Quelle police et quelles prisons ?
Quelle police et quelles prisons ?
La « UNE » du journal «La Wallonie » du mardi 20 août 1996
Julie et Mélissa : Ni l’émotion, ni la colère n’ont faibli, et le pays s’interroge sur son système judiciaire
_______________________
Témoignage d'expert
Où il est question d'hiérarchie des valeurs
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 10
Fabien Houlmont est responsable de la Ligue des droits de l'enfant. Il suit de près les dossiers disparitions et pédophilie. Sous l'angle judiciaire. Et social. L'enfant, une priorité ?
Les prisons belges comptent actuellement 835 détenus condamnés pour des faits de moeurs. Soit environ un détenu sur dix. L'information, donnée hier par le ministre de la Justice, est incomplète, avoue-t-il. Car rien, en l'état actuel des informations à la disposition des autorités, ne permet de dire combien de pédophiles il y a parmi eux. Ni, à supposer que cette recherche soit entreprise, si ces faits-là relevaient de l'attentat à la pudeur, ou du viol, ou se trouvaient aggravés par une séquestration ou un assassinat.
Le tableau gagne à être mise en relief. Une récente étude policière a, ainsi, mis en évidence qu'en matière de signalement de disparitions, il est fait usage de deux codes.
Le code 02 pour tout ce qui concerne les «fugues de mineurs» et le code 03 pour les «disparitions de personnes majeures». Point à la ligne. Ce sont les seules deux rubriques
Fugue?
Se trouve donc «mélangés», dans la catégorie «fugue», les enfants qui méritent ce qualificatif - et tous les autres. Cela va du problème anodin - toute proportion gardée - d'un abus de garde d'enfant jusqu'à l'enlèvement.
Fabien Houlmont, responsable de la Ligue des droits de l'enfant, suit de très près tout ce qui touche à ces questions. Y compris dans ses aspects touchant à l'enquête judiciaire. Le système de signalement, sur lequel repose toute recherche dans un dossier de disparitions,n'est pas, à son estime, en soi défaillant. Tout est dans la matière de l'utiliser. «C'est une question de hiérarchie de valeurs et de priorités».
Dans sa structure actuelle, à saisie et diffusion directes de et vers toutes les unités, le système comporte trois niveaux de traitement. Le signalement proprement dit, qui enregistre l'identité et une description sommaire de la personne disparue, l'objectif étant ici, hors de toute enquête judiciaire, de permettre aux membres des forces de police de reconnaître la personne signalée, sans plus.
Les éléments «opérationnels», ensuite, consistent en un encodage destiné à servir l'enquête judiciaire. On brasse forcément plus large : circonstances de l'enlèvement, modus opérandi des kidnappeurs, etc. Enfin, reste la possibilité de créer un «fichier» temporaire, non normalisé cette fois et beaucoup plus pointu, puisqu'il peut extraire et combiner à loisirs tous les éléments que recèle la banque de données. Etablir le listing complet des véhicules d'une personne réputée pédophile, par exemple.
Priorité?
L'outil, à entendre Fabien Houlmont, est parfaitement au point. Il suffit qu’il existe la volonté, et la capacité d'analyse, pour en utiliser toutes les potentialités. Le travail est-il aussi sérieux et complet, lorsqu’il s’agit d’une « fugue »que lorsqu’il est question d’un vol de voiture, pour laquelle numéro de châssis,plaque d’immatriculation,marque,modèle et autre éléments d’identification ? Poser la question…..
En tant que responsable de la ligue des droits de l’enfant ,Fabien Houlmont note,en tous les cas ,qu’il n’y a aucune commune mesure entre les méthodes utilisées dans les dossiers de disparitions et les techniques sophistiquées élaborées pour combattre la toxicomanie.
Nuls pseudo achats, ni infiltrations ou utilisation d'indicateurs dans les milieux de la pédophilie et de la pornographie enfantine, en effet.
Mais, insiste-t-il aussitôt, le problème dépasse, de loin, son cadre judiciaire. «Les études menées au Canada - un rapport parlementaire de plus de 2.000 pages -, aux Etats-Unis et au Danemark indiquent que le taux de récidive, chez le pédophile, est de 80 à 90 pour cent, un taux qui n'a d'équivalent dans aucune forme de délinquance. Elles montrent aussi qu'il y a, chez les pédophiles, une courbe ascendante de la gravité des faits».
Agir en amont
Ce sont des éléments qui prouvent l'inanité de la notion des peines incompressibles. «II écopera, pour un premier délit, moins grave, de quatre ou cinqans. Il effectuera toute sa peine et sortira. Rien n'est réglé ».
Rien n'est réglé, insiste-t-il, si on ne consacre pas les moyens nécessaires aux procédures de suivi, psychologiques et sociales. Tout cela, depuis le rapport canadien, on le sait.
Reste, tout de même, le volet judicaire. Fabien Houlmont est convaincu que ce n'est pas un hasard si le parquet de Neufchâteau a engrangé les résultats qu'on sait. «C'est un petit arrondissement, où substitut et magistrat accepte de s'ouvrir à toutes les hypothèses, à toutes les collaborations, sans en en faire une affaire de prestige.
C'est important. Le temps perdu, dans ces dossiers, c'est du temps irrécupérables».
Affaire de priorités, donc, mais aussi de mentalité – dans l'appareil judiciaire.
E.R.
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Georges Kellens, criminologue à l’ULG
Je ne connais pas d’affaire aussi dramatique
La « UNE » du journal «La Wallonie » du mardi 20 août 1996
Julie et Mélissa : Ni l’émotion, ni la colère n’ont faibli, et le pays s’interroge sur son système judiciaire
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Témoignage d'expert
Où il est question d'hiérarchie des valeurs
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 10
Fabien Houlmont est responsable de la Ligue des droits de l'enfant. Il suit de près les dossiers disparitions et pédophilie. Sous l'angle judiciaire. Et social. L'enfant, une priorité ?
Les prisons belges comptent actuellement 835 détenus condamnés pour des faits de moeurs. Soit environ un détenu sur dix. L'information, donnée hier par le ministre de la Justice, est incomplète, avoue-t-il. Car rien, en l'état actuel des informations à la disposition des autorités, ne permet de dire combien de pédophiles il y a parmi eux. Ni, à supposer que cette recherche soit entreprise, si ces faits-là relevaient de l'attentat à la pudeur, ou du viol, ou se trouvaient aggravés par une séquestration ou un assassinat.
Le tableau gagne à être mise en relief. Une récente étude policière a, ainsi, mis en évidence qu'en matière de signalement de disparitions, il est fait usage de deux codes.
Le code 02 pour tout ce qui concerne les «fugues de mineurs» et le code 03 pour les «disparitions de personnes majeures». Point à la ligne. Ce sont les seules deux rubriques
Fugue?
Se trouve donc «mélangés», dans la catégorie «fugue», les enfants qui méritent ce qualificatif - et tous les autres. Cela va du problème anodin - toute proportion gardée - d'un abus de garde d'enfant jusqu'à l'enlèvement.
Fabien Houlmont, responsable de la Ligue des droits de l'enfant, suit de très près tout ce qui touche à ces questions. Y compris dans ses aspects touchant à l'enquête judiciaire. Le système de signalement, sur lequel repose toute recherche dans un dossier de disparitions,n'est pas, à son estime, en soi défaillant. Tout est dans la matière de l'utiliser. «C'est une question de hiérarchie de valeurs et de priorités».
Dans sa structure actuelle, à saisie et diffusion directes de et vers toutes les unités, le système comporte trois niveaux de traitement. Le signalement proprement dit, qui enregistre l'identité et une description sommaire de la personne disparue, l'objectif étant ici, hors de toute enquête judiciaire, de permettre aux membres des forces de police de reconnaître la personne signalée, sans plus.
Les éléments «opérationnels», ensuite, consistent en un encodage destiné à servir l'enquête judiciaire. On brasse forcément plus large : circonstances de l'enlèvement, modus opérandi des kidnappeurs, etc. Enfin, reste la possibilité de créer un «fichier» temporaire, non normalisé cette fois et beaucoup plus pointu, puisqu'il peut extraire et combiner à loisirs tous les éléments que recèle la banque de données. Etablir le listing complet des véhicules d'une personne réputée pédophile, par exemple.
Priorité?
L'outil, à entendre Fabien Houlmont, est parfaitement au point. Il suffit qu’il existe la volonté, et la capacité d'analyse, pour en utiliser toutes les potentialités. Le travail est-il aussi sérieux et complet, lorsqu’il s’agit d’une « fugue »que lorsqu’il est question d’un vol de voiture, pour laquelle numéro de châssis,plaque d’immatriculation,marque,modèle et autre éléments d’identification ? Poser la question…..
