Dutroux a-t-il été protégé?(« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 14 et 15)
Dutroux a-t-il été protégé?
« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 14 et 15
Dès avant les angoissantes recherches du milieu de la semaine, de nouvelles arrestations ont été effectuées par Neufchâteau. Ce qui portait, du même coup, le nombre des inculpés à dix. Certes, les derniers venus ne sont inquiétés « que » pour trafic de véhicules volés, et non pour des monstruosités pédophiles.
Dès avant les angoissantes recherches du milieu de la semaine, de nouvelles arrestations ont été effectuées par Neufchâteau. Ce qui portait, du même coup, le nombre des inculpés à dix. Certes, les derniers venus ne sont inquiétés « que » pour trafic de véhicules volés, et non pour des monstruosités pédophiles.
Il n'empêche, parmi eux se trouve un... inspecteur principal de la PJ de Charleroi,Georges Zicot. Neufchâteau l'a inculpé de faux et usage de faux (un PV où il aurait omis de dénoncer l'un de ses informateurs, peut-être Dutroux), mais aussi d'escroquerie à l'assurance. Il aurait par exemple tenté d'obtenir une « prime » - une rançon ? - pour la restitution d'une voiture volée et retrouvée. Mais il est surtout soupçonné d'avoir sciemment protégé les activités de Dutroux... Sachant qu'en outre un autre policier de la PJ de Charleroi a été brièvement interpellé, force est de poser la question : la justice de Charleroi a-t-elle protégé Dutroux ?
Les bruits les plus fous circulent.
Zicot aurait prévenu le « monstre des perquisitions visant à retrouver les enfants. Il aurait aussi participé au trafic immonde. Et même, on a pu lire qu'il était suspect dans le meurtre de l'inspecteur Poncelet, survenu à la
PJ de Mons en février 1996 !
Certes,cette dernière information a été officiellement démentie. Mais qu'en est il du reste ?
Les policiers de Charleroi et même certains gendarmes, qui connaissent Zicot parce qu'il a été leur collègue durant plus de dix ans lui conservent leur confiance.
Par ailleurs, si Zicot a été soupçonné dans une affaire de vol, s'il a fait l'objet d'une enquête du Comité P voilà quelques mois, il a aussi été blanchi.
Ses défenseurs signalent aussi qu'une inimitié notoire l'oppose a Georges Demanet,le procureur gênéral de Mons, sous l'autorité duquel il se trouve. Parce que Zicot a dressé un procès-verbal à charge de son fils, pour escroquerie à l'assurance, précisément. En cause, une Porsche de près de 3 millions. Ce qui, assurément, fait désordre dans le chef d'un expert automobile, comme l'est M. Demanet junior.
Même si ce dernier nie de façon circonstanciée la moindre faute. Quoi qu'il en soit, on parle à la PJ de règlement de compte. Autre argument entendu de ce côté la gendarmerie aurait suscité de toutes pièces les accusations portées contre Zicot. Afin de détourner l'attention sur la police judiciaire, après l'éventuelle bavure « Othello » !
Les bruits les plus fous circulent.
Zicot aurait prévenu le « monstre des perquisitions visant à retrouver les enfants. Il aurait aussi participé au trafic immonde. Et même, on a pu lire qu'il était suspect dans le meurtre de l'inspecteur Poncelet, survenu à la
PJ de Mons en février 1996 !
Certes,cette dernière information a été officiellement démentie. Mais qu'en est il du reste ?
Les policiers de Charleroi et même certains gendarmes, qui connaissent Zicot parce qu'il a été leur collègue durant plus de dix ans lui conservent leur confiance.
Par ailleurs, si Zicot a été soupçonné dans une affaire de vol, s'il a fait l'objet d'une enquête du Comité P voilà quelques mois, il a aussi été blanchi.
Ses défenseurs signalent aussi qu'une inimitié notoire l'oppose a Georges Demanet,le procureur gênéral de Mons, sous l'autorité duquel il se trouve. Parce que Zicot a dressé un procès-verbal à charge de son fils, pour escroquerie à l'assurance, précisément. En cause, une Porsche de près de 3 millions. Ce qui, assurément, fait désordre dans le chef d'un expert automobile, comme l'est M. Demanet junior.
