LES PARENTS SONT DÉÇUS : Un coup de massue ! ! ! (« La Dernière Heure » du jeudi 17 octobre 1996 page 3)
DE CLERCK LEUR A EXPLIQUÉ POURQUOI L'OPPOSITION NE RETARDERAIT PAS LE DESSAISISSEMENT DE CONNEROTTE
Si l'enquête après les disparitions de Julie, Mélissa, An et Eefje a été scandaleuse, c'est aussi faute pour les juges et magistrats du parquet d'avoir disposé d'un code de procédure pénale ne datant plus de l'âge du bronze.
Des avants projets de textes existent. Le ministre de
Louvain ainsi qu'avocats. Leurs avis ont été unanimes : le dessaisissement du juge Connerotte est immédiat quand bien même les familles feraient opposition. J'en ai informé les parents. J'ai appris mercredi matin par les médias que ceux-ci avaient finalement décidé de renoncer. C'est leur décision.
Encore doivent-ils savoir qu'ils ont un mois pour éventuellement changer d'avis... le ministre, qui se paie des journées de 36 heures, est allé vérifier sur place à Neufchâteau que tout y était mis en oeuvre pour que l'enquête « aille jusqu'au bout ». « J'ai rencontré les juges J. -M. Connerotte et Jacques Langlois. Je leur ai promis qu'un magistrat viendrait prochainement les épauler (deux noms sont évoqués : ceux du juge d'instruction Dominique Gérard, d'Arlon, et de son collègue bruxellois, Damien Vandermeersch, ndlr).
J'ai rencontré Michel Bourlet ainsi que les chefs d'enquête, tant de
Loubna Benaïssa et la maman d'Elisabeth Brichet ont rencontré le ministre de la justice,M. Stefaan De Clerck.
Peu avant cette rencontre, le conseil de la famille Benaïssa avait annoncé qu'il suivrait les familles Lejeune et Russo dans leur intention de faire opposition à l'arrêt de
Mais à leur sortie du ministère, les parents, qui affichaient tous une triste mine, ont annoncé qu'ils renonçaient à ce droit.
Que s'est-il passe durant les longues heures que les familles ont passées entre les murs du ministère pour qu'un tel revirement de situation se produise ?
Le ministre nous a dit qu'à Neufchâteau, dans l'après-midi, il avait rencontré M. Moinet, le président du tribunal de première instance, et que celui-ci lui avait déclaré qu'il avait déjà choisi M. Lanqlois pour succéder à M. Connerotte dès lundi.
Pour rappel, M. Moinet, c'est le juge qui a ordonné les libérations d'Annie Bouty et de Michèle Martin », explique Jean-Denis Lejeune. « Le ministre nous a également annoncé qu'il s'était rendu à Neuchâteau pour signifier à M. Connerotte son dessaisissement. Quand nous avons appris cela, nous avons été sous le coup d'une vive émotion. Nous avons compris qu'il ne servait à rien de faire opposition à l'arrêt, puisque toutes les décisions étaient déjà prises et que rien ne pourrait apparemment faire changer les autorités d'avis.
Les parents croyaient vraiment au recours qu'ils voulaient introduire. Ils espéraient ainsi pouvoir obtenir un sursis pour le juge Connerotte. Mais, pour le papa de Julie, les paroles du ministre ont été un véritable choc.
« J'ai reçu un coup de massue de plus; une véritable baffe en pleine figure », remmarque-t-il.
Jean-Denis Lejeune veut cependant être clair. Il ne reproche actuellement rien au juge Langlois. Je ne le connais pas. Mais ce que je dis, c'est que j'avais totalement confiance en M. Connerotte. Et que je trouve qu'il est bête de bouger quelqu'un qui fait du bon travail.
Comme on dit en sport, on ne change pas une équipe qui gagne... Je ne comprends pas l'acharnement de certains, et notamment de Maîtres Pierre et Baranyanka, qui veulent absolument que le dossier reste à Neuchâteau, avec le juge Langlois à sa tête.
Un, la maréchaussée exclut toute faute dans l'enquête sur les disparitions. Deux, Dutroux était, dès le départ, considéré comme un gros suspect.
Assisté par le patron du Bureau central de recherche, Deridder a précisé que l'information la plus importante était arrivée dès 1993.
Entre 93 et 94, aucun aménagement n'a été remarqué. Dès l'été 95, la surveillance de Dutroux a été renforcée.
Pour le général, le parquet de Charleroi a été constamment tenu au courant de ces enquêtes. Idem, ensuite, pour le juge d'instruction Doutrewe, à Liège.
Aucune perquisition spécifique n'a été ordonnée. «Jusqu'au bout, les parquets de Charleroi et de Liège ont eu la même attitude que nous. Il n'y avait pas d'élément suffisant. Une dénonciation anonyme, cela ne suffit pas pour obtenir un mandat de perquisition », martèle Deridder.
Les moyens humains, matériels, techniques et autres lui coûteraient
Sur place, à Neufchâteau, il est dit que le nombre ne serait pourtant pas suffisant.
D'autant que dans la proche région bruxelloise, les police de Hal, Asse, etc. - un secteur éminemment sensible - refusent désormais (faute de moyens) d'épauler les gendarmes.
Hier, la commission de
Van Parys parle de sanctions disciplinaires voire pénales. Le Parlement traîne depuis deux mois, enchaîne l'écolo Decroly qui considère que les députés doivent cesser de travailler comme des étudiants en période d'examens.
Il faut savoir que, par crainte de fuites dans la presse, les élus de la nation ne peuvent pas prendre copie des rapports d'enquête sur l'enquête. Bref, les chefs de groupe de toutes les formations politiques - sauf le FN - sont d'accord pour créer une commission d'enquête spécifique chargée - accrochez-vous bien - de l'enquête sur l'enquête dans l'affaire Dutroux.