En tant que responsable de la ligue des droits de l’enfant ,Fabien Houlmont note,en tous les cas ,qu’il n’y a aucune commune mesure entre les méthodes utilisées dans les dossiers de disparitions et les techniques sophistiquées élaborées pour combattre la toxicomanie.
Nuls pseudo achats, ni infiltrations ou utilisation d'indicateurs dans les milieux de la pédophilie et de la pornographie enfantine, en effet.
Mais, insiste-t-il aussitôt, le problème dépasse, de loin, son cadre judiciaire. «Les études menées au Canada - un rapport parlementaire de plus de 2.000 pages -, aux Etats-Unis et au Danemark indiquent que le taux de récidive, chez le pédophile, est de 80 à 90 pour cent, un taux qui n'a d'équivalent dans aucune forme de délinquance. Elles montrent aussi qu'il y a, chez les pédophiles, une courbe ascendante de la gravité des faits».
Agir en amont
Ce sont des éléments qui prouvent l'inanité de la notion des peines incompressibles. «II écopera, pour un premier délit, moins grave, de quatre ou cinqans. Il effectuera toute sa peine et sortira. Rien n'est réglé ».
Rien n'est réglé, insiste-t-il, si on ne consacre pas les moyens nécessaires aux procédures de suivi, psychologiques et sociales. Tout cela, depuis le rapport canadien, on le sait.
Reste, tout de même, le volet judicaire. Fabien Houlmont est convaincu que ce n'est pas un hasard si le parquet de Neufchâteau a engrangé les résultats qu'on sait. «C'est un petit arrondissement, où substitut et magistrat accepte de s'ouvrir à toutes les hypothèses, à toutes les collaborations, sans en en faire une affaire de prestige.
C'est important. Le temps perdu, dans ces dossiers, c'est du temps irrécupérables».
Affaire de priorités, donc, mais aussi de mentalité – dans l'appareil judiciaire.
E.R.
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Georges Kellens, criminologue à l’ULG
Je ne connais pas d’affaire aussi dramatique
«La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 10
L'asbl "Marc et Corinne"a lancé une pétition qui réclame aux "responsables de la bonne application de la Justice en Belgique" d'ajouter à la récente suppression de la peine de mort l'instauration de peines incompressibles "pour les crimes les plus graves".
L'avis de Georges Kellens, professeur de Criminologie à l'Université de Liège.
Une peine incompressible, cela signifie une peine non susceptible d'être réduite des deux tiers en fonction de l'attitude du condamné. Le débat devait immanquablement surgir sur le devant de la scène, dans le sillage de l'abolition de la peine capitale.
Les peines incompressibles?
Georges Kellens: "En raison des circonstances, cette pétition va recueillir des masses de signatures. D'autant qu'elle est pondérée, donc séduisante. Mais je regrette que ce soit à l'occasion d'une affaire aussi épouvantable que le débat soit ouvert. Epouvantable, certes, mais exceptionnelle. Comme on en voit une fois par siècle".
"La peine incompressible n'est pourtant pas une solution. On ne sait pas ce qu'elle fait de l'être humain. Elle a un aspect désespéré et inhumain qui la rapproche de la peine de mort. C'est une fixation définitive d'un jugement. Or le hasard ou la qualité de la plaidoirie peuvent dicter la sentence, notamment aux Assises".
"Dans le cas d'une affaire aussi grave que celle qui nous frappe aujourd'hui, une période doit s'écouler pour que chacun ait le temps de marquer sa désapprobation. Cette affaire est absolument exceptionnelle et horrible. On ne peut raisonner au départ d e cela.
Historiquement, je ne connais pas d'affaire aussi dramatique en Belgique."
"Actuellement, on ne peut parler que des victimes. Il ne serait pas politiquement correct de parler d'autre chose. L'émotion est immense. Mais le débat sur la peine incompressible arrivera immanquablement. La vague d'opinion aura certainement un effet, comme celui de bloquer des libérations conditionnelles méritées ou d'augmenter des peines."
Taper trop fort, c'est tapé à côté
"Un excès de sévérité amène parfois un retour en arrière. Lorsqu'on a augmenté le taux de certaines peines, il y a quelques années, afin d e marquer un grand coup contre la violence, on a constaté que les jurys d'Assises accordaient plus facilement le sursis. Plutôt le sursis qu'une peine démesurée qui paraît injuste. Parfois, le jury, dans la crainte d'une peine injuste, va jusqu'à l'acquittement. Le jury, mais aussi les juges professionnels."
"C'est une chose démontrée en criminologie, depuis le droit romain déjà, qu'une peine trop forte aboutit à diminuer la répression. Taper trop fort, c'est tapé à côté. C'est ainsi que les propositions PRL d'aggravation générale de peine lorsqu'il s'agit d'enfants ou de vieillards sera inefficace par sa généralité même. Tout ce qui est automatique et tout-à-fait définitif aboutit à l'effet contraire de ce que doit être une répression équilibrée".
Les proches et l'instruction
Que penser de la revendication des parents de participer à l'instruction. "Si j'avais été dans la maison de Charleroi lors des premières perquisitions", affirme Gino Russo, le papa de Mélissa, "et que j'avais appelé ma fille, elle m'aurait répondu".
"En principe, ce n'est pas une bonne chose. Mais j'ai été touché en entendant ce que le père d'un des enfants disait à ce sujet. Ce problème me trouble.
C'est un cas très particulier qui me rend interrogatif'. "Mais en dehors de cette situation, cela me semble difficile de mêler les proches à l'instruction. Cela créerait d'extraordinaires souffrances. Et cela exigerait un calme incroyable. Mais peut-être cela jetterait-il une lumière sur l'instruction... ? A priori cependant, je fais confiance aux professionnels. Sous le contrôle un peu approfondi des proches, éventuellement."
Quel rôle pour les victimes?
L'asbl Marc et Corine, dans une précédente pétition,demandait que la victime puisse participer à la décision de mise en liberté conditionnelle. "Je suis aussi réticent quant au rôle que l'on voudrait donner aux victimes dans la détermination de la peine ou la libération conditionnelle", continue Georges Kellens.
"Autre chose est d'informer la victime, de lui permettre de donner son avis. Pour moi, on est à une époque bizarre: une mauvaise habitude qui date de deux ou trois ans et qui consiste à oublier la victime.
Et on redécouvre la vengeance d'autrefois, longtemps considérée comme le comble de la
barbarie".
"Le paradoxe d'aujourd’hui, c'est que dans une affaire grave pénalement, la victime sera moins bien traitée qu'au civil. La victime devient un accessoire, un témoin, pour que l'État puisse exercer une vengeance qui ne sert en rien la victime. Le fait que l'État organise le répression n'est pas un progrès pour la victime. Et voilà qu'on redécouvre la médiation, qu'on réintroduit la victime dans la procédure, qu'apparaît l'indemnisation par l'État".
"On tente aujourd'hui de rendre un statut à la victime".
Propos recueillis par Didier Duchesne
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Les "pointeurs": la lie des prisons
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 10
Les "pointeurs", ce sont les violeurs dans le jargon des prisons. Ils sont en permanence menacés par les autres détenus.
Pourquoi cette attitude des délinquants à l'égard d'une catégorie d'entre eux?
"La prison véhicule une image de justice primitive, explique Georges Kellens.
"La hiérarchie des valeurs y est simple? On y a !e sens de l'honneur. Le caïd organisateur et technicien, celui qui n'a pas fait couler le sang, c'est le sommet de la hiérarchie. Celui qui a attaqué un vieillard ou un enfant, c'est la pire des choses".
"Le violeur d'enfant y est en permanence protégé par des mesures d e précaution exceptionnelles. Il est en permanence sous escorte.
Le pointeur, comme on l'appelle, c'est la lie d e !a prison. Certains d'entre eux restent des années sans jamais sortir de leur cellule.
Quand une émeute se déclare dans une prison, c'est toujours eux qu'on retrouve en mauvais état."
Un terrible hasard
L'asbl "Marc et Corinne"a lancé une pétition qui réclame aux "responsables de la bonne application de la Justice en Belgique" d'ajouter à la récente suppression de la peine de mort l'instauration de peines incompressibles "pour les crimes les plus graves".
L'avis de Georges Kellens, professeur de Criminologie à l'Université de Liège.
Une peine incompressible, cela signifie une peine non susceptible d'être réduite des deux tiers en fonction de l'attitude du condamné. Le débat devait immanquablement surgir sur le devant de la scène, dans le sillage de l'abolition de la peine capitale.
Les peines incompressibles?
Georges Kellens: "En raison des circonstances, cette pétition va recueillir des masses de signatures. D'autant qu'elle est pondérée, donc séduisante. Mais je regrette que ce soit à l'occasion d'une affaire aussi épouvantable que le débat soit ouvert. Epouvantable, certes, mais exceptionnelle. Comme on en voit une fois par siècle".
