Crimes atroces, atroces erreurs(La Wallonie vendredi 23 août 1996)
Crimes atroces, atroces erreurs,
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Le ministre de la justice a été interpellé par treize députés. Cruelles révélations sur !'enquête judiciaire. Et, s'agissant de l'avenir, divergences entre faucons et colombes.
«Je ne vous cache pas ma stupeur. Je n'ai été informée que verbalement de soupçons pesant Marc Dutroux et qu'il faisait l'objet d'une enquête de la gendarmerie. J'ai été laissée dans l'ignorance...»
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Le ministre de la justice a été interpellé par treize députés. Cruelles révélations sur !'enquête judiciaire. Et, s'agissant de l'avenir, divergences entre faucons et colombes.
«Je ne vous cache pas ma stupeur. Je n'ai été informée que verbalement de soupçons pesant Marc Dutroux et qu'il faisait l'objet d'une enquête de la gendarmerie. J'ai été laissée dans l'ignorance...»
Lues hier en commission de la Justice du Parlement par le ministre de la Justice, Stefaan
De Clerck, elles sont accablantes les paroles laconiques qu'a consigne par écrit Mme Doutrewe, la juge d'instruction liégeoise chargée du dossier Julie et Mélissa. Accablantes et consternantes.
lmpensable?
En cause un des points noirs majeurs de l'enquête : le fait que les horribles préparatifs de Marc Dutroux étaient connus, et auraient pu être stoppé net. Le ministre a en effet confirmé que, quelques jours après la disparition des deux petites, la gendarmerie d e Grâce Hollog n e a été informée par fax des soupçons pesant sur Marc Dutroux. Que la BSR de Charleroi a confirmé la teneur des soupçons apportés par un indicateur. Que l'information a été traitée lors d e réunions de coordination des BSR de Charleroi et Liège. Que le parquet de Charleroi a été mis au courant en avril 96. Mais qu'aucun PV n'a jamais été dressé. Que Dutroux a fait l'objet d'une surveillance de l'unité spéciale POSA de la gendarmerie, qui n'a rien donné. Et puis,donc, que la juge d'instruction liégeoise n'aurait, selon sa propre termes, jamais été informée...
«Pouvons-nous, Monsieur le Ministre, exclure l'impensable, à savoir que Dutroux ait bénéficié de protections? S'est interrogé, hier, le député Ecolo, Vincent Decroly. La phrase est lancée. Deux préoccupations étaient surtout dans les esprits des treize députés qui ont interpellé Stefaan De Clerck.
Comment éviter que le drame ne se reproduise? Comment est-il possible qu'autant d'erreurs aient pu être commises?
Deux camps
Des complicités : l'hypothèse est extrême, mais non totalement absurde - qu'on songe au rôle joué par le gendarme Dubuisson dans l'affaire des négriers et la mort du journaliste Steinier. Vraie ou fausse, elle ne rend pas moins graves les nombreux dysfonctionnements constatés. Telle l'affaire de la «deuxième» libération conditionnelle de Dutroux, en 1996, mise en évidence par le président d u PRL, Louis Michel. Incarcéré pour de nouveaux faits, il aurait dû perdre automatiquement le bénéfice de son ancienne libération et accomplir le reste de sa première peine -sauf intervention du ministre, que le parquet aurait d'un avisé. L'a-t-il fait? Probablement pas... Stefaan De Clerck admet.
Des fautes ont été commises,dont il reste à dégager les responsabilités. Il a chargé le procureur général près la Cour de Cassation d'envisager des procédures disciplinaires à l'encontre des parquets de Mons et de Charleroi.
Suffisant? Les interpellations ont autant porté sur le passé, et ses erreurs, que sur les leçons qui doivent en être tirées. Pour se diviser, camp des colombes contre camp des faucons. Création d'un tribunal d'application des peines contre instauration de peines incompressibles, plaidée surtout par le PRL Louis Michel et... faisant fi des thèse de son collègue PSC Jean-Jacques Viseur, le PSC Marceau Mairesse, champion toute catégorie, hier, de l'esprit de clocher poujadiste.
L'heure, il est vrai, ne se prêtait pas au débat serein. A l'autour ne, c'est promis, on y reviendra, entre êtres de raison.
E.R
_________________________
Abolissons la nuit
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Nous l'avons assez répété dans ces colonnes. L'heure est régie par l'émotion et ses tentantes exploitations politiques. Sus à la barbarie, qu'il faut empêcher de nuire en la mettant durablement au trou.
