La justice Belge est pourrie par Maître Garaud ( Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996 page 28 ,29 et 30)
La justice Belge est pourrie par Maître Garaud
Un réquisitoire impitoyable Pour les Belges, la justice est une vaste pantomime dirigée par Guignol »
« J'ai entendu des violeurs d'enfants déclarer : « Faire l'amour à un gosse, c'est lui donner de l'amour »
Cette absurdité, on la doit à des comités qui partent du principe que le monde évolue »
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C'est un plaideur de talent, un vieux bretteur des prétoires, qui a la force de convaincre, même dans les situations les plus désespérées.
A presque 70 ans,l'homme est massif, bien planté sur ses jambes et toujours encombré d'une lourde serviette de cuir bourrée de dossiers. Me Garaud n'accepte pas la banalisation de la violence. Mais, c'est évident, il se place plus volontiers dans le camp des victimes que dans celui des méchants.
Ainsi a-t-il en charge la plupart des dossiers des policiers blessés ou tués dans l'exercice de leurs fonctions.
Au moment le plus critique de l'enquête sur l'affaire Grégory, Me Garaud a soutenu le couple Villemin,ce « couple martyr ».
Sa manie : avouer l'inavouable. Il nous le prouve de manière magistrale en mettant le doigt sur l'épineux scandale qui secoue
S'il y avait un « clignotant » de l'atrocité, Dutroux serait, sans l'ombre d'un doute, dans la zone rouge. Celle de l'innommable, de l’intolérable monstruosité. Il est en effet difficile d'imaginer qu'une personnalité aussi diabolique, aussi machiavélique, puisse exister sur terre. On entre là dans le domaine de l'exceptionnelle cruauté, de l'incarnation du Mal.
Ce qui me frappe dans les affaires Dutroux, c'est le laps de temps qu'il s'est donné pour ses crimes. Voyez-vous, généralement, les viols, les séquestrations s'effectuent brièvement, furtivement... Dutroux, lui, sadique hors norme, a - si j'ose dire - fait durer le plaisir. Je ne voudrais pas heurter les parents de ces petites et de ces adolescentes, en vous déclarant que face à une telle bâte, la mort immédiate, subite, aurait été souhaitable. On ne concevra jamais les souffrances, les sévices que Marc Dutroux a fait endurer à ces martyres.
- En premier lieu, je voudrais leur faire part de mon admiration. Ces familles décimées, déchirées, ont fait preuve d'une dignité exemplaire. Après les larmes, il est difficile de ne pas songer aux armes. Maintenant, pour répondre à votre question, je vous dirais que perdre un enfant, c'est, pour un père ou une mère, le malheur absolu. Il n'y a d'ailleurs pas de mots pour exprimer, « évaluer », qualifier cette douleur ressentie. Tenez, un exemple: lorsqu'une femme perd son époux, on dit qu'elle est «veuve ». S'il s'agit d'un enfant qui voit disparaître ses parents, on emploiera le mot « orphelin ». Mais dès que l'on évoque un papa et une maman perdant le fruit de leur amour, il n'y a pas de mot pour traduire cette situation. A croire que le langage lui même refuse d'admettre la mort d'un enfant.
En tant qu'avocat, je peux, « à la rigueur », comprendre les mobiles qui poussent certains individus à tuer leur voisin pour un bout de terrain ou un membre de leur famille pour une sombre histoire d'héritage. Ces actes font partie de ce que j'appellerai « le fonds de commerce de l'humanité ». Mais tuer un enfant, c'est tuer l'innocence. Tuer un enfant, c'est aussi tuer le futur. Une société qui ne comprend pas cette règle élémentaire est vouée un jour ou l'autre à sombrer dans le chaos. C'est un peu ce qui se passe actuellement en Belgique.