Même si ce dernier nie de façon circonstanciée la moindre faute. Quoi qu'il en soit, on parle à la PJ de règlement de compte. Autre argument entendu de ce côté la gendarmerie aurait suscité de toutes pièces les accusations portées contre Zicot. Afin de détourner l'attention sur la police judiciaire, après l'éventuelle bavure « Othello » !
Le vrai, le faux ?
Jacques Velu, procureur général de la Cour de cassation, devra, lui aussi, localiser les dysfonctionnements. Il faudra punir les coupables. Et rétablir la justice. Qui, de toute évidence, en a bien besoin.
L'enquête risque-t-elle d'être étouffée ?
Justice, encore, avec le débat mené sur les antennes de la RTBF, le 23 août. Le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, y a suscité un malaise certain. Affirmant que tous les adultes identifiés sur les cassettes pédophiles saisies dans l'entourage de Dutroux seraient poursuivis, il nuançait : « Si on me laisse faire. »
Gino Russo, le papa de Mélissa, courageusement présent sur le plateau au lendemain de l'enterrement de sa fille, relevait le caractère inquiétant de cette réserve.
Quant à l'animateur du débat, il demandait des explications au magistrat : craint-il qu'on l'empêche de mener l'enquête à bien ? « J'ai eu des expériences dans d'autres affaires, s'il vous plaît ! Répondait Michel Bourlet. Lesquelles ? « Je ne parle pas d'affaires de pédophilie.
Le procureur a confirmé, plus tard et ailleurs, qu'il évoquait l'affaire des titres volés. Vieille rancoeur, née le le' juin 1994, lorsque la Cour de cassation a dessaisi Neufchâteau de ce dossier - et des travaux menés en parallèle par le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte sur l'affaire Cools -, au profit de la Liégeoise Véronique Ancia.
Certes, la juridiction ardennaise s'est montrée convaincante en exploitant rapidement un indice capital et les informations obtenues de Dutroux.
La qualité du travail mené par les magistrats et les enquêteurs a sauvé les vies de Laetitia et de Sabine, alors qu'elles étaient manifestement promises à un sort atroce.
Ce succès vaut une sympathie naturelle et spontanée au procureur (lire le portrait page 22).
Fallait-il pour autant évoquer les vieilles querelles relatives à la « guerre des juges » entre Neufchâteau et Liège, au risque d'affoler les parents et de semer le doute dans la population ? C'était à tout le moins déplacé dans le contexte actuel.
Le ministre de la justice, Stefaan De Clerck, a réagi le 26 : « Il ne m'appartient pas de donner ma propre version des déclarations (de M. Bourlet). Mais je peux vous confirmer - et il en est lui aussi convaincu - qu'il ne fait l'objet d'aucune pression. Qu'il ait sa propre idée sur d'autres affaires, c'est son problème. » Compte tenu de la nausée que chacun partage devant les terribles révélations de l'affaire Dutroux, compte tenu également des moyens humains et matériels mis à la disposition de l'enquête, rien ne permet de croire que l'on veuille « faire taire » Neufchâteau.
Les moyens des enquêteurs sont-ils suffisants ?
Prenant conscience de l'immensité du drame que représentent la pédophilie et le commerce honteux qui en découle, la Belgique semble vouloir mener le combat sur tous les fronts. Certes, d'irréparables dommages sont déjà commis : rien ne ramènera les jeunes victimes à leurs parents. Mais ceux qui entreprennent cette guerre disposent-ils pour autant d'armes suffisantes ? On peut véritablement en douter (lire page 18).
Ainsi, l'affaire Dutroux aura montré que la « cellule disparition » de la gendarmerie se compose normalement de 6 personnes, dont 5 néerlandophones. Ce qui pose problème dans le cas présent, puisque l'enquête est presque exclusivement axée sur la Belgique francophone.
S'il est indécent de vouloir débusquer là un problème communautaire, cette parcimonie semble malgré tout relever d'une économie de bouts de chandelle.
