dimanche 12 octobre 2008

L’enquête est clôturée («Dernière Heure »18 septembre 1996 page 8)


L’enquête est clôturée

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

ULTIME MISSION DE JACQUES VELU

BRUXELLES - Depuis hier, M. Jacques Velu n'est plus procureur général près la Cour de cassation. M. Velu part à la retraite et c'est Mme Liekendael, avocate générale près la Cour de cassation, qui lui succède. Jacques Velu a fait irruption dans l'actualité le 1er février 1994, quand il a demandé le renvoi devant la Cour de cassation du ministre Guy Coëme et du secrétaire général de l'Otan, Willy Claes, dans le cadre de l'affaire

Agusta. C'est lui 'également qui, en juin de la même année, dessaisira le juge Connerotte, de Neufchâteau, dans l'enquête sur les titres volés ue le juge liait à l'assassinat 'André Cools. C'est encore lui qui obtiendra la condamnation de Guy Coëme dans le cadre du dossier inusop. L'ancien ministre de la Défense nationale a écopé de deux ans de prison avec sursis et s'est vu priver de ses droits civils et politiques pour cinq ans pour avoir bénéficié d'un certain nombre d'avantages lors de la commande d'études et de sondages à l'institut que dirigeait alors Camille Javeau.

Suppositions

Né en 1926, Jacques Velu avait accédé à la fonction de procureur général près la Cour de cassation à la mi-février 1993. Ce docteur endroit et licencié en sciences économiques et financières de l'Ulg a débuté sa carrière en 1949, en tant qu'avocat au barreau de Bruxelles. Substitut, procureur du Roi, puis avocat général à la Cour de cassation, Jacques Velu est devenu premier avocat général en 1989. Spécialisé dans la problématique des Droits de l'Homme, professeur, il est l'auteur d'une centaine d'ouvrages et d'études.

Avant son départ, M. Velu a rempli une dernière mission importante, à savoir la réalisation d'un rapport sur d'éventuels dysfonctionnements au parquet de Mons. Ce rapport devait arriver mardi après-midi sur la table du ministre de la Justice tout comme celui de Mme Thily, procureur général de Liège. M" Thily avait été chargée d'établir un rapport d'enquête sur la manière dont a été instruit le dossier Julie et Mélissa.

Le procureur général de Liège a donc entendu les enquêteurs et la juge d'instruction. Dans quel sens vont ses conclusions  On ne peut que faire des suppositions sur base de commentaires, mais il apparaît d'ores et déjà que la gendarmerie et, plus précisément une partie de son état-major, n'aurait pas communiqué des informations essentielles à Mme Doutrewe, la juge chargée du dossier.

Au cabinet du ministre de la Justice,on expliquait que M. De Clerck voulait toute la clarté, mais que les enquêtes disciplinaires ne sont pas publiques. Tous les documents ne seraient donc pas soumis aux parlementaires et à la presse. L'important est que l'essentiel des responsabilités soit dégagé.

Ch. D.

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Un ordinateur a actualisé le portrait d'Elisabeth Brichet

 « La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

L'OPÉRATION A ÉTE JUGÉE TROP COÛTEUSE EN BELGIQUE

NAMUR- Si elle vit encore, Elisabeth Brichet est une jeune fille de 19 ans. Ses proches, qui continuent à attendre des nouvelles, ont fait réaliser un portrait vieilli. Ils ont dû s'adresser à une organisation étrangère puisque cette opération est, à l'heure qu'il est, impossible à réaliser par nos forces de police...

Cet outil est estimé trop coûteux par nos enquêteurs qui estiment trouver ailleurs, à l'étranger (au Canada, essentiellement), des gens extrêmement coopératifs... pour un prix de revient inférieur.

Le 20 décembre 89, en début de soirée, Elisabeth Brichet avait quitté la maison de son amie, sur la chaussée de Waterloo à Saint-Servais, pour rentrer chez elle, 300 mètres plus loin. Elisabeth n'est jamais arrivée. Une demi-heure plus tard, celle-ci avait alerté la police. Pendant les vacances de Noël qui suivaient, le substitut en charge du dossier avait été convaincu qu'il s'agissait d'une fugue. Ceci, en dépit des dénégations de la maman, Marie-Noële Bouzet.

L'affaire n'avait été confiée au juge d'instruction, Guy Coméliau, que bien plus tard, et parce que la famille s'était constituée partie civile.

