mercredi 28 mai 2008

Parents plongés dans l’angoisse


Parents plongés dans l’angoisse

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996


HASSELT - Samedi matin, Marc Dutroux a également avoué avoir séquestré An et Eefje, enlevées à la côte, (e 22 août 1995, plus que vraisemblablement par ses complices. Les enquêteurs ont acquis la certitude que les deux jeunes filles originaires de Hasselt ont transitée par les repaires du monstre de Sars-la-Buissière.


Reste une question : sont-elles encore vivantes?
Dès samedi midi, la découverte d'une voiture dans la propriété de Dutroux, à Sars-la-Buissière, a mis la puce à l'oreille des enquêteurs. Le dessin des pneus semblait correspondre à des traces relevées lors de l'enquête au littoral.
Le procureur du Roi de Neufchâteau Michel Bourlet a précisé qu'il avait bon espoir de retrouver les deux jeunes filles en vie.
L'une des hypothèses qui circulent est que les deux jeunes filles, plus âgées que les autres enfants enlevés, ont pu être vendues à un réseau de prostitution, même si le procureur du Roi s'est refusé à émettre une quelconque hypothèse à cet égard et n'a donné aucune explication sur le sort qui a pu leur être réservé.
Le fait que Dutroux avait des contacts avec plusieurs personnes et avec des complices ne suffit pas à prouver, pour l'instant du moins, qu'il faisait partie d'une filière de pédophilie ou de prostitution.

Coup de fil de M" De Clerck
A Hasselt, on l'imagine, c'est la terrible angoisse, entre la peur et l'espoir. Presque un an jour pour jour après la disparition des jeunes filles, on semble enfin très près du but. « Samedi midi, un enquêteur nous a téléphoné pour nous dire qu'il se passait quelque chose, raconte la maman d'An Marchal En regardant !e télétexte de la RTBF, nous avons appris l'existence de cette piste de la voiture. Personne n'avait parlé de cette Citroën CX auparavant. Avec l'arrestation des suspects, tout s'est emballé. En apprenant la libération de Sabine et de Laetitia, nous avons été fous de joie pour elles et leurs parents. Puis il y a eu l'horrible découverte dans la soirée. »

Dimanche, la maman d'Anthony De Clerck, le jeune garçon de 11 ans enlevé en 1992, a téléphoné aux parents d'An Marchai. «Elle voulait nous souhaiter bon courage, explique Paul, le papa. Je lui ai demandé d'intervenir auprès du ministre de la Justice, qui est un membre de sa famille. On ne peut admettre qu'un homme comme Dutroux ait été remis en liberté. Et puis, il reste le problème des spectacles d'hypnose, qu'il faut interdire. Je reste persuadé qu'An et Eefje n'étaient pas dans leur état normal à la fin du spectacle. Elles devaient rentrer à Westende et elles ont pris le tram qui s'arrête à Ostende. Mais, maintenant l'essentiel est de retrouver An et Eefje.

Après une année d'attente, nous sommes proches du but. Nous avons bon espoir.
An Marchal et Eefje lambrechts, 17 et 19 ans, avaient disparu le 22 août 1995. Elles étaient en vacances à la côte, en camping à Westende. Dans les heures précédant leur enlèvement, elles avaient assisté à un spectacle d'hypnose du mage Rasti Rostelli au casino de Blankenberge.
Elles étaient montées sur scène. Elles quittent le casino vers 23 h 45, dans un état second. Elles ont raté le dernier tram pour Westende et s'embarquent, une heure plus tard, vers Ostende. Au terminus, le chauffeur leur conseille de prendre un taxi pour Westende. Ce qu'elles ne feront pas.
De source officieuse, Michel Lelièvre aurait avoué avoir repéré les jeunes filles dans le tram entre
Blankenberge et Ostende. Il les aurait suivies en ville, avant de les enlever au moment où elles allaient faire du stop pour rentrer vers Westende.