- Ce n'est pas tout à fait ça. Je dirais plutôt que son « intime conviction » l'a fourvoyé. L'actuel ministre de
« Aucune trace de présence n'a été relevée. L'intéressé a été entendu verbalement sur le but desdits travaux. Il a déclaré qu'il aménageait ses caves, sans plus. Les travaux étaient à leurs débuts. Août 1995 : les enquêteurs liégeois reçoivent une note confidentielle selon laquelle le violeur a proposé à un« individu » de participer à des rapts d'enfants huit mois auparavant. Selon le bureau slovaque d'interpol, Dutroux a séjourné en Slovaquie (un pays connu pour ses filières pédophiles) et s'y trouvait encore dix jours avant son arrestation. Enfin, le bourgmestre de Braine-l'Alleud a assigné l’Etat belge en justice pour défaut d'assistance et de précaution dans les récents événe-mot « orphelin ». Mais dès que l'on évoque un papa et une maman perdant le fruit de leur amour, il n'y a pas de mot pour traduire cette situation. A croire que le langage lui même refuse d'admettre la mort d'un enfant.
Comment ? En relaxant un homme qui aurait dû expier ses crimes jusqu'à la fin de ses jours. N'ayons pas peur des mots : pour le peuple belge, la justice de la nation est une vaste pantomime dirigée par Guignol. Je reste tout aussi dubitatif sur intégrité de certains membres de l'Etat. Un ancien ministre a été inculpé d'assassinat, puis écroué, et d'autres sont dans le collimateur des enquêteurs. Mais où va donc le Plat Pays?
- Je le pense, oui. Dutroux séquestrait ses jeunes victimes dans des cellules. Et ce, au beau milieu d'une petite ville. J'ai été le maire d’une petite agglomération et je puis vous affirmer ceci : lorsqu’un des administrés faisait des travaux ,je le savais. Le «bouche à oreilles » fonctionnait. Un homme qui construit des cellules... enfin, diable, cela aurait dû éveiller des soupçons. A plus forte raison s'il est chômeur et possède plusieurs résidences.C'est incroyable. Pour ne pas dire étrange.
II est clair que nous sommes en présence de dysfonctionnements surréalistes, gravissimes. Plusieurs unités de gendarmerie de la banlieue de Charleroi avaient en effet détaillé, dans un rapport accablant, les louches activités de Dutroux, depuis sa sortie de prison en 1993. Travaux de maçonnerie, de cachettes, vols de voitures : les gendarmes savaient. Mais le parquet de Liège, auquel ils affirment avoir transmis ce rapport, déclare n'avoir jamais reçu le précieux document. Qui ment ? C'est la clé de voûte, la question fondamentale à laquelle il faudra trouver LA réponse. J'ajoute qu'en France comme en Belgique, un fonctionnaire n'est jamais responsable à titre personnel si la faute qu'il a commise n'est pas détachable de sa fonction. A partir de ce constat sidérant, comment voulez-vous qu'il y ait des coupables ? Ne nous voilons pas la face : dans l'administration, l'incompétence, la faute, on la sanctionne par un placard doré ou une mutation. Jadis, c'étaient les archives. Aujourd'hui, un fonctionnaire qui commet une « erreur », une « bourde», finira chef d'un service quelconque. Avec, en prime, une augmentation!
- Oui, qu'il y aura un VRAI rapport à l'issue d'une VÉRITABLE enquête dans les arcanes du gouvernement. J'espère en l'occurrence que les enquêteurs pourront faire leur travail, sans aucune pression, et qu'il ne s'agira pas d'une pseudo-gesticulation dans le but de calmer les foules. Des tètes doivent tomber, des sanctions exemplaires doivent être infligées. Le peuple belge attend des réponses, des faits, des actes, et non des palabres.
Si protection il y a eu, c'est parce que des gens détenant un certain pouvoir, pour ne pas dire un pouvoir certain, avaient tout intérêt à ce que Dutroux poursuive son odieux commerce. Au sein de la gendarmerie, de la police ou des instances gouvernementales, des « amateurs d'enfants » se cachent probablement. Si c'est le cas, qu'ils soient « consommateurs » ou rémunérés pour fermer les yeux, ils devront un jour s'expliquer et payer.
- Marc Dutroux est-il, d'après vous, un Landru moderne créé par une crise de civilisation ? La fin des interdits, un environnement permissif, les institutions en déliquescence et l'absence de toute prévention n'expliquent-ils pas, en partie, la multiplication des drames actuels?