Sept ans se sont écoulés depuis cette disparition sans trace. Sept ans pendant lesquels les parents, Mme Bouzet et M.Brichet, ont nourri toutes les espérances et vécu les découragements les plus profonds.

Les enquêteurs ont suivi de multiples pistes qui les ont notamment conduits en Italie et aux iles Canaries. Elisabeth est restée introuvable.

A Lourdes

Les premières heures de la disparition auraient dû être exploitées car, l'actualité le démontre, elles sont déterminantes. Parmi les espoirs fous, il a eu ce témoignage tardif d'une dame qui disait avoir aperçu ce soir-là, dans une voiture, à cet endroit, une fillette blonde aux yeux bleus, qui semblait effrayée. Il y a eu aussi cette hôtesse de l'air qui 'était convaincue d'avoir vu Élisabeth sur l'un des vols où elle avait travaillé.

Récemment, une Dinantaise a raconté avoir vu Élisabeth, l'an dernier, non loin de lourdes. On ignore si ses affirmations ont été vérifiées. Les investigations menées dans l'affaire Nihoul-Dutroux ne permettent pas encore d'écarter une intervention de ces malfaiteurs dans le dossier Brichet.

Pour les parents, l'incertitude se prolonge donc. La douleur aussi. La dernière en date de leurs tentatives est l'élaboration de ce portrait vieilli d'Elisabeth, par ordinateur, une société spécialisée Nationnal Center for missing and exploited children, a travaillé sur la photo d'Elisabeth alors âgée de 12 ans. Elle a dessiné ce visage d'une jeune fille, qui doit ressembler trait pour trait à Élisabeth âgée de 19 ans.

Sabine Dorval

Élisabeth, au moment de sa disparition.

(Ph. Alain Pierrard)

 

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Transfert à Neufchâteau

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LES PARENTS DE LOUBNA SE CONSTITUENT PARTIE CIVILE

BRUXELLES- « C'est faire preuve d'une méconnaissance profonde du fonctionnement du système judiciaire que de se scandaliser de l'absence de juge d'instruction dans l'affaire de la disparition de Loubna Benaissa ». Voilà ce qui nous était répondu en commentaire à la fausse émotion créée hier par nos confrères de RTL-TVi. Ceux-ci relayaient des informations publiées par Het Laatste Nieuws, selon lesquelles après quatre ans, le dossier Benaïssa n'a pas été mis à l'instruction, ce qui est exact, nous l'avons d'ailleurs déjà écrit à peu près vingt fois depuis août 1992.

Mais cela. n'est absolument pas anormal, rétorque le parquet de Bruxelles, et n'implique bien sûr pas que depuis août 1992, rien n'a été tait dans ce dossier qui pourrait être lié à l'affaire Nihoul-Dutroux.

En effet, le public doit savoir que :

1) les juges d'instruction ne sont pas seuls à diriger des enquêtes, 2) l'intervention d'un juge d'instruction n'a jamais eu d'effet magique sur un dossier; il ne constitue pas en soi un gage de réussite et 3) le parquet du procureur du Roi est parfaitement habilité - il le fait souvent aussi efficacement qu'un juge - à demander a un service de police ou de gendarmerie à procéder à tel ou tel devoir. Ainsi, pendant près d'un mois, l'enquête sur le rapt de l'ancien Premier ministre Paul Vanden Boeynants n'a pas été dirigée par un juge, mais excellemment bien par un magistrat du parquet, le premier substitut Bart Van Lysebeth.

Le procureur du Roi ne met un dossier à l'instruction que lorsque certains actes ou devoirs (mandats d'arrêt ou de perquisition, autopsie d'un cadavre, écoutes téléphoniques) sont nécessaires. Faute de piste hélas, de tels devoirs d'enquête n'ont pas dû être menés après la disparition de Loubna.

En revanche, il y a eu un vrai scandale dans l'affaire Benaïssa-et nous l'avons dénoncé déjà : pendant les cinq premiers jours  de la disparition, du mercredi 5 août 92 au lundi 10, aucun service de police n'a pris au sérieux la disparition de la petite fille.

Nihoul impliqué

Les parents de Loubna Ben Aïssa se sont constitués partie civile entre les mains du juge d'instruction Connerotte à Neufchâteau. Le dossier concernant la disparition de Loubna sera transmis à Neufchâteau. Il devrait y arriver dans les prochains jours. Il est assez rare qu'un préjudicié se constitue partie civile entre les mains du juge d'instruction d'un autre arrondissement judiciaire que celui où il a son domicile. Dans le cas présent, il semble qu'il y aurait un lien de connexité entre Michel Nihoul et l'enlèvement de la petite Marocaine. Un témoignage laisserait en effet supposer que Nihoul aurait été vu dans le quartier le jour et l'heure de l'enlèvement de l'enfant, à savoir le 5 août 1992.

