dimanche 12 octobre 2008

Ne plus jamais laisser oublier(« La Dernière Heure »14 septembre 1996 page 2)


Ne plus jamais laisser oublier

QUATORZE FAMILLES DE VICTIMES RÉUNIES

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

LIÈGE- « Trop tôt pour conspuer Dutroux. Trop tard pour prendre en compte la psychologie des victimes. Trop tard pour rendre confiance en la justice belge. Il reste bien trop de victimes laissées dans l'isolement, dans le silence, dans le mépris. Il y a trop longtemps qu'elles ne comptent plus pour personne. Rien ne pourra ôter leurs souffrances passées.

Rien ne pourra les apaiser. Rien ne pourra leur rendre leur existence ». La voix tremblante, le discours entrecoupé de longues respirations, Carine Russo, la maman de Mélissa, rappelle le sort difficile que connaissent les parents des victimes, ignorés de tous, -et particulièrement de la justice.

«Aujourd'hui, nous, les parents de Julie et Mélissa, nous portons cette immense responsabilité de ne plus jamais laisser oublier, de refuser qu'on nous endorme à nouveau avec des promesses jamais tenues, des propositions de loi qui traînent dans les tiroirs, des débats parlementaires qui ne mènent à rien, montagnes accouchant invariablement de souris, un discours juridique complexifié à l'extrême afin de mieux duper l'immense majorité de gens simples, de gens sains ».

Autour des parents de Julie et Mélissa, les familles de 13 autres enfants disparus, dont deux ont été retrouvés : Laetitia Delhez et Sabine Dardenne. Leurs familles sont les seules qui estiment avoir été entendues par la justice.

« Nous remercions notamment M. Bourlet et M. Connerotte », tient à souligner le parrain de laetitia. « Je n'ai rien dit lors de la conférence de presse parce que je n'ai rien de plus à dire que les parents de Julie et Melissa. Je les soutiens dans toutes leurs actions. Mais concernant les autorités,nous n'avons rien à leur reprocher. Dès les premières heures de la disparition de Sabine, ils savaient que ce n'était pas une fugue », remarque M. Dardenne.

Une grande famille

Comme le souligne la sueur de Loubna Benaïssa dans son émouvant message,

«Les familles des enfants disparus forment une grande famille, unie dans la douleur, dans les questions qu'elles se posent et dans la recherche de la vérité ». Marie-Noëlle Bouzet, la maman d'Elisabeth Brichet, enchaîne: « Nous constituons une force qui aura son poids sur les autorités; pour que ce qui s'est passé ne se produise plus jamais ».

Faire changer le sort des victimes, tel est le souhait de toutes ces familles réunies hier à liège.

«Nous voulons poursuivre notre lutte contre l'injustice, surtout celle qui concerne les enfants, contre l'inhumanité de l'appareil judiciaire, politique et autre », explique Paul Marchal, le papa de An. « Nous avons deux priorités que l'enquête continue et que les lois soient appliquées; notamment  celle sur l'hypnotisme. L'hypnose peut-être dangereuse. Pourquoi

An et Eefje ont-elles pris le mauvais tram ? Je m'oppose à ce que Rasti Rostelli fasse une nouvelle tournée en Belgique

Lourd combat

Chaque famille a ses angoisses. Chaque papa, chaque maman a sa propre douleur. Mais tous ont la même force et la même volonté de continuer la lutte, pour permettre de sauver les enfants qui peuvent encore l'être. Un combat quelque fois bien difficile par son poids...

Depuis le 24 juin 1995, on a prouvé que l'amour de nos enfants nous donnait beaucoup de force. On sera capable d'assumer ce poids. Moi, il suffit que je pense à Mélissa et j'avance », conclut dignement Gino Russo. A ses côtés, la maman d'Élisabeth Brichet opine doucement, le regard triste...    

Nathalie Evrard

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 Victor Dutroux raconte son fils

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

BRUXELLES - « Quand j'ai vu à la télévision comment il avait aménagé ses maisons, j'ai immédiatement songé à ses dessins d'enfant et à cette mine qu'il avait imaginée, pleine de dédales et de caches secrètes.

