mardi 22 juillet 2008

L'ENQUÊTE('CinéTéléRevue' jeudi 29 août 1996 p6'7)



L'ENQUÊTE

«Ce ministre et ce magistrat sont pédophiles. Mais qui va prendre le risque de les dénoncer ? »

« Ciné Télé Revue » du jeudi 29 août 1996 page 6 et 7

« Toutes les personnes qui pourront être identifiées sur les cassettes seront poursuivies. Si on me laisse faire... »

Cette petite phrase du procureur Michel Bourlet est venue confirmer ce que chacun pouvait craindre au vu des incroyables lacunes (les errements » selon le ministre de la Justice) qui ont marqué aussi bien l'enquête sur la disparition de Julie et de Mélissa que les investigations menées, ces trois dernières années, sur Marc Dutroux et son entourage.
Michel Bourlet pouvait-il laisser entendre plus clairement qu'il craint de voir son enquête entravée si elle remonte trop haut? Non, bien entendu. Cette crainte est bien réelle et elle est partagée par les enquêteurs que nous avons rencontrés. Ceux-ci affirment que la véritable « industrie» mise sur pied par Marc Dutroux n'a pu exister et se développer que parce que certaines personnes, en haut lieu, ont trop longtemps fermé les yeux.
Dires confirmés par Marie-France Botte, qui lutte depuis des années pour dénoncer les filières pédophiles.
Cet aveuglement, qu'il faut bien appeler une « coupable mansuétude », ne trouve-t-il sa source que dans des motifs personnels et dans les relations troubles que les principaux inculpés entretenaient avec certains services de police ? Ou faut-il y voir la preuve de l'existence d'un véritable système de protection ? L'enquête le dira.

Peut-être. Deux choses, en tout cas, sont d'ores et déjà certaines. D'abord, Dutroux, sûr de lui, n'hésitait pas, dès que quelqu'un semblait lui chercher noise, à affirmer haut et fort qu'il était «protégé » et « intouchable ». Ensuite, son cas n'est pas isolé : dans de nombreuses autres affaires de pédophilie, les autorités font preuve d'un incroyable laxisme. Peut-être par peur d'inquiéter de trop puissants clients, voire des commanditaires? Ou parce que l'argent de la pédophilie organisée n'est pas perdu pour tout le monde?

Les questions, en tout cas, sont posées. Il faudra y répondre. Les protections de Marc Dutroux, qui commencent seulement à apparaître au grand jour, sont évidentes. L'incompétence manifeste et criminelle de certains enquêteurs ne peut plus suffire à expliquer le calme relatif dans lequel le pédophile assassin a pu poursuivre ses macabres activités entre sa libération, en avril 1992, et son arrestation, il y a un peu plus de quinze jours. Si protections ils a eu, elles ont probablement joué à plusieurs niveaux, dont certains dépassaient manifestement Georges Zicot, l'inspecteur principal de la P.J. de Charleroi, arrêté ce week-end.

Première interrogation : pourquoi Melchior Wathelet signe-t-il !a libération conditionnelle de Dutroux en 1992 ? L'ancien ministre, on le sait, s'est très brièvement expliqué la semaine dernière, plaidant la cause de l'erreur et avouant « regretter profondément » son acte. « Mais la loi existe », poursuit il, « et elle oblige, à un moment ou à un autre, le ministre à prendre une décision.
La loi Lejeune (comme, du reste, d'autres propositions légales) offre effectivement à l'administration la possibilité de rendre sa liberté à un condamné ayant purgé au moins le tiers de sa peine, mais elle n'oblige évidemment pas la justice à accorder cette libération.
D'autant que, on le sait, sur les quatre avis obligatoirement recueillis par l'instruction du dossier, deux étaient négatifs. Et c'étaient précisément les deux plus importants. La « petite conférence » (qui regroupe le personnel de la prison) et la direction de l'établissement pénitentiaire où était détenu Dutroux avaient bien donné leur feu vert, mais on sait que le personnel pénitentiaire ne se décide que sur base de la conduite du détenu. Or, on l'a assez souligné, les pédophiles sont, le plus souvent, des détenus exemplaires. La direction, quant à elle, cherche rarement à « retenir » un détenu.
Surpopulation carcérale et, dans le cas précis, problèmes de sécurité posés par la présence d'un «pointeur» obligent. Les deux avis les plus importants, eux, étaient, on le sait, clairement négatifs. La « commission administrative » (par six voix contre une) comme le parquet s'étaient vigoureusement opposés à la remise en liberté de Marc Dutroux.
Le procureur Demanet l'avait fait dans des termes sans équivoque, qu'il nous a rappelés, s'estimant délié de son secret par les révélations faites parle ministre de la Justice : « L'extrême gravité des agressions sexuelles, leur multiplicité et les circonstances ignominieuses dans lesquelles elles avaient été perpétrées, ainsi que la lâcheté du vol avec violence et menaces commis sur une personne âgée, vivant seule, le manque total de bonnes résolutions morales et la persistance de l'intéressé à se faire passer pour la victime des poursuites qui furent intentées à sa charge, s'opposent formellement à la proposition tendant à le faire bénéficier d'une libération conditionnelle. Octroyer pareille mesure de clémence dans les conditions relevées ci-dessus et à une époque où le viol et les agressions sur les personnes âgées sont dénoncés comme un fléau social, irait à l'encontre des impératifs de la répression comme des nécessités de la sécurité publique et serait de nature à discréditer l'oeuvre de la justice. »
Pourtant, personne, que ce soit à l'administration ou au cabinet de la Justice, ne semble avoir attiré l'attention du ministre sur cet avis aussi fondé qu'éloquent. Il serait peut-être édifiant pour les enquêteurs, au-delà de l'aspect purement formel de la procédure, de s'intéresser d'un peu plus près à ceux qui ont eu à connaître du dossier et l'ont instruit avant de le présenter à la signature du ministre.