Benoît Franchimont

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Le papa de Sabine ne cache pas sa haine

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

KAIN - Quatre jours après sa libération, Sabine Dardenne tente, tant bien que mal, de retrouver une vie normale. L'annonce de la mort de Julie et Melissa ne facilitera pas la tâche de ses proches et de l'assistante sociale, qui, dimanche midi, lui a annonce la terrible nouvelle. Quand nous nous sommes rendus à Kain, Guy Dardenne terminait une communication téléphonique avec un proche de la famille Russo. Les parents de Julie et Melissa ont beaucoup soutenu M. Dardenne et son épouse depuis la fin mai.

« Je suis révolté ! Et le mot est faible, lance le papa de Sabine. Dutroux est un monstre. Mon sentiment qui était hier un sentiment de joie est aujourd'hui un sentiment de tristesse.


Nous avons retrouvé Sabine, mais il y a des parents qui ne reverront plus leurs enfants. Julie et Melissa étaient dans nos esprits depuis plus d'un an. Et elles ne sortiront jamais de nos têtes.


Il faut aujourd'hui que toute la population fasse comprendre aux politiciens que ce qui est fait dans notre pays n'est pas normal !


Nous devons leur montrer qu'il y a des choses qui ne peuvent plus se passer.. Quand un type est condamne à vingt ans de prison, il doit purger toute sa peine.

Aujourd'hui, la population est leurrée.


Il faut que nos enfants puissent aller à l'école, se promener, jouer, sans que nous ayons à craindre pour leur vie.
Guy Dardenne ne cache pas sa colère, sa haine. « Ces pervers, il faut les cloisonner, les emmurer dans un espace d'un mètre sur trois, identique à celui dans lequel ont vécu les victimes. Les nourrir au pain sec et à l'eau ! Un type comme Dutroux ne doit pas mourir, mais il doit être rayé des listes de notre société. Enfermé à' jamais, sans plus aucun contact avec le monde extérieur. Je me battrai pour qu'il en soit ainsi. »

Dutroux renseigne ?


M. Dardenne est conscient que Sabine est passée très près d'une fin tragique. « Par le chas de l'ai
guille », ajoute-t-il avec émotion.

Je l'ai bien compris au fil des révélations de ces dernières heures. Jamais je n'aurais pu imaginer de telles atrocités. »
Le papa de Sabine se pose une importante question : « Comment est-il possible d'organiser des enlèvements sans bénéficier d'une complicité sur place, dans la région où les faits sont commis ? J'imagine mal la bande débarquer du jour au lendemain à Kain et embarquer Sabine sans avoir été renseignée »

Depuis quatre jours, la jeune Tournaisienne regarde beaucoup la télévision, écoute la radio et épluche les journaux. « Elle a retrouvé son langage, mais on la sent marquée intérieurement.

Ses nuits sont maintenant plus difficiles. Elle se réveille brusquement, avec effroi. » Sa maman lui prépare aussi les mets qui lui ont manqué durant ses 79 jours de séquestration. Dans les prochains jours, Sabine devrait aussi revoir Laetitia avec qui elle a traversé les derniers jours de son horrible épreuve. « C'est drôle à dire, mais l'arrivée de Laetitia, sans qui l'affaire n'aurait sans doute jamais abouti, a fait beaucoup de bien à Sabine. C'est à cet instant que notre fille a compris qu'elle n 'était pas seule. Je savais bien que le jour où l'on en retrouverait une, on retrouverait les autres... »

Albert Desauvage


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La famille Delhez encore sous le choc

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

BERTRIX - « Depuis l'annonce de la découverte des corps de Julie et Melissa, samedi dans la soirée, l'ambiance n'est plus la même. La joie des retrouvailles est ternie par ce drame. Une tristesse profonde et un choc terrible ont succédé aux moments de liesse connus depuis jeudi soir. Non seulement il y a cette horreur de voir deux fillettes disparaître d'une telle manière, mais il existe aussi ce sentiment pour Laetitia, d'être passée à deux doigts de la mort. »

La femme du parrain de la jeune fille, enlevée le 9 août, et tous ses proches, d'ailleurs, n'avaient pas le coeur à la fête, ce dimanche à Bertrix. Après deux journées de gaieté et d'intense soulagement, tout Bertrix n'a pu contenir ses larmes face à la terrible nouvelle rapidement relayée dans la soirée de samedi.