"La peine incompressible n'est pourtant pas une solution. On ne sait pas ce qu'elle fait de l'être humain. Elle a un aspect désespéré et inhumain qui la rapproche de la peine de mort. C'est une fixation définitive d'un jugement. Or le hasard ou la qualité de la plaidoirie peuvent dicter la sentence, notamment aux Assises".
"Dans le cas d'une affaire aussi grave que celle qui nous frappe aujourd'hui, une période doit s'écouler pour que chacun ait le temps de marquer sa désapprobation. Cette affaire est absolument exceptionnelle et horrible. On ne peut raisonner au départ d e cela.
Historiquement, je ne connais pas d'affaire aussi dramatique en Belgique."
"Actuellement, on ne peut parler que des victimes. Il ne serait pas politiquement correct de parler d'autre chose. L'émotion est immense. Mais le débat sur la peine incompressible arrivera immanquablement. La vague d'opinion aura certainement un effet, comme celui de bloquer des libérations conditionnelles méritées ou d'augmenter des peines."
Taper trop fort, c'est tapé à côté
"Un excès de sévérité amène parfois un retour en arrière. Lorsqu'on a augmenté le taux de certaines peines, il y a quelques années, afin d e marquer un grand coup contre la violence, on a constaté que les jurys d'Assises accordaient plus facilement le sursis. Plutôt le sursis qu'une peine démesurée qui paraît injuste. Parfois, le jury, dans la crainte d'une peine injuste, va jusqu'à l'acquittement. Le jury, mais aussi les juges professionnels."
"C'est une chose démontrée en criminologie, depuis le droit romain déjà, qu'une peine trop forte aboutit à diminuer la répression. Taper trop fort, c'est tapé à côté. C'est ainsi que les propositions PRL d'aggravation générale de peine lorsqu'il s'agit d'enfants ou de vieillards sera inefficace par sa généralité même. Tout ce qui est automatique et tout-à-fait définitif aboutit à l'effet contraire de ce que doit être une répression équilibrée".
Les proches et l'instruction
Que penser de la revendication des parents de participer à l'instruction. "Si j'avais été dans la maison de Charleroi lors des premières perquisitions", affirme Gino Russo, le papa de Mélissa, "et que j'avais appelé ma fille, elle m'aurait répondu".
"En principe, ce n'est pas une bonne chose. Mais j'ai été touché en entendant ce que le père d'un des enfants disait à ce sujet. Ce problème me trouble.
C'est un cas très particulier qui me rend interrogatif'. "Mais en dehors de cette situation, cela me semble difficile de mêler les proches à l'instruction. Cela créerait d'extraordinaires souffrances. Et cela exigerait un calme incroyable. Mais peut-être cela jetterait-il une lumière sur l'instruction... ? A priori cependant, je fais confiance aux professionnels. Sous le contrôle un peu approfondi des proches, éventuellement."
Quel rôle pour les victimes?
L'asbl Marc et Corine, dans une précédente pétition,demandait que la victime puisse participer à la décision de mise en liberté conditionnelle. "Je suis aussi réticent quant au rôle que l'on voudrait donner aux victimes dans la détermination de la peine ou la libération conditionnelle", continue Georges Kellens.
"Autre chose est d'informer la victime, de lui permettre de donner son avis. Pour moi, on est à une époque bizarre: une mauvaise habitude qui date de deux ou trois ans et qui consiste à oublier la victime.
Et on redécouvre la vengeance d'autrefois, longtemps considérée comme le comble de la
barbarie".
"Le paradoxe d'aujourd’hui, c'est que dans une affaire grave pénalement, la victime sera moins bien traitée qu'au civil. La victime devient un accessoire, un témoin, pour que l'État puisse exercer une vengeance qui ne sert en rien la victime. Le fait que l'État organise le répression n'est pas un progrès pour la victime. Et voilà qu'on redécouvre la médiation, qu'on réintroduit la victime dans la procédure, qu'apparaît l'indemnisation par l'État".
"On tente aujourd'hui de rendre un statut à la victime".
Propos recueillis par Didier Duchesne
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Les "pointeurs": la lie des prisons
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 10
Les "pointeurs", ce sont les violeurs dans le jargon des prisons. Ils sont en permanence menacés par les autres détenus.
Pourquoi cette attitude des délinquants à l'égard d'une catégorie d'entre eux?
"La prison véhicule une image de justice primitive, explique Georges Kellens.
"La hiérarchie des valeurs y est simple? On y a !e sens de l'honneur. Le caïd organisateur et technicien, celui qui n'a pas fait couler le sang, c'est le sommet de la hiérarchie. Celui qui a attaqué un vieillard ou un enfant, c'est la pire des choses".
"Le violeur d'enfant y est en permanence protégé par des mesures d e précaution exceptionnelles. Il est en permanence sous escorte.
Le pointeur, comme on l'appelle, c'est la lie d e !a prison. Certains d'entre eux restent des années sans jamais sortir de leur cellule.
Quand une émeute se déclare dans une prison, c'est toujours eux qu'on retrouve en mauvais état."
Un terrible hasard
Les enquêteurs ont visité deux fois la maison de Marcinelle sans y retrouver Julie et Métissa qui y étaient pourtant enfermées.
Est-ce pour cela "une mauvaise police?
Georges Kellens: "C'est lui faire un mauvais procès. Elle a fait ce qu'elle pouvait, comme toutes les polices du monde. Le dénouement n'est survenu que par extraordinaire: un jeune homme qui mémorisait les numéros de plaque des véhicules et dont on se moquait. Il y a eu un tel flot de témoignages..."
"Le potentiel humain n'est pas indéfini; toute la police ne pouvait pas ne s'occuper que de cela. La police est valable; mais la demande est si multiple... Ici, on se trouvait devant une affaire extrêmement compliquée.
Tout a brusquement sauté à la figure au départ d'un témoignage d'une modestie extraordinaire. Un travail de police ne pouvait faire mieux. C'est un terrible hasard".
La police a-t-elle les moyens de ses ambitions?
"C'est un des budgets qui monte /e plus ces années-ci. C'est un département qui augmente de façon hyperbolique, alors que d'autres diminuent"...
D. D.
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POMPIERS DE LIEGE
A 10 heures ce matin, les sirènes retentiront
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Les pompiers de Liège organiseront, aujourd'hui matin, une manifestation à la mémoire de Julie et Métissa. De la caserne Ransonnet, ils gagneront en camions la place Saint-Lambert et le Palais de justice où, à 10 heures précises, ils laisseront, durant soixante secondes, retentir leurs avertisseurs sonores.
« Le personnel de la caserne s'est réuni dimanche soir et c'est là qu'est venue l'idée d'organiser ce petit cortège jusqu'au Palais de justice », explique le premier Sergent Jean Pirotte.
«Nous avons d'ailleurs contacté les autres corps de pompiers, afin qu'ils se rendent eux aussi, et à la même heure, devant le Palais de justice le plus proche... »
Si les pompiers liégeois ont mis sur pied cette manifestation hautement symbolique, c'est «parce qu'il fallait faire quelque chose », mais aussi parce qu'ils connaissaient bien Jean-Denis Lejeune, le papa d e la petite Julie, « Il a travaillé à l'atelier de la caserne,avant l'inter- communalisation. On le voyait tous les jours et on avait appris à le connaître... »
Ce matin, les pompiers de Liège demeureront une vingtaine de minutes devant le Palais de justice. « La police est au courant de notre initiative », indique Jean Pirotte. « Il n'est pas question de perturber le trafic, mais simplement de marquer le coup, à notre manière. Nous ne recherchons pas la publicité. Notre geste se veut discret et spontané... »
La première action, les pompiers de la caserne Ransonnet l'avait entreprise dimanche.
«Nous avons fait reproduire une pétition de l'asti! "Marc et Corine" et installé une petite table à l'entrée d e la caserne, pour inviter le public à venir la signer... »
D.S.
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REACTION
Est-ce pour cela "une mauvaise police?
Georges Kellens: "C'est lui faire un mauvais procès. Elle a fait ce qu'elle pouvait, comme toutes les polices du monde. Le dénouement n'est survenu que par extraordinaire: un jeune homme qui mémorisait les numéros de plaque des véhicules et dont on se moquait. Il y a eu un tel flot de témoignages..."
"Le potentiel humain n'est pas indéfini; toute la police ne pouvait pas ne s'occuper que de cela. La police est valable; mais la demande est si multiple... Ici, on se trouvait devant une affaire extrêmement compliquée.