Notre civilisation a rendu l'homme insatiable, elle exacerbe toutes les passions, tous les désirs. Cela a de bons côtés, car elle incite au dépassement de soi. Le mauvais côté, c'est que la libération des désirs, c'est aussi la libération des désirs les moins recommandables. Les interdits profonds ne sont plus à la mode. Et comme la culture inculque de moins en moins la protection des faibles, le respect des autres, ce sont les petites filles et les vieilles dames qui en paient les conséquences. De façon triviale, je dirais : plus les gens s'éclatent, plus les faibles trinquent.
« La seule issue, c'est la peine de mort »
Que la peine de mort, d'une manière incontestable, empêche la récidive. Ensuite, que, jusqu'à preuve du contraire, un individu, tant qu'il est derrière les barreaux, ne peut pas violer les petites filles. Cela me semble d'une logique implacable, non?
Ecoutez. Pour garder un individu en prison à vie, c'est-à-dire pendant quarante ou cinquante ans, il faudrait que l'État s'en donne les moyens. Est-on en mesure de créer les structures indispensables ? Je ne le crois pas. A mon avis, il y a bien d'autres priorités. Les enfants assassinés sont les vôtres, les miens, ceux du gendarme, ou de ta concierge. Ce sont eux que l'on doit protéger avant tout. On n'a pas le droit d'être généreux avec ce qui ne vous appartient pas.
Affirmatif.
- Considéré par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) comme la victime d'un trouble de la préférence sexuelle, le pédophile peut, selon les psychiatres, être le fait de gens très différents. Il y a ce que l'on appelle les déficients mentaux immatures, qui ont l'âge mental de leurs victimes, et les névrosés, qui souffrent de leurs pulsions mais ne parviennent pas à les maîtriser. Ils présentent des profils réellement pathologiques. Plutôt séducteurs, ils exercent pour la plupart un métier ou un bénévolat en relation avec l'enfance. Réputés excellents pédagogues, ils bénéficient de la considération générale et se lient souvent d'amitié avec les parents de leurs victimes. Viennent ensuite les prosély tes pervers. Ce sont de grands consommateurs de tourisme sexuel. Ils s'inventent des alibis intellectuels pour justifier leur conduite et militent pour la dépénalisation de la pédophilie. Elitistes, ils se font les hérauts du « nouvel amour » : il faut, selon ces Pygmalions, enseigner aux enfants les plaisirs du corps, au nom de leur épanouissement futur. On en revient un peu à la pétition que je vous évoquais tout à l'heure. Ces pédophiles ne prennent, pour la plupart, que des risques calculés !
Enfin, les occasionnels : ils ne sont pas réellement pédophiles au sens psychiatrique, mais achètent une fillette, après avoir trop bu, à la faveur de la liberté soudain ressentie dans un pays exotique.
Clients habituels des prostituées, ils sont d'autant moins regardants sur l'âge de leurs partenaires que progresse la menace du sida.
Non. Mais ils sont tous dangereux. Et forts. Les pédophiles ne sont généralement pas des agresseurs violents. Plutôt des séducteurs, bons pères de famille, des gens au-dessus de tout soupçon, exerçant - comme je vous le disais précédemment – pour la plupart un métier ou un bénévolat en relation avec l'enfance.
Certains jettent leur dévolu sur une femme divorcée avec enfants ou une mère célibataire, dont ils deviennent l'ami : ils ont ainsi des enfants à leur disposition. Quand ils pratiquent le tourisme sexuel, c'est par facilité : cela leur évite de passer par la phase de séduction.
Ils font semblant de croire qu'il n'y a pas de barrières morales, que la pédophilie est « normale ». En Europe, nous n'avons pas de lobby puissant, à part une poignée d'intellectuels. Mais aux États-Unis, des groupes constitues, a la faveur du 1er amendement de
Quand la justice déçoit, c'est un deuxième viol. Dans les pays occidentaux, le seul moteur, c'est la volonté politique, donc les budgets. Il faudrait davantage d'unités spécialisées. On n'auditionne pas un enfant comme un adulte. Il faudrait utiliser des moyens audio et vidéo.
Chaque pièce est équipée de micros et de caméras, et l'ensemble ressemble à une vraie maison, avec cuisine, salon, chambres, etc.
Propos recueillis par Franck ROUSSEAU
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