Les relations entre Marc et Victor Dutroux n'ont jamais été faciles. Ainsi qu'il en témoigne, cette semaine, auprès de nos confrères français de VSD, le père du monstre de Sars-la-Buissière, qui vit aujourd'hui, en ermite, dans un appartement de Gand, entretient depuis toujours des relations d'amour-haine avec son fils; rapports qui finiront par déboucher, semble-t-il, sur une incompréhension totale.

Au point que Victor Dutroux, aujourd'hui âgé de 68 ans, nie sa...paternité, affirmant qu'il a épousé Jeannine, la mère de l'immonde personnage, alors que celle-ci était enceinte d'un autre homme. « Dans les années cinquante, pareille situation était scandaleuse, surtout pour une institutrice de 19 ans », poursuit Victor dans les colonnes de VSD. Il lui a dès lors proposé le mariage, qui sera célébré, à Bruxelles, e 31 mars 1956. Sept mois plus tard, Marc venait au monde. Pour le plus grand malheur de notre société, en particulier de ses enfants.

En 1960, la famille Dutroux s'installe à Roux, après un détour parle Burundi. Victor enseigne à l'école communale. Marc s'y inscrit. Il y laissera le souvenir d'un garçon banal, quoique doté d'une grande intelligence. Ce dernier trait de caractère se confirmera tout au long de sa sinistre existence.

L'art du mensonge

Victor apprend tôt à son fils à jouer aux échecs. C'est à peu près tout ce qu'il fera pour lui, affirme VSD. Marc doit se débrouiller seul. Et de petites combines (à 9 ans, il loue ses BD à des copains de classe pour 1 F la journée) en grosses magouilles, Marc Dutroux finit par commettre des actes abominables, par pousser la porte de l'enfer.

Non sans avoir auparavant décroché un diplôme d'électricien, s'être marié, avoir eu deux enfants et une multitude de maîtresses.

Sa violence vis-à-vis des plus faibles confine à la lâcheté. » Quand il était gamin, Marc s'en prenait souvent à ses camarades d'école », se souvient encore Victor. « Mais quand les conflits tournaient à la bagarre, il était le premier à se défiler.

Depuis qu'il est arrêté, Marc Dutroux confesse ses crimes atroces au compte-gouttes. « Il cultive l'art du mensonge », estime Victor. J'ai comme l'impression qu'il prend plaisir à se moquer de la police. Si Victor veut écrire aux familles des victimes pour leur exprimer sa sympathie » et leur « donner espoir», il affirme qu'il n'abandonnera cependant plus Marc. Il veut le persuader « que Dieu existe ». L'enfer aussi.

J.M.

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REPORTERS SUR RTL-TVI : Sur les traces de Marc Dutroux

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

BRUXELLES-Vendredi soir, pour la première de sa nouvelle émission d'information Reporters, RTL TVi ne pouvait que revenir sur les affaires qui frappent le royaume tout entier.

Avant un reportage sur Grâce-Hollogne dont la population ne veut pas croire à la culpabilité de son ancien bourgmestre, Alain Van der Biest, les caméras sont parties sur la route qu’a emprunté Marc Dutroux de son

enfance à nos jours. Déjà en 5e primaire, c'était un garçon froid, indifférent, insensible. «Je ne l'ai jamais vu rire ni pleurer », se rappelle son instituteur, ancien collègue de Jeannine Lauwens, la mère de Dutroux.

De l'avis de ses parents, l'enfant Marc Dutroux était « un enfant comme les autres ». « Dès que la loi le lui a permis, il a quitté la maison parentale », relève cependant Victor Dutroux qui ajoute qu'à la vérité, on était bien content d'en être débarassé, même s'il restait notre enfant ». S'il gardera toujours la porte ouverte à son fils

(«Ce n'est pas parce que maintenant il est dans le pétrin... »),

Mme Lauwens est terriblement amère après les « agissements écoeurants » dont Marc Dutroux est coupable.

Adulte, celui-ci maîtrise parfaitement son image. Ainsi devant ses avocats il apparaît « relativement serein, très calme », et devant ses voisins il est « agressif, criard, mal dans sa peau et nerveux ».

Ph. D. C.

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Carolos salis : Les autorités réagissent

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

CHARLEROI - Magistrats soupçonnés de collusion, flics ripoux, parties fines et autres pratiques mafieuses : le monde judiciaire carolo, magistrats assis et debout, a largement été traîné dans la boue ces derniers temps sans pouvoir réagir à cause du sacro-saint devoir de réserve des magistrats.

La coupe était pleine, le président du tribunal de 1ère instance, M. Lacroix et le procureur du roi,M.Marchandise, accompagnés du bâtonnier de l'ordre des avocats, Eddy Stem, ont tenu à remettre l'église au milieu du village et à contrer les attaques, avec mesure. « C'est vrai qu'il y a un profond malaise que l'on ressent dans les couloirs du palais et que les plaignants qui viennent nous trouver stigmatisent en marquant ouvertement leur méfiance. Mais M. Bourlet l'a dit et confirmé : aucun magistrat carolo n'est suspecté de quoique ce soit dans l'affaire Dutroux. Quant aux membres de la PJ qui ont été interpellés et relaxés, j'ai aussi demandé des éclaircissements à M. Bourlet mais je tiens à dire que les enquêteurs de la PJ ont obtenu, dans des enquêtes très difficiles, des résultats excellents, et ce dans toutes les matières.

Thierry Marchandise est clair et soutient ses PJ men même s'il est en attente quant à l'attitude à adopter vis-à-vis des gens qui ont été interpellés et pour lesquels, il le rappelle, existe toujours la présomption d'innocence. « On .a beaucoup parlé d'un magistrat qui avait achète une voiture saisie a vil prix, j'ai mené une enquête qui a révélé que le magistrat en question avait bien acheté une Mercedes d'occasion à un garagiste aujourd'hui suspecté : l'achat remonte à 1990, époque à laquelle Dutroux était en prison. De plus, un concessionnaire lui a déclaré à l'époque qu'au prix demandé, il n'était pas volé mais ne faisait pas non plus une bonne affaire. Il y a des traces écrites du paiement ».

Mauvais procès

M. Lacroix estime donc qu'on a encore fait là un mauvais procès, à moins qu'il soit interdit désormais d'acheter une voiture d'occasion...« On parle de magistrats carolos qui ont protégé Dutroux : nous avions en 86 monté un dossier contre Dutroux pour aller en assises, mais à l'époque, le dossier des Tueurs du Brabant nous a empêché d'aller en assises. Dutroux a été condamné en appel, au maximum de la peine et e parquet général s'est opposé à sa conditionnelle : où sont !es protections dans un tel contexte ? » demande le premier magistrat de Charleroi, qui a trouvé particulièrement choquantes les accusations dont les Carolos ont été victimes dans ce dossier. Le bâtonnier a, lui, exprimé la confiance du barreau en la magistrature de Charleroi et rappelé que, malgré ce qu'on raconte, la justice avance et les tribunaux font leur travail.

F.M.

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Un grand manipulateur

NIHOUL OU L'ART DE SE FAIRE MOUSSER DANS LE GRATIN

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

BRUXELLES - Michel Nihoul était un microbe que rien n'arrêtait, qui s'introduisait indifféremment dans les milieux les plus fermés pour en tirer gloriole et profit personnels. Depuis novembre 1992, il s'était fait élire Grand Maître de la Confrérie des Maîtres Brasseurs et Distillateurs de Wallonie, ce qui lui permettait de voir du monde, et même du très beau monde.

Soyons clair: nous n'avons nullement l'intention de jeter le discrédit sur cette sympathique association, créée il y a vingt ans pour défendre les produits de terroir, les bières, les alcools et les liqueurs en particulier.

La Confrérie n'est pas secrète. La RTBF (Guy Lemaire, Télétourisme) lui a consacré un reportage. Elle réunit 44 brasseries et 46 distilleries. La Confrérie s'inspire – ses vêtements notamment - des strucCures corporatives du Moyen Âge. Nihoul y a été introduit en 89. II en a gravi les échelons au pas de course, passant en trois ans de compagnon au grade (suprême) de Grand Maître.

Non ! Nous voulons montrer avec quelle facilité déconcertante Nihoul ,l'ami des truands, des avocats, des hommes d'affaires, des flics, des journalistes, l'ami des gens qui comptent, était capable, en un rien de temps, de tutoyer les grands de ce pays. Nous avons eu le souffle coupé en revoyant les vidéos qui montrent Michel Nihoul trôner, parader, pérorer, se gonfler d'importance, le sourire en coin, saluant, la bière à la main, une cour d'admirateurs pressés autour de son imposante personne satisfaite. Le 21 novembre -1992, à Purnode, c'est Nihoul, comme Grand Maître, qui intronise le chanteur Plastic Bertrand (Ça plane pour moi). Il lie des amitiés avec des confréries soeurs comme la Confrérie de

l'Ordre de la Griotte (de Schaerbeek), la Confrérie de l'Hydromel (Tihange) et bien d'autres comme celle de la Cuisse Cochonne. Nihoul fait rire. « Il est jovial, beau parleur, plein d'humour, galant envers les dames et ne rechigne pas à payer de sa personne », se souvient-on.

