par le président de la cour d'appel de Liège. Car Dominique
Gérard est issu du tribunal de première instance d' Arlon. Comme son nouveau collègue, Dominique Gérard est toujours tiré à quatre épingles. Après ses études à Louvain-la-Neuve, il a travaillé dans un cabinet d'avocats, à Bruxelles, spécialisés dans les dossiers financiers. Il n'a finalement plaidé que quelques années au barreau de Neufchâteau.
Nommé substitut du procureur du Roi, l'un des plus jeunes du Royaume, il a toujours eu M.Bourlet pour chef de corps. Lequel, naguère, fut le plus jeune proc' du pays. Celui-ci lui avait alors confié les dossiers financiers que Dominique Gérard a toujours dominés. Exemple: avec le scandale Sud-Lait qui avait traumatisé le monde agricole. Dominique Gérard, au ministère public, obtint la condamnation des principaux responsables de l'entreprise par le juge... Langlois, fraîchement 'émoulu au siège.
- On dit de Dominique Gérard qu'il est très famille. Un comportement somme toute logique puisque sa mère et son père, médecin chef à la clinique intercommunale de Libramont, lui ont donné une soeur et cinq frères.
Lui-même a trois petits enfants.
Les deux juges d'instruction ont un souci commun, l'action philanthropique, dans un service club ou une asbl.
- Lorsqu'il fut contacté pour accompagner Jacques Langlois dans sa périlleuse mission, Dominique Gérard, basketteur, n'a pu que prendre la balle au bond. Selon la loi, il est délégué pour une période de six mois. La solution durable viendra d'une loi, promise par le ministre Stefaan De Clerck. La loi vise à accroître le cadre des juges, qui passerait de 6 à 7. La future place de juge sera officiellement ouverte à l'ensemble des candidats.
LES AVEUX DE DUTROUX A LA MATERNITÉ
- En attendant, le président du tribunal n'a pas réparti les dossiers entre les deux magistrats instructeurs. Ils travaillent de concert, s'arrangent entre eux.
- Le mois de novembre 1995 aura été fort chargé pour Marc Dutroux.
Il y eut tout d'abord, le 3, la séquestration de trois jeunes gens au domicile de Bernard Weinstein, à Jumet. On sait que cette séquestration est liée au vol d'un camion, dans lequel est impliqué aussi l'inspecteur principal Zicot.
Plus tard, Dutroux séquestra son complice Weinstein dans la cache même où Julie et Mélissa vécurent une partie de leur drame.
Vers le 25, Dutroux, rendant visite à son épouse Michelle Martin, à la maternité, lui annonça qu'il avait (ou allait) mettre fin aux jours de Weinstein. Effectivement, il lui donna une tartine, copieusement fourrée de Rohypnol, un puissant somnifère. Il le mit ensuite en terre, encore vivant, dans son jardin de Sars-laBuissière, là où il enterra plus tard les pauvres petites Liégeoises.
- Et le 22 novembre? Ce jour-là, à Obaix, près de Pont-à-Celles, une adolescente était violée. Son agresseur lui lacéra la gorge de deux profonds coups de couteau. L'adolescente survécut. La P.J. de Charleroi, dont Georges Zicot qui interrogea la victime sur son lit d'hôpital, conclut à un non-lieu, faute de coupable. dans son exposé à la Commission de la justice, à la Chambre, le général De Ridder a fait allusion à cette enquête entamée par la police locale.
- Aujourd'hui, l'étau se resserre sur Dutroux,même si l'on attend encore les résultats des analyses d'ADN pour élucider la tentative de meurtre. Dutroux aurait été vu sur les lieux par un ou plusieurs témoins. On avait aussi repéré une Ford Fiesta. Elle appartenait à Bernard Weinstein, recherché depuis la séquestration des 3 jeunes gens. Suite à la séquestration, Dutroux était emprisonné à Jamioulx, le 7 décembre,selon ses déclarations alors qu'il était incarcéré, Georges Zicot a eu connaissance du nom de Dutroux grâce, si l'on peut dire, à l'affaire d' Obaix.
M. P.
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DÉONTOLOGIE : Y A PAS PHOTO ...à LIÈGE,
« Soir Illustré » du mercredi 30 octobre 1996 pages 37
Depuis que l'affaire Cools a commence' à avoir un début d'élucidation, Liège a vu apparaître de curieuses moeurs. Le commissaire Brose, tout d'abord, contraint de démissionner après cinq ans d'errements, a dé posé plainte contre deux journalistes, Jean-Frédérick Deliège de La Libre Belgique et l'auteur de ces lignes. Il est le premier acteur des affaires liégeoises à intenter une action à... Liège.
- Sans qu’il faille y voir un lien de cause à effet, l'auteur de ces lignes a également commencé à recevoir des menaces anonymes et téléphoniques quant à son intégrité physique.
- Mais c'est surtout le comportement de certains «journalistes» liégeois qui devient fort inquiétant. Nous n'avons pas pour habitude, dans les colonnes du Soir illustre, de critiquer le travail de nos confrères, même lorsqu'ils se sont lamentablement «plantés» dans l'affaire Cools pendant quatre ans. Nous n'avons jamais répondu à leurs attaques débiles. Mais, aujourd'hui, la coupe est pleine. Deux fins limiers de la presse liégeoise, intoxiqués de longue date par le parquet, affirment ainsi qu'un journaliste qui ne siffle pas sur l'air
dansé par la justice liégeoise dans le cadre de l' affaire Cools est «tenu» par André Rogge, le «privé» qui, le premier, a dit la vérité.
Lors d'une perquisition chez Rogge, on aurait ainsi découvert une photo du journaliste dans une position acrobatique en compagnie d'une dame fort dévêtue, dont les arguments physiques seraient inversement proportionnels à la petitesse de sa vertu.
- Tout cela est évidemment bidon et ces deux courageux jeunes gens ne l'ont évidemment pas publié. Ils se contentent de diffuser une rumeur auprès de leurs confrères pour ternir la réputation de ce journaliste connu pour sa grande probité. Le tout visant bien entendu à discréditer son travail. Le duo de choc ne peut évidemment pas montrer la photo puisqu'elle n'existe pas. Il serait temps que l'Association professionnelle des journalistes s'occupe de ces cloportes qui déshonorent notre profession en se livrant à des méthodes de type mafieux.
Philippe Brewaeys.
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