Tout a brusquement sauté à la figure au départ d'un témoignage d'une modestie extraordinaire. Un travail de police ne pouvait faire mieux. C'est un terrible hasard".
La police a-t-elle les moyens de ses ambitions?
"C'est un des budgets qui monte /e plus ces années-ci. C'est un département qui augmente de façon hyperbolique, alors que d'autres diminuent"...
D. D.
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POMPIERS DE LIEGE
A 10 heures ce matin, les sirènes retentiront
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Les pompiers de Liège organiseront, aujourd'hui matin, une manifestation à la mémoire de Julie et Métissa. De la caserne Ransonnet, ils gagneront en camions la place Saint-Lambert et le Palais de justice où, à 10 heures précises, ils laisseront, durant soixante secondes, retentir leurs avertisseurs sonores.
« Le personnel de la caserne s'est réuni dimanche soir et c'est là qu'est venue l'idée d'organiser ce petit cortège jusqu'au Palais de justice », explique le premier Sergent Jean Pirotte.
«Nous avons d'ailleurs contacté les autres corps de pompiers, afin qu'ils se rendent eux aussi, et à la même heure, devant le Palais de justice le plus proche... »
Si les pompiers liégeois ont mis sur pied cette manifestation hautement symbolique, c'est «parce qu'il fallait faire quelque chose », mais aussi parce qu'ils connaissaient bien Jean-Denis Lejeune, le papa d e la petite Julie, « Il a travaillé à l'atelier de la caserne,avant l'inter- communalisation. On le voyait tous les jours et on avait appris à le connaître... »
Ce matin, les pompiers de Liège demeureront une vingtaine de minutes devant le Palais de justice. « La police est au courant de notre initiative », indique Jean Pirotte. « Il n'est pas question de perturber le trafic, mais simplement de marquer le coup, à notre manière. Nous ne recherchons pas la publicité. Notre geste se veut discret et spontané... »
La première action, les pompiers de la caserne Ransonnet l'avait entreprise dimanche.
«Nous avons fait reproduire une pétition de l'asti! "Marc et Corine" et installé une petite table à l'entrée d e la caserne, pour inviter le public à venir la signer... »
D.S.
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REACTION
« II faut créer un front commun contre l'exploitation des enfants »
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Le drame qui frappe la Belgique rend « nécessaire une action internationale vigoureuse contre l'exploitation sexuelle des mineurs », a estimé hier Niels-Christian Andersen, secrétaire général de "Red Barnet", la section danoise de l'organisation internationale "Save the Chilldren".
Ce qu'on vient de découvrir en Belgique est terrible et effrayant. Cela permet toutefois d'ouvrir grand les yeux sur ce problème inquiétant d'abus sexuels des enfants qui n'a pas lieu uniquement en Asie, mais qui s'est propagé en Europe de l'Est et qu'on trouve maintenant à nos portes », a-t-il déclaré.
La pédophilie est une grave maladie qu'il faut tracer et soigner, mais pas nécessairement en coupant la tête de ses auteurs », a-t-il souligné, estimant « urgent de créer un front commun contre l'exploitation des enfants".
Epidémie
II est temps que «les autorités et l'opinion publique se rendent compte réellement de l'ampleur de cette "épidémie" qui brise et souille les enfants pendant toute leur vie » , a ajouté M. Andersen.
M. Andersen a par ailleurs réitéré son appel aux touristes et bureaux de voyage à «partir en guerre contre la prostitution enfantine partout sur les lieux de vacances à l'étranger
Il est important que les touristes en Thaïlande ou ailleurs protestent énergiquement auprès des agences de voyage, de la police locale, des hôteliers, des acheteurs de sexe contre les atteintes sexuelles contre les enfants, qui sont révoltantes, avilissantes et qu'on doit dénoncer haut et fort », a-t-il estimé.
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Le drame qui frappe la Belgique rend « nécessaire une action internationale vigoureuse contre l'exploitation sexuelle des mineurs », a estimé hier Niels-Christian Andersen, secrétaire général de "Red Barnet", la section danoise de l'organisation internationale "Save the Chilldren".
Ce qu'on vient de découvrir en Belgique est terrible et effrayant. Cela permet toutefois d'ouvrir grand les yeux sur ce problème inquiétant d'abus sexuels des enfants qui n'a pas lieu uniquement en Asie, mais qui s'est propagé en Europe de l'Est et qu'on trouve maintenant à nos portes », a-t-il déclaré.
La pédophilie est une grave maladie qu'il faut tracer et soigner, mais pas nécessairement en coupant la tête de ses auteurs », a-t-il souligné, estimant « urgent de créer un front commun contre l'exploitation des enfants".
Epidémie
II est temps que «les autorités et l'opinion publique se rendent compte réellement de l'ampleur de cette "épidémie" qui brise et souille les enfants pendant toute leur vie » , a ajouté M. Andersen.
M. Andersen a par ailleurs réitéré son appel aux touristes et bureaux de voyage à «partir en guerre contre la prostitution enfantine partout sur les lieux de vacances à l'étranger
Il est important que les touristes en Thaïlande ou ailleurs protestent énergiquement auprès des agences de voyage, de la police locale, des hôteliers, des acheteurs de sexe contre les atteintes sexuelles contre les enfants, qui sont révoltantes, avilissantes et qu'on doit dénoncer haut et fort », a-t-il estimé.
Selon lui, les tours opérateurs dans le monde «détiennent un rôle-clé" dans cette affaire. Le pouvoir de l'argent est international. Si les voyagistes menacent d'abandonner les destinations dans des pays où la prostitution est répandue, il y a des chances pour que les autorités de ces états fassent des efforts pour mettre fin à ces abus sexuels intolérables,indignes et qui touchent plus d'un million d'enfants, notamment en Asie.
Pétitions
« Les revenus de la prostitution enfantine sont malgré tout inférieurs à ceux du tourisme en général", a-t-il rappelé, souhaitant «qu'on accorde des moyens aux polices de ces pays afin de combattre la prostitution, et qu'on poursuive en justice les coupables dans leurs Etats d'origine. »
« La législation au Danemark permet d'inculper un Danois pour abus sexuel de mineurs à l'étranger si la prostitution enfantine est interdite dans les pays où ces délits ont lieu, et elle l'est dans plusieurs nations, comme en Thaïlande », a-t-il ajouté. "Red Barnet" a lancé la semaine dernière au Danemark une campagne de pétitions de protestations contre la prostitution enfantine qui seront envoyées aux gouvernements de la Thailande, du Cambodge, de la Russie, de la Hongrie et des républiques baltes.
Un congrès international sur l'exploitation sexuelle des enfants doit s'ouvrir le 27 août à Stockholm.
_____________________________________________
Pendant plus d’une heure, le ministre De Clerck s’est entretenu avec les papas de Julie et Mélissa
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, a rendu visite hier en fin d'après midi aux parents de Julie et Melissa a Grâce-Hollogne.
Le ministre, qui était accompagné du procureur général de Liège, Mme Anne Thily, était escorté d'une dizaine de membres en civil des BSR de gendarmerie de Liège et Seraing. Il a été accueilli à sa descente de voiture par le bourgmestre de Grâce-Hollogne, Maurice Mottard puis est entré dans la maison de la famille Russo où il a longuement rencontré les papas des deux petites martyres entre 16h40 et 18 heures.
Des devoirs bien pénibles
Les deux mamans étaient absentes en ce moment car elles ont dû accomplir divers devoirs particulièrement pénibles tout au long de la journée: recevoir les corps de leurs deux fillettes, assurer leur transfert vers le funérarium de la Chaussée de Liège à Grâce-Hollogne, prendre contact pour l'organisation des funérailles (vraisemblablement jeudi en fin de matinée), choisir une église pour la liturgie de funérailles ainsi qu'un emplacement au cimetière de la localité où les deux fillettes devraient être inhumées côte à côte.
A l'arrivée du ministre de Clerck, hier après-midi, rue Diérain Patard , la foule était nettement plus clairsemée que la veille.
Toutes les personnes qui veulent se manifester pour un ultime hommage à Julie et Melissa se rendent désormais au funérarium de Grâce-Hollogne où des milliers de personnes se sont déjà recueillies depuis lundi en début d'après midi.
L'entrevue du ministre avec les papas Lejeune et Russo s'est achevée peu après 18 heures. A sa sortie, le ministre, bien que pressé de questions par les nombreux journalistes présents, s'est refusé à toute déclaration estimant que le temps n'est pas aux conclusions et commentaires et que ceux-ci viendront plus tard.
Décidé à faire bouger les choses
Pour sa part, Gino Russo, le papa de la petite Mélissa, après avoir pris congé de son hôte a indiqué que l'entrevue s'était «bien passée, comme les autres fois où nous avons rencontré M. De Clerck », a-t-il précisé.
