mardi 22 juillet 2008

Quatorze mois d’espoir pour en arriver là !('CinéTéléRevue'jeudi 29 août 1996 p10'11)


Quatorze mois d’espoir pour en arriver là !

« Ciné Télé Revue » du jeudi 29 août 1996 page 10 et 11

Un chagrin immense, des visages figés, le silence pesant d'une foule énorme. Des applaudissements aussi. Pour les innombrables personnes présentes le long du parcours, il importait avant tout de saluer le courage des parents de Julie et de Mélissa.

La Belgique n'effacera jamais cette triste journée du 22 août.

Le tremblement d'émotion collective qui a secoué le pays tout entier n'est pas sans rappeler le trouble provoqué par le décès du roi Baudouin, le 31 juillet 1993. Autour des deux petits cercueils, très digne, la nation est unie, partageant la souffrance des familles.

Dès l'aube, venus des quatre coins du royaume, ils sont des milliers à gagner la basilique Saint-Martin, à Liège, pour rendre un dernier hommage aux fillettes. Parmi eux, les parents d'An Marchal, disparue avec son amie Eefje, ii y a un an jour pour jour.
Les commerçants ont fermé boutique, les particuliers, leurs volets. Un crêpe noir flotte aux antennes de nombreuses voitures.
Du nord au sud, les cloches des églises sonnent le glas, tandis que dans les bureaux, les maisons, les magasins, spontanément, le temps s'arrête. Une minute de silence. Un silence lourd. De désarroi, de questions, de colère.

Quatorze mois d'espoir pour en arriver là...

Dans la basilique, des personnalités politiques et judiciaires, des amis, des parents, des anonymes et soixante-sept chaînes de télévision. Le monde entier est bouleversé. Les familles, durement éprouvées, n'ont pas souhaité la présence du roi Albert ou de l'un de ses représentants aux funérailles, le Palais n'ayant pas répondu à leurs premiers appels. « Quatorze étapes d'un calvaire insoutenable », comme le souligne le prêtre-ouvrier Gaston Schoonbroodt au début de la cérémonie d'adieu.
Une cérémonie sobre, telle que la voulaient les parents, ponctuée de moments forts, comme l'interprétation par un jeune garçon d'une chanson d 'Yves DuteiI, « Pour les enfants du monde entier ». Une cérémonie bercée par la musique du film « La leçon de piano », les mélodies poignantes de Michel Fugain – « Où s'en vont ceux qu'on aime... » - , d'Andréa Bocelli « Con te partiro » et de Céline Dion - « Vole, petite hirondelle, va retrouver la lumière... ».

Intense émotion également lorsque la maman d'Elisabeth Brichet, disparue à Namur en 1989, déclare, entre deux sanglots : a Julie et Mélissa, vous êtes peut-être, dans un monde meilleur, les deux petites sœurs d'Elisabeth.

Les yeux rouges, main dans la main, Gino, Carine et Gregory Russo, Jean-Denis, Louisa et Maxime Lejeune accompagnent ensuite leurs petites filles et soeurs vers leur dernière demeure.
Dans l'intimité. Seuls, une ultime fois, avec leurs enfants arrachés à leur amour.

Les mamans sont vêtues de blanc, comme les cercueils où reposent les fillettes, comme les voitures qui les ont déposées. Un blanc synonyme de pureté, d'espérance et de résurrection.
Le cimetière de Mons Lez Liège est un tapis de fleurs emmenées là par deux véhicules de pompiers et quinze corbillards. Un tapis qui ne cessera de s'étendre au fil de ajournée. Des Belges, bien sûr, mais aussi des Français, des AIlemands, des Hollandais font alliance et prient jusqu'à la nuit tombée.

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Légende des photos :

Photos 1 (haut)

« Le monde est dangereux à vivre. Non à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » : unis dans le chagrin et le recueillement, des milliers de Belges venus à Liège ont voulu montrer leur indignation face au laxisme de la justice et du monde politique.
Ce sont les décideurs, aussi, qui ont tué Julie et Mélissa.
Ph. : Photo News.

Photo 2 (haut)

40.000 bouquets de fleurs ont accompagné Julie et Mélissa vers leur dernière demeure.
Des funérailles quasi nationales, auxquelles le roi Albert II n'avait pas été convié par les familles.
Celles-ci se demandent encore pourquoi le Souverain n'a pas répondu à leur appel au secours quand les petites filles étaient encore en vie.

Photo 3 (bas)
La douleur des deux familles, unies pour toujours comme leurs enfants
Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie, Gregory, le frère de Mélissa,
Gino et Carine Russo, ses parents, accompagnent leur enfant vers le cimetière de Mons-Flémalle.

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Autour de la basilique Saint-Martin de Liège toute la Belgique est réunie pour le poignant adieu à Julie et Mélissa.

« Ciné Télé Revue » du jeudi 29 août 1996 page 11


Les filles des familles Lejeune et Russo sont devenues celles de tout un peuple, qui a souffert et espéré avec elles pendant quatorze mois.

Les belges n’ont plus que des larmes et une profonde détresse pour crier au monde leur révolte.

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