lundi 11 mai 2009

Courrier des lecteurs (« Soir Illustré »30 octobre 1996 pages 46,47,48)


Courrier des lecteurs

JUSTICE: VOS REACTIONS :

« Soir Illustré » du mercredi 30 octobre 1996 pages 46,47,48

Votre courrier relatif aux affaires a pris des allures de marée, ces dernières semaines.

Quelques extraits significatifs :

- «Les signataires de cette lettre tiennent à vous informer de la tristesse et de l'incompréhension qu'ils éprouvent, après l'arrêt de dessaisissement du juge J.-M. Connerotte. Si nous sommes bien informés, M. Connerotte a été accusé de partialité et, de ce fait, les règles de droit voulaient qu'il soit dessaisi. Des objections ont toutefois été faites à ce propos, objections que nous partageons:

D'abord, il est très peu vraisemblable que n'importe quel juge aurait pu se conduire de façon totalement impartiale devant tant d'horreur; inévitablement, les émotions éprouvées auraient amené quiconque, de-ci de-là, à poser un acte imparfait, face auquel il aurait été invité à se reprendre pour rester au service d'une démarche juste: faire un tel procès, avec une telle sanction, à M. Connerotte pour avoir été «humain» face à l'horreur, c'est, nous semble-t-il, le mettre en position de bouc émissaire, en opposant ce qu'il a fait à un juge idéal - qui n'existe qu'en théorie(...) Dans des circonstances exceptionnelles, n'est ce pas plutôt la défense des valeurs morales de base (la lutte contre le mal et la recherche de la vérité) par tous, qui aurait dû être promue, avant celle des règles: celles-ci auraient dû être au service de ce combat pour les valeurs, ou mises entre parenthèses, plutôt que de constituer un esclavage! (...)

Nous récusons l'idée que nous aurions besoin de «pédagogie» pour apprendre à calmer un peu notre «réaction sociale émotionnelle». Tant de personnes ont dit où était, pour elles, la direction de la justice... ne pas en tenir compte, et abattre le symbole de leur espérance... est-ce encore bien un fonctionnement démocratique?

Enfin, les psychiatres et psychologues qui sont les signataires majoritaires de cette lettre attirent votre attention sur une considération plus «technique». Il est très vraisemblable que les inculpés principaux de ces enlèvements d'enfants ont des personnalités structurées par une très grande perversité. Il est «classique» que les pervers se jouent des lois et, à l'occasion, poussent leur perversité jusqu'à démontrer qu'eux-mêmes sont les victimes d'une mauvaise application de certains détails de la loi. A ce jeu, ils cherchent des alliés: c'est très probablement ce qui s'est passé et, ici encore, il est regrettable que l'institution suprême n'ait pas pris la responsabilité de «casser leur jeu»: une fois de plus, les pervers triomphent, et c'est bien ce triomphe qui fait le désespoir des parents des victimes et de la population. Ce serait pour nous un signe de mobilisation de la Justice, Monsieur le Président, si cette lettre recevait une réponse, non pas basée sur une argumentation autour des règles de droit, mais «d'êtres humains à êtres humains» (...) ».

- de Camille Delwaide (Anvers)

«Soyez remerciés pour votre courage, votre intelligence et votre clairvoyance. Les articles écrits dans Le Soir illustré sur les affaires Dutroux et Cools sont admirables. Vous êtes parmi les seuls, hélas!, à oser dire la vérité et à oser dénoncer l'odieuse conspiration du silence qui rend muette une grande partie de l'establishment. Vous êtes parmi les seuls, aussi, à vous rendre compte que si nous ne réagissons pas maintenant, la maffia deviendra la seule puissance réelle de ce pays... Pourrais-je vous demander d'essayer d'insister, par la voie de votre journal, auprès des parents d'enfants disparus, afin qu'ils ne baissent pas les bras, qu'ils n'écoutent pas le ministre de la Justice, et qu'ils fassent opposition à l'arrêt Liekendael. Il faut savoir que ce n'est qu'après avoir épuisé tous les recours en Belgique que l'on peut arriver à la Cour des Droits de l'Homme de Strasbourg et que l'on réhabilitera - enfin! - notre seul juge d'instruction à avoir retrouvé des enfants vivants! Il faut aussi se rappeler que l'arrêt de la Cour de Cassation n’était nullement obligatoire... de plus, il ouvre la voie a une jurisprudence extrêmement dangereuse qui permettra à quiconque de casser un jugement lorsqu'il y aura simple «soupçon» de partialité ! (...)»

