dimanche 21 septembre 2008

Un dossier qui rebondit( «Dernière Heure »10 septembre 1996 pg 4)


Un dossier qui rebondit

 UN VIOL ET UNE TENTATIVE DE MEURTRE EN NOVEMBRE 95, À ORBAIX, OÙ AVAIT HABITÉ DUTROUX

 « La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

NEUFCHATEAU-ORBAIX – A priori, le calme régnait, hier, au centre névralgique de l'enquête sur la bande à Dutroux et le dossier parallèle, celui des trafics de voitures. A tel point que les journalistes ont déserté la place où, jusqu'à la semaine dernière, ils tenaient le siège.

Hier, lundi, comme la veille, Annie Bouty et Michel Nihoul ont longuement été interrogés, au palais de justice de Bruxelles, l'une par la 23e brigade, l'autre par Ia 3e SRC. Les interrogatoires ont toujours trait, semble-t-il, à l'enquête sur la pédophilie plus que sur les activités financières de M. Nihoul.

C'est ce mardi matin qu'Annie Bouty comparaît devant la chambre du conseil, à Neufchâteau, qui statuera sur son maintien en détention.

Des fouilles ont à nouveau été entreprises au domicile de Marc Dutroux, à Sars-la-Buissière, fouilles dont on ignorait, hier après midi, l'objectif précis. Quant aux recherches dans la demeure de Corvillain, ce pédophile, ami de duo Nihoul-Bouty, condamné à Bruxelles, elles seront reprises ce mardi. Après les déblaiements du

week-end, les chiens et le géo-radar entreront en action.

Un non-lieu rapide

Hier, en réponse aux affirmations de plusieurs journaux, le procureur Bourlet contestait l'évidence du meurtre de Bruno Tagliaferro, meurtre à mettre à charge de Dutroux et de sa bande. On sait que l'autopsie a démontré l'ingestion de médicaments par la victime. Seule, rappelle en substance le procureur, les analyses toxicologiques permettront de lever le doute, de déterminer s'il y a eu meurtre. Ces analyses dureront plusieurs jours. Pour l'heure, forcément, on imagine que Dutroux ou ses complices sont responsables de tous les crimes sexuels qui ont été perpétrés dans le Hainaut. Dans une précédente édition, nous avons fait état de l'assassinat de Laurence, la caissière du Gel 2000, à Châtelineau.

On sait que les enquêteurs nourrissent des inquiétudes sur. Une tout autre agression. Celle-ci date du 22 novembre 1995. Elle a eu lieu à Orbaix dans un village où a déjà habité Dutroux. Ce jour-là, une gamme a été violée. Ensuite, elle a été étranglée, manifestement pour mettre fin à ses jours. Par miracle, la petite a pu être sauvée.

Jusqu'à présent, les enquêteurs n'ont pu identifier l'agresseur. Ils en ont même conclu, semble-t-il, que leurs recherches ne pourraient aboutir puisque l'on a déjà, après quelques mois seulement, conclu à un non-lieu.

Deux petites Tchèques

Rouvrira-t-on le dossier suite à l'affaire Dutroux ? Celui-ci connaît évidemment bien la localité. Les enquêteurs du juge Connerotte s'arrêtent aussi sur la date, fin novembre de l'année dernière. An et Eejfe ont été assassinées peu auparavant (en octobre ?). Quant à Weinstein, il a été liquidé fin novembre aussi.

Depuis le début de l'affaire Dutroux, gendarmes et péjistes, au cours de leurs multiples perquisitions, découvrent un nombre invraisemblable de cassettes vidéos à caractère pornographique ou plus spécialisées encore dans la pédophilie. Par exemple, chez Nihoul, on se contentait du porno, tandis que pour Dutroux, tout était bon.

Depuis plusieurs semaines, des enquêteurs sont soumis aune véritable torture morale, celle de visionner le contenu écoeurant des cassettes. On n'a aucune précision sur les résultats réels, sur l'identification d'adultes en présence d'enfants martyrs. Selon nos informations, on aurait en tout cas identifié deux gamines venues de Tchéquie.

M. Pe.

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 Dutroux,Nîhoul, Bouty... LES DERNIERS À AVOIR VU WEINSTEIN VIVANT?