 

Gilbert Dupont

 

 

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Nihoul en chambre des mises dès jeudi

 

PEUT-ÊTRE LE VRAI N°1 DE LA BANDE

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

BRUXELLES - « l'ai rencontré M. Nihoul pour la première fois le 16 août. Mon client continue de prétendre qu'il n'a rien à voir dans cette histoire. Il s'accroche à l'idée que la justice fait fausse route et perd un peu de son objectivité, dans la psychose actuelle ».

C'est ce que nous confiait hier Me Virginie Baranyanka, l'un des avocats du Bruxellois Nihoul, dont les enquêteurs se demandent s'il n'était pas le « numéro un » d'un réseau que d'aucuns appellent déjà Nihoul-Dutroux : le monstre de Sars-la-Buissière n'aurait peut-être été qu'un exécutant aux ordres du bruxellois.

L'inculpation de Nihoul dans le rapt et la séquestration de Julie, Mélissa et Laetitia donne du poids à ce qui n'est pourtant qu'une hypothèse de travail.

NihouI comparaîtra jeudi devant la chambre des mises en accusation de liège. Il avait comparu vendredi passé en chambre du conseil. A première vue, les magistrats liégeois paraissent bien pressés, puisque le code d'instruction criminelle prescrit un délai maximal d'appel de 15 jours en vertu duquel Nihoul aurait dû patienter jusque vendredi en huit. Explication ? C'est une façon, pour le parquet de Neufchateau, de regrouper les suspects - Nihoul, Dutroux, Lelièvre, Martin, le Grec et Annie Bouty - en prévision de la prochaine chambre du conseil à Neufchâteau.

Sans l'isolement carcéral dont il profite à Namur, il y a fort à parier que Jean-Michel Nihoul aurait déjà été mis en charpie lors d'un transfert au palais de justice de Liège, des détenus ont hurlé ,«A mort», au passage de Nihoul dont il importe tout de même de rappeler qu'il est encore présumé innocent!

Même si depuis la semaine passée, un témoin accuse le Bruxellois d'avoir participé au rapt à Ixelles, en août 1992, de la petite Loubna Benaïssa. Rien qu'un témoignage tardif, pour l'instant. Hier encore, les gendarmes sont revenus rue du

Conseil, à Ixelles, au domicile de Roland Corvillain, un ami des Dutroux, Lelièvre, Nihoul et mème du père de Patrick Haemers à en croire du moins son ex-compagne qui l'accuse de faits de moeurs sur ses deux grandes filles.

Une trappe

Rue du Conseil, tout avait été fouillé... sauf des égouts trop anciens pour figurer sur les cadastres.

Ces ultimes vérifications ont été menées hier. Sans résultat. En outre, des fouilles ont été entreprises rue D'Ormont, 20/22, à Bouffioulx, où Dutroux a eu l'usage, pendant huit mois, de fin 92 à mi-93, d'un garage, d'un arrière-garage et d'un jardin. Un voisin y a vu Dutroux à de très nombreuses reprises. Dutroux s'occupait de voitures (et d'une caravane) souvent immatriculées aux Pays-Bas. Il ne se gênait pas de changer les plaques de ces véhicules, y apposant des belges dans la rue même, au vu et au su de tout le monde. Une trappe masquée par des planches intéresse les enquêteurs. Les chiens-cadavres allemands ont visité les lieux. Le géo-radar du Britannique John Bennett est arrivé à Bouffioulx à 17 h 35.

Par ailleurs, des fouilles similaires ont été entreprises dans le village d'Anthée. Une propriété qui était fréquentée par Michel Lelièvre y a été inspectée de fond en comble. Les enquêteurs ont emporté quelques objets dont un sac poubelle dans lequel figuraient des objets divers qui devront être analysés. Quant aux fouilles à Tirlemont, elles n'ont pas fourni d'indices.

Gilbert Dupont

 

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PERMISSION DE SORTIE

 

II veut revoir son père !

 

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LIÈGE -- Le climat engendré par les sinistres exploits de Dutroux et de sa bande est évidemment peu propice aux libérations conditionnelles -- même pour quelques heures -- de personnes condamnées pour pédophilie. C'est bien compréhensible, mais ça peut aussi avoir des conséquences totalement inattendues.