Cela dit, pour l'heure, juge et enquêteurs semblent avoir reçu l'appoint souhaitable. Le ministère de la Justice a débloqué des fonds exceptionnels pour permettre le financement d'aides extérieures. Des policiers spécialisés d'Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni prêtent main-forte à leurs collègues belges.
Le superintendant britannique John Benett (qui avait mis au jour les cadavres de 12 victimes de Frederik et Rosemary West à Gloucester, en 1994) a par exemple déployé son matériel électronique de pointe, à Sars-la-Buissière puis à Jumet. Harry Jongen, un lieutenant de l'armée hollandaise, participe lui aussi aux fouilles. Il est réputé pour un flair extraordinaire - le mot doit être compris au sens propre comme au sens figuré -, et a fait ses preuves dans de nombreuses enquêtes. Quant au Bundeskriminalamt (BKA) allemand, c'est une équipe de maîtres-chiens qu'il a dépêchée sur les lieux. Avec des animaux dressés à la détection de cadavres enfouis.
Si spectaculaire qu'il soit, ce déploiement n'est pourtant pas le seul fait qu'on puisse mettre en exergue. Anne Thily, procureur général de Liège, le signalait dimanche dernier : une cinquantaine d'enquêteurs venus des quatre coins du pays se consacrent désormais uniquement à l'affaire Dutroux.
Deux à trois dizaines de gendarmes bruxellois s’est également ajoutés à ce premier effectif. Nous les avons remarqués, dès lundi, au cours de perquisitions menées dans quelques bâtiments suspects de la région de Charleroi. Il s'agit surtout des spécialistes de la 3` SRC (section de recherches criminelles), rompus aux analyses financières.
Cela indique que l'enquête va tenter de démêler, nouvel angle d'attaque, l'écheveau financier de l'ignoble commerce qui, suppose-t-on, sous-tendait les activités de Dutroux. Lequel, en fait, disposait avec son épouse de revenus mensuels divers approchant les 80 000 francs.
Quant à ses propriétés - six ont été identifiées en Belgique -, certaines proviendraient d'héritages.
Sachant que le pervers tirait également des profits certains du trafic de véhicules volés, tout le problème des enquêteurs consistera, de ce côté, à déterminer si le total des avoirs de Dutroux et son train de vie correspondaient à ses rentrées connues.
Dans le cas contraire - rien n'est encore avéré -, on pourrait alors conclure plus certainement qu'aujourd'hui à la réalité de sa participation à un commerce systématique et monstrueux. Celui des enfants.
___________________________
Une justice sans pouvoir
« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 15
1995 sera une année clef pour la modernisation de la justice », promettait le gouvernement au lendemain des élections. Les enquêtes sur les disparitions d'enfants ne semblent pas avoir bénéficié de cet engagement
Chantale Anciaux
Dans sa déclaration du 20 janvier 1994, le gouvernement nous annonçait tout à la fois « une organisation judiciaire et des procédures plus efficaces, moins d'impunité, plus de sécurité et plus de justice, des structures respectant les victimes, un équipement adéquat, l'amélioration de la fonction de police ».
Que sont devenues ces promesses de papier sur le terrain judiciaire ?
Mis en oeuvre le 18 juin 1993, le plan pluriannuel pour la justice devrait poursuivre ses effets jusqu'en 1997.
Mais quels effets ? Plus d'un milliard de francs a été consacré aux contrats de sécurité avec les villes et les communes « pour prévenir la criminalité ».
Les grands systèmes informatiques intégrés devaient permettre d'organiser «une communication permanente entre les différents sites judiciaires ainsi qu'avec l'ordinateur central de Bruxelles ».
16 parquets ont mis sur pied une structure d'accueil des victimes. 220 personnes - magistrats, greffiers et agents administratifs - ont été recrutées pour « accélérer la procédure pénale et renforcer les tribunaux de police ». 93 agents ont été intégrés aux unités d'orientation et de traitement censées « favoriser, en prison, la réinsertion sociale des détenus libérés »...