Car Nihoul a de l'entregent. Pas étonnant que le 31 juillet – quinze jours avant d'être arrêté ! - il ait déclare aux « petits flics » de Bruxelles qui cherchaient des poux à son ami Michel Lelièvre (oui, le copain de Dutroux !) qu'il avait le bras long comme le Danube...

En août 1995 (six semaines après le rapt de Julie et Mélissa pour lequel il est inculpé), Nihoul, dans les dorures de la salle solennelle de l'hôtel de ville de Bruxelles, intronise le bourgmestre Freddy Thielemans. Le sacre suprême, Nihoul l'obtiendra quand le maïeur de la capitale de l'Europe – abusé comme tout le monde - lui permettra d'organiser un week-end de boissons et cochonnailles à la Grand-Place !

Le 18 novembre 1995 - l'époque où Nihoul demandait à l'ex-avocate Annie Bouty de lui dénicher de faux papiers pour Bernard Weinstein -, Nihoul, plus écoeurant que jamais, intronise, à Charleroi, le ministre régional et bourgmestre Jean-Claude Van Cauwenberghe. Visiblement, Van Cau s'amuse beaucoup. Nihoul aussi plume de coq au chapeau, le Grand Maître trinque et parle d'égal à égal avec le vice-Premier ministre et ministre des Finances Philippe Maystadt. Dupé comme tout le monde !

A l'époque, selon l'enquête, Nihoul rendait visite à Dutroux à Marcinelle et Sars-la-Buissière où Julie et Mélissa étaient toujours vivantes.

Insistons : ces relations n'impliquent en rien ces personnalités qui ignorent tout de la double vie de l'individu. Elles illustrent les relations dont Nihoul pouvait se targuer et les influences dont il pouvait user au besoin.

 

Gilbert Dupont et Philippe Bidaine

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EN SOUVENIR

Lutter contre les monstres

« La Dernière Heure » du samedi 14 septembre 1996 page 2

LIÈGE- Depuis janvier dernier, les parents de Julie et de Mélissa sont entourés par un comité de soutien, fort d'une centaine de membres, dont un tiers forment le noyau dur. Des personnes sur qui les parents ont pu s'appuyer ces dernières semaines quand leur désespoir était trop important. Des personnes discrètes qui sont là pour témoigner que les démarches que les parents ont effectuées pendant 14 mois étaient raisonnables et fondées...

Aujourd'hui, les parents des petites se sentent investis d'une mission : celle que plus jamais un tel drame ne se produise. A la mémoire de leurs enfants, ils ont donc décidé de créer l'association Julie et Mélissa, n'oubliez jamais. « Pour  l'instant, nous réfléchissons à l'élaboration d'une petite structure qui n'en est qu'à ses premiers balbutiements. Dans quelques jours, nous aurons un local où nous pourrons établir une permanence téléphonique et un secrétariat.

Pour le moment, nous sommes en train de dépouiller les 40.000 lettres que nous avons reçues ! », explique Gino Russo. Pour constituer leur asbl, les parents prennent conseil auprès de Marie-Noëlle Bouzet, fondatrice de l'association Élisabeth et les autres. Ils tiennent à souligner que les formes des actions seraient complémentaires à celles de l'asbl Marc et Corine.

Une peine incompressible...

Les objectifs de l'associations sont nombreux : tout d'abord préserver la mémoire et le symbole de Julie et Mélissa, ensuite changer les mentalités de l'institution judiciaire et policière en accordant une priorité à l'enfant, une priorité à la collaboration avec les parents des victimes et une priorité au changement des mentalités.

L'intention des parents des Liégeoises n'est pas de réunir tous les parents, mais au contraire de laisser à chacun son indépendance, sa liberté de parole et d'action. Mais le but de l'association est évidemment avant tout de combattre la pédophilie.