- De Jean-loup Schyns de Dallas, Texas (reçu via le site Internet du Soir illustré, comme beaucoup d'autres réactions:

« Résident US d'origine belge, la fierté suite aux performances de nos athlètes à Atlanta a laissé place à la honte, au dégoût et à l'incompréhension. C'est avec une grande tristesse que je vis les événements tragiques survenus en Belgique via le réseau Internet et coupures de presse envoyées par mon père. Les communautés francophone et néerlandophone semblent tellement unifiées dans le chagrin et la sympathie vis-à-vis des parents de Julie et Mélissa.

Cette affaire frappe les Américains qui ne peuvent comprendre le laxisme de la Justice belge suite aux libérations de Dutroux. Ici, les pédophiles et meurtriers sont sujets à la peine capitale dans de nombreux États. Je voudrais faire savoir aux Papa et Maman de Julie et Mélissa que beaucoup de gens au Texas ont prié pour

vos enfants et me demandent de joindre leurs profondes condoléances aux miennes. Nous pensons très fort à vous. »

- De louis-Guy Servotte (via Internet) :

« Conjuguons" nos efforts. Avant, pour beaucoup, c'était le "passé simple". Pour certains même "plus que parfait". Maintenant, les décisions s'écrivent à "l'imparfait du subjectif" et à "l'exécutif absent". Pourrons nous un jour parler au "futur meilleur" ?

- de Philippe Roger (via Internet):

« Bravo pour vos articles. Vous, les médias, vous êtes notre seule chance à tous afin de mettre un terme à ces odieux agissements.

Nous sommes de tout coeur avec vous et avec les familles touchées. Il faut continuer ! »

- de J. Bollen (Visé)

«Après le discours du Roi, qui demandait moralisation, humilité et remise en question, c'est presque avec enthousiasme que chacun s'y est mis en nettoyant le trottoir d'à côté: «Ce n'est pas moi, c'est lui! »

- Gendarmerie: aucune erreur.

- Magistrature: les critiques populaires ne sont pas fondées.

- Politique: il nous est impossible d'agir sur la magistrature. Les «politiques» surtout, veilleront à faire le ménage chez les autres. Je n'ai entendu aucune suggestion de réforme des moeurs des politiques. On pourrait commencer par les suivantes:

- Suppression des cumuls de mandats

- Écartement de leurs mandats des politiciens impliqués par la Justice, sans attendre leur condamnation éventuelle

- Suppression de l'immunité parlementaire pour des faits autres que politiques - Dépolitisation réelle des promotions dans la magistrature, la fonction publique, la police... - Écartement de leurs fonctions des hauts fonctionnaires condamnés par la Justice, même pour des faits étrangers à leur fonction actuelle (affaire Inusop)».

Lettre ouverte à Monsieur O. Stranard, Président de la Cour de cassation

- de Marcel Tombeur (Vloerzegem)

«Monsieur,

(...)

Vous avez, en toute équité et âme et conscience, rendu un arrêt de suspension à l'encontre d'un magistrat dont la seule erreur fut de participer à une petite manifestation de sympathie à son égard pour un événement personnel, en vous faisant le complice de manoeuvres dilatoires (...)

S'il est exact qu'aucune loi n'autorise un juge d'instruction de faire preuve de partialité, il faut tenir compte du fait que ce dernier a droit à une vie privée en dehors de tout contexte professionnel. (...)

La loi est la loi, mais elle est basée sur un code désuet datant de plus d'un siècle. Et puis, il y a une justice humaine et une justice qui s'appuie plus sur le texte et ses implications que sur la réalité. En droit, vous avez raison. Mais pouvez-vous affirmer, en toute honnêteté, que vous n'avez jamais contrevenu à aucune loi, décret ou règlement? N'avez-vous jamais fait de l'excès de vitesse, stationné en double file ou oublié de verser votre obole dans les nombreux parcmètres?

(...) Dans des affaires comme celles-ci, on a trop tendance à se retrancher derrière l'application de la Constitution, des Lois, Décrets, des Codes Pénal et Judiciaire pour justifier une décision alors que ces mêmes Constitution, Lois, etc. sont journellement foulés aux pieds par tous les services publics et politiques, à commencer par le Parlement».

- de B. Simon (Hastière)

Déjà, lors de la création du monde, le crime s'est installé; Par jalousie, Caïn tue son frère Abel. Plus tard, Esaü vend son droit d'aînesse pour un plat de lentilles; Pour assouvir ses plaisirs.Judas vend le Christ pour 30 pièces d'argent, il l'accuse de se prendre pour un prophète; il y a 2000 ans, et déjà alors, le juste a payé pour le traître, car, Ponce Pilate n'a pas osé prendre ses responsabilités, il a eu peur du peuple qui demandait la libération de Barrabas.

Aujourd'hui, le peuple se révolte car il en a ras-le-bol de la justice belge. Oui, du Nord au Sud, la Belgique UNIE veut une justice saine et non une justice corrompue. Oui, cette semaine la «Haute-Cour» a assassiné Julie, Mélissa, An et Eefje pour la 2eme fois.

