dimanche 27 juillet 2008

Le cri de rage de Jobé('DH'30 août 1996 p16)


Membre de l’association « Marc et Corinne »

Le cri de rage de Jobé

La Dernière Heure du vendredi 30 août 1996 page 16

BRUXELLES – Michael Johnson n'est pas le seul à avoir respecté une minute de silence à leur mémoire. Il y a aussi eu les 40.000 fidèles du Mémorial Van Damme et la petite centaine de milliers de spectateurs qui garnissaient, le week-end dernier, les gradins des stades de football.
Sans compter, bien sûr, tous les autres, ces anonymes parsemés, çà ou là, dans des salles omnisports du royaume.

En ces jours pénibles vécus par tout le pays, la population sportive n'a donc pas été la dernière a exprimer sa rancoeur et à manifester son soutien, total, aux familles cruellement éprouvées par les affaires que l'on sait. Ainsi, à Zolder, samedi, les voitures inscrites en Procar arboreront toutes l'autocollant conçu par La Dernière Heure-Les Sports, «Protégez nos enfants ».
La vérité est abominable, avoue Georges Jobê . Surtout parce qu'on n'y est pas préparé.
Lui l'est un peu plus que d'autres. Parce que le hasard de la vie l'a mis en contact avec cette réalité au quotidien qui s'écrit, pour l'instant, prioritairement à l'encre noir.
« Deux mois avant d'être contacté par l'association Marc et Corinne pour figurer dans son comité de soutien, j'avais moi-même créé une ASBL qui porte le nom de «Envie d'Avenir».

Enfants du juge
Une initiative liée à l'expérience, malheureuse, qu'il a pu vivre aux côtés un garçon handicapé mental avec lequel, par pure amitié, il effectuait des randonnées en quad.
« Ce garçon, un jour, a disparu. J'ai activement participé aux recherches pour le retrouver. Recherches qui m'ont mené à fréquenter un monde dont on a peine à croire qu'il existe vraiment. »
Ce garçon, on va le retrouver, mort, noyé. Un décès que Georges Jobé a encore du mal à admettre.
Alors iI a voulu réagir, se révolter, combattre l'inadmissible.
«Aujourd'hui, on est sous le choc à cause de l'affaire Julie et Mélissa, car elle pousse à l'écoeurement.
Mais ce dont les gens doivent prendre absolument conscience à travers ce drame, c'est qu'il se passe des choses à leur porte et qu'ils n'en savent sans doute rien.
Je m'occupe beaucoup d'enfants du juge dont j'aide à la réinsertion par le biais de la moto. J'ai donc souvent l'occasion de m'entretenir avec eux.
Et ce qu'ils me confient dépasse parfois l'imaginable. Songez qu'il y a des parents qui tapaient la tête de leur enfant sur le sol dans l'espoir de bénéficier, plus tard, des allocations attribuées aux... handicapés I »
A chaque fois, il croit qu'il a entendu le pire. A chaque fois, hélas, il lui revient des échos encore plus sordides.

C'est une réalité.
Une réalité qui fait mal, mais dont le monde doit absolument prendre conscience.
C'est pourquoi j'accepterai toujours de prêter mon nom à une action que je juge crédible et constructive.
Les sportifs de renom, dans ce domaine, sont extrêmement sollicités. II faut donc se montrer vigilant et bien faire le tri. »
Ce qu'il fait. Surtout en matière de sida. Pas parce que cette cause-là l'indiffère, mais parce que les sollicitations, à ce niveau, sont quasi quotidiennes.
« Mais dernièrement, en compagnie d'Ingrid Berghmans, je suis intervenu pour offrir un quad à un petit garçon qui était entré dans la phase terminale de sa maladie. »
Il l'a fait de bon coeur. Parce que ce coeur-la est à la fois gros et bon. « Je suis prêt à tout pour ce genre de cause. »
Il est même, surtout, prêt à faire passer les deux messages qui motivent son attitude dans ce soutien, ferme et définitif, qu'il apporte aux actions qui ont réussi à le sensibiliser.
«Je veux que les gens comprennent que tout ce qui se passe aujourd'hui commence, bien souvent à côté de leur porte. Ils doivent donc être attentifs et spontanément réagir à la cruauté sous toutes ses formes. Ensuite, je voudrais faire passer un message d'espoir. Tout en effet, dans la vie actuelle, n'est pas noir. Ne dramatisons pas. Sinon, demain déjà, les gens, par crainte, ne laisseront même plus leurs enfants partir seuls à vélo pour faire une petite balade ou pour rejoindre, à pied, une salle ou un terrain de sport...

Un avis partagé par Robert Waseige, lui aussi membre du comité de soutien à Julie et Mélissa.
Malgré son exil volontaire au Portugal, celui qui reste liégeois d'âme se sent encore très proche de deux familles dont il admire le courage et la détermination à faire éclater toute la vérité. Mais parce qu'il est discret de nature, Robert Waseige ne veut pas étaler sur la place publique ses sentiments. II les réserve, quoi de plus normal, aux familles si profondément marquées...

Philippe Lacourt



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