mardi 3 juin 2008

Les enquêteurs y croient plus que jamais


Les enquêteurs y croient plus que jamais

« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996 page 3

La localisation d'An et Eefje est devenu la priorité des enquêteurs qui se montrent discrets quant à la direction prise par leurs investigations. 11 se confirme cependant que /a piste des pays de l'Est est privilégiée.

NEUFCHÂTEAU - «Non, nous n'avons pas encore retrouvé An Marcha! et Eefje Lambrecks, disparues à Ostende le 22 août 1995 à Ostende. Non, nous ne les avons toujours pas localisées. Mais, par contre, l'espoir de les retrouver vivantes subsiste plus que jamais.

Tel est le message qu'a tenu à faire passer le procureur Michel Bourlet, hier soir, à la presse belge et internationale, au palais de justice de Neufchâteau. Dans la foulée, M. Bourlet demandait à tout un chacun, jusque dans l'univers carcéral, de conserver sérénité et dignité, à l'image a de l'attitude admirable des familles des victimes ».

Les remerciements du ministre


Ce faisant, M. Bourlet a tenu à mettre en garde contre des rumeurs trop optimistes, alimentées, semble-t-il, par Interpol elle même. En tout cas, le message était clair. Il était adressé aux
«Plus hautes autorités d'interpol »qui avaient multiplié, il est vrai, les annonces sur les antennes télévisées. Interpol a expliqué avoir été contacté dans plusieurs états de l'Est européen pour se mettre enquête des jeunes Flamandes. Enquêtes qui se poursuivent toujours du reste...
Hier, le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, