Criminelle incompétence
Criminelle incompétence
« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996 page 4
BRUXELLES - Nos confrères de RTL-TVi ont versé, hier soir, une terrible pièce de plus au dossier Julie et Melissa, un document accablant qui démontre que les forces de l'ordre étaient au courant des horribles projets de Marc Dutroux depuis fin 1993, soit près de deux années avant la disparition des deux fillettes de Grâce-Hollogne !
Pis encore : quinze jours après l'enlèvement, un document confidentiel, dressé par des enquêteurs qui avaient surveillé Marc Dutroux à sa sortie de prison, a été adressé r information aux enquêteurs liégeois. Ce document relate ces faits de fin 1993.
Extrait : « Il nous avait été signalé que l'intéressé (Dutroux) était occupé à faire des travaux dans les caves d'une de ses maisons de Charleroi (...) dans le but d'y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger (...). Aucune trace de présence d'enfants n'a été relevée. L'intéressé a été entendu verbalement sur le but des travaux, il a déclaré qu'il aménageait ses caves, sans plus. Les travaux étaient à leurs débuts. »
Dès cet instant, les premiers enquêteurs, non identifiés, communiquent une liste des 6 adresses des maisons de Dutroux et font remarquer que « l'intéressé a fait un long séjour en prison suite à une condamnation pour des viols sur des enfants qu'il enlevait avec son épouse. »
Une seconde note atterrit sur le bureau des enquêteurs liégeois, début août 95. Elle stipule que Dutroux a contacté, fin 94, une tierce personne en lui proposant de participer à des rapts d'enfants.
Dans la même note, on signale qu'une autre source a raconté comment Dutroux s'y prenait : « Il suffit de les tenir avec une main sur la bouche. Une fois dans la voiture, elles ne peuvent partir car la sécurité enfant est placée. (..) Le prix (donné pour les filles enlevées) varie entre 100.000 et 150.000 francs. »
Le document révèle déjà le nom d'un possible complice Michael Diakostravianos. C'est cet homme qui a été interpellé vendredi dernier, puis relâché...
Si ces documents ont bien été transmis à Liège comme l'affirme RTL-TVi, les enquêteurs étaient donc au courant de la personnalité de Dutroux et de ses curieux préparatifs. Une perquisition a effectivement été menée dès août 95 chez Dutroux. Mais elle n'a pas permis de retrouver les deux filles.
Les enquêteurs savaient que Dutroux était suspecté d'avoir aménagé ses caves pour y cacher des enfants. Pourquoi n'a-t-on pas alors utilisé des moyens plus poussés lors de cette perquisition ?
Plaintes d'enfants
BRUXELLES - Nos confrères de RTL-TVi ont versé, hier soir, une terrible pièce de plus au dossier Julie et Melissa, un document accablant qui démontre que les forces de l'ordre étaient au courant des horribles projets de Marc Dutroux depuis fin 1993, soit près de deux années avant la disparition des deux fillettes de Grâce-Hollogne !
Pis encore : quinze jours après l'enlèvement, un document confidentiel, dressé par des enquêteurs qui avaient surveillé Marc Dutroux à sa sortie de prison, a été adressé r information aux enquêteurs liégeois. Ce document relate ces faits de fin 1993.
Extrait : « Il nous avait été signalé que l'intéressé (Dutroux) était occupé à faire des travaux dans les caves d'une de ses maisons de Charleroi (...) dans le but d'y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger (...). Aucune trace de présence d'enfants n'a été relevée. L'intéressé a été entendu verbalement sur le but des travaux, il a déclaré qu'il aménageait ses caves, sans plus. Les travaux étaient à leurs débuts. »
Dès cet instant, les premiers enquêteurs, non identifiés, communiquent une liste des 6 adresses des maisons de Dutroux et font remarquer que « l'intéressé a fait un long séjour en prison suite à une condamnation pour des viols sur des enfants qu'il enlevait avec son épouse. »
Une seconde note atterrit sur le bureau des enquêteurs liégeois, début août 95. Elle stipule que Dutroux a contacté, fin 94, une tierce personne en lui proposant de participer à des rapts d'enfants.
Dans la même note, on signale qu'une autre source a raconté comment Dutroux s'y prenait : « Il suffit de les tenir avec une main sur la bouche. Une fois dans la voiture, elles ne peuvent partir car la sécurité enfant est placée. (..) Le prix (donné pour les filles enlevées) varie entre 100.000 et 150.000 francs. »
Le document révèle déjà le nom d'un possible complice Michael Diakostravianos. C'est cet homme qui a été interpellé vendredi dernier, puis relâché...