Les parents réclament de nouveau l'accès au dossier. Ils soulignent ainsi que leur conseil n'y aura accès qu'un mois avant l'audience alors que les inculpés peuvent déjà le consulter maintenant. Ils mettent également en doute l'enquête sur l'enquête, réalisée par Mme Thily. Ne fallait-il pas la confier à un haut magistrat extérieur au parquet général de Liège », demandent-ils.

Ils ajoutent que leur rôle n'est pas de faire changer le code pénal en imposant par exemple les peines incompressibles. « On peut juste donner notre avis. N'oubliez pas que nous aussi nous venons de prendre une peine incompressible à perpétuité... », remarque doucement Gino Russo.

N.E.

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 LES PARENTS DES VICTIMES  REUNIS POUR BRISER LE SILENCE

 « Vers l'Avenir »   du samedi 14 septembre 1996

« Plus jamais ça ! ».

Ensemble, les parents des victimes enlevées ou assassinées ont rappelé avec fermeté leur volonté de briser le silence. Ensemble. Sans précipitation ni récupération, ils veulent secouer le système judiciaire et policier. Pour Julie, Mélissa, An, Eefje et tous les autres enfants disparus.

« Le combat des parents continue pour obtenir des réponses, pour obtenir la vérité, pour maintenir et étendre la vigilance, pour modifier les structures et les mentalités, afin que jamais ce qui est arrivé ne se reproduise. »

D'une voix grave et posée, Carine Russo, le visage marqué par l'émotion, lit ces quelques mots d'introduction. A ses côtés, son époux, Gino Russo; leurs amis, Jean-Denis et Louise Lejeune; Paul et Betty Marchal; la maman d'Élisabeth Brichet, ainsi qu'une dizaine de parents de victimes, venus des quatre coins du pays, écoutent attentivement.

Un grand silence règne dans la salle Rogier, au premier étage du Palais des Congrès de Liège. La presse, au grand complet, est fidèle au rendez-vous.

 Une association "Julie et Mélissa"

Après avoir longuement remercié les très nombreuses personnes qui se sont manifestées depuis plusieurs semaines à leur égard, les familles Lejeune et Russo ont annoncé leur intention de créer prochainement une association « Julie et Mélissa ».

"Nous réfléchissons à l'élaboration d'une petite structure qui n'en est encore qu'à ses premiers balbutiements, explique Gino Russo, notre objectif est de préserver la mémoire et le symbole de nos enfants et de faire aboutir les promesses que nous leur avons faites le dimanche 18 août."

Cette ASBL, complètement indépendante de l'association « Marc et Corine », aura comme objectif principal de défendre les droits des enfants et de changer, au travers d'actions concrètes, les mentalités de l'institution judiciaire et policière.

« Nous travaillerons en complète indépendance et nous ferons appel à toutes les bonnes volontés qui se sont manifestées jusqu'à présent pour mener à bien notre action », annoncent les parents Lejeune et Russo qui proposent par ailleurs de créer une fédération regroupant les associations de parents-victimes, afin de nouer entre elles des liens de solidarité".

Unis dans la douleur...

Engagés, les parents de Julie et Mélissa le sont plus que jamais. "Sur le fond du dossier, plusieurs questions restent encore sans réponse, fait remarquer Louise Lejeune. La Justice est au service de la société et des citoyens.

En bonne et saine démocratie, tout pouvoir, fût-il judiciaire, doit permettre la transparence et le contrôle."

Une allusion directe à leur requête relative à l'accès à l'intégralité du dossier d'instruction et à l'enquête sur l'enquête menée au parquet de Liège.

Tous les parents présents autour de la table, à commencer par Paul Marchal, ont rappelé avec force leur volonté « d'aller jusqu'au bout ». De lutter contre « les systèmes lacunaires et l'inhumanité des appareils judiciaire et politique ».

 

Quant au père d'Eefje Lambrecks, il a ajouté: « S'il n'y avait pas eu tous ces dysfonctionnements de l'enquête, ma fille serait toujours vivante. »

Désormais, dans le chef de ces parents-victimes, plus rien ne sera comme avant. Animés par un élan collectif, ils sont prêts à agir. Pour briser le silence. Vaincre l'isolement. Ensemble. Unis dans la douleur...

 

Hugues DORZÉE        

 

 

 

 

 

 

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