Quelle barbarie? L'exceptionnel cas Dutroux, qu'on désigne comme la pédophilie incarnée? «Inutile d'égrener les noms des enfants martyrs, » dit Louis Michel. Il aurait dû.
Les faits divers des cinq dernières années abondent en bébés tués par leurs parents, ou victimes d'inceste, ou... Alors, peine incompressible? Pour quel crime?
Tout ce qui est odieux, abject... les «irrécupérables » et les «bêtes sauvages» comme le demandent les libéraux l'engrenage sera vite là.
N'empêche. Deux constats. Relatif à la lenteur avec laquelle Justice et Législatif ont ouvert les yeux. Il a fallu le temps qu'on réalise, dit-on aujourd'hui. En 1990, déjà, une équipe spéciale de Scotland Yard enquêtait sur un réseau vendant une pornographie infantile avec des mises à mort non simulées...
Ce qui suppose un marché - commercial. Dutroux en savait quelque chose.
L'appareil judiciaire, manifestement, avait beaucoup plus de réticence à l'admettre, qui, pour qu'il y ait réseau, veut y voir des chefs, une structure très organise , style mafia. Or, marché, il y a.
A reconsidérer.
Mais, fondamentalement ils ont raison les députés PS Biefnot, qui ne veut pas préjuger des problèmes de disparition et de pédophilie, et PSC Viseur, qui affirme qu'aucun «Etat n'a jamais supprimé tout risque criminel».
On ne peut abolir la nuit. On peut y mettre un éclairage,,
Erik Rydberg
____________________________
Les chiens ont-ils flairé une piste ?
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Les enquêteurs chargés du dossier Dutroux ont à nouveau effectué des fouilles jeudi après-midi à Sars-la-Buissière, où les cadavres de Julie et Mélissa avaient été retrouvés samedi.
Les alentours de la propriété sont bouclés.
Des chiens de la gendarmerie sont sur place. John Bennett, le super-intendant de la police britannique est arrivé sur les lieux.
M. Bennett était arrivé mercredi à Neufchâteau. Il agira en tant que consultant et devra apporter la certitude qu'il n'y a vraiment plus aucun corps à retrouver. A Sars-la-Buissière, mais également dans les autres maisons de Marc Dutroux et ses complices.
John Bennett avait dirigé l'enquête qui avait abouti à l'arrestation d e Frédérick et d e Rosemary West, les meurtriers de ce que l'on a appelé la "maison de l'horreur" de Gloucester, dans le sud de l'Angleterre. On y avait retrouvé les cadavres de dix jeunes femmes enterrées soit dans le jardin soit dans la cave.
Dans l'après-midi, il s'est rendu à Jumet au domicile de Bernard Weinstein et Rue Jules Destrée à Marchienne-au-Pont, au domicile de Michel Lelièvre.
En fin d'après-midi, les enquêteurs présents à cette adresse, envisageaient semble t-il de faire sauter une dalle de béton dans la propriété. Cette dalle suspecte aurait été installée par Dutroux, propriétaire des lieux. Michel Lelièvre, le complice de Marc Dutroux, qui a reconnu sa participation dans l'enlèvement des deux jeunes liégeoises et d'An Marchal et Eefje Lambrecks, a été emmené sur les lieux.
Plusieurs véhicules d e gendarmerie sont entrés dans la propriété. Les fouilles se sont poursuivies en début de soirée, à Marchienne-au-Pont d'abord, à Sart-la-Buissière ensuite.
Les chiens
De Clerck, elles sont accablantes les paroles laconiques qu'a consigne par écrit Mme Doutrewe, la juge d'instruction liégeoise chargée du dossier Julie et Mélissa. Accablantes et consternantes.
lmpensable?
En cause un des points noirs majeurs de l'enquête : le fait que les horribles préparatifs de Marc Dutroux étaient connus, et auraient pu être stoppé net. Le ministre a en effet confirmé que, quelques jours après la disparition des deux petites, la gendarmerie d e Grâce Hollog n e a été informée par fax des soupçons pesant sur Marc Dutroux. Que la BSR de Charleroi a confirmé la teneur des soupçons apportés par un indicateur. Que l'information a été traitée lors d e réunions de coordination des BSR de Charleroi et Liège. Que le parquet de Charleroi a été mis au courant en avril 96. Mais qu'aucun PV n'a jamais été dressé. Que Dutroux a fait l'objet d'une surveillance de l'unité spéciale POSA de la gendarmerie, qui n'a rien donné. Et puis,donc, que la juge d'instruction liégeoise n'aurait, selon sa propre termes, jamais été informée...