« La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

BRUXELLES - L'avocate déchue Annie Bouty et son ami, l'homme d'affaires bruxellois Michel Nihoul, sont probablement, avec Marc Dutroux, les derniers à avoir vu Bernard Weinstein vivant en novembre 1995. Directement ou indirectement, voilà le couple Nihoul-Bouty impliqué dans le meurtre par empoisonnement de Weinstein, Nihoul tout particulièrement.

C'est chez Weinstein, qui habitait rue Daubresse, à fumet, que les enquêteurs exhumaient il a huit jours les restes d'An et Eefje. Il ne s'agira pas des seules révélations de cette semaine qui promet des rebondissements dans les prochains jours.

Le va-et-vient entre Nihoul et Bouty a repris hier après-midi à Bruxelles. Ce volet de l'enquête est confié à la brigade nationale de la police judiciaire qui enregistre depuis trois semaines un nombre astronomiques d'heures sup's.

Au 13 rue des Quatre-Bras à Bruxelles, les bureaux de la 23e brigade s'éteignent aux petitesheures. La nuit de samedi à dimanche, l'audition de l'ex-avocate Annie Bouty s'est achevée à 4 h du matin. Lundi, celle de Nihoul s'est terminée à 3 h. Et ça repartait l'après-midi puisqu'à 15 h, une Mercedes ramenait Bouty au palais de justice.

Le dernier passeport de Weinstein

Annie Bouty est, pour l'instant, la seule à se mettre à table. Nihoul, lui, paraît empreint de paradoxes il se souvient parfaitement de faits qui n'ont aucune importance pour l'enquête mais sa mémoire le trahit dès que les policiers abordent le dossier...

Bouty est en aveux d'avoir hébergé Michel Lelièvre, chez elle, avenue H. Jaspar, à St-Gilles, pendant dix jours, un mois avant le rapt de Julie et Melissa, en mai 1995.

L'ex-avocate est en aveux d'avoir invité à dîner Nihoul, lelièvre et Dutroux, au moins une fois, également à StGilles. Dans les deux cas, elle déclare avoir agi à la demande de Nihoul, auquel elle faisait ses quatre volontés. De nouveaux aveux de Bouty portent sur la période novembre 1995.

Une période chaude : le calvaire de Julie et Melissa se poursuit à Marcinelle, An et Eefje –enlevées en août à Ostende - sont peut-être déjà mortes et enterrées... rue Daubresse, à Jumet, où Weinstein est impliqué dans un ténébreux mais violent règlement de comptes avec des drogués. L'affaire lui vaut d'avoir des ennuis avec la police. Weinstein est dans l'embarras.

Qui vole à son secours? Mais Monsieur Nihoul, bien sûr qui, selon Annie Bouty, surgit un après-midi dans son cabinet, interrompt une réunion et lui annonce qu'il lui faut tout de suite « des papiers ». Entendez, bien sûr, des faux papiers.

Annie Bouty n'en a pas. Mais elle s'adresse à une filière très active à Bruxelles, des Portugais en mesure de fournir de faux passeports...volés au Portugal aux pensionnaires d'un asile psychiatrique.

Les papiers sont subtilisés et, pour 100.000 FB, la photo du titulaire est remplacée par celle de types comme Weinstein. Ces aveux sont importants. Ils s'a joutent aux précédents qui confirment le rôle actif joué par le couple Nihoul-Bout au moins deuis l'enlèvement e Julie et Mélissa, le 24 juin 1995. Il établit que Dutroux, Nihoul et Bouty sont parmi les derniers à avoir vu Weinstein vivant.

Car Weinstein n'a jamais profité du passeport portugais. Dutroux avait des projets plus expéditifs pour Weinstein - qui fut drogué puis enterré vivant. A même époque, fin novembre, un autre comparse, Marc Tagliaferro, le ferrailleur de Keumiée, allait suivre le même destin.

Gilbert Dupont

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À LA LOUVIÈRE EN 1995 : Des enfants tziganes

« La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

LA LOUVIÈRE - Le monstre de Sars la Buissière aurait tenté à deux reprises d'enlever trois enfants tziganes en septembre 95 à La Louvière.

C'est ce qu'affirment des gens du voyage qui ont pris contact hier avec la police de La Louvière. Les témoins sont formels. Ils reconnaissent non seulement Marc Dutroux, mais aussi son bras-droit, Michel lelièvre. Des vérifications plus approfondies doivent encore avoir lieu.