La « chance» de Marc Dutroux ne s'est pas arrêtée là. Les informations arrivées à la BSR de Charleroi et consignées en 1993 dans un rapport confidentiel se sont perdues en route et ne sont jamais arrivées au parquet, ni au ministère, où l'on aurait pu exiger une enquête plus approfondie. Celle-ci pouvait annuler la conditionnelle accordée à Dutroux. Plus tard, la mystérieuse « Opération Othello » menée en solo par la gendarmerie ne débouchera sur rien. Mais elle nous offre un nouveau mystère. A l'état-major de la gendarmerie, on prétend que les magistrats ont été prévenus des résultats des enquêtes menées par les pandores. La juge Doutrewe, elle, ne s'en souvient pas. Les deux parties ne pouvant avoir raison, l'une d'elles ment forcément. Laquelle ? Et pourquoi ?

Une autre certitude, en revanche, au milieu de tant de questions : quand Marc Dutroux est arrêté, à la fin de 1995, à la suite de faits de brande gravité (il s'agit quand meure de la séquestration de trois jeunes gens, ses complices dans des affaires de vol de voitures), les enquêteurs « croient » à sa version. Il charge Weinstein. Celui-ci est probablement déjà décédé et ne peut donc le contredire. On libère donc à nouveau Dutroux, sans aviser le ministère de la Justice que ce libéré conditionnel, autrefois détenu pour des faits terribles, est impliqué dans un nouveau dossier important. La confiance des enquêteurs carolorégiens dans la parole de Marc Dutroux - ils doivent pourtant savoir que, par définition, les pédophiles sont menteurs et que la mythomanie est l'un des axes principaux de leur défense - ne se manifestera pas qu'à cette seule occasion : un peu plus tôt en 1995, Dutroux avait été interrogé dans le cadre de l'enlèvement de la jeune Alexandra Scoula (qui habitait dans la même rue que Lelièvre, dans le quartier de La Docherie à Marchienne au Pont !).
La malheureuse sera retrouvée morte à Lodelinsart. Dutroux, une fois de plus, en dépit de ses antécédents, n'aura aucun mal à se disculper. Il faut dire que c'est Georges Zicot qui est assis de l'autre côté du bureau et qui tape sa déposition. Zicot connaît bien Dutroux, Lelièvre et consorts.
Il aurait même été mêlé aux carambouilles de la bande dans plusieurs affaires de véhicules volés
(dont la Porsche de 3,5 millions appartenant au fils... du procureur Demanet) et un maquillage de camions.