«Pouvons-nous, Monsieur le Ministre, exclure l'impensable, à savoir que Dutroux ait bénéficié de protections? S'est interrogé, hier, le député Ecolo, Vincent Decroly. La phrase est lancée. Deux préoccupations étaient surtout dans les esprits des treize députés qui ont interpellé Stefaan De Clerck.
Comment éviter que le drame ne se reproduise? Comment est-il possible qu'autant d'erreurs aient pu être commises?
Deux camps
Des complicités : l'hypothèse est extrême, mais non totalement absurde - qu'on songe au rôle joué par le gendarme Dubuisson dans l'affaire des négriers et la mort du journaliste Steinier. Vraie ou fausse, elle ne rend pas moins graves les nombreux dysfonctionnements constatés. Telle l'affaire de la «deuxième» libération conditionnelle de Dutroux, en 1996, mise en évidence par le président d u PRL, Louis Michel. Incarcéré pour de nouveaux faits, il aurait dû perdre automatiquement le bénéfice de son ancienne libération et accomplir le reste de sa première peine -sauf intervention du ministre, que le parquet aurait d'un avisé. L'a-t-il fait? Probablement pas... Stefaan De Clerck admet.
Des fautes ont été commises,dont il reste à dégager les responsabilités. Il a chargé le procureur général près la Cour de Cassation d'envisager des procédures disciplinaires à l'encontre des parquets de Mons et de Charleroi.
Suffisant? Les interpellations ont autant porté sur le passé, et ses erreurs, que sur les leçons qui doivent en être tirées. Pour se diviser, camp des colombes contre camp des faucons. Création d'un tribunal d'application des peines contre instauration de peines incompressibles, plaidée surtout par le PRL Louis Michel et... faisant fi des thèse de son collègue PSC Jean-Jacques Viseur, le PSC Marceau Mairesse, champion toute catégorie, hier, de l'esprit de clocher poujadiste.
L'heure, il est vrai, ne se prêtait pas au débat serein. A l'autour ne, c'est promis, on y reviendra, entre êtres de raison.
E.R
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Abolissons la nuit
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Nous l'avons assez répété dans ces colonnes. L'heure est régie par l'émotion et ses tentantes exploitations politiques. Sus à la barbarie, qu'il faut empêcher de nuire en la mettant durablement au trou.
Quelle barbarie? L'exceptionnel cas Dutroux, qu'on désigne comme la pédophilie incarnée? «Inutile d'égrener les noms des enfants martyrs, » dit Louis Michel. Il aurait dû.
Les faits divers des cinq dernières années abondent en bébés tués par leurs parents, ou victimes d'inceste, ou... Alors, peine incompressible? Pour quel crime?
Tout ce qui est odieux, abject... les «irrécupérables » et les «bêtes sauvages» comme le demandent les libéraux l'engrenage sera vite là.
N'empêche. Deux constats. Relatif à la lenteur avec laquelle Justice et Législatif ont ouvert les yeux. Il a fallu le temps qu'on réalise, dit-on aujourd'hui. En 1990, déjà, une équipe spéciale de Scotland Yard enquêtait sur un réseau vendant une pornographie infantile avec des mises à mort non simulées...
Ce qui suppose un marché - commercial. Dutroux en savait quelque chose.
L'appareil judiciaire, manifestement, avait beaucoup plus de réticence à l'admettre, qui, pour qu'il y ait réseau, veut y voir des chefs, une structure très organise , style mafia. Or, marché, il y a.
A reconsidérer.
Mais, fondamentalement ils ont raison les députés PS Biefnot, qui ne veut pas préjuger des problèmes de disparition et de pédophilie, et PSC Viseur, qui affirme qu'aucun «Etat n'a jamais supprimé tout risque criminel».
On ne peut abolir la nuit. On peut y mettre un éclairage,,
Erik Rydberg
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Les chiens ont-ils flairé une piste ?
« La Wallonie » du vendredi 23 août 1996 page 14
Les enquêteurs chargés du dossier Dutroux ont à nouveau effectué des fouilles jeudi après-midi à Sars-la-Buissière, où les cadavres de Julie et Mélissa avaient été retrouvés samedi.