(...)

- de A.M. P.F (Bruxelles)

«Honte sur toi, Justice, qui protège les monstres. On courbe l'échine, sous l'avalanche des taxes, mais là, la coupe déborde. Tous les Belges (Bruxellois, Flamands, Wallons), sont solidaires des victimes de Dutroux & Co...De plus (à part une petite minorité d'extrémistes), ces mêmes Belges, qui le restent et sont fiers de l'être, en hommage à notre regretté roi Baudouin ler, sont contre le séparatisme. Les moutons de Belges en ont assez. Que nos dirigeants en tiennent compte!»

- de Angela Silvestre (liège)

«Avec très peu de mots, Mme Liekendael, Procureur Général auprès de la Cour de Cassation, nous a fait bien comprendre la mentalité de la Justice belge! «Ne pas tenir compte de ses sentiments». Pauvres parents !

Comme c'est difficile, dans une société pareille, une société malade d'un cancer, d'apprendre aux enfants à devenir des adultes honnêtes!

Quelle démocratie ! A qui la faute?»

- de Mme Michel Dominique (Rhisnes)

«Je vous écris, car je suis écoeurée. Je suis une simple citoyenne qui a trois petits garçons - David (7 ans), Maxime (5 ans et demi), Jérôme (3 ans) - et qui a peur de l'avenir. Le journal télé vient de se terminer, et je suis encore plus écoeurée de ce qui se passe (...) Pour finir, on va nous faire croire que Dutroux et sa bande n'ont rien fait, mais que c'est nous autres, citoyens honnêtes, qui avons poussé nos enfants dans les bras des ces personnages qui ne devraient jamais vivre. Car, pour le moment, c'est nous autres qui les nourrissons.»

- de J. Catin (Gouvy)

«Avouez que la démocratie a bon dos! Elle doit tout endosser, même ce qui dépasse l'entendement. Faut-il dessaisir le juge Connerotte, menacer le procureur Bourlet ? Telle est la question. La démocratie, en Belgique, on se la croque avec des frites et de la mayonnaise. Tant pis si monsieur tout-le-monde est une fois de plus déboussolé. La démocratie est bonne fille! On lui fait faire bien du chichi pour un plat de spaghettis...»

- de Monique Hougardy (Mamelle)

«Droit de protéger L'enfant convoité Droit d'interdiction Pour tous les cochons...Droit d'interpeller un numéro vert, Mais aussi le droit de se taire Parce qu'ils étouffent, Parce qu'ils camouflent, Parce qu'ils nous fichent, Parce qu'ils s'en fichent... Droit de s'opposer Aux procès tronqués Droit de réfuter Justice bâclée... Droit de plaidoyer Pour changer de nom, Droit de récuser Celui du dindon...»

- de Eric Thil (liège)

«Nous citoyens, Nous voulons connaître toute la vérité Sur les odieux crimes d'enfants

Sur les «affaires» criminelles et financières qui secouent le monde politique et judiciaire de notre pays.

Nous citoyens, Nous voulons être rassurés par nos politiciens sur leur volonté de changer favorablement les choses... rapidement.

Nous voulons être rassurés par nos politiciens sur l'avenir de la Belgique, sur l'avenir des institutions et sur l'avenir de la Justice. Nous refusons l'oubli, les mensonges, les manipulations, le séparatisme et... la nonchalance de certains. Nous citoyens, Il est temps de faire entendre notre voix».

- de F. Lamotte (Chanly)

«Nous les Belges, anciens combattants, résistants, prisonniers politiques, déportés, réfractaires et... contribuables, il est grand temps de réactiver le «Chant des Partisans»: Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne.

Fini de nous laisser conduire par le bout du nez par des politiciens irresponsables, que nous n'avons même pas choisis. Fini d'obéir aux ordres de gens, nommés par ces mêmes politiciens pour nous imposer une soi-disant justice, partiale, inhumaine et bancale. Fini cette justice archaïque où le moindre codicille, le moindre corollaire, par l'organe des beaux parleurs, profite au voleurs et aux assassins au détriment des victimes.

Ces gens de prétoire et de barreau n'ont semble-t-il encore rien compris (...)»

- de Josée de Maseneer (Dilbeek)

«Je vomis la Justice belge ainsi que ces gouvernants qui ne savent plus faire la différence entre un souper-spaghetti et les partouzes de ce vieux porc de Nihoul. Ils doivent être nombreux, ces gens biens de la haute et fortunés, qui sont à protéger et qui, j'espère, n'ont plus un poil de sec en ce moment (excusez l'expression)».

