mercredi 28 mai 2008

Contre la peine de mort


Contre la peine de mort

« La Dernière Heure » du mardi 20 août 1997

Grâce-Hollogne - Plus de 1000 personnes se sont rassemblées hier devant la maison de la famille Russo, à Grâce-Hollogne.
A l'issue de la conférence de presse, la foule n'a pu se taire. Les clameurs se sont élevées de toute part. « C'est honteux ! Qu'on le pende... » « C'est un scandale de protéger ces gens là ! » « Qu'on rétablisse la peine de mort ! » « La mort, la mort »...

Des manifestations qui ne plaisaient pas particulièrement aux familles des victimes. « Ç'a me déplaît de voir des gens comme ça devant chez moi. Je voudrais qu'ils partent », a remarqué Carine Russo, le visage défait. « Je ne suis pas pour la peine de mort, c'est une question d'éducation. Et vous savez, ce ne sont pas ces événements qui vont me faire changer d'avis. Il existe d'autres solutions que la peine capitale.

Par exemple, les peines incompressibles et le suivi en prison. C'est ça le plus important; on ne peut pas laisser sortir les gens comme ça, sans vérifier s'ils sont guéris !

Je le répète et je tiens vraiment à le faire savoir: la peine de mort ne sera jamais la solution; il faut prendre le mal à la racine ».

Cercueils plombes


Durant les 14 mois d'enquête, les parents des petites n'ont jamais eu d'informations. Actuellement, alors que tout est fini, ils se sentent encore exclus. « La justice protège les malfaiteurs mais nous n'avons droit à rien. Nous sommes tenus à l'écart comme si nous ne faisions pas partie de l'histoire», poursuit Carine Russo.

Ce ne sont d'ailleurs pas les parents qui ont identifié les petites. J'avais toujours dit que je voulais voir le cadavre de ma fille pour être certaine que ce soit elle. Aujourd'hui, on nous a refusé de les voir; les cercueils sont scellés. Je n'ai finalement pas insisté. Mais Louisa (NDIR: la maman de Julie) voulait absolument voir le corps.
Elle a pleuré, imploré, mais rien n'y a fait. Nous ne verrons finalement pas nos enfants ».

L'identification des victimes a été réalisée par le juge d'instruction liégeois, Martine Doutrewe.
Oui, c'est elle qui les a reconnues. Mais vous savez, on n'a eu aucune communication avec elle. Même après la terrible découverte », regrette Mme Russo .

Abandonnées...


Jamais depuis le mois de juin 1995, les parents n'ont voulu croire que les fillettes étaient mortes.

Durant 14 mois, on a tout imaginé. Et notre moral dépendait de nos pensées. Nous avons toujours rejeté l'idée de la mort pour avoir assez d'énergie pour les rechercher.

Ce qui est maintenant le plus difficile pour nous, c'est de savoir que les petites sont mortes sans être au courant des recherches qu'on faisait.
Peut-être croyaient t’elles qu'on les avait abandonnées »...

Nathalie Evrard

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Défaut de prévoyance

Edito de Didier Hamann

« Dernière Heure » du mardi 20 août 1996

Voilà trois jours que le téléphone de Melchior Wathelet sonne désespérément dans le vide, à Petit-Rechain, il ne répondra pas...
Dommage.

On aurait tant aimé l'entendre s'exprimer sur les raisons qui l'ont poussé, lui et ses services, à remettre en liberté un pédophile déjà auteur de plusieurs viols et de séquestrations.

On aurait tant aimé obtenir une bribe d'explications pour apaiser la révolte qui gronde en nous.
Qu'il apporte donc un début de réponse aux interrogations indignées de tous les Belges :
« Pourquoi avoir, en parfaite connaissance de cause, mis en danger la vie des honnêtes gens ?
Est-il possible que l'incurie ait provoqué la mort horrible de deux innocentes ? »

Il est urgent de répondre parce que la révolte gronde chez les Belges qui ont perdu un véritable proche parent.

Après tout, Julie et Melissa faisaient partie de leur famille, depuis quatorze mois. Grâce à la pression maintenue par les parents, nous sommes tous devenus des Russo. Grâce à leur poignante lutte pleine d'espoir, nous sommes tous entrés dans la famille des Lejeune.

En proie au chagrin, la Belgique entière exige des explications sur les raisons de ce drame malheureusement prévisible.

Le temps est venu de juger les responsables pour défaut de prévoyance. Hélas ! On sait déjà que les décisions aberrantes sont toujours orphelines.
Chacun rejettera la faute : le ministre sur son administration, les fonctionnaires sur un lampiste, le psychothérapeute sur le système, etc.


Dans le magma kafkaien soigneusement entretenu, on n'identifiera jamais l'auteur de cette funeste décision de remise en liberté... On frémit à l'idée que, quelque part, en Belgique courent quelques dangereux maniaques que l'insouciance a remis dans la nature...

On n'ôtera plus jamais de l'idée des citoyens que les agressions d'enfants sont traitées par-dessus la jambe par nos gouvernants.


Certes, l'éternelle dette publique ou le sempiternel solde net à financer ont leur part dans les préoccupations de nos Excellences.
Peuvent-elles pour autant délaisser les questions aussi vitales que la protection des enfants ? Evidemment non...

Certes, des progrès ont été enregistrés. Depuis la libération de Dutroux, les conditions de remise en liberté des criminels sont devenues plus sévères, notamment sous l'impulsion du nouveau ministre de la Justice.
Par son rôle dans la résolution des rapts de Sabine et Laetitia, la cellule nationale des disparitions a démontré que c'est bien l'importance et une bonne organisation des moyens qui font la différence.

Pourquoi a-t-on mis tant de temps?

Didier Hamann

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