Le budget de la justice représente un peu plus de 2 % des dépenses courantes de l'État. Il s'élevait, en 1995, à quelque 35 milliards. Alors que le budget octroyer à la gendarmerie atteignait, à lui seul, plus de 27 milliards, augmentant spectaculairement de 75 % en dix ans. La Défense recevait 99 milliards, sur un budget global des dépenses de l'État de 1 695 milliards cette année-là.
Jacques Velu, procureur général de la Cour de cassation, devra, lui aussi, localiser les dysfonctionnements. Il faudra punir les coupables. Et rétablir la justice. Qui, de toute évidence, en a bien besoin.
L'enquête risque-t-elle d'être étouffée ?
Justice, encore, avec le débat mené sur les antennes de la RTBF, le 23 août. Le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, y a suscité un malaise certain. Affirmant que tous les adultes identifiés sur les cassettes pédophiles saisies dans l'entourage de Dutroux seraient poursuivis, il nuançait : « Si on me laisse faire. »
Gino Russo, le papa de Mélissa, courageusement présent sur le plateau au lendemain de l'enterrement de sa fille, relevait le caractère inquiétant de cette réserve.
Quant à l'animateur du débat, il demandait des explications au magistrat : craint-il qu'on l'empêche de mener l'enquête à bien ? « J'ai eu des expériences dans d'autres affaires, s'il vous plaît ! Répondait Michel Bourlet. Lesquelles ? « Je ne parle pas d'affaires de pédophilie.
Le procureur a confirmé, plus tard et ailleurs, qu'il évoquait l'affaire des titres volés. Vieille rancoeur, née le le' juin 1994, lorsque la Cour de cassation a dessaisi Neufchâteau de ce dossier - et des travaux menés en parallèle par le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte sur l'affaire Cools -, au profit de la Liégeoise Véronique Ancia.
Certes, la juridiction ardennaise s'est montrée convaincante en exploitant rapidement un indice capital et les informations obtenues de Dutroux.
La qualité du travail mené par les magistrats et les enquêteurs a sauvé les vies de Laetitia et de Sabine, alors qu'elles étaient manifestement promises à un sort atroce.
Ce succès vaut une sympathie naturelle et spontanée au procureur (lire le portrait page 22).
Fallait-il pour autant évoquer les vieilles querelles relatives à la « guerre des juges » entre Neufchâteau et Liège, au risque d'affoler les parents et de semer le doute dans la population ? C'était à tout le moins déplacé dans le contexte actuel.
Le ministre de la justice, Stefaan De Clerck, a réagi le 26 : « Il ne m'appartient pas de donner ma propre version des déclarations (de M. Bourlet). Mais je peux vous confirmer - et il en est lui aussi convaincu - qu'il ne fait l'objet d'aucune pression. Qu'il ait sa propre idée sur d'autres affaires, c'est son problème. » Compte tenu de la nausée que chacun partage devant les terribles révélations de l'affaire Dutroux, compte tenu également des moyens humains et matériels mis à la disposition de l'enquête, rien ne permet de croire que l'on veuille « faire taire » Neufchâteau.
Les moyens des enquêteurs sont-ils suffisants ?
Prenant conscience de l'immensité du drame que représentent la pédophilie et le commerce honteux qui en découle, la Belgique semble vouloir mener le combat sur tous les fronts. Certes, d'irréparables dommages sont déjà commis : rien ne ramènera les jeunes victimes à leurs parents. Mais ceux qui entreprennent cette guerre disposent-ils pour autant d'armes suffisantes ? On peut véritablement en douter (lire page 18).
Ainsi, l'affaire Dutroux aura montré que la « cellule disparition » de la gendarmerie se compose normalement de 6 personnes, dont 5 néerlandophones. Ce qui pose problème dans le cas présent, puisque l'enquête est presque exclusivement axée sur la Belgique francophone.
S'il est indécent de vouloir débusquer là un problème communautaire, cette parcimonie semble malgré tout relever d'une économie de bouts de chandelle.
Cela dit, pour l'heure, juge et enquêteurs semblent avoir reçu l'appoint souhaitable. Le ministère de la Justice a débloqué des fonds exceptionnels pour permettre le financement d'aides extérieures. Des policiers spécialisés d'Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni prêtent main-forte à leurs collègues belges.