- de Mamans sans Frontières

En mémoire de Julie, Mélissa et à travers elles tous les enfants violentés, j'invite à la réflexion! Les parents des petites victimes ont déclaré avoir déplacé des murs. Ne pourrions nous pas, afin de les soutenir, lever une pierre chacun ? Que pouvons-nous entreprendre au sein de nos écoles? Surveillance, médiation, proposition de cours d'éthique du couple, et étude des livres de Marie-France Botte.

En tant que citoyens, nous sommes en droit de nous poser quelques questions. Comme les familles Russo et Lejeune, nous interpellons cette «Justice du fric». Magistrats, votre accoutrement moyenâgeux est anachronique en ce XXI me siècle. Dans un théâtre, que nous rebaptisons «Palais des Dieux», vous incarnez un certain «pouvoir». Le petit peuple, vous osez l'accuser de délation, alors que votre travail manque de correction. Quelle confiance accorder à votre système pénal que vous souhaitez «sans émotions»?

Oubliez-vous que les sentiments sont l'essence même de notre vie???».

- de Guy Soyez (Mont-sur-Marchienne)

«Toi, ma Belgique, qui fut terre d'accueil, qu'es-tu devenue? Toi qui fut terre d'entente, pourquoi t'es-tu dégradée? Toi qui fut terre de bonheur, où t'es-tu fourvoyée?

J'ai honte à te découvrir dans tes frilosités et le conservatisme de ta justice. Des patrons, des hommes d'affaires se sont satisfaits du déshonneur, Je me suis tu... Tes politiciens, tes représentants, tes ministres t'ont ruinée, Je me suis tu... Tes gardiens et tes protecteurs t'ont bradée, dilacérée et je me suis tu...

Tes garants de la démocratie et de la justice se sont prostitués, je me suis encore tu...

Mais aujourd'hui, des marchands du droit et des lois s'acoquinent pour occulter la lumière qu'ils redoutent et préserver les lâches et les tartuffes; pour noyer, s’ils le peuvent, les crimes odieux qui te secouent. Tout leur est bon, y compris leur frayeur à dénoncer la vilenie de leurs pairs.

Bel esprit, vraiment, que celui de dévoyer déontologie et éthique pour taire une prise de position que n'agréeraient pas des juges honteux.

Prérogatives de fonction, que de crimes sont commis sous votre écran!

Belgique, que de boue croupit sur ton sol, que d'ignominies s'enfouissent sous la terre, que de maux sont étouffés dans tes entrailles!

D'où te vient ton droit irrespectueux de la volonté des citoyens?

Quelle démocratie nous offres-tu, qu'une poignée d'individus puisse insulter la détermination quasi univoque de ton peuple?»

- de l. Debailleux (Mons)

«J'ai entendu, à la télé, les doléances de Maître Pierre, suite aux menaces dont sa famille et lui sont l'objet. Il n'espérait quand même pas des félicitations et des fleurs après son comportement ?

1° il prend la défense d'une bête immonde qu'il appelle pompeusement « Monsieur Dutroux »;

2° la hargne et la véhémence dont il fait preuve pour demander le dessaisissement de Monsieur le juge Connerotte;

3° son sourire de satisfaction après le jugement de la Cour de Cassation et le dessaisissement du même juge.

Il dit être scandalisé par la grossièreté des menaces et que tout le monde a droit à défense: Dutroux a-t-il laissé ce droit à ses victimes?

De plus, Maître Pierre se rend-t-il compte que l'argent qu'il va recevoir pour la défense de Dutroux représente les larmes et le sang des victimes (il est vrai que pour certaines personnes, l'argent n'a pas d'odeur).»

- d'Arlette de Meurers (Way)

«Je me pose cette question: pourquoi a-t-on choisi d'office l'avocat Pierre? Cet avocat a toujours été hostile au juge Connerotte d'après vos bons et intéressants articles (affaire des titres volés, etc.).

Qui est derrière ce choix? Qui a l'intention de retarder l'enquête (passation de compétence

Pourquoi la retarder? Où se trouve l'intérêt de (cacher des faits, continuer leur trafic)Maître Pierre aime-t-il les truands ou se fait-il un nom au détriment des victimes?

J'espère que je ne vous encombre pas avec ma missive mais j'avais un grand besoin d'en fais part.

Bien à vous et félicitations pour vos recherches.

PS : J'étouffe d'indignation. Pauvre juge...»

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Légende photos :

ÉMOTION

Innombrables ont été les scènes d'émotion au cours de la « marche blanche » historique. Ces photos, prises par un étudiant (doué) en photographie, n'ont rien de posé.

L'homme aux lunettes noires, qui utilisait la couverture du Soir illustré comme une affiche, a retiré volontairement ses lunettes pour une photo à bout portant. Derrière, il pleurait, et ce n'était pas du cinéma.

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