Pire : quand une voisine de Dutroux vient se plaindre, en 1996, des travaux nocturnes que poursuit le repris de justice dans son jardin et dont on sait aujourd'hui quelle sinistre réalité ils recouvraient, c'est Zicot qui la reçoit et lui fait des remontrances pour son « comportement délateur ». On croit rêver.
On peut disserter pendant des heures sur la responsabilité personnelle de l'inspecteur Zicot, qui semble effectivement avoir protégé Marc Dutroux, en tout cas, dans le volet « trafic de voitures » du dossier.
Comment ne pas s'étonner quand il prétend n'avoir pas été au courant des activités pédophiles de son protégé : il serait bien le premier policier de ce pays (sinon même d'Europe) à ne pas se renseigner sur les antécédents judiciaires d'un indicateur.
Car n'importe quel flic pouvait, en quelques minutes, en tapotant sur un clavier d'ordinateur, prendre connaissance du pédigree du sinistre « ferrailleur ».
Sachant ce qu'il ne pouvait donc ignorer, Zicot a-t-il choisi de fermer les yeux sur cet aspect de la personnalité de son « indic », parce que celui-ci lui apportait des affaires de bagnoles? Si c'est le cas, on serait en présence d'un parfait imbécile, ce qui ne semble pas être le cas, et Zicot ressemblerait à un flic couvrant un assassin pour résoudre des vols à l'étalage empêche qu' a l'évidence, Zicot ne peut avoir été le seul protecteur de Dutroux.
Il était un trop petit poisson pour pouvoir le couvrir en toutes choses et empêcher, par exemple, que le ministère de la Justice soit prévenu des nouveaux faits impliquant le pervers à la fin de 1995. Jusqu'à preuve du contraire, dans ce pays, ce sont les juges qui donnent ordres et consignes aux policiers, et pas le contraire.
La non transmission d'informations au ministère est donc, essentiellement, de ta responsabilité de la magistrature carolorégienne.
Une magistrature qui, nous assure-t-on, n'inspire qu'une confiance très mitigée à de larges pans du monde judiciaire et policier belge, qui accusent, à mots couverts, certains magistrats et enquêteurs carolos d'avoir partie liée avec des milieux criminels notoirement en relation avec les antennes de la
Cosa Nostra dans le Hainaut.

Zicot, en tout cas, ne protégeait pas, dit-on, que Dutroux. Il avait également de bien curieuses relations avec plusieurs membres de la bande De Santi-Di Mauro-Todarello, impliquée dans l'affaire des titres volés et fortement soupçonnée d'avoir été mêlée de très près à l'assassinat d'André Cools.
Ce serait De Santis qui, entre autres, aurait demandé à de jeunes voleurs de voitures (peut-être ceux-là mêmes avec lesquels Dutroux, Weinstein et Lelièvre étaient en relations d'affaires) de lui procurer le véhicule qui aurait servi à « exfiltrer » l'assassin de l'ancien homme d'Etat. Autre « connexité » possible entre l'affaire Dutroux et l'affaire Cools : la présence d'une moto rouge dans une dépendance de la maison appartenant à Dutroux et habitée par Bernard Weinstein, à Jumet.

Précision : les témoins du meurtre parlaient d'une BMW rouge et celle que l'on retrouve près de Charleroi est une Kawasaki 1300. Mais, dans l'affolement, ces passants ont pu se tromper. Une certitude cependant quelqu'un a vidé, sans aucune raison, un extincteur à poudre sur l'engin.
Or, cette technique est la meilleure pour faire disparaître des empreintes digitales, et il tombe sous le sens que ce n'est que dans des affaires particulièrement graves que l'on songera à effacer des empreintes. Sans doute pas, par exemple, pour un simple vol. Surtout quand on est protégé comme le furent Dutroux et consorts.
Car, revenons-y, la couverture de Dutroux par ses mystérieux mais puissants protecteurs n'était pas mince.
Non seulement elle neutralisait l'action de la justice, mais, de plus, elle paralysait l'administration des Finances. Libéré conditionnel sans revenus officiels ou presque, Marc Dutroux possédait, pour ce que l'on en sait aujourd'hui, une dizaine de maisons et une quinzaine de voitures. Et jamais, à aucun moment, l'administration fiscale ne viendra frapper à sa porte.
Etonnant oubli dans un pays où la « rage taxatoire » est à son comble et où tout est bon, aux finances, pour faire rentrer de l'argent. On contrôle le moindre indépendant, on « redresse » les impôts des retraités, le citoyen de base doit répondre de chaque denier dépensé, mais Dutroux, lui, est au-dessus des lois et peut jouer à son petit Monopoly immobilier sans être inquiété.
Il serait surprenant que cet aveuglement d'une administration qui a des oreilles et des yeux partout soit à porter au crédit de l'inspecteur Zicot.
Où alors, ce modeste fonctionnaire avait vraiment le bras d'une longueur impressionnante, capable qu'il aurait été de retenir tout à la fois l'action de la justice et celle du fisc...

Alors ? Qui, au sommet, a réellement protégé Marc Dutroux ?