Une telle secousse a tellement transi la localité que les responsables de Bertrix Initiatives et de l'Asbl Marc et Corine ont décidé de renoncer aux festivités prévues (voir notre encadré).


Laetitia, elle, avait parlé quelques heures auparavant de cette semaine cauchemardesque vécue à Marcinelle, sans connaître alors le sort de Julie et Melissa.

Sur les antennes de la RTBF et de la BRTN, elle a confirmé avoir été endormie à fortes doses par des médicaments et des gouttes, lors de son enlèvement à Bertrix.


Elle a également donné des précisions sur les menaces proférées par Dutroux. Ce dernier a, d'après Laetitia, utilisé le même subterfuge pour les deux fillettes, celui de la demande de rançon soi-disant refusée par les parents.

Réconforter Sabine


Pis, en cas de résistance de Laetitia, il aurait parlé d'un ami prêta la liquider. La petite adolescente de Bertrix a aussi mentionné sa relation avec Sabine. « J'ai essayé de la réconforter, bien que j'aie parfois cru que l'on ne sortirait jamais », a-t-elle explique a nos confrères de la RTBF.

Sa maman a ensuite abordé le douloureux chapitre des sévices subis par laetitia : Dutroux ne s'est pas gêné pour la violer à plusieurs reprises. Par ailleurs, il obligeait les jeunes filles à prendre un bain en sa compagnie. Il se chargeait de les laver...

Hier, la maman de Laetitia et sa fille n'ont pas voulu témoigner une nouvelle fois sur ce rapt et la détention qui a suivi. « Elles sont très fatiguées par toute cette agitation », a répété la femme du parrain de Laetitia. « Les décès de Julie et Melissa ont perturbé toute la famille. Nous sommes partagés entre la satisfaction de retrouver Laetitia et le désarroi des parents Russo et Lejeune. » Enfin, Dutroux n'aurait jamais parlé des enlèvements de Julie et Melissa et d'An et Eefje à Laetitia. Et rien dans son comportement ne laissait trahir un quelconque précédent. Ils ont pourtant été nombreux...

Nicolas Druez

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A Bertrix les habitants ont renoncé à toute manifestation

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

BERTRIX - Les membres de Bertrix Initiatives et de l'Asbl Marc et Corine de Bertrix l'avaient annoncé vendredi : ce week-end, samedi soir plus exactement, ils avaient l'intention d'organiser une fête en l'honneur de Laetitia.

Ces retrouvailles officielles avec la population de Bertrix devaient également servir de lancement à la pétition réclamant des peines incompressibles à l'encontre d'auteurs coupables de violences comme celles perpétrées par Dutroux et sa bande.

Sur la Grand-place, le lieu de rendez-vous habituel des Bertrigeois, le trottoir bordant les locaux de l'Asbl Marc et Corine était garni de tables sur lesquelles s'empilaient les pétitions. Les responsables de cette initiative avaient aussi disposé des bics, histoire de faciliter le déroulement des opérations. On avait, en outre, déployé une banderole sur l'un des murs de l'église en hommage à Laetitia.

En dépit de ces nombreux préparatifs, il n'y eut guère de fête..

Rapidement informés de la suite de l'enquête et de la triste découverte des corps de Julie et Melissa, les organisateurs ont décidé de renoncer à toute manifestation. Laetitia est cependant venue. Un petit quart d'heure.
« Elle voulait remercier tout le monde pour le travail accompli lors des recherches. Et elle n'a pas non plus oublié l'ensemble des témoignages anonymes qui ne cessent d'affluer depuis jeudi soir. Mais après, elle est rentrée. Nous étions tous marqués par ce que nous venions d'apprendre », explique la femme de son parrain.

La pétition, elle, est un succès. En quelques jours, elle a déjà recueilli plus de 5.000 signatures. Et l'antenne locale de l'Asbl Marc et Corine entend ne pas en rester à ce chiffre.

Une diffusion nationale devrait débuter cette semaine. En attendant, les drapeaux de la commune sont restés en berne ce dimanche...

N.Dz

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