Si ces documents ont bien été transmis à Liège comme l'affirme RTL-TVi, les enquêteurs étaient donc au courant de la personnalité de Dutroux et de ses curieux préparatifs. Une perquisition a effectivement été menée dès août 95 chez Dutroux. Mais elle n'a pas permis de retrouver les deux filles.
Les enquêteurs savaient que Dutroux était suspecté d'avoir aménagé ses caves pour y cacher des enfants. Pourquoi n'a-t-on pas alors utilisé des moyens plus poussés lors de cette perquisition ?
Plaintes d'enfants
Pour sa part, l'avocat des familles Russo et Lejeune, Victor Hissel a déclaré à RTL-TVi que, selon ses informations non confirmées officiellement, les enquêteurs chargés d'une autre perquisition chez Dutroux, en décembre 1995 dans le cadre d'une affaire de vols de véhicules, auraient entendu des « plaintes d'enfants » mais n'y auraient pas prêté attention, puisque le but de la perquisition visait un autre dossier. Incroyable...
Pour rappel, Stefaan De Clerck a chargé le procureur général de Liège de lui faire rapport sur la manière dont l'enquête menée à Liège. Le procureur ne pourra pas ne pas aborder ces fameuses notes.
D'autres confrères avançaient également mardi qu'un détenu de la prison de Louvain avait tenté d'échanger sa libération contre des informations menant à des auteurs d'enlèvement, prétendant avoir reconnu Julie et Melissa dans un album de photos pédophiles.
Le parquet de Louvain et le parquet de la cour d'appel de Bruxelles se sont opposés à ce marché.
Le détenu est resté en prison, sans que l'on sache aujourd'hui s'il disait la vérité...
B. F.
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J’ai engendré un monstre
« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996
BRUXELLES - Mais qui sont les parents de Marc Dutroux, le pervers de Sars-la-Buissière ?
Son père, Victor Dutroux, habite aujourd'hui dans une maison à la limite du taudis à Gand.
Voici 10 ans qu'il vit là, reclus, sans téléphone, ni même télévision.
Une voisine de Victor Dutroux confiait au micro de nos confrères de Bel-RTL : « l'ai toujours eu une aversion physique pour cet homme ». Et la dame de poursuivre qu'elle se méfie comme de la peste de Victor Dutroux, qui déshabille toujours les jeunes femmes du regard ».
Des années durant, le père Dutroux emmenait sa famille en vacances au camping De Tourist à Wilskerke, près de Middelkerke.
La famille Dutroux, et tout particulièrement Victor, a laissé un mauvais souvenir à la propriétaire.
Une voisine de Victor Dutroux confiait au micro de nos confrères de Bel-RTL : « l'ai toujours eu une aversion physique pour cet homme ». Et la dame de poursuivre qu'elle se méfie comme de la peste de Victor Dutroux, qui déshabille toujours les jeunes femmes du regard ».
Des années durant, le père Dutroux emmenait sa famille en vacances au camping De Tourist à Wilskerke, près de Middelkerke.
La famille Dutroux, et tout particulièrement Victor, a laissé un mauvais souvenir à la propriétaire.
Dans les colonnes du quotidien Het Laatste Nieuws, cette dernière commentait les moeurs plutôt dissolues du locataire du chalet 169: « Son chalet était d'une saleté repoussante. Mais ce n'est pas le plus grave. Le camping était devenu un lieu de rencontres sexuelles.
Chaque fois qu'il séjournait ici, il était accompagné d'une jeune femme différente». Et selon la propriétaire du camping, ces dernières semblaient parfois fort jeunes...
Homme à femmes
Chaque fois qu'il séjournait ici, il était accompagné d'une jeune femme différente». Et selon la propriétaire du camping, ces dernières semblaient parfois fort jeunes...
Homme à femmes
Un voisin du chalet 169 se rappelle : « Victor Dutroux et son épouse étaient tous les deux instituteurs. Ils étaient revenus du Congo belge en 1960 et enseignaient à l'école communale de
Roux, près de Charleroi. Marc était l'aîné des cinq enfants du couple.
Nous n'avons jamais eu à nous plaindre de lui. C'était un garçon calme, au caractère renfermé. Il a séjourné ici entre ses 12 et 17 ans ».
Selon le même témoin, les choses auraient vraiment dégénéré dans la famille Dutroux lorsque le père Victor a perdu son emploi d'enseignant en raison de ses multiples frasques sexuelles.
Sa femme le quittait peu après. A partir de ce moment-là, il n'a pas cessé de ramener ses conquêtes féminines au camping. « Une fois, j'ai entendu une femme crier au secours au milieu de la nuit», poursuit-il.
