L’hommage d’une ville(La Wallonie vendredi 23 août 1996)
L’hommage d’une ville
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Liège, ville morte: telle était l'impression qu'on avait jeudi matin en se promenant dans les rues du centre. De nombreux commerces étaient fermés en signe de soutien aux familles de Julie et Mélissa.
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Liège, ville morte: telle était l'impression qu'on avait jeudi matin en se promenant dans les rues du centre. De nombreux commerces étaient fermés en signe de soutien aux familles de Julie et Mélissa.
Spontanément, la plupart des commerçants avaient décidé de ne pas ouvrir jeudi matin. En guise d'explication, on pouvait lire aux devantures des commerces: "Nos établissements seront fermés ce jeudi 22 août, de 9 à 12 heures, en signe de soutien avec les familles de Julie et Mélissa".
Onze heures place Cathédrale, le son des cloches retentit. Les quelques passants fixent les yeux au ciel. Ils ont une pensée pour Julie et Métissa. Du côté des services publics, on observe une minute de silence. La ville toute entière porte le deuil des deux familles.
"La moindre des choses"
Place de la République Française, une mère hâte le pas. A ses côtés se trouvent trois petites filles. Une rose à la main, elles se rendent à la basilique Saint-Martin. Rue Pont d'Avroy, les terrasses n'ont pas été dressées.
Les cafés sont fermés. "Quelques habitues se sont bien présentés, explique un tenancier, "J'ai expliqué que nous n'ouvrions qu'à midi. C'est la moindre des choses qu'on pouvait faire. Ils l'ont très bien compris. Tout le monde se sent concerné".
Aux terrasses des rares cafés ouverts, les commentaires vont bon train. Tous les sujets de conversation tournent autour des événements qui ont bouleversé la Belgique ces derniers jours. Chacun à son explication. On entend un peu tout et n'importe quoi. Les patrons, eux, se justifient: "J'ai assez bien de personnel... Je ne pouvais pas fermer. Nous avons éteint la radio, les lumières ont été tamisées... Et puis, ça ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour les deux petites». Partout où il y a un téléviseur, celui-ci est branché sur l'une des chaînes qui retransmet les funérailles en direct.
Dans les grandes surfaces
Les patrons des grandes surfaces ont eux aussi tenu à s'associer à la douleur des parents des deux fillettes de Grâce-Hollogne. Si le personnel est souvent présent, on en profite pour mettre un peu d'ordre dans les rayons. Dans les "fast-food", là aussi, le personnel est présent. Il est affecté à d'autres tâches.
Nous n'ouvrons qu'à midi, mais nous n'avons pas voulu pénaliser le personnel. Il sera payé. Ils sont venus à la même heure qu'en temps ordinaire.(...) Je leur ai confié des tâches qu'ils n'ont pas l'habitude de faire", explique le responsable du personnel d'une des chaînes de "fast-food".
Les galeries sont désertes. Il y a bien quelques personnes qui déambulent en ville en pensant faire quelques courses. Mais par la force des choses, l'emploi d u temps est revu,
Pour certains, c'est normal: "J'avais entendu dire à la radio que certains commerces seraient fermés durant l'office...
Mais je n'avais pas pensé qu'il y en aurait eu tant", confie une passante. D'autres, par contre, trouvent qu'on en fait trop: "Je comprends qu'on fasse quelque chose afin de marquer son soutien aux parents... Mais fermer pendant deux heures! Il ne faut pas exagérer " .
Certaines pharmacies ont décidé de ne servir que les urgences. Certains points de presse sont fermés. Rue Pont d'île, des ouvriers qui rénovent certains commerces sont sortis pour observer une minute de silence...un geste plus que symbolique.
Et les autres?
Il y a aussi certains commerces où la direction a refusé "clair et net". Rien n'y fait, nous vivons dans une société où le profit reste une priorité. "Nous avons demandé au patron pour fermer, ne serait-ce qu'une heure", expliquent les vendeuses, "Nous avons eu droit à un refus catégorique. On a décidée d'éteindre les lumières et d'arrêter la radio... Mais c'est parce qu'il n'est pas là. Il est en vacances, sinon on n'aurait rien change à nos habitudes". Face à de tels propos, on ne sait trop quelle réaction adopter.