La réponse est sans doute à chercher dans un mélange de criminelle incompétence de certains et dans l'action décidée de quelques hommes très bien placés.
II nous revient par exemple qu'un « haut magistrat de Liège », pédophile lui-même, aurait pu oeuvrer pour retarder, en coulisses, le cours de l'enquête concernant la disparition de Julie et de Melissa.
Ses coupables penchants ne le prédisposaient guère, en tout cas, à user de l'influence qu'on lui reconnaît (sans qu'il soit directement lié au dossier) pour faire accélérer les recherches dans une affaire de disparition d'enfants.

Toutefois, il ne faut pas se leurrer ni se tromper d'objectif. Ce n'est pas tant la stupidité de certains enquêteurs, la paresse ou l'étroitesse d'esprit de magistrats (le président du tribunal de première instance de Liège, un éminent magistrat, ne s'est-il pas fendu, il y a quelques semaines à peine, d'une lettre scandaleuse dans la quelle il conseillait, en substance, à une parlementaire social-chrétienne s'enquérant des progrès du dossier « Julie et Mélissa », de se mêler de ce qui la regardait ?) ni même les manoeuvres occultes d'un quelconque inspecteur de police ou d'un magistrat pédophile, qui peuvent expliquer tes protections de Marc Dutroux.

La réalité, même si elle se nourrit de l'action de ces acteurs de second rang, est sans doute très différente.
La réalité, c'est qu'il est difficilement contestable que les pédophiles, isolés ou organisés, jouissent en Belgique, depuis de nombreuses années, d'une « protection réelle et constante.
En septembre 1992, aux assises de Liège, Louis Dupont, curé de Kinkempois, est libéré au terme d'un procès pour pédophilie qui verra ses deux complices lourdement condamnés. Me Franchimont, son avocat, a pu dire (à huis clos, il est vrai), encouragé par les témoignages de pieuses (?) paroissiennes, que son client « n'était pas un pédophile ».
La cour ne l'a pas suivi dans cette surprenante sortie, mais elle s'est dispensée de condamner le prêtre, qui a été remis à l'autorité ecclésiastique chargée de le cloîtrer !
Moins d'un an après ce verdict aux forts relents moyenâgeux, c'est l'instituteur Guy Dumasy qui se voit accorder parle tribunal correctionnel de Tournai une peine ridiculement légère : trois ans de prison, dont deux avec sursis, sous réserve qu'il se soumette à une thérapie. Enseignant, il avait pourtant abusé, pendant plus de dix ans, des enfants qui lui étaient confiés et qui étaient âgés de 8 à 10 ans.
Le 27 avril 1994, un homme de 37 ans viole, sur un terrain vague de Jumet (tiens, la région de Charleroi...), le petit Anthony et le laisse pour mort, le crâne défoncé onze jours de coma pour le malheureux gosse. Son agresseur avait été condamné, cinq ans plus tôt, pour avoir kidnappé et sodomisé une petite fille de moins de 10 ans, mais il était libéré depuis longtemps, sous condition de suivre une thérapie qui ne faisait, bien évidemment, l'objet d'aucune surveillance.

En juin 1995, les assises du Hainaut jugent, à Mons, un détraqué accusé d'avoir violé plus de mille fois sa propre fille et d'avoir abusé d'une dizaine d'autres enfants.

Dès 1990, SOS-Enfants avait prévenu le parquet de Charleroi (...) et lui avait demandé d'éloigner les enfants de leur famille afin qu'il soit possible de les interroger.
Mais la justice carolo avait préféré se mettre « aux abonnés absents ». Et, à l'heure du procès, aucune association (bravo à l'ON E ! ) n'avait jugé bon de se porter partie civile.

Le 29 décembre 1995, le Roi, dans sa grande magnanimité, accorde la grâce au pédophile Zénon D., qui, sur une peine de quinze ans, n'aura purgé que trois années de détention...

En janvier dernier, la police de Bruxelles interpelle Edwig Huybrechts. Ce gendarme est arrêté la main dans le sac, pourrait-on dire, alors qu'il prend des photos de jeunes garçons occupés à se masturber, afin de constituer de véritables « catalogues » permettant à ses clients de choisir leurs partenaires. Huybrechts, animé par des motivations purement crapuleuses, vivait bien de son trafic et n'hésitait pas à emmener lui-même ses jeunes « protégés » aux Pays-Bas, dans le coffre de sa voiture, pour les livrer à des pervers.
Des faits d'une exceptionnelle gravité donc, largement établis par la remarquable enquête menée par le commissaire Georges Marnette à la P.J. de Bruxelles, et évidemment, aggravés par la position occupée par le coupable.
Pourtant, il y a moins d'un mois, les voisins de la famille Huybrechts ont eu la surprise de voir l'inculpé revenir dans sa maison de la Terpoortenlaan, a Hoesselt dans le Limbourg.
Un magistrat éclairé semble avoir estimé que le maintien en préventive ne se justifiait plus...