La double tentative de rapt se serait produite sur une « petite place située près d'une ligne de voie ferrée, le long d'un bois » (le parking de la Louvière Sud ?) où les gens du voyage avaient dressés leur campement - une vingtaine de caravanes - en septembre 95. Ils ne se souviennent plus de la date précise mais rapportent qu'un après-midi, une voiture à bord de laquelle deux individus avaient pris place s'est immobilisée près de trois enfants, deux fillettes et un petit garçon âgés de 8 à 10 ans. Les automobilistes ont voulu les faire monter « pour leur offrir un paquet de frites », disaient-ils. Mais une tzigane est intervenue.

Une bande d'Italiens

Les mêmes, selon le témoin, sont revenus quelques jours plus tard, disant aux enfants qu'ils connaissaient une petite fille. Il a également été question d'un cornet de frites. Cette fois, un gitan a mis les automobilistes en fuite.., à coups de chevrotine. Il n'y a pas eu de troisième tentative.

Les tziganes rapportent qu'à l'époque, les faits ont été signalés a la police de la louvière. Il a même été question d'une « bande d'Italiens » puis personne n'a plus entendu parler de rien.

Ils ont pris contact avec la police après avoir appris qu'au printemps 96, Dutroux est soupçonné d'avoir assassiné une Slovaque d'origine tzigane.

Gil

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 Gel 2000 : A chacun sa part de l'enquête

« La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

A CHATELINEAU - Dans une précédente édition, nous rappelions la fin dramatique de Laurence Wojtczyk, âgée de 25 ans au moment de son exécution. Laurence travaillait au magasin Gel 2000, lorsque, le samedi 16 mars, en début de soirée, elle a abandonné le magasin, totalement déserté alors. Plus personne ne verra la malheureuse avant que l'on ne découvre son cadavre, dans la Sambre, mutilé, ligoté, baillonné. « Baillonné, comme l'avaient été An et Eefje », d'autres victimes de la bande à Dutroux, remarqueront, a posteriori, des enquêteurs du juge Connerotte. Par ailleurs, un ou plusieurs témoins ont affirmé avoir vu Dutroux rôder à proximité du Gel 2000 le jour de la disparition de Laurence.

Mais à qui incombe aujourd'hui l'enquête sur cet assassinat? Dans un premier temps, elle fut confiée à la BSR de Charleroi. La P.J. lui a succédé.

Dans le contexte actuel, deux enquêteurs du dossier Dutroux se sont très récemment présentés au parquet de Charleroi afin de recueillir des éléments susceptibles d'aider à l'élucidation de l'assassinat de Laurence. Ils sont revenus bredouilles, éconduits, nous dit on, par un responsable carolorégien des recherches sur l'assassinat de la caissière du Gel 2000.  

M. Pe.

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LES PARENTS DE KIM ET KEN REÇUS AU PALAIS

Les enfants disparus au nord d'Anvers

« La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

BRUXELLES - Poursuivant leurs contacts avec les parents d'enfants disparus au cours de ces dernières années, le Roi et la Reine ont reçu en audience ce lundi matin au Palais de Bruxelles, avant de recevoir en fin d'après-midi les parents de Julie Lejeune, la maman de Ken et Kim Heyrman, Mme Tiny Mast.

Pour rappel, le 4 janvier 1994, après avoir joué avec des amis à Anvers, Kim Heyrman (11 ans) et son frère Ken (8 ans) décidaient d'aller jouer au football au fort de Merksem. Ils devaient disparaître ensemble, certains témoins les ayant encore aperçu en soirée dans un tram.

Quelques semaines plus tard, on devait retrouver la petite Kim dans les eaux du port d'Anvers, violée et assassinée. L'enfant, quasiment .nue, portait encore la même chemise que celle du jour de sa disparition, mais il ne lui restait plus pour le reste que des bas et un slip descendu sur les chevilles.

Des traces de coupures étaient visibles sur le cou, le dos et le thorax, faisant dire à l'époque que seul un psychopathe était capable d'une chose pareille.

A l'heure actuelle, on est toujours sans aucune information sur Ken, même si tout laissait présager à l'époque qu'il avait du subir un sort tristement comparable à celui de sa soeur. Les pompiers et l’armée avaient sondé les eaux du port sans aucun succès pour retrouver également son corps.