Le superintendant britannique John Benett (qui avait mis au jour les cadavres de 12 victimes de Frederik et Rosemary West à Gloucester, en 1994) a par exemple déployé son matériel électronique de pointe, à Sars-la-Buissière puis à Jumet. Harry Jongen, un lieutenant de l'armée hollandaise, participe lui aussi aux fouilles. Il est réputé pour un flair extraordinaire - le mot doit être compris au sens propre comme au sens figuré -, et a fait ses preuves dans de nombreuses enquêtes. Quant au Bundeskriminalamt (BKA) allemand, c'est une équipe de maîtres-chiens qu'il a dépêchée sur les lieux. Avec des animaux dressés à la détection de cadavres enfouis.
Si spectaculaire qu'il soit, ce déploiement n'est pourtant pas le seul fait qu'on puisse mettre en exergue. Anne Thily, procureur général de Liège, le signalait dimanche dernier : une cinquantaine d'enquêteurs venus des quatre coins du pays se consacrent désormais uniquement à l'affaire Dutroux.
Deux à trois dizaines de gendarmes bruxellois s’est également ajoutés à ce premier effectif. Nous les avons remarqués, dès lundi, au cours de perquisitions menées dans quelques bâtiments suspects de la région de Charleroi. Il s'agit surtout des spécialistes de la 3` SRC (section de recherches criminelles), rompus aux analyses financières.
Cela indique que l'enquête va tenter de démêler, nouvel angle d'attaque, l'écheveau financier de l'ignoble commerce qui, suppose-t-on, sous-tendait les activités de Dutroux. Lequel, en fait, disposait avec son épouse de revenus mensuels divers approchant les 80 000 francs.
Quant à ses propriétés - six ont été identifiées en Belgique -, certaines proviendraient d'héritages.
Sachant que le pervers tirait également des profits certains du trafic de véhicules volés, tout le problème des enquêteurs consistera, de ce côté, à déterminer si le total des avoirs de Dutroux et son train de vie correspondaient à ses rentrées connues.
Dans le cas contraire - rien n'est encore avéré -, on pourrait alors conclure plus certainement qu'aujourd'hui à la réalité de sa participation à un commerce systématique et monstrueux. Celui des enfants.
___________________________
Une justice sans pouvoir
« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 15
1995 sera une année clef pour la modernisation de la justice », promettait le gouvernement au lendemain des élections. Les enquêtes sur les disparitions d'enfants ne semblent pas avoir bénéficié de cet engagement
Chantale Anciaux
Dans sa déclaration du 20 janvier 1994, le gouvernement nous annonçait tout à la fois « une organisation judiciaire et des procédures plus efficaces, moins d'impunité, plus de sécurité et plus de justice, des structures respectant les victimes, un équipement adéquat, l'amélioration de la fonction de police ».
Que sont devenues ces promesses de papier sur le terrain judiciaire ?
Mis en oeuvre le 18 juin 1993, le plan pluriannuel pour la justice devrait poursuivre ses effets jusqu'en 1997.
Mais quels effets ? Plus d'un milliard de francs a été consacré aux contrats de sécurité avec les villes et les communes « pour prévenir la criminalité ».
Les grands systèmes informatiques intégrés devaient permettre d'organiser «une communication permanente entre les différents sites judiciaires ainsi qu'avec l'ordinateur central de Bruxelles ».
16 parquets ont mis sur pied une structure d'accueil des victimes. 220 personnes - magistrats, greffiers et agents administratifs - ont été recrutées pour « accélérer la procédure pénale et renforcer les tribunaux de police ». 93 agents ont été intégrés aux unités d'orientation et de traitement censées « favoriser, en prison, la réinsertion sociale des détenus libérés »...
Le budget de la justice représente un peu plus de 2 % des dépenses courantes de l'État. Il s'élevait, en 1995, à quelque 35 milliards. Alors que le budget octroyer à la gendarmerie atteignait, à lui seul, plus de 27 milliards, augmentant spectaculairement de 75 % en dix ans. La Défense recevait 99 milliards, sur un budget global des dépenses de l'État de 1 695 milliards cette année-là.
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