Et que dire de l'administration pénitentiaire qui laisse Jean-Claude Bertrand, pédophile multirécidiviste, condamné en avril 1986 à dix ans de prison, échanger avec des enfants dont il obtient l'adresse par le biais de magazines pour jeunes, des lettres à caractère pornographique dans lesquelles il se présente comme un adolescent homosexuel, lui permettant ainsi, du fond même de sa cellule, de préparer sa sortie en se reconstituant un cheptel ?

Arrêtons là. On pourrait citer bien d'autres faits tout aussi scandaleux, qui, par leur accumulation, prouvent largement que la pédophilie n'est guère prise au sérieux par notre justice.
A moins que la « qualité » des personnes impliquées ne rende toute poursuite illusoire. Dans les clients d'Edwig Huybrechts, par exemple, on trouvait des cadres de grandes sociétés privées ou para-publiques et le vice-président du Delphinarium de Bruges.

La liste des clients du CRIES, il y a quelques années, regroupait elle aussi du beau monde, et la clientèle de Marc Dutroux, quand les enquêteurs auront enfin reconstitué les ramifications de son réseau, pourraient réserver quelques surprises.

D'autant que son complice, Michel Nihoul, était particulièrement bien introduit dans les milieux politiques de la capitale. Sa réputation d'escroc notoire ne l'empêchait pas de fréquenter ce qui se fait de mieux dans les cercles sociaux chrétiens (le fait que les deux administrations, fiscale et judiciaire, qui ont manifestement protégé Dutroux,soient dirigées par des cabinets sociaux chrétiens n'est sans doute dû qu'à une coïncidence) et il avait même,dans les années 80,financé ou organisé quelques campagnes électorales. Le quotidien flamand "De Morgen" affirme également qu'il aurait travaillé pour le PS liégeois, récupérant des commissions en Suisse.

Or, selon un de ses proches,"Si Nihoul a réellement joué un rôle dans l'affaire Dutroux celui-ci ne peut être que central.
Ce n'est pas un comparse mais un organisateur, et son carnet d'adresses recèle nombre de clients potentiels de ce type de réseau "

Les révélations confidentielles émanant de policiers ayant enquêté, ces dernières années, sur différentes affaires de pédophilie organisée (révélations confirmées par les souvenirs de quelques victimes, qui se rappellent fort bien avoir côtoyé, dans d'innommable orgies, des personnalités politiques et judiciaires de premier plan) ne laissent aucun doute sur le fait que parmi les
« habitués » de ces réseaux, on trouve"le nec plus ultra" de notre société.

Un véritable petit "Who's who" ?
Les noms de deux ministres wallons appartenant à des bords politiques différents, de plusieurs mandataires politiques en vue, de financiers de haut vol de grosses pointures du bâtiment où de membres éminents de la corporation judiciaire circulent ainsi sous le manteau.
Certains sont même récemment décédés, dont un par suicide,qui aurait été camouflé.

Le pouvoir et l'argent. Comment s'étonner, dès lors, que ces intouchables, qui se « tiennent » mutuellement, occupent encore des fonctions d'où ils peuvent bloquer toute procédure les menaçant?

« Tout le monde sait que ce ministre et ce magistrat sont pédophiles » nous confiait un enquêteur, »Mais qui va prendre le risque de les dénoncer ?"
Leur présence dans les cercles de la filière permet d'ouvrir bien des pistes.
Complices dans une activité sexuelle criminelle, ces membres de la meilleure société ne peuvent-ils se retrouver dans d'autres activités tout aussi condamnables ?

Ne se trouve-t-on pas en face d'une véritable mafia politico financière et judiciaire active et dangereuse ?

Mettre à nu ces réseaux et les exposer à la lumière pourrait, peut-être, permettre de résoudre quelques-unes des affaires judiciaires les plus troublantes de ces quinze dernières années, dans lesquelles s'imbriquent, précisément, les mondes politique, financier et judiciaire.

Une raison de plus pour souhaiter que Michel Bourlet et ses enquêteurs puissent aller jusqu'au bout.

Claude MONIQUET

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