Selon Gino Russo, « le ministre de la Justice paraît décidé à faire bouger un certain nombre de choses et a demandé des comptes à la justice liégeoise ».
« M. De Clerck nous a longuement exposé ses vues en matière d'application des peines à des personnes ayant accompli des délits sexuels, en particulier dans le domaine de la pédophilie », a encore déclaré M. Russo. Qui a ajouté : « Monsieur le ministre a souhaité que nous, qui sommes à la base, et lui qui se trouve au sommet, entamions une sorte de collaboration pour permettre de rapprocher les points de vues et faire bouger les choses. Nous devons nous revoir dans un mois pour faire le point à ce sujet », a précisé Gino Russo qui a encore laissé entendre que le ministre lui avait encore « promis autre chose et que des projets pourraient être étudiés pour, que d'une façon ou d'une autre, le souvenir d e Julie et Mélissa ne soit jamais oublié. »
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EXAMEN MEDICO-LEGAL
Une nouvelle épreuve terrible
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Un nouvel examen médico-légal de Julie et Mélissa a eu lieu lundi en fin de matinée à la morgue de Liège, à la requête expresse des deux mamans qui, semble-t-il, manifestaient encore un doute quant à l'identité des corps qui allaient leur être remis.
L'examen a été mené par le Dr Abatti, médecin légiste qui a comparé les rapports des autopsies pratiquées samedi soir à Charleroi avec des éléments fournis par les deux familles, principalement des photos résultant d'examens dentaires et de mèches de cheveux. Les conclusions du médecin légiste ont été rapidement formelles: il s'agissait bien de Julie et Melissa.
La reconnaissance officielle des deux corps par la justice avait été effectué la veille par la juge d'instruction liégeoise chargée de l'enquête sur la double disparition, Mme Martine Doutrewe avec laquelle les rapports des familles Russo et Lejeune s'étaient dès le début rapidement détériorés.
Mmes Lejeune et Russo avaient connu dimanche soir un autre moment pénible lorsque, immédiatement après la conférence de presse, elles s'étaient rendues au Palais de Justice de Liège pour y reconnaître des effets ayant appartenu aux deux enfants.
L'entrevue avec la juge d'instruction Doutrewe se passa très mal, et Mmes Lejeune et Russo ont obtenu que l'entretien se poursuive plutôt avec un spécialiste du laboratoire de la police liégeoise. Mme Russo a formellement identifié une paire de boucles d'oreilles appartenant à Melissa mais les deux mamans n'ont pu se montrer aussi affirmatives pour deux autres objets qui leur étaient présentés: une pince et un élastique à cheveux.
Ainsi Mme Lejeune n'a pu recueillir aucun souvenir concret de son enfant
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HANNUT
Pétitions
« Les revenus de la prostitution enfantine sont malgré tout inférieurs à ceux du tourisme en général", a-t-il rappelé, souhaitant «qu'on accorde des moyens aux polices de ces pays afin de combattre la prostitution, et qu'on poursuive en justice les coupables dans leurs Etats d'origine. »
« La législation au Danemark permet d'inculper un Danois pour abus sexuel de mineurs à l'étranger si la prostitution enfantine est interdite dans les pays où ces délits ont lieu, et elle l'est dans plusieurs nations, comme en Thaïlande », a-t-il ajouté. "Red Barnet" a lancé la semaine dernière au Danemark une campagne de pétitions de protestations contre la prostitution enfantine qui seront envoyées aux gouvernements de la Thailande, du Cambodge, de la Russie, de la Hongrie et des républiques baltes.
Un congrès international sur l'exploitation sexuelle des enfants doit s'ouvrir le 27 août à Stockholm.
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Pendant plus d’une heure, le ministre De Clerck s’est entretenu avec les papas de Julie et Mélissa
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, a rendu visite hier en fin d'après midi aux parents de Julie et Melissa a Grâce-Hollogne.
Le ministre, qui était accompagné du procureur général de Liège, Mme Anne Thily, était escorté d'une dizaine de membres en civil des BSR de gendarmerie de Liège et Seraing. Il a été accueilli à sa descente de voiture par le bourgmestre de Grâce-Hollogne, Maurice Mottard puis est entré dans la maison de la famille Russo où il a longuement rencontré les papas des deux petites martyres entre 16h40 et 18 heures.
Des devoirs bien pénibles
Les deux mamans étaient absentes en ce moment car elles ont dû accomplir divers devoirs particulièrement pénibles tout au long de la journée: recevoir les corps de leurs deux fillettes, assurer leur transfert vers le funérarium de la Chaussée de Liège à Grâce-Hollogne, prendre contact pour l'organisation des funérailles (vraisemblablement jeudi en fin de matinée), choisir une église pour la liturgie de funérailles ainsi qu'un emplacement au cimetière de la localité où les deux fillettes devraient être inhumées côte à côte.
A l'arrivée du ministre de Clerck, hier après-midi, rue Diérain Patard , la foule était nettement plus clairsemée que la veille.
Toutes les personnes qui veulent se manifester pour un ultime hommage à Julie et Melissa se rendent désormais au funérarium de Grâce-Hollogne où des milliers de personnes se sont déjà recueillies depuis lundi en début d'après midi.
L'entrevue du ministre avec les papas Lejeune et Russo s'est achevée peu après 18 heures. A sa sortie, le ministre, bien que pressé de questions par les nombreux journalistes présents, s'est refusé à toute déclaration estimant que le temps n'est pas aux conclusions et commentaires et que ceux-ci viendront plus tard.
Décidé à faire bouger les choses
Pour sa part, Gino Russo, le papa de la petite Mélissa, après avoir pris congé de son hôte a indiqué que l'entrevue s'était «bien passée, comme les autres fois où nous avons rencontré M. De Clerck », a-t-il précisé.
Selon Gino Russo, « le ministre de la Justice paraît décidé à faire bouger un certain nombre de choses et a demandé des comptes à la justice liégeoise ».
« M. De Clerck nous a longuement exposé ses vues en matière d'application des peines à des personnes ayant accompli des délits sexuels, en particulier dans le domaine de la pédophilie », a encore déclaré M. Russo. Qui a ajouté : « Monsieur le ministre a souhaité que nous, qui sommes à la base, et lui qui se trouve au sommet, entamions une sorte de collaboration pour permettre de rapprocher les points de vues et faire bouger les choses. Nous devons nous revoir dans un mois pour faire le point à ce sujet », a précisé Gino Russo qui a encore laissé entendre que le ministre lui avait encore « promis autre chose et que des projets pourraient être étudiés pour, que d'une façon ou d'une autre, le souvenir d e Julie et Mélissa ne soit jamais oublié. »
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EXAMEN MEDICO-LEGAL
Une nouvelle épreuve terrible
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Un nouvel examen médico-légal de Julie et Mélissa a eu lieu lundi en fin de matinée à la morgue de Liège, à la requête expresse des deux mamans qui, semble-t-il, manifestaient encore un doute quant à l'identité des corps qui allaient leur être remis.
L'examen a été mené par le Dr Abatti, médecin légiste qui a comparé les rapports des autopsies pratiquées samedi soir à Charleroi avec des éléments fournis par les deux familles, principalement des photos résultant d'examens dentaires et de mèches de cheveux. Les conclusions du médecin légiste ont été rapidement formelles: il s'agissait bien de Julie et Melissa.
La reconnaissance officielle des deux corps par la justice avait été effectué la veille par la juge d'instruction liégeoise chargée de l'enquête sur la double disparition, Mme Martine Doutrewe avec laquelle les rapports des familles Russo et Lejeune s'étaient dès le début rapidement détériorés.
Mmes Lejeune et Russo avaient connu dimanche soir un autre moment pénible lorsque, immédiatement après la conférence de presse, elles s'étaient rendues au Palais de Justice de Liège pour y reconnaître des effets ayant appartenu aux deux enfants.
L'entrevue avec la juge d'instruction Doutrewe se passa très mal, et Mmes Lejeune et Russo ont obtenu que l'entretien se poursuive plutôt avec un spécialiste du laboratoire de la police liégeoise. Mme Russo a formellement identifié une paire de boucles d'oreilles appartenant à Melissa mais les deux mamans n'ont pu se montrer aussi affirmatives pour deux autres objets qui leur étaient présentés: une pince et un élastique à cheveux.
Ainsi Mme Lejeune n'a pu recueillir aucun souvenir concret de son enfant
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HANNUT
Solidarité Julie et Mélissa
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Comme de nombreuses villes et communes du Royaume et à l'initiative de l'antenne locale de l'asbl Marc et Corine, Hannut apporte sa contribution au soutien des parents des petites Julie et Mélissa. Registres de condoléances, pétitions et compte bancaire, tout y est.
Les drapeaux de l'Administration communale étaient en berne, ce lundi à Hannut. Comme un peu partout en Belgique, la commune manifestait ainsi son indignation face aux macabres découvertes de ce dernier week-end.
L'antenne locale de l'asbl Marc et Corine s'est réunie dimanche soir afin de plancher sur une série d'actions à mener sur le territoire hannutois.
Deux registres de condoléances seront ainsi ouverts aux signatures: un pour les parents de Julie, un autre pour ceux de Mélissa.
Ils sont accessibles à l'Administration communale, durant les heures d'ouverture (9 à 12h00 et de 13 à 16h00), et ce jusqu'à samedi midi.
Les pétitions réclamant des peines incompressibles circulaient déjà lundi matin, durant le marché hebdomadaire. Une douzaine de bénévoles y ont déjà rassemblé près de 2.500 signatures.
« La campagne se poursuivra toute la semaine dans les grandes surfaces et les petits commerces », précise la responsable.
Enfin, « Marc et Corine » Hannut insiste sur le fait que rien n'est vendu par ses bénévoles et qu'aucune somme n'est récoltée de la main à la main.
Cependant, de nombreuses personnes ayant manifesté le désir de contribuer financièrement au mouvement de soutien, l'asbl a ouvert un compte (775-590191366) intitulé « Soutien Julie et Mélissa pour aider les parents à continuer leur action ». Les fonds récoltés seront intégralement remis aux familles Lejeune et Russo.
« Ils ont souhaité continuer leur action, souligne la responsable de l'antenne hannutoise, et les procès risquent de coûter pas mal d'argent. C'est notre façon de faire un geste en leur faveur. »
B.F.
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LA JUSTICE FACE A LA PRESSE
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 12
Comme de nombreuses villes et communes du Royaume et à l'initiative de l'antenne locale de l'asbl Marc et Corine, Hannut apporte sa contribution au soutien des parents des petites Julie et Mélissa. Registres de condoléances, pétitions et compte bancaire, tout y est.
Les drapeaux de l'Administration communale étaient en berne, ce lundi à Hannut. Comme un peu partout en Belgique, la commune manifestait ainsi son indignation face aux macabres découvertes de ce dernier week-end.
L'antenne locale de l'asbl Marc et Corine s'est réunie dimanche soir afin de plancher sur une série d'actions à mener sur le territoire hannutois.
Deux registres de condoléances seront ainsi ouverts aux signatures: un pour les parents de Julie, un autre pour ceux de Mélissa.
Ils sont accessibles à l'Administration communale, durant les heures d'ouverture (9 à 12h00 et de 13 à 16h00), et ce jusqu'à samedi midi.
Les pétitions réclamant des peines incompressibles circulaient déjà lundi matin, durant le marché hebdomadaire. Une douzaine de bénévoles y ont déjà rassemblé près de 2.500 signatures.
« La campagne se poursuivra toute la semaine dans les grandes surfaces et les petits commerces », précise la responsable.
Enfin, « Marc et Corine » Hannut insiste sur le fait que rien n'est vendu par ses bénévoles et qu'aucune somme n'est récoltée de la main à la main.
Cependant, de nombreuses personnes ayant manifesté le désir de contribuer financièrement au mouvement de soutien, l'asbl a ouvert un compte (775-590191366) intitulé « Soutien Julie et Mélissa pour aider les parents à continuer leur action ». Les fonds récoltés seront intégralement remis aux familles Lejeune et Russo.
« Ils ont souhaité continuer leur action, souligne la responsable de l'antenne hannutoise, et les procès risquent de coûter pas mal d'argent. C'est notre façon de faire un geste en leur faveur. »
B.F.
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LA JUSTICE FACE A LA PRESSE
Analyser les erreurs, renforcer la voie suivie
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
L'émotion, certes. Mais surtout une fermeté dans le refus de céder aux solutions faciles. Le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, n'a pas parlé «à chaud», hier. Rude tâche.
En convoquant la presse, hier, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck a voulu apporter, pour reprendre ses propres termes, «une première réponse» aux questions qui tourmentent les esprits depuis que le sort horrible de Julie et Métissa est pleinement connu. Exercice malaisé.
Malaisé, sous-entend-il lui même lorsqu'il évoque un «pays en état de choc» et une «stupeur et tristesse ayant gagné tous les coeurs». Le sentiment d'horreur devant des «faits qui nous révèlent les atrocités dont certains sont capables» explique les propos excessifs. Il justifie, aussi, «la mise en oeuvre de moyens humains adapté» pour assurer la sécurité des enfants.
Jusque-là, le message n'a pas franchi le cap de l'émotion.
Analyser
«Il nous faudra tout analyser, sans complaisance mais aussi sans rechercher des boucs émissaires.) Tout analyser? Le ministre de la Justice annonce qu'il compte demander au procureur général de Liège «un relevé de tous les devoirs d'enquête» accomplis dans le cadre du dossier Julie et Mélissa. A quelques jours des macabres découvertes, à chaud, il ne saurait guère dire beaucoup plus d'une affaire en pleine instruction.
Ce qui est à moitié vrai. Il aurait pu, pour être exact, dire beaucoup plus. Semer la bonne parole politique. Se lancer dans le grand discours des réformes des quatre jeudis, ce qui ne coûte rien.
Stefaan De Clerck a choisi la réserve et la modération du propos. Informer, expliques ce qui, à
l'heure actuelle, peut être expliqué. De l'affaire. Et, au sujet des crimes sexuels contre des mineurs d'âge, de la politique criminelle du gouvernement.
L'atroce couac
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
L'émotion, certes. Mais surtout une fermeté dans le refus de céder aux solutions faciles. Le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, n'a pas parlé «à chaud», hier. Rude tâche.
En convoquant la presse, hier, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck a voulu apporter, pour reprendre ses propres termes, «une première réponse» aux questions qui tourmentent les esprits depuis que le sort horrible de Julie et Métissa est pleinement connu. Exercice malaisé.
Malaisé, sous-entend-il lui même lorsqu'il évoque un «pays en état de choc» et une «stupeur et tristesse ayant gagné tous les coeurs». Le sentiment d'horreur devant des «faits qui nous révèlent les atrocités dont certains sont capables» explique les propos excessifs. Il justifie, aussi, «la mise en oeuvre de moyens humains adapté» pour assurer la sécurité des enfants.
Jusque-là, le message n'a pas franchi le cap de l'émotion.
Analyser
«Il nous faudra tout analyser, sans complaisance mais aussi sans rechercher des boucs émissaires.) Tout analyser? Le ministre de la Justice annonce qu'il compte demander au procureur général de Liège «un relevé de tous les devoirs d'enquête» accomplis dans le cadre du dossier Julie et Mélissa. A quelques jours des macabres découvertes, à chaud, il ne saurait guère dire beaucoup plus d'une affaire en pleine instruction.
Ce qui est à moitié vrai. Il aurait pu, pour être exact, dire beaucoup plus. Semer la bonne parole politique. Se lancer dans le grand discours des réformes des quatre jeudis, ce qui ne coûte rien.
Stefaan De Clerck a choisi la réserve et la modération du propos. Informer, expliques ce qui, à
l'heure actuelle, peut être expliqué. De l'affaire. Et, au sujet des crimes sexuels contre des mineurs d'âge, de la politique criminelle du gouvernement.
L'atroce couac
A commencer par l'aberrante remise en liberté conditionnelle de Marc Dutroux, intervenue en 1992 après six ans et deux mois d'une détention qui, eût-elle été pleinement purgée, aurait dû durer treize ans.
Le ministre a énuméré les conditions mises à cette libération : elles apparaissent, avec le recul, dérisoires. Se plier à une guidance sociale et à un suivi psycho médical. Dédommager les parties civiles. Apporter la preuve de ses moyens de subsistance.
Renoncer à la consommation d'alcool et - sic - à la fréquentation de débits de boissons. Et n'avoir aucun contact avec d'anciens co-détenus.
C'est, très classiquement, le tout et n'importe et quoi d'une administration bureaucratique de la justice. Stricto sensu, il s'agissait d'un dossier irréprochable.
Marc Dutroux s'est rendu aux convocations du service social des établissements pénitentiaires. Et il est allé régulièrement voir son neuropsychiatre, fa dernière visite datant de... juillet 1996.
Si Stefaan De Clerck a glissé assez rapidement sur la question de savoir si une libération, accordée après que la moitié de la peine a été accomplie, peut être considérée, en l'espèce, comme une application peu laxiste de la loi Lejeune, il a, en revanche,laissé clairement entendre que le cas Dutroux illustre à quel point un dossier, en subissant un traitement mécanique et routinier, peut passer à côtés des réalités qu'il est censé refléter.
Le dossier Dutroux était parfaitement en ordre. Sur le plan formel. Chacun y a apporté son petit paraphe, visé les attestations exigées. Aucune vérification. Avec les résultats qu'on sait. Dutroux a été libéré. Un sans faute.
Cinglant
Enfin presque. Car il y a, tout de même, les fameux avis dont le ministre de la Justice doit tenir compte avant de signer l'acte de libération. Cinq avis.
Trois furent positifs. Deux négatifs. Ceux de l'administration pénitentiaire, non motivé, et du procureur général de Mons, M. Demannet. Qui, lui, avait motivé.
A la demande d'un journaliste,le ministre de la Justice en a donné lecture. On en retiendra que le procureur général montois, pour signifier son refus, a fait état de ((l'extrême gravité des faits» pour lesquels Marc Dutroux avait été condamné, évoqué son «manque total de bonne disposition morale» et, propos aussi cinglants que prémonitoires, que sa libération «serait de nature à discréditer l'oeuvre de la justice»...
Le ministre de la Justice de l'époque, Melchior Wathelet, a-t-il pesé ces mots? Les a-t-il même lus? Il y apportera une réponse, son successeur s'interdisant de le faire à sa place – cela enlèvera rien de l'amertume ressentie par beaucoup aujourd'hui.
«Juge des peines»
Il ne faudrait pas que Julie et Mélissa soient «mortes pour rien», a dit Stefaan De Clerck. Car il faut aussi envisager l'avenir. A cet égard, le ministre de la Justice s'est largement appuyé sur la note d'orientation de politique pénitentiaire qu'il a fait connaître voici peu. Rien de neuf, donc, ce qui témoigne d'un refus salutaire d'agir sur l'impulsion du moment.
Est central dans ce développement le projet d'instituer une procédure calquée sur la fonction du «juge de peine», préconisée par le projet Legros de réforme du code pénal (jeté aux oubliettes...) : une commission, composée notamment de magistrats, aura à rendre un avis unanime sur les libérations anticipées dans les dossiers sensibles.
Il n'est pas logique, dit le ministre, que cette décision lui appartienne. Répondant d'avance aux critiques extrêmes, il ajoute qu'il n'est pas souhaitable, non plus, qu'on prévoie des peines incompressibles. «Il faut scinder les deux décisions, condamnations et libérations. Chaque homme est unique. Le magistrat qui condamne ne peut prédire ce que sera, dix ans plus tard, l'homme qu'il juge. » Ce qu'un autre magistrat, donc, devra apprécier.
Six sections moeurs
Ajoute, centrale également, la volonté d'instituer des sections spécialisées dans les délits de moeurs dans six prisons du pays, couplées avec un ou deux centres «externes» par province, que chapeauteront les deux services psycho médicaux actuellement en service à Bruxelles et à Anvers,ceux-là mêmes dont l'avis, selon la récente loi du 13 avril 1995 renforçant la répression des délits sexuels l'égard des mineurs d'âge, doit obligatoirement être obtenu avant de libérer ce type de délinquant sexuel.
En d'autres termes, s'il est venu tardivement, l'actuel dispositif légal ne demande actuellement qu'à devenir pleinement opérationnel, déclare le ministre: «Cellule d'enquête disparition» de la gendarmerie créée par l'actuel ministre, entière application de la loi de 1995, service d'aide aux victimes organisé par les parquets et, en voie d'élaboration, la commission ad hoc ayant à rendre un avis unanime sur les libérations dans les dossiers sensibles.
A supposer réelle la volonté d'accorder une priorité à leur mise en oeuvre «opérationnelle», on ne demande qu'à suivre le raisonnement du ministre de la Justice.
E.R.
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NOUVEAUX DEVELOPPEMENTS LUNDI SOIR
Plusieurs mandats d'amener ont été lancés les autorités judiciaires de Neufchâteau ont lancé
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Une série de mandats d'amener, lundi, et des interrogatoires auront lieu mardi, a-t-on appris lundi soir.
Ce n'est éventuellement que dans le courant de la journée que des mandats d'arrêt éventuels pourraient être délivrés. Officiellement, rien ne filtre sur ces mandats d'amener, qui, faut-il souligner, sont indispensables pour faire passer des personnes d'un arrondissement judiciaire à l'autre.
II est clair en tout cas que les autorités judiciaires sont particulièrement actives. Elles restent évidemment très discrètes, à la fois pour disposer du maximum de liberté de mouvement et pour ne donner aucun faux espoir aux familles. II semble par ailleurs que d'importantes réunions entre les différents enquêteurs ont encore eu lieu dans la soirée de lundi autour des autorités judiciaires de Neufchâteau.
Par ailleurs, le quotidien flamand "Het Belang van Limburg", a affirmé dans une édition spéciale diffusée lundi soir que le concubin de l'ancienne femme de Jean-Michel Nihoul (contre qui un mandat d'arrêt a été délivré vendredi dernier) avait été interpellé pour interrogatoire. D'après le quotidien, son habitation de Hastière aurait également été perquisitionnée.
Le ministre a énuméré les conditions mises à cette libération : elles apparaissent, avec le recul, dérisoires. Se plier à une guidance sociale et à un suivi psycho médical. Dédommager les parties civiles. Apporter la preuve de ses moyens de subsistance.
Renoncer à la consommation d'alcool et - sic - à la fréquentation de débits de boissons. Et n'avoir aucun contact avec d'anciens co-détenus.
C'est, très classiquement, le tout et n'importe et quoi d'une administration bureaucratique de la justice. Stricto sensu, il s'agissait d'un dossier irréprochable.
Marc Dutroux s'est rendu aux convocations du service social des établissements pénitentiaires. Et il est allé régulièrement voir son neuropsychiatre, fa dernière visite datant de... juillet 1996.
Si Stefaan De Clerck a glissé assez rapidement sur la question de savoir si une libération, accordée après que la moitié de la peine a été accomplie, peut être considérée, en l'espèce, comme une application peu laxiste de la loi Lejeune, il a, en revanche,laissé clairement entendre que le cas Dutroux illustre à quel point un dossier, en subissant un traitement mécanique et routinier, peut passer à côtés des réalités qu'il est censé refléter.
Le dossier Dutroux était parfaitement en ordre. Sur le plan formel. Chacun y a apporté son petit paraphe, visé les attestations exigées. Aucune vérification. Avec les résultats qu'on sait. Dutroux a été libéré. Un sans faute.
Cinglant
Enfin presque. Car il y a, tout de même, les fameux avis dont le ministre de la Justice doit tenir compte avant de signer l'acte de libération. Cinq avis.
Trois furent positifs. Deux négatifs. Ceux de l'administration pénitentiaire, non motivé, et du procureur général de Mons, M. Demannet. Qui, lui, avait motivé.
A la demande d'un journaliste,le ministre de la Justice en a donné lecture. On en retiendra que le procureur général montois, pour signifier son refus, a fait état de ((l'extrême gravité des faits» pour lesquels Marc Dutroux avait été condamné, évoqué son «manque total de bonne disposition morale» et, propos aussi cinglants que prémonitoires, que sa libération «serait de nature à discréditer l'oeuvre de la justice»...
Le ministre de la Justice de l'époque, Melchior Wathelet, a-t-il pesé ces mots? Les a-t-il même lus? Il y apportera une réponse, son successeur s'interdisant de le faire à sa place – cela enlèvera rien de l'amertume ressentie par beaucoup aujourd'hui.
«Juge des peines»
Il ne faudrait pas que Julie et Mélissa soient «mortes pour rien», a dit Stefaan De Clerck. Car il faut aussi envisager l'avenir. A cet égard, le ministre de la Justice s'est largement appuyé sur la note d'orientation de politique pénitentiaire qu'il a fait connaître voici peu. Rien de neuf, donc, ce qui témoigne d'un refus salutaire d'agir sur l'impulsion du moment.
Est central dans ce développement le projet d'instituer une procédure calquée sur la fonction du «juge de peine», préconisée par le projet Legros de réforme du code pénal (jeté aux oubliettes...) : une commission, composée notamment de magistrats, aura à rendre un avis unanime sur les libérations anticipées dans les dossiers sensibles.
Il n'est pas logique, dit le ministre, que cette décision lui appartienne. Répondant d'avance aux critiques extrêmes, il ajoute qu'il n'est pas souhaitable, non plus, qu'on prévoie des peines incompressibles. «Il faut scinder les deux décisions, condamnations et libérations. Chaque homme est unique. Le magistrat qui condamne ne peut prédire ce que sera, dix ans plus tard, l'homme qu'il juge. » Ce qu'un autre magistrat, donc, devra apprécier.
Six sections moeurs
Ajoute, centrale également, la volonté d'instituer des sections spécialisées dans les délits de moeurs dans six prisons du pays, couplées avec un ou deux centres «externes» par province, que chapeauteront les deux services psycho médicaux actuellement en service à Bruxelles et à Anvers,ceux-là mêmes dont l'avis, selon la récente loi du 13 avril 1995 renforçant la répression des délits sexuels l'égard des mineurs d'âge, doit obligatoirement être obtenu avant de libérer ce type de délinquant sexuel.
En d'autres termes, s'il est venu tardivement, l'actuel dispositif légal ne demande actuellement qu'à devenir pleinement opérationnel, déclare le ministre: «Cellule d'enquête disparition» de la gendarmerie créée par l'actuel ministre, entière application de la loi de 1995, service d'aide aux victimes organisé par les parquets et, en voie d'élaboration, la commission ad hoc ayant à rendre un avis unanime sur les libérations dans les dossiers sensibles.
A supposer réelle la volonté d'accorder une priorité à leur mise en oeuvre «opérationnelle», on ne demande qu'à suivre le raisonnement du ministre de la Justice.
E.R.
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NOUVEAUX DEVELOPPEMENTS LUNDI SOIR
Plusieurs mandats d'amener ont été lancés les autorités judiciaires de Neufchâteau ont lancé
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Une série de mandats d'amener, lundi, et des interrogatoires auront lieu mardi, a-t-on appris lundi soir.
Ce n'est éventuellement que dans le courant de la journée que des mandats d'arrêt éventuels pourraient être délivrés. Officiellement, rien ne filtre sur ces mandats d'amener, qui, faut-il souligner, sont indispensables pour faire passer des personnes d'un arrondissement judiciaire à l'autre.
II est clair en tout cas que les autorités judiciaires sont particulièrement actives. Elles restent évidemment très discrètes, à la fois pour disposer du maximum de liberté de mouvement et pour ne donner aucun faux espoir aux familles. II semble par ailleurs que d'importantes réunions entre les différents enquêteurs ont encore eu lieu dans la soirée de lundi autour des autorités judiciaires de Neufchâteau.
Par ailleurs, le quotidien flamand "Het Belang van Limburg", a affirmé dans une édition spéciale diffusée lundi soir que le concubin de l'ancienne femme de Jean-Michel Nihoul (contre qui un mandat d'arrêt a été délivré vendredi dernier) avait été interpellé pour interrogatoire. D'après le quotidien, son habitation de Hastière aurait également été perquisitionnée.
Le père de Ann: ça peut durer
Le dénouement dans la recherche des jeunes Ann et Eefje, disparues depuis le 22 août 1995, peut encore se faire attendre pendant des heures, voire des jours, a indiqué lundi soir, le père de An, M. Paul Marchai après avoir eu un entretien téléphonique avec le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet.
D'après le père de la disparue, le procureur lui a indiqué que plusieurs pistes étaient suivies activement, également à l'étranger. En accord avec le magistrat, M. Marchal n'a cependant pas voulu délivrer d'autres détails.
Dans la soirée, les familles des deux limbourgeoises disparues ont reçu de nombreux témoignages de sympathie, dont celui du bourgmestre d'Hasselt.
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Melchior Wathelet sort du silence
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Melchior Wathelet, à qui les parents de Julie et Melissa ont reproché la remise en liberté anticipée de Marc Dutroux lorsqu'il était ministre de la Justice a réagi pour la première fois lundi soir aux tragiques développements de l'enquête dans un bref communiqué.
"En sachant que tant mes mots que mon silence pourront être critiqués ou jugés dérisoires, en sachant aussi qu'aucune statistique sur les libérations conditionnelles, qu'aucune explication politique ou administrative, même s'il faut les donner comme Monsieur le ministre de la Justice vient de le faire, ne peuvent tenir devant pareille abomination, je me dois de dire que je ne peux qu'être horrifié par ces crimes, m'incliner avec respect devant la douleur des parents et des proches et comprendre leur colère", a dit l'ex-ministre de la Justice.
Interrogé par la chaîne de télévision privée RTLTVi, en Italie où il est en vacances, Melchior Wathelet a précisé qu'il regrettait profondément sa décision de l'époque face à la mort, à la séquestration et à l'enlèvement, mais qu'il avait néanmoins l'impression d'avoir fait son devoir dans les limites légales en vigueur à cette époque.
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KALMTHOUT
Le dénouement dans la recherche des jeunes Ann et Eefje, disparues depuis le 22 août 1995, peut encore se faire attendre pendant des heures, voire des jours, a indiqué lundi soir, le père de An, M. Paul Marchai après avoir eu un entretien téléphonique avec le procureur du roi de Neufchâteau, Michel Bourlet.
D'après le père de la disparue, le procureur lui a indiqué que plusieurs pistes étaient suivies activement, également à l'étranger. En accord avec le magistrat, M. Marchal n'a cependant pas voulu délivrer d'autres détails.
Dans la soirée, les familles des deux limbourgeoises disparues ont reçu de nombreux témoignages de sympathie, dont celui du bourgmestre d'Hasselt.
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Melchior Wathelet sort du silence
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Melchior Wathelet, à qui les parents de Julie et Melissa ont reproché la remise en liberté anticipée de Marc Dutroux lorsqu'il était ministre de la Justice a réagi pour la première fois lundi soir aux tragiques développements de l'enquête dans un bref communiqué.
"En sachant que tant mes mots que mon silence pourront être critiqués ou jugés dérisoires, en sachant aussi qu'aucune statistique sur les libérations conditionnelles, qu'aucune explication politique ou administrative, même s'il faut les donner comme Monsieur le ministre de la Justice vient de le faire, ne peuvent tenir devant pareille abomination, je me dois de dire que je ne peux qu'être horrifié par ces crimes, m'incliner avec respect devant la douleur des parents et des proches et comprendre leur colère", a dit l'ex-ministre de la Justice.
Interrogé par la chaîne de télévision privée RTLTVi, en Italie où il est en vacances, Melchior Wathelet a précisé qu'il regrettait profondément sa décision de l'époque face à la mort, à la séquestration et à l'enlèvement, mais qu'il avait néanmoins l'impression d'avoir fait son devoir dans les limites légales en vigueur à cette époque.
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KALMTHOUT
Le parquet d'Anvers confirme l'existence d'un réseau pédophile
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Interrogé lundi à la suite de révélations faites ce week-end par la presse au sujet du démantèlement d'un réseau de pornographie enfantine à kalmthout, le parquet d'Anvers a confirmé que trois suspects avaient bel et bien été arrêtés.
Ils comparaîtront sans doute fin septembre devant le tribunal correctionnel. Selon les autorités judiciaires, il est cependant exagéré de parler d'un réseau commercial international, avec des ramifications aux Pays-Bas.
Des photos et vidéos pornographiques d'enfants ont bel et bien été découvertes mais elles n'auraient circulé "qu'au sein d'un large cercle familial'. Par contre, les suspects sont poursuivis pour viols de mineurs d'âge.
Werner V., 37 ans, de Kalmthout, sa compagne Reinhilde N., 30 ans, et son neveu Ludo V.,
52 ans, d'Anvers, avaient été arrêtés en mai dernier dans le cadre de cette enquête.
Depuis 1991, les deux hommes faisaient du baby-sitting chez des amis ou des connaissances et abusaient des enfants.
Pendant ce temps, la femme prenait des photos et filmait.
« La Wallonie » du mardi 20 août 1996 page 13
Interrogé lundi à la suite de révélations faites ce week-end par la presse au sujet du démantèlement d'un réseau de pornographie enfantine à kalmthout, le parquet d'Anvers a confirmé que trois suspects avaient bel et bien été arrêtés.
Ils comparaîtront sans doute fin septembre devant le tribunal correctionnel. Selon les autorités judiciaires, il est cependant exagéré de parler d'un réseau commercial international, avec des ramifications aux Pays-Bas.
Des photos et vidéos pornographiques d'enfants ont bel et bien été découvertes mais elles n'auraient circulé "qu'au sein d'un large cercle familial'. Par contre, les suspects sont poursuivis pour viols de mineurs d'âge.
Werner V., 37 ans, de Kalmthout, sa compagne Reinhilde N., 30 ans, et son neveu Ludo V.,
52 ans, d'Anvers, avaient été arrêtés en mai dernier dans le cadre de cette enquête.
Depuis 1991, les deux hommes faisaient du baby-sitting chez des amis ou des connaissances et abusaient des enfants.
Pendant ce temps, la femme prenait des photos et filmait.
Werner V. a également abusé de ses propres enfants, âgés de 5 et 12 ans. Ils ont depuis son arrestation été recueillis par une famille d'accueil. Au total, huit enfants auraient été victimes des agissements de la bande, à Anvers et en Campine.
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