Ainsi en est-il de cette action en référé introduite, à liège, par Nicolas R. Celui-ci avait été condamné, en décembre 1993, à sept années de prison pour pédophilie, un jugement confirmé, en mars 1994, par la cour d'appel de Liège.

 

C'est le ministre de a Justice en personne, M. Stefaan De Clerck, représentant en l'occurrence l'État belge, qui a été assigné devant le tribunal de Liège par ce détenu incarcéré depuis le mois de juin1993. Pourquoi ? Parce que le 7 septembre, on lui refusait une permission de sortie pour rendre une dernière visite à son père qui, comme le précisait un certificat médical produit lors de la demande, serait au seuil de sa vie.

 

Envoyée au directeur de la prison dans laquelle il réside -celle de Tournai - et au parquet général de Liège, cette demande a été rejetée par l'administration pénitentiaire.

Un rejet motivé par le climat actuel et par le fait que la loi Lejeune n'autorise, en principe, une sortie qu'à partir du moment où les deux tiers de la peine sont effectivement purgés.

Introduite ce mardi, l'affaire a été reportée à jeudi. Selon l'avocat de l'État belge, cependant, le pouvoir judiciaire n'est pas compétent pour se pencher sur une décision administrative. En l'occurrence, c'est au Conseil d'État qu'il faudrait s'adresser. « Tout ce qu'il demande, c'est d'avoir un dernier contact avec son père qui est à l'article de la mort», estime, pour sa part, l'avocat de Nicolas R. Même entre deux gendarmes, s'il le fallait vraiment...

 

Ed. F.

 

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Le juge, bouc-émissaire

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

MME DOUTREWE, ATTAQUÉE GRATUITEMENT

LIÈGE - Dimanche, lors de l'émission Controverse sur RTL-TVi, uneréflexion parmi d'autres. Amalgame

Carine Russo sème une nouvelle pincée de trouble dans l'opinion publique. Mélangeant les problèmes du mari de la juge d'instruction Martine Doutrewe a la gestion du dossier de la disparition de Julie et Mélissa, Mme Russo verse dans l'amalgame. Compréhensible, vu le drame mais gratuit, méchant, insidieux, inutile. Mme Doutrewe, critiquée de bout en bout par les familles Lejeune et Russo pour son manque de psychologie, son refus permanent de laisser aux parents l'accès au dossier, a-t-elle mal fait son travail ?

Parfaitement instruit

Le parquet d e Liège dit, au contraire, que le dossier a été parfaitement instruit. L'élément déterminant concernant Dutroux n'était pas en sa possession. Comment aurait-elle pu aller chercher quelque chose dont elle n'avait pas connaissance ?

Et l'inculpation de son époux, M. Guy Wolf, dans une vaste affaire de faillite frauduleuse et d'escroquerie instruite à Bruxelles (le dossier Comuele),n'a vraiment aucun rapport avec le travail de Mme Doutrewe.

Ch. D.

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 Pédophiles en correctionnelle

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LE PÈRE ET LA MÈRE VIOLAIENT LEUR ENFANT

CHARLEROI - En mars 1994, Alessandro doublait sa première année primaire lorsqu'il s'est rendu en compagnie de sa classe à une animation Sancorres (Santé, corps,respect), qui apprend aux enfants à ne pas supporter, et surtout à dévoiler, des comportements scabreux de la part d'adultes. C'est là que l'enfant a eu le déclic et qu'il a enfin avoué le calvaire qu'il vivait depuis de longs mois auprès de parents pervers.

Au terme de l'animation, en effet, Alessandro est allé trouver l'infirmière pour lui faire des révélations pour le moins choquantes « Papa met son zizi dans mon oreille, sur mon ventre, dans ma bouche... ».

Une réunion de crise a lieu dans la cellule médecine scotaire qui alerte aussitôt les autorités judiciaires. L'enquête ne va pas tarder à donner des résultats: le père et la mère sont entendus et inculpés, le père est placé sous mandat d'arrêt. Les enfants, Alessandro et son frère aine, qui a dû lui aussi subir des sévices sexuels, sont placés en institution.

 

Lésions

Alessandro sera de nouveau entendu, avec toutes les précautions qui s'imposent,, l'enfant est terrorisé : on l'a menacé de le frapper avec une ceinture et avec une pantoufle en bois, s'il parle de tout cela a quiconque. La mère semble avoir joué un rôle actif dans l'affaire: « Maman était là, elle me caressait aussi », avouera l'enfant.

