LE ROI OUVRE LA MARCHE (« Soir Illustré » 23 octobre 1996 pg 36 et 37)
LE ROI OUVRE
« UNE TRAGÉDIE NATIONALE »
« Ce que nous avons vécu en Belgique avec la disparition et la mort d'enfants innocents dans des circonstances horribles constitue une véritable tragédie nationale. Je le répète: une clarté totale doit être faite sur ce drame, ses origines et toutes ses ramifications, et cela dans un délai raisonnable ».
«
« Le changement sera une oeuvre de longue haleine, mais il se fera, j'en suis convaincu. Il faudra persévérer, tenir bon, car changer les mentalités et les règles de la société ne s'accomplit pas du jour au lendemain. Il faudra aussi rester vigilant pour ne pas retomber dans l'ornière. Suivre et accompagner ce changement, c'est une autre raison de notre rencontre d'aujourd'hui. Nous garderons à l'avenir le contact avec les familles...» ---
Tous ceux qui étaient là ont été frappés de l'absence quasi totale de frictions communautaires ou racistes dans cette marée où existait un sentiment d'appartenance à une véritable communauté, d'abord humaine les parents des victimes appartiennent à trois des communautés coexistant en Belgique et leur communion dans le malheur a sans doute fait plus que toutes les campagnes pour la compréhension mutuelle des Belges.
Oh, pas question de faire de l'angélisme unitariste. De la communion à l'union, il y a certes plus de chemin à faire que du Nord au Midi.
Mais, dans tous les grands rassemblements nationaux - souvenez-vous de la mort du roi Baudouin -l'impression dominante est que les Belges pourraient bien le faire en famille, ce chemin que, tout compte fait, ils connaissent bien. Si on les laisse faire, comme le disait le procureur Bourlet.
Bien sûr, les motivations des marcheurs étaient différentes – un « peu de tout », comme dit la pub TV: en mémoire des victimes, en soutien aux parents, au juge Connerotte, le ras-le-bol d'une justice malade, la nausée de la guerre des polices, des camouflages, le dégoût de la politique corrompue, la peur diffuse de l'avenir -, mais cette foule s'est comportée dignement, respectant très largement le souhait des parents de ne pas voir a marche récupérée au bénéfice d'une couleur politique quelconque. Les panneaux dénonçant les
«pourris » étaient finalement rares.
Comme aux élections, le parti le plus important était celui du blanc, mais pas le blanc du refus: le blanc de l'innocence enfantine, et aussi le blanc de le lumière, celle que tout un peuple exige sur des horreurs que, croit-il à tort ou à raison, et sans doute à raison, seules des complicités puissantes et durables ont permis. Trois cent mille personnes viennent de montrer que, cette fois, c'en était fini du mensonge et de l'illusion.
Dans leur foulée, très simplement, est née la plus grande force politique active du pays.
- Trois cent mille, et personne d'autre que des parents et des victimes à leur tête. Quel leader politique pourrait prétendre à pareil résultat? Un des plus grands rassemblements que cet étrange pays ait jamais connus a été initié et mené à bien hors de tout slogan, de toute consigne, de toute intervention des groupes de pression traditionnels. Il a été le fait de citoyens qui ont - peut-on dire «enfin»? - réalisé que la liberté et la démocratie sont incroyablement fragiles, comme les enfants que nous chérissons. Comme eux, elles réclament une vigilance de tous les instants.
- Or, la vigilance, c'est précisément ce qui est le plus difficile à exercer dans une société où tout vise à l'endormir. Pour la réveiller dans la population, il a fallu une marche forcée au plus profond de l'horreur, entamée le jour où nous avons appris que des enfants qui ressemblaient à des anges étaient mortes de faim, de chagrin et d'abandon dans un réduit froid comme une tombe. La marche blanche de dimanche, elle, devrait aboutir au résultat que nous espérons tous, le réveil de la vigilance de ceux qui nous dirigent.
Des responsables si souvent irresponsables - et jamais coupables - jusqu'aux fossiles de la cour de cassation, rarissimes sont ceux qui se donnent la peine de communiquer réellement avec l'opinion, autrement que par ukases ou en lui envoyant des « signaux », comme on dit aujourd'hui.
Trois cent mille Belges en marche, voilà le vrai signal: celui de la loi dans la rue à la rue de
Cette fois, il faut que toute la lumière soit faite et que les responsables paient.
Stève Polus.
_____________________________
LE NUMÉRO VERT SONNE TOUJOURS ROUGE
«En outre, certains faits apparemment étouffés remontent à plus de trente ans. Sur le plan civil, il y a prescription... et nous ne pouvons plus rien faire contre l'agresseur. Par contre, nous gardons précieusement le nom de ce dernier, s'il est identifié, car on sait que, souvent, le pédophile continue à commettre des délits».
«Nous procédons quotidiennement à un tri: Neufchâteau / autres arrondissements judiciaires.
En gros, nous préparons les dossiers – environ 1500 -, qui ensuite sont tous envoyés à Neufchâteau. Le Procureur du Roi, Michel Bourlet, décide, au vu des faits - suffisamment clairs ou non -, de garder, de renvoyer ou non les dossiers aux Parquets locaux (Bruxelles, Namur...).
Ce qui est déjà sûr, c'est que, - la masse d'informations affluant l'indique -, les abus de mineurs par des pédophiles ou des «organisations» de pédophiles continuent. «Nous assurons discrétion et anonymat», explique Laurence qui recueille les témoignages.
«Souvent, ce sont des femmes victimes qui appellent, et veulent garder l'anonymat. La plupart ont encore peur d'être confrontées à leur agresseur. La plupart des appelants gardent leur calme. D'autres sont au bord des larmes ou éclatent en sanglots parce que, pour la première fois, vingt ans après les faits, ils racontent leur drame. Par contre, les personnes qui, aujourd'hui, sont victimes d'actes pédophiles, n'osent pas encore s'exprimer, surtout par téléphone et à un gendarme...sauf si elles ont déjà porté plainte».
TOUTE
Le but de la gendarmerie est de détecter un éventuel réseau de pédophilie en Belgique. Autrement dit, de déceler une possible organisation criminelle, structurée, hiérarchisée, et dont le seul but est lucratif. Le commanditaire, le ravisseur, le conditionneur, le protecteur, le transporteur, le client constituent les principaux maillons de la chaîne. «La pédophilie existe bel et bien en Belgique, reste à savoir si elle fait partie d'un ou plusieurs réseaux», précise le lieutenant Tom Smets.
«C'est toute
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil