mercredi 28 mai 2008

La révoltante remise de peine


La révoltante remise de peine

L’avis des citoyens

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996


Michaël, de Bruxelles : « En affichant son petit mot sur la porte, le père de Melissa avait totalement raison d'agir ainsi. Ces gens sont incurables, il faudrait les rayer de la liste des êtres humains qui vivent sur terre. Pourquoi relâche-t-on des gens comme ça, alors que l'on connaît leur passé? 11 doit bien exister des psychologues capables d'évaluer la situation. Cette arrestation est arrivée un peu tard, c'est dommage pour les parents...
(Doc. DH)

Jacqueline, de Bruxelles : « Pour moi, c'est la faute de la justice, ces personnes ne devraient pas être libérées. J'espère que les coupables ne sortiront plus. Le problème, c'est que la justice va très mal aujourd'hui. Bien sûr, il faudrait réinstaurer la peine de mort,mais ce serait trop doux. Vous allez voir, on va encore réussir à trouver des psychologues pour dire qu'ils ont eu une enfance difficile. Il ne faudrait jamais pardonner à ces gens-là... »
(Doc. DH)

Anne-Marie, de Bruxelles : « La Justice est en tord on n'aurait jamais du libérer ce gars-là, avec le passé qui est le sien. C'est vraiment scandaleux ! D'un autre côté, je ne sais pas si le condamner à mort serait la solution. Bien sûr, ce qu'il a fait est horrible mais moi, je le ferais travailler à vie. Peut-être alors aurait-il le temps de prendre conscience de la monstruosité de son acte. Une fois mort, on ne souffre plus. J'ai deux enfants et j'ai fort peur pour eux... "
(Doc. DH)

Jean-Pierre, de Paris : « Je suis français, je ne connais pas bien l'affaire mais j'en ai entendu parler. Vous savez, on a le même problème en France. Je parle de la récidive... Je pense que la société est malade mais ce n'est pas en rétablissant la peine de mort que l'on va arranger les choses.
Il faut repenser les choses de manière globale donc forcément plus lente. A court terme, il n'y a pas vraiment de solution si ce n'est un suivi médical poussé. »
(Doc. DH)

Robert, de Ciney : « Pour moi, il faut remettre en vigueur la peine de mort. Surtout pour des ravisseurs d'enfants qui sont récidivistes, comme c'est le cas ici. Le ministère de la Justice est d'ailleurs mis en cause dans cette affaire puisqu'il a accordé une grâce au principal inculpé alors que celui-ci avait à peine subi le tiers de sa peine. Des gens comme cela, il ne sert à rien de les mettre en prison pour les relâcher trois au quatre ans après. »
(Ph. PNP)

Dominique, de Wavre : « Dans des cas comme celui-là, la peine de mort est de rigueur, mais pas une mort violente, non. Une mort à petits feux, qu'on les fasse souffrir autant qu'ils aient pu faire souffrir leurs victimes et leur entourage. S'en prendre à des petits enfants sans défense : comment est-ce possible ? J'ai pleuré en entendant les nouvelles ce matin à la radio, car moi aussi j'ai des enfants et cela aurait pu nous arriver. Cela fait froid dans le dos. »
(Ph. PNP)

Cécile, de Jambes : « le suis désolée, mais la peine la plus lourde doit être infligée. Je suis maman et je me sens tout à fait concernée par ces choses-là. Comment a-t-on pu libérer un type pareil? Quelle thérapie peut-on envisager? Ils ont le vice dans la peau, des gars comme çà. On ne peut rien y faire. La Justice s'est d'ailleurs mal comportée dans cette affaire. Il faut mettre la société définitivement à l'abri de pareils monstres. »
(Ph. PN P)

Jean-Claude, de Grimbergen : La peine de mort, c'est 1a seule sanction qui convienne pour les auteurs de ces actes ignobles que l'on a découvert au grand jour ce week-end. Que voulez-vous: qu'on puisse les soigner et penser qu'ils pourraient ainsi retrouver une place dans la société ?
En prison, ils nous coûteront encore de l'argent. Non, la seule chose qu'ils méritent c'est la peine de mort ! Qu'on en finisse avec eux. »
(Ph. PNP)

Jean-Luc, de liège : «Aux dernières nouvelles, on serait aussi sur la piste d'An et Eefje, sans savoir si elles sont mortes ou vivantes. C'est terrible. Terrible aussi de voir que des mois d'enquête n'ont servi à rien et qu'il a suffi d'un petit témoignage pour que tout démarre et pour qu'une partie des grandes disparitions de ces dernières années soient élucidées. Dire que si on avait eu ce témoignage plus tôt... Et que si la Justice avait été plus sévère... »
(Doc. DH)

Frédérique, de Liège : « Chacun craignait que ça ne finisse comme ça, mais chacun aussi gardait l'espoir. Espérons que les parents de Julie et Melissa pourront faire leur deuil et retrouveront un semblant de paix (...) Mais comment est-il possible que celui qui vole une blouse dans un magasin soit presque puni plus sévèrement que celui qui viole des enfants? C'est une drôle de société où l'argent semble avoir plus de valeur que la vie humaine. » (Doc. DH)

Eric, de liège : « Il n'est pas question de réclamer la peine de mort ou les châtiments corporels, mais qu'au moins on ne libère pas n'importe qui alors qu'il n'a purgé qu'un tiers de sa peine. Les prisons sont pleines? Et bien qu'on en construise des nouvelles. Et qu'on ne nous parle pas tout le temps de réinsertion. De toute évidence, il y a des gens avec qui ça n'est pas possible.
Il est temps qu'on le comprenne une fois pour toutes ! »
(Doc. DH)

Francis, de Charleroi : « C'est écoeurant Aucun qualificatif ne permet de décrire une pareille situation. Comment a-t-on pu libérer des personnes avec un tel passé à leur actif ? On devrait mettre ces gens dans un trou sans lumière et avec le minimum de nourriture.
Qu'ils souffrent un peu ! Je n'ai pas d'enfants mais je connais des gens qui ont peur de laisser les leurs sortir seuls. On sent qu'il y a une certaine peur qui règne. »
(Ph. Bauweraerts)

Josette, de La louvière : « Moi, je n'ai pas dormi cette nuit. Je suis toute l'affaire à /a radio. Ce n'est pas imaginable, ce qu'il a fait. Si c'était mon petit garçon qu'il avait touché, je ferais justice moi-même. En tout cas, je suis pour la peine maximale. Ou alors, on le met sur la Grand-place et on laisse les gens le punir. Quant au Roi, s'il accorde encore des grâces à des individus pareils... Qu'il pense un peu que ça pourrait arriver à ses petits-enfants ! »
(Ph. Dersin)

Francine, de Neufvilles : « Un monstre. Il n'y a pas d'autre mot. Je suis pacifiste mais, dans des cas pareils, je trouve qu'il faut rétablir la peine de mort. Pour lui et pour ses complices aussi. Parce qu'ils sont tout aussi coupables que lui.Les réactions des gens sont très fortes, ce qui est compréhensible, surtout de la part des gens qui ont des enfants. Mais attention, quand même, à ne pas se montrer trop exubérant, c'est disproportionné ! »
(Ph. Dersin)

Hervé, d'Havré: « Un salaud. Comment l'appeler autrement? Avec des types pareils, je suis pour la peine de mort. Seulement dans ces cas-là. Mais ici, c'est vraiment trop honteux. Et puis, il y a un problème, à la Justice. C'est quand même anormal que cet homme ait été gracié après avoir commis déjà cinq viols. Là, j'avoue, je n'ai pas vraiment tout compris. Comment un ministre peut-il justifier la remise en liberté d'un monstre ? »
(Ph. Dersin)

Franz, de Montignies-surSambre : « Une belle merde. Il n'y a rien à dire sur ce type. Sauf qu'il mérite la peine de mort. Si on vient me demander de signer une pétition pour la rétablir, je le fais tout de suite. Et il y en aura sûrement à mon bureau de l'administration communale de Charleroi. On pourrait aussi le livrer à la population, qui se chargera de lui infliger la peine qu'il mérite. »
(Ph. Dersin)

Propos recueillis par les rédactions régionales


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Pétitions lancées

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

LIEGE - Sur l'autoroute des Ardennes, à la station service de Sprimont, une simple pétition trône sur le comptoir du pompiste. On y demande le durcissement des peines pour ceux qui font du mal aux enfants. Des dizaines de noms y sont déjà inscrits, simplement suivis d'une signature.
D'autres suivront, ces prochaines heures, ces prochains jours...

Sur la Batte
Ailleurs, d'autres pétitions circulent, faites main peut-être mais surtout faites coeur, qui expriment l'émotion, la solidarité ou le dégoût. « Plus jamais ça ! », indique simplement l'une d'entre elles qui accumule les signatures sur le marché de la Batte. « Forcer les décideurs et les magistrats à modifier les lois », exige une autre qui émane d'une des vingt-cinq antennes de l'asbl Marc et Corine...
Au siège central de l'asbl, rue des Vingt-Deux à Liège, la photocopieuse surchauffe qui, depuis de trop longues heures, reproduit à des milliers d'exemplaires le message à l'attention de la bonne application de /a justice en Belgique.
On y demande, dans le respect dû à la dignité de la victime, d'instaurer des peines incompressibles pour les crimes les plus graves.
Celui de Dutroux et de ses sinistres amis en est incontestablement un...
Depuis le matin, des voitures s'arrêtent devant le local de l'asbl. On y charge des pétitions qui s'en vont aux quatre coins du pays tandis que des dizaines de personnes, gorge serrée par l'émotion, défilent dans le bureau d'accueil pour signer les exemplaires qui y sont disposés.
Lancées il y a quelques mois,cette pétition avait recueilli, avant les tristes découvertes du week-end, une dizaine de milliers de signatures. Avant la fin du week-end, ce nombre aura doublé,triplé, voire quintuplé. « Que voulez-vous, monsieur? Il faut que nous fassions quelque chose puisqu :.. ils ne font rien ! » Lâche un sexagénaire liégeois en sortant de l'immeuble.

Indiférence officielle


« Ils » ? Ceux qui décident, bien sûr, et qui n'ont pas entendu le cri de détresse lancé, à 270.000 exemplaires, il y a quatre ans déjà, via l'asbl Marc et Corine. « On y demandait qu'on ne libère plus des individus dangereux ! », rappellent MM. Malmendier et Kistemann, les animateurs de l'asbl.
« ça n'a rien changé ! La preuve...
A cette indifférence officielle, ils opposent le démenti social et humain le plus cinglant. D'un geste de la main, l'un d'entre eux indique le téléphone et le fax. Le premier n'arrête pas de sonner; le second, de cracher ses messages.
« Et il en vient de partout et de tout le monde. Des grosses boîtes qui nous proposent leur aide comme de simples citoyens écoeurés. De Bruxelles comme de Namur, d'Ostende et de la Panne....

Ed. F.


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Commission de la Justice convoquée

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

BRUXELLES - Le président du PRL Louis Michel a demandé dimanche la convocation d'urgence de la commission de la Justice de la Chambre.

Quid du suivi ?
Il souhaite en effet interpeller le ministre de la Justice sur les conditions d'octroi des libérations conditionnelles dans notre pays et les conditions effectives du suivi des bénéficiaires de telles mesures.

Le député libéral veut notamment faire toute la lumière sur les raisons qui ont poussé, en 1992, le ministre de la Justice de l'époque à accorder une telle mesure de faveur à un individu comme Marc Dutroux, et ce, contre l'avis du parquet.

Proposition de loi
Le PRL entend par ailleurs réintroduire sous forme de proposition de loi les conditions qu'il avait déjà exposées lors du débat sur la suppression de la peine de mort en Belgique, sans être suivi toutefois par la majorité.
Il s'agit notamment de l'introduction, dans notre code, de peines incompressibles à l'encontre d'individus condamnés pour des crimes contre des mineurs d'âge.


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Drapeau noir aux antennes

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

LIÈGE - L'émotion est telle, au pays de liège, que de nombreuses initiatives sont lancées pour tenter de montrer aux parents de Julie et de Melissa que leur peine et leur immense détresse sont partagées par des milliers de personnes.

A Hannut, par exemple, c'est la jeune antenne locale de l'association Marc et Corne qui a décidé d'ouvrir un livre de condoléances. Celui-ci sera accessible pendant toute la semaine, à l'hôtel de ville. « Et nous l'enverrons aux parents de Julie et de Melissa... », dit Mme Landrain, animatrice de cette antenne, qui pourrait être rejointe dans cette démarche par d'autres associations en d'autres endroits du pays.

Mentionnons également cette autre initiative, dont l'origine est impossible à situer, mais dont la portée visuelle pourrait être considérable. Elle consiste, en effet, à exprimer sa solidarité en plaçant simplement un petit drapeau noir à l'antenne des voitures. Nombreux étaient ceux qui, ce dimanche, l'avaient déjà fait en région liégeoise.

Ed. F.

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