Le père passera 18 mois en détention préventive, avant d'être remis en liberté. Les enfants sont toujours en institution alors que le procès vient de s'ouvrir devant la 6 eme chambre du tribunal correctionnel de Charleroi, présidée par M. Henry. Le tribunal a entendu hier, divers témoins. Le médecin légiste, le Dr Beauthier a ainsi rappelé les lésions anales qu'il avait constatées chez l'enfant, avant que le médecin scolaire ne vienne rappeler, avec une précision accablante pour les parents, qui sont restés de marbre sur le banc de la prévention, les révélations du petit garçon.

Deux éducateurs, ayant en charge les enfants depuis leur placement, sont ensuite passés à la barre. Le premier a évoqué le comportement agressif d'Alessandro vis-à-vis des fillettes qu'il côtoyé et qu'il emmène dans les toilettes pour les toucher. Le second a rappelé une conversation qu'avait eue Alessandro avec un autre enfant victime de sévices sexuels, et au cours de laquelle le garçon avait répété qu'il avait bel et bien été violé par son père.

Enfin, un assistant social est venu confirmer que la mère, lors d'une rencontre avec son fils sous haute surveillance, avait tenté de le faire revenir sur sa version des faits et lui suggérant que c'était des adolescents turcs de son quartier qui avaient eu des violences à son égard.

F. M.

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La prison effrayait Dutroux !

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

 INTERROGÉ EN JUIN PAR UN CONTRÔLEUR DE L'INAMI

MONS - Jacques Delbècque, 35 ans, est contrôleur-adjoint à l'Inami. Il est le seul à exercer cette profession en Hainaut. Sa mission ? Débusquer les travailleurs au noir et, en cas de fraude établie, leur retirer les allocations de chomâge ou les indemnités d'incapacité de travail qu'ils cumulaient jusque là.

Un boulot qui n'attire pas forcément les sympathies et dans lequel on rencontre des tas de gens : des bons, des brutes, des truands (NDLR : M. Delbècque a été chargé d'enquêter sur le Négrier invalide Carmelo Bongiorno, sur Vittorio Adriano et Jean-Claude Estiévenart, deux personnes inquiétées dans le cadre du dossier des Tueurs du Brabant), mais aussi de dangereux pédophiles.

Ce fut le cas en juin dernier, lorsqu'il auditionna un certain Marc Dutroux dans les locaux de l'Inami de Charleroi.

 Un interrogatoire qui, rétrospectivement, fait encore froid dans le dos du contrôleur-adjoint

« Nous nous sommes intéressés à Marc Dutroux suite à une dénonciation. Il touchait depuis 1993, 38.000 F par mois d'indemnités pour incapacité de travail, ce qui représentait 40 % de son dernier salaire. Il était accusé d'avoir des activités de ferrailleur et d'entrepreneur ».

L'audition va durer huit heures. Un record dans le genre « J'avais l'impression de passer à côté de quelque chose d'important », avoue aujourd'hui le contrôleur de l'Inami. Petit à petit, un climat de confiance s'instaure entre les deux hommes. Et Dutroux va se livrer à des révélations sur son passé judiciaire

« Visiblement, il voyait que j'avais eu connaissance de ses antécédents et il voulait se justifier. lise décrivait comme une victime de la société. Il était terrorisé à l'idée d'évoquer sa vie carcérale. Dutroux pleurait presque en parlant des nuits et du stress derrière les barreaux. Il avait aussi une interprétation tronquée du code pénal. Pour lui, un viol, c'était arracher les vêtements contre le gré d'une personne. Il rejetait aussi la considération du jeune âge de ses victimes.

Dutroux ne remettait pas en cause le fondement de mon enquête : sa culpabilité était évidente. Mais cette plainte l'empêchait de se recaser socialement. Il se plaignait aussi d'être persécuté par la gendarmerie ».

 

En juillet, soit un mois avant son arrestation pour les faits horribles que l'on sait, le dossier Inami de Dutroux était bouclé. Mais début août, ce dernier est revenu à la charge via un courrier. Dans cette missive, Marc Dutroux laissait entendre avec un sacré culot qu'il irait en appel de la décision qui le privait de son incapacité de travail. II n'en a pas eu le temps. Depuis, il a regagné ces cellules qui lui font tellement peur et le dossier monté par M. Delbècque est entre les mains du juge Connerotte...

 

Val. S.

 

 

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