Quant à la mère de Marc Dutroux, elle s'est remariée. Elle a rompu tout contact avec son fils après sa condamnation. En 1992, après sa libération de prison, Marc Dutroux l'a néanmoins revue, mais ils se sont disputes à propos de la maison de la grand-mère qui venait de décéder.
Dans le genre tragédie familiale: un frère de Marc Dutroux s'est suicidé.
Concernant les faits horribles reprochés aujourd'hui à son fils, elle préfère garder le silence et se contente de cette terrible sentence de la part d'une mère : « Je suis honteuse d'avoir engendré un monstre pareil »
D. Ste.
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Nihoul , as des faillites
« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996
BRUXELLES - Le moins que l'on puisse dire est que Michel Nihoul (qui se faisait appeler Jean-Michel) n'était pas un champion des affaires. Trait commun? Il a accumulé faillite sur faillite. Il ne laissait visiblement pas tomber les bras puisque, en mai dernier, il repartait de plus belle avec une affaire en nom propre (TVA : 561.633.760, sous l'intitulé « autres services aux personnes», rue Jaspar à Saint Gilles).
Autre constante : l'homme a toujours choisi des associés qui avaient, eux aussi, tendance à tomber en déconfiture...
- Bio Plantai est sa première société à tomber dans la dèche, le 14 avril 1982. Vague spécialité l'étude de marché.
- Bio Clinic Corporation International au nom également pompeux tombe en faillite deux mois plus tard.
-Les Éditions Michel Deligne (BD) n'apporteront pas plus de chance à Nihoul : faillite sur aveu le 23 septembre 1986. Selon nos informations, on retrouverait dans cette société des capitaux zaïrois d'un certain Musube W.-M. Dont le nom n'apparaît nulle part. Ce riche Zaïrois aurait été présenté à Nihoul par l'intermédiaire de l'avocate Annie Bouty. Un bon observateur de la gestion de la société décrit Nihoul comme un individu absolument inconséquent dont le seul souci était de se sucrer au maximum.
-J.M. Nihoul & Associates, spécialisée dans l'étude de marché également, fait faillite en janvier
1989. En fait d'associé, JM. Nihoul n'en avait aucun dans cette affaire où seul son nom apparaît...
- DCN (La Maison des Chefs) à Jette tombera en faillite en 1992. On y trouve déjà Marleen De Cokere qui fut auparavant impliquée dans trois autres faillites: Interrestho, DCN, DCN Benelux ! Et un autre que l'on retrouvera plus loin : Jean-Claude Castaigne...
-Achats Services Commerces (Asco) dont Nihoul était le fondé de pouvoir terminera aussi en faillite, en 1995. On retrouve encore un de ses associés, Jean-Louis Delamotte, qui était présent dans DCN Benelux également tombée en faillite en 1992. Nihoul savait décidément s'entourer.
Un autre associé, Michel Forgent, a dû liquider ses sociétés Mido, MFO Organisation et on le retrouve aussi dans DCN Benelux. La troisième associée est Marleen De Cokere.
Activité de Asco ? Le commerce en gros de véhicules automobiles.
Serait-ce par ce biais que Nihoul aurait rencontré Dutroux, qui chipotait aussi dans les voitures de seconde main (comme l'indique son inscription à la TVA, jusqu'en 1991).
Enfin, la société Euromar, à laquelle le nom de Nihoul a été associé par le passé, est désormais entre les mains d'administrateurs qui n'ont rien à voir, de près ou de loin, avec ce triste personnage.
Didier Hamann
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Nos lecteurs révoltés
« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996 page 4
BRUXELLES - De tout le pays, les réactions continuent à nous parvenir, après le drame qui a endeuillé la Belgique entière. Des réactions mêlant un profond sentiment de révolte, une colère larvée, mais aussi beaucoup de tristesse. Certains veulent faire quelque chose, suggèrent des affichettes de protestation contre la libération de monstres tels Dutroux et ses comparses, de nouvelles pétitions voire pour réclamer le rétablissement de la peine de mort), des récoltes de fonds pour aider les parents ou encore une journée de deuil national... D'autres expriment, par écrit ou par téléphone, et par centaines (La Dernière Heure / Les Sports a ouvert un numéro spécial pour recueillir vos réactions jusqu'à ce mercredi minuit: le 090Q/20770) une unanime émotion.
M. Dubuisson, de Maulde : « Je ne veux pas parler de haine et de vengeance, ni condamner nos hauts responsables - qui portent pourtant une fameuse responsabilité. Un fait m'a particulièrement choqué : les autorités refusent aux parents de voir les dépouilles de leurs enfants : de quel droit?