En début d'après-midi, la vie semblait avoir repris son cours normal. Les rayons du soleil perçaient enfin, comme si eux aussi n'était pas restés insensibles à la tragédie qui vient de bouleverser tout un pays.
P. Zune
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Les pleurs et le soutien des amis
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Un père a perdu son enfant. Il vient de l'enterrer. D'autres parents sont toujours dans les tourments de l'attente et de l'angoisse.
Ils pleurent, s'encouragent, se soutiennent. Un moment qui était le leur mais qui est aussi, pour nous tous, une leçon de vie.
Quelques larmes s’échappent, discrètement
Il n'aurait pu y avoir place devant la basilique pour tous ceux qui désiraient assister aux funérailles et à la cérémonie bénéficiant d'une sonorisation extérieure.
La foule se distillait sur une distance de 100 m de part et d'autre de la basilique.
Un de ces points d'extrémité était à hauteur de l'institut Saint Laurent qui avait mis son parking à disposition des familles des victimes et de la presse.
9h45: Tout à l'entrée sont parquées une voiture du journal «Nord Eclair» et deux camionnettes d e RTL-TVI. Les véhicules ne se bousculent pas encore aux portes.
Quelques minutes plus tard, le véhicule des parents d'An Marchal passe la grille. Un caméraman de VTM pique un sprint pour voler quelques images.
Il est un peu plus de 10h, le bourgmestre de Sars-la-Buissière fait son apparition. Quel est le climat qui règne en ce moment dans son village? «Les spécialistes anglais doivent normalement venir aujourd'hui», dit-il simplement. Il parle bien sûr du surintendant de Scotland Yard qui avait traité le dossier des époux West, les serial killers de Gloucester .
Un incessant déplacement de gens venus rendre hommage se poursuit jusqu'après 10h30. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, des taxis bruxellois font leur apparition et s'engagent dans le parking. Ils sont une petite trentaine.
Un homme en uniforme de facteur profite d'un entrebâillement entre deux barrières nadar pour s'immiscer sur la route et distribuer des cartes funéraires illustrées par le portrait de Julie et Mélissa. Un policier le rappelle à l'ordre. Il faut réintégrer le trottoir. Le cortège funéraire arrive. Sept motard sont à sa tête.
Une trentaine de secondes s'écoule avant que 3 autres motards fassent leur apparition. Juste derrière eux, deux camions de pompiers débordant de fleurs précèdent une cohorte impressionnante de 14 corbillards remplis de gerbes et de couronnes mortuaires.
Suivent alors les deux corbillards qui portent les corps, et les voitures des familles.
Les quelques longues minutes pendant lesquelles se déroule cette scène sont suffisantes pour qu'une ambiance lourde d'émotion envahisse les coeurs.
Quelques larmes s'échappent discrètement. Plus un mot pendant quelques minutes.
Th . D.
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Mandat d’arrêt
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Jeudi soir, au cours de sa conférence, le procureur du Roi de Neufchâteau, M. Bourlet, a annoncé qu'un cinquième mandat d'arrêt avait été décerné, a charge de Michaël Diacostavrianos, d'origine grecque mais habitant Mont sur Marchienne.
La prévention retenue est celle d'association de malfaiteurs.
Il avait déjà été interpellé vendredi dernier, mais remis en liberté par la suite.
M. Bourlet a confirmé qu'une autre personne a été interpellée, un certain M. Thirant, habitant la région de Charleroi. Il s'agit d'une relation d'affaires de Marc Dutroux.
Le procureur du Roi a encore fait savoir que Jean-Michel Nihoul avait fait appel de la décision de la
Chambre du Conseil, qui avait confirmé mardi son mandat d'arrêt.
Malheureusement, a ajouté M. Bourlet, on est toujours sans aucune nouvelle de An et Eefje.
Le major Guissart, de la BSR de Marche, a ensuite expliqué qu'il avait fait appel à des "chiens catastrophes" et à des chiens spécialistes dans la détection de cadavres, venus d'Allemagne
(Voir nos autres informations en page 14). Il y a en effet, a précisé le procureur du Roi de Neufchâteau, des indices sérieux qui laissent penser que d'autres caches, semblables à celles découvertes à Marcinelle, où étaient enfermées Laetitia Delhez et Sabine Dardenne, puissent exister dans d'autres propriétés de Dutroux.
Onze heures place Cathédrale, le son des cloches retentit. Les quelques passants fixent les yeux au ciel. Ils ont une pensée pour Julie et Métissa. Du côté des services publics, on observe une minute de silence. La ville toute entière porte le deuil des deux familles.
"La moindre des choses"
Place de la République Française, une mère hâte le pas. A ses côtés se trouvent trois petites filles. Une rose à la main, elles se rendent à la basilique Saint-Martin. Rue Pont d'Avroy, les terrasses n'ont pas été dressées.
Les cafés sont fermés. "Quelques habitues se sont bien présentés, explique un tenancier, "J'ai expliqué que nous n'ouvrions qu'à midi. C'est la moindre des choses qu'on pouvait faire. Ils l'ont très bien compris. Tout le monde se sent concerné".
Aux terrasses des rares cafés ouverts, les commentaires vont bon train. Tous les sujets de conversation tournent autour des événements qui ont bouleversé la Belgique ces derniers jours. Chacun à son explication. On entend un peu tout et n'importe quoi. Les patrons, eux, se justifient: "J'ai assez bien de personnel... Je ne pouvais pas fermer. Nous avons éteint la radio, les lumières ont été tamisées... Et puis, ça ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour les deux petites». Partout où il y a un téléviseur, celui-ci est branché sur l'une des chaînes qui retransmet les funérailles en direct.
Dans les grandes surfaces
Les patrons des grandes surfaces ont eux aussi tenu à s'associer à la douleur des parents des deux fillettes de Grâce-Hollogne. Si le personnel est souvent présent, on en profite pour mettre un peu d'ordre dans les rayons. Dans les "fast-food", là aussi, le personnel est présent. Il est affecté à d'autres tâches.
Nous n'ouvrons qu'à midi, mais nous n'avons pas voulu pénaliser le personnel. Il sera payé. Ils sont venus à la même heure qu'en temps ordinaire.(...) Je leur ai confié des tâches qu'ils n'ont pas l'habitude de faire", explique le responsable du personnel d'une des chaînes de "fast-food".
Les galeries sont désertes. Il y a bien quelques personnes qui déambulent en ville en pensant faire quelques courses. Mais par la force des choses, l'emploi d u temps est revu,
Pour certains, c'est normal: "J'avais entendu dire à la radio que certains commerces seraient fermés durant l'office...
Mais je n'avais pas pensé qu'il y en aurait eu tant", confie une passante. D'autres, par contre, trouvent qu'on en fait trop: "Je comprends qu'on fasse quelque chose afin de marquer son soutien aux parents... Mais fermer pendant deux heures! Il ne faut pas exagérer " .
Certaines pharmacies ont décidé de ne servir que les urgences. Certains points de presse sont fermés. Rue Pont d'île, des ouvriers qui rénovent certains commerces sont sortis pour observer une minute de silence...un geste plus que symbolique.
Et les autres?
Il y a aussi certains commerces où la direction a refusé "clair et net". Rien n'y fait, nous vivons dans une société où le profit reste une priorité. "Nous avons demandé au patron pour fermer, ne serait-ce qu'une heure", expliquent les vendeuses, "Nous avons eu droit à un refus catégorique. On a décidée d'éteindre les lumières et d'arrêter la radio... Mais c'est parce qu'il n'est pas là. Il est en vacances, sinon on n'aurait rien change à nos habitudes". Face à de tels propos, on ne sait trop quelle réaction adopter.
En début d'après-midi, la vie semblait avoir repris son cours normal. Les rayons du soleil perçaient enfin, comme si eux aussi n'était pas restés insensibles à la tragédie qui vient de bouleverser tout un pays.