L'enquête sur l'enquête Cools est remise à plus tard. La commission Dutroux devra rendre son rapport au plus tard dans trois mois - avant mi-janvier 1997 !
Ce sera bien nécessaire. Quinze jours après leur disparition, des gendarmes carolos - en particulier le Mdl Petens - pensent que Marc Dutroux pourrait être impliqué dans la disparition de Julie et Mélissa. Ils provoquent l'opération Othello, envisagent même de placer des caméras vidéo autour des propriétés de Dutroux (ce qui ne se fera pas).
Bien plus tard, le 6 décembre 95, un juge de Charleroi arrête Dutroux pour vols. C'est la police de Charleroi qui l'interpelle.
La coordination est si bordélique - excusez-nous - que le gendarme Petens, qui traque Dutroux depuis quatre mois, n'apprend par hasard l'arrestation de son client que cinq jours plus tard, le 11.
On connaît la suite: avec l'actord du juge forent, les gendarmes obtiennent de perquisitionner eux-mêmes à Marcinelle. Et c'est ce jour-là, le 13 décembre, que le Mdl-chef Michaux, qui fouille la cave, entend des cris d'enfants. Il remonte au rez, s'aperçoit que des gosses piaillent chez les voisins, fait taire la ribambelle.., et ne perçoit plus aucun cri. « Mais pourquoi Michaux n'a-t-il pas crié ? », veut savoir un député.
A toutes ces questions, Valère De Cloedt, du comité P, répond qu'il ne sait pas. M. Michaux a peut-être commis l'erreur de sa vie...
- « Dutroux est arrêté, s'écrie un parlementaire. Il est en prison. Pourquoi aucun enquêteur ne lui a-t-il parlé des disparitions d'enfants ?
Même embarras de Valère De Cloedt :
« Il me serait plus simple de vous répondre si tout avait été mis sur P.-V. Mais comme ce n’était pas le cas ! »
En fait, les gendarmes étaient informés par au moins trois proches qui disaient que Dutroux était taré et capable de tuer. Peut être n'a-t-on pas parlé à Dutroux de Julie et Mélissa par crainte de mettre en danger la vie des indics.
Entre les vies de Julie, Mélissa, An et Eefje et celles d'informateurs,
Le 31 janvier 1996, le patron du parquet carolo, le procureur Marchandise, classait l'opération Othello. De sa belle écriture, il griffonnait sur la farde : «A classer ». A ce moment, Julie et Mélissa, c'est sûr, se battaient contre la mort.
Mais qui était Othello ?
Tout simplement Marc Dutroux. Dont la mère écrivait au parquet de Charleroi pour dénoncer son fils. Qu'est devenue la lettre ?: par le comité P, on sait que le parquet de Charleroi l'a transmise au parquet de Namur, qui l'a transmise à la police de Jemeppe-sur-Sambre, où l'info s'est perdue. Et avec elle les toutes dernières chances des quatre enfants...
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CONNEROTTE DÉGOÛTE ? Des élucubrations!
Le journal faisait état d'un réel ras-le-bol du juge à l'égard de tout ce qui touche aux faits et crimes sur lesquels il a travaillé d'arrache-pied depuis le 10 août dernier. Une radio en remettait une couche, établissant un lien direct entre l'état d'esprit de M. Connerotte et la surprenante décision des familles de victimes, décision ne pas intenter une action en opposition au récent arrêt de dessaisissement.
Qu'en est-il exactement ? A Neufchâteau, le commentaire autorisé est cinglant:
« Élucubrations ». A plus d'un titre. De fait, pour respecter la logique, tous les dossiers de pédophilie sont rassemblés entre les mains d'un seul juge d'instruction, en l'occurrence Jacques Langlois, le successeur de M. Connerotte. Une question de logique, mais également une question de droit puisque
« C'est de l'intoxication, nous dit-on dans les milieux de l'enquête. Ce serait de la pure folie de confier au juge dessaisi une nouvelle enquête relative à des faits de pédophilie. Vous imaginez le risque que cela ferait peser sur l'ensemble des investigations?
L'enquête serait réduite à néant pour des raisons de procédure ».
Par ailleurs, comme signaler dans une précédente édition, la cellule d'enquête doit prochainement être renforcée. Déjà le juge Connerotte avait introduit une demande en ce sens tant la charge est lourde et l'enquête dispersée. Le ministre de
d'appel, celle de liège selon toute vraisemblance.
Le palais de justice d'Arlon a d'ores et déjà été contacté. Un nom circule depuis deux jours, celui de Dominique Gérard, juge depuis 1995.
Celui-ci est une vieille connaissance à Neufchâteau puisqu'il fut du barreau local avant d'accéder, très jeune à la magistrature, comme substitut du procureur Bourlet.
Le renfort demandé concerne aussi les services administratifs et du greffe.
Autrement dit, dans l'immédiat, il conservera sa rutilante Roover aux sièges en cuir pour ses déplacements, comme si de rien n'était.
Pendant ce temps, hier encore, Jean-Marc Connerotte, à l'instar du procureur Bourlet, se déplace toujours dans
Le procureur comme le juge est sans cesse flanqués de gardes en civil, armés, munis d'un talkie-walkie.
Apparemment, M. Langlois ne fait l'objet d'aucunes menaces. Pourvu que cela dure. Car la vie de protégé n'a rien de fort agréable : présence permanente, route d'accès au domicile coupé par des barbelés et des barrières, escorte pour se rendre à l'école...
II n'y a pas de réponse pour le moment.
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