Les alentours de la propriété sont bouclés.
Des chiens de la gendarmerie sont sur place. John Bennett, le super-intendant de la police britannique est arrivé sur les lieux.
M. Bennett était arrivé mercredi à Neufchâteau. Il agira en tant que consultant et devra apporter la certitude qu'il n'y a vraiment plus aucun corps à retrouver. A Sars-la-Buissière, mais également dans les autres maisons de Marc Dutroux et ses complices.
John Bennett avait dirigé l'enquête qui avait abouti à l'arrestation d e Frédérick et d e Rosemary West, les meurtriers de ce que l'on a appelé la "maison de l'horreur" de Gloucester, dans le sud de l'Angleterre. On y avait retrouvé les cadavres de dix jeunes femmes enterrées soit dans le jardin soit dans la cave.
Dans l'après-midi, il s'est rendu à Jumet au domicile de Bernard Weinstein et Rue Jules Destrée à Marchienne-au-Pont, au domicile de Michel Lelièvre.
En fin d'après-midi, les enquêteurs présents à cette adresse, envisageaient semble t-il de faire sauter une dalle de béton dans la propriété. Cette dalle suspecte aurait été installée par Dutroux, propriétaire des lieux. Michel Lelièvre, le complice de Marc Dutroux, qui a reconnu sa participation dans l'enlèvement des deux jeunes liégeoises et d'An Marchal et Eefje Lambrecks, a été emmené sur les lieux.
Plusieurs véhicules d e gendarmerie sont entrés dans la propriété. Les fouilles se sont poursuivies en début de soirée, à Marchienne-au-Pont d'abord, à Sart-la-Buissière ensuite.
Les chiens
Depuis jeudi, les recherches sont également effectuées avec l'aide de chiens, de la police allemande, dresses spécialement pour découvrir des cadavres. Ils participent aux fouilles des maisons et des propriétés de Dutroux. Une équipe du DVI (Die Victims Identification) de la gendarmerie est prête à intervenir lorsque ces chiens semblent repérer un indice.
Comme l'a confirmé jeudi soir le procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet des indices permettant de croire à l'existence de nouvelles caches ont été relevés dans les maisons de Dutroux. Le matériel du super-intendant de la police anglaise devrait permettre d'en savoir plus à ce sujet dans les prochains jours. D'autre part, une arme, un mannequin, des cassettes vidéo ainsi que quatre véhicules ont été saisis jeudi après-midi lors d'une perquisition opérée à Ransart(Gosselies), dans la banlieue de Charleroi, a-t-on appris à bonne source. La perquisition visait une maison qui appartiendrait à un démolisseur.
Le procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, s'est refusé à confirmer cette information jeudi soir.
Il n'a par ailleurs pas donné de commentaires sur des informations faisant état de l'implication de Dutroux dans un vaste trafic d e cassettes vidéo. Les cassettes saisies depuis le début de l'enquête sont actuellement examinées par la BSR de Charleroi.
Un point précis
A Sars-la-Buissière, les recherches entreprises se sont concentrées après 21 h. vers un point précis du jardin vers lequel les chiens pisteurs d e la police allemande ont convergé.
Lors de sa conférence de presse, le procureur du Roi, M. Bourlet, a encore affirmé qu'un homme de la région de Charleroi, M. Thiraut, avait été interpellé et était entendu, jeudi soir, par le juge d'instruction Connerotte. II s'agit d'une connaissance "d'affaires" de Marc Dutroux.
Les enquêteurs sont également en possession d'indices qu'ils vont vérifier avec le matériel du spécialiste britannique John Bennett. Ces indices laisseraient supposer que d'autres caches pourraient être découvertes dans les maisons de Dutroux. Un architecte sera d'ailleurs mis à contribution par les enquêteurs pour vérifier les plans de ces maisons.
Un enquêteur belge est prochainement attendu à Prague pour suivre la "piste tchèque" dans l'affaire du pédophile meurtrier belge, Marc Dutroux, a annoncé jeudi soir la télévision tchèque.
Se référant à des sources policières tchèques, la télévision a indiqué que Dutroux s'était rendu en République tchèque, notamment en Bohême du nord, mais avait plus souvent séjourné en Slovaquie, l'autre république issue en 1993 de la partition de l'ex-Tchécoslovaquie.
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