P. Zune
______________________
Les pleurs et le soutien des amis
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Un père a perdu son enfant. Il vient de l'enterrer. D'autres parents sont toujours dans les tourments de l'attente et de l'angoisse.
Ils pleurent, s'encouragent, se soutiennent. Un moment qui était le leur mais qui est aussi, pour nous tous, une leçon de vie.
Quelques larmes s’échappent, discrètement
Il n'aurait pu y avoir place devant la basilique pour tous ceux qui désiraient assister aux funérailles et à la cérémonie bénéficiant d'une sonorisation extérieure.
La foule se distillait sur une distance de 100 m de part et d'autre de la basilique.
Un de ces points d'extrémité était à hauteur de l'institut Saint Laurent qui avait mis son parking à disposition des familles des victimes et de la presse.
9h45: Tout à l'entrée sont parquées une voiture du journal «Nord Eclair» et deux camionnettes d e RTL-TVI. Les véhicules ne se bousculent pas encore aux portes.
Quelques minutes plus tard, le véhicule des parents d'An Marchal passe la grille. Un caméraman de VTM pique un sprint pour voler quelques images.
Il est un peu plus de 10h, le bourgmestre de Sars-la-Buissière fait son apparition. Quel est le climat qui règne en ce moment dans son village? «Les spécialistes anglais doivent normalement venir aujourd'hui», dit-il simplement. Il parle bien sûr du surintendant de Scotland Yard qui avait traité le dossier des époux West, les serial killers de Gloucester .
Un incessant déplacement de gens venus rendre hommage se poursuit jusqu'après 10h30. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, des taxis bruxellois font leur apparition et s'engagent dans le parking. Ils sont une petite trentaine.
Un homme en uniforme de facteur profite d'un entrebâillement entre deux barrières nadar pour s'immiscer sur la route et distribuer des cartes funéraires illustrées par le portrait de Julie et Mélissa. Un policier le rappelle à l'ordre. Il faut réintégrer le trottoir. Le cortège funéraire arrive. Sept motard sont à sa tête.
Une trentaine de secondes s'écoule avant que 3 autres motards fassent leur apparition. Juste derrière eux, deux camions de pompiers débordant de fleurs précèdent une cohorte impressionnante de 14 corbillards remplis de gerbes et de couronnes mortuaires.
Suivent alors les deux corbillards qui portent les corps, et les voitures des familles.
Les quelques longues minutes pendant lesquelles se déroule cette scène sont suffisantes pour qu'une ambiance lourde d'émotion envahisse les coeurs.
Quelques larmes s'échappent discrètement. Plus un mot pendant quelques minutes.
Th . D.
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Mandat d’arrêt
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 12
Jeudi soir, au cours de sa conférence, le procureur du Roi de Neufchâteau, M. Bourlet, a annoncé qu'un cinquième mandat d'arrêt avait été décerné, a charge de Michaël Diacostavrianos, d'origine grecque mais habitant Mont sur Marchienne.
La prévention retenue est celle d'association de malfaiteurs.
Il avait déjà été interpellé vendredi dernier, mais remis en liberté par la suite.
M. Bourlet a confirmé qu'une autre personne a été interpellée, un certain M. Thirant, habitant la région de Charleroi. Il s'agit d'une relation d'affaires de Marc Dutroux.
Le procureur du Roi a encore fait savoir que Jean-Michel Nihoul avait fait appel de la décision de la
Chambre du Conseil, qui avait confirmé mardi son mandat d'arrêt.
Malheureusement, a ajouté M. Bourlet, on est toujours sans aucune nouvelle de An et Eefje.
Le major Guissart, de la BSR de Marche, a ensuite expliqué qu'il avait fait appel à des "chiens catastrophes" et à des chiens spécialistes dans la détection de cadavres, venus d'Allemagne
(Voir nos autres informations en page 14). Il y a en effet, a précisé le procureur du Roi de Neufchâteau, des indices sérieux qui laissent penser que d'autres caches, semblables à celles découvertes à Marcinelle, où étaient enfermées Laetitia Delhez et Sabine Dardenne, puissent exister dans d'autres propriétés de Dutroux.
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