dimanche 27 juillet 2008

Des négligences criminelles ? Des enfants victimes de la guerre des polices ?(« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 10 à 11)



L’horreur absolue !

« Le Vif l’Express » du vendredi 30 août 1996 page 10 à 11

Des négligences criminelles ? Des enfants victimes de la guerre des polices ?
Marc Dutroux protégé par l'appareil judiciaire de Charleroi ?
Les accusations sont précises. Elles appellent des réponses


Roland Planchar

Comme dans les films d'horreur, c'est au moment où l'on voulait reprendre pied que l'épouvante a frappé de plus belle. Alors que l'enquête, bifide, se tournait à la fois vers l'Europe de l'Est - côté disparitions - et vers le milieu carolorégien - pour un trafic de véhicules volés -, le château de cartes s'écroulait. En même temps que le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, conservait l'espoir de retrouver An et Eefje, vivantes, le tableau redevenait dramatiquement noir. Et, pendant que l'on se surprenait à croire proche la fin d'une attente insoutenable, tout basculait à nouveau dans l'angoisse.

Plus que persistante, une rumeur née mardi matin s'amplifiait dans la journée : Dutroux avait fait de nouveaux aveux au cours de la nuit. Il désignait - vaguement - l'endroit où seraient enterrées d'autres victimes. C'est-à-dire sous un hangar, dressé près d'un chalet qu'il possède à Jumet. Une bâtisse habitée un temps par Bernard Weinstein, qui a payé de sa vie sa complicité avec Dutroux. Le « monstre » l'avait purement et simplement assassiné (voir Le Vif/L'Express du 23 août).

On vivait alors une seconde fois l'horreur déjà vécue à Sars-la-Buissière : celle de la recherche d'un signe fatidique, d'un dramatique point final à l'espoir retrouvé des parents d'An et d'Eefje.

Car, confronté avec sa seconde femme et comparse, Michèle Martin, Dutroux avait reconnu, disait la rumeur, avoir liquidé les deux jeunes filles, disparues à Ostende le 22 août de l'année dernière.
Après le déblaiement du terrain (encombré de ferrailles), des chiens pisteurs et le radar de sol du policier britannique John Benett (voir l'infographie page 12) étaient mis en oeuvre pour définir la zone à creuser. Elle se révéla quadruple, faisant craindre qu'il y ait effectivement plusieurs corps à exhumer. Les recherches, interrompues durant la nuit, reprenaient mercredi matin. Elles devaient inévitablement conduire à découvrir plus avant les mobiles de Dutroux.

Car si, tel Frederik West à Gloucester, il a fait un nombre plus considérable de victimes qu'on l'a cru dans un premier temps, cela le définirait davantage comme un « BarbeNoire » des temps modernes que comme un pur trafiquant de chair humaine. Pourquoi, sinon, enterrer des enfants ?

On se souviendrait pourtant que Dutroux a souvent voyagé en Tchéquie et en Slovaquie, comme encore entre le 2 et le 4 août dernier, à Bratislava. Qu'il est soupçonné par Interpol d'être violeur et meurtrier dans ce pays. Qu'il a fait tourner une dizaine de jeunes filles slovaques dans des films pornographiques. Ou, encore,qu'il avait entrepris l'étude de la langue tchèque.
Toutes choses qui le dépeignent comme la redoutable cheville ouvrière d'un réseau international.

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