Avant que l'on ne retrouve Kim, les parents, persuadés que leurs gosses étaient toujours vivants, avaient fait diffuser des petites affiches avec un dessin de tortue, l'animal préféré de Kim, en lui demandant d'appeler un numéro de téléphone. A plusieurs reprises, des battues importantes avaient été organisées au nord d'Anvers, y compris dans les docks.Plus tard, des affiches avec le visage des enfants avaient été collées partout, jusque dans le nord des Pays-Bas.

Ph. B.

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 Le service « écoute enfants »

 Une oreille toujours tendue

« La Dernière Heure » du mardi 10 septembre 1996 page 4

NAMUR - « Nous recevons actuellement de nombreux appels téléphoniques très ciblés sur les tragiques événements de ces dernières semaines. Ils émanent souvent d'enfants très au courant de l'affaire Dutroux par les médias. On en dénombre beaucoup qui se demandent, par exemple, si leur maman serait capable, elle aussi,de les laisser mourir de faim. A côté de cela, beaucoup font également montre d'une peur de repartir seul dans la rue, surtout en cette période de rentrée scolaire. » Ainsi s'exprime Maryse Tonon, directrice, à Namur, du Centre de coordination de la petite enfance, institution dont dépend le service « Ecoute Enfants ». Une oreille tendue, via une ligne téléphonique à n° vert, vers les problèmes et réflexions des enfants, mais aussi des adultes en contact avec eux (environ 20 % des appels).

Poupées poignardées

Mme Tonon raconte également que plusieurs parents lui ont expliqué avoir surpris leur bambin passer leur colère sur une poupée qu'ils disaient représenter Dutroux. « Une fillette en a placé une sous la cloche en verre d'une ancienne horloge, en demandant à sa maman de la surveiller. Une mère de famille a aussi décrit comment elle a trouvé sa petite fille en train de poignarder une vieille poupée, en expliquant qu'elle tuait ainsi

Dutroux.

Des réactions tout à fait compréhensibles, si l'on en croit Mme Tonon : Je suis rentrée, lundi, d'un voyage de trois semaines au Sénégal. C'est assez impressionnant, quand on arrive ici, de voir l'agressivité à laquelle donne lieu cette horrible affaire. Le climat est passionnel, les gens sont sous pression. Même les plus tempérés parlent des violences qu'ils feraient, s'ils le tenaient, subir à Dutroux, avant de lui donner la mort. Dans un tel contexte, il est normal que les enfants réagissent, eux aussi, de la sorte.

Une attitude symbolique, de mise en acte, à laquelle, selon Mme Tonon, il convient toutefois de ne pas rester sans réaction. Les parents doivent alors demander à l'enfant pourquoi il fait ça. Il faut qu'ils l'amènent à exprimer ses craintes, ses phantasmes. Car, qui sait, pour lui, Dutroux, celui qui lui fait peur, ça peut être, par exemple un voisin. On ne sait pas toujours ce qui peut passer par la tête d'un enfant.

Une certitude, toutefois, selon Mme Tonon : « Si l'enfant pose des questions, il ne faut jamais lui dire qu'il est trop petit pour parler de ça. Il faut l'aider à mettre des mots sur ce qu'il ressent. Les parents insisteront aussi sur le fait que tous les hommes ne sont pas des Dutroux et toutes les femmes des Martin, qu’il n’y a pas 50.000 Dutroux, un véritable prédateur, psychopate sans aucune humanité. Ils le conscientiseront aussi à la présence, autour de lui, de personnes en qui il peut avoir confiance. L'important est aussi de susciter l'expression de nouvelles questions, plus que de vraiment fournir des réponses. Dans tous les cas, il faut lui permettre de se vider, que ce soit en parlant, en jouant, par des dessins, des marionnettes,...

L’affabulation en diminution

Et si le nombre d'appelants véritablement abusés sexuellement ne semble pas avoir augmenté sensiblement pendant cette actualité tragique (entre 2 et 3 appels par semaine, tout de même), celui des jeunes qui contactent Écoute Enfants pour faire part d'un récit relevant plutôt de l'affabulation semble en nette diminution. «Je pense que ceux-là se rendent, à présent, vraiment compte que c'est là un sujet sérieux, avec lequel on ne fait pas de blague ».

Laurent Belot

« Ecoute enfants » : 0800/14400

 

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