Se rendent-elles compte qu'elles infligent ainsi une peine plus profonde aux familles
Dormez en paix...
M. Wouters, de Bruxelles s'interroge: «A quand la justice devant ses juges ? Ce n'est pas la première fois que le laxisme judiciaire mène au drame! Dormez en paix messieurs les juges, magistrats, ministres... Nous, le petit peuple, on à peur »
Patrick Vanstryp, de Marcinelle s'adresse lui aux gardiens et détenus des prisons belges: « Unissez vous!
Vous qui avez la triste obligation de côtoyer les individus qui ont séquestré ces enfants, pourquoi n'appliqueriez-vous pas une sanction exemplaire que la justice de notre pays semble éviter ? »
Guillaume Olivier, de Battice s'est rendu avec son épouse et son petit garçon à Grâce-Hollogne
« Notre coeur n'était pas assez gros pour contenir la douleur, la colère et la révolte. Comment peut-on encore avoir confiance dans une justice qui, par son fonctionnement inadapté et sectaire, punit les victimes et non les meurtriers? Les citoyens de notre pays doivent s'unir au travers du combat des parents de Julie et Me lissa pour que ces décideurs soient rendus responsables de leurs actes ».
Jean-Pierre Bonaposta, de Vilvorde fustige quant à lui la curiosité malsaine de certaines personnes et pointe du doigt des « voisins irréfléchis qui regardent un homme dont ils connaissent les antécédent creuser des trous et bétonner comme un maniaque durant la nuit dans des maisons aux fenêtres constamment occultées Ils se contentent de trouver cela bizarre et se rendorment bien qu'ils savent que depuis un certain les enfants ont tendance à se volatiliser dans la nature ».
Guy Declercq, de Gand, le rejoint: « Comment cela se fait-il que Dutroux n'ait subi aucun contrôle accru des autorités alors que, chômeur il menait un train de vie manifestement au-dessus de ses moyens et qu'il possédait de nombreuses propriétés. Ne s'est on jamais interrogé sur l'origine de ces revenus ?
Alain Bodart, de Dinant abonde dans ce sens : « Etait-ce bien raisonnable de laisser Dutroux sous le seul contrôle d'une assistante sociale ? »
Bernard Saulmon, de Bruxelles « Les enquêteur ont cherché des fillettes comme des fonctionnaires, non avec le coeur d'un père : il aurait peut-être été utile qu'ils soient accompagnés des parents, dont les enfants auraient reconnu la voix » .
Opinion dure que celle de Huguette Bosquin, de Spa, qui préconise la castration chirurgicale pour les violeurs d'enfants.
Claudine Calin, d'Uccle, estime également que les pédophiles sont incurables et plaide pour une castration chimique sous contrôle serré après la prison.
Patrick Tonoir, de Bruxelles, s'étonne lui de ne pas encore avoir vu le Roi aux côtés des familles éprouvées. «Il doit intervenir et prendre de son initiative une décision d'importance pour que cela ne se reproduise plus jamais ».
Claudine Debuck, d'Etaimpuis,suggère enfin que, comme aux Etats-Unis, un pédophile ou un violeur une fois relâché, soit signalé au voisinage, pour surveillance.
Tandis que Mme Wattiez, de Waulsort propose, vu la surpopulation des frisons, de rouvrir les mines et d'y faire travailler les détenus : « Une partie des revenus de leur travail irait aux familles des victimes ».
En vrac, d'autres lecteurs suggèrent l'édition d'un journal souvenir, et la création, par les parents de Julie et Melissa, d'une association qui viendrait en aide à tous ces enfants victimes des pédophiles, dans le monde entier.
La Fondation Nathalie, présidée par une jeune femme victime d'inceste, propose d'observer, à travers le pays, un arrêt de travail de cinq minutes le jour des funérailles de Julie et Melissa
La ligue des Droits de l'Enfant, dans un communiqué, explique pour sa part qu'elle a suivi avec consternation les développements de l'enquête. « L'horreur des faits confirme de la façon la plus tragique ce que nous dénonçons depuis plusieurs années : l'inadéquation de la réponse sociale aux phénomènes liés à la pédophilie. Nos revendications en la matière vont notamment dans le sens de la création d'un registre des infractions sexuelles contre les enfants, impliquant la création d'un album photos spécifique des auteurs; de la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement social au caractère d'exception; de l'utilisation de techniques policières modernes...
Dans l'affaire Dutroux, la Ligue s'interroge enfin spécifiquement quant aux mesures d'accompagnement prises à l'égard des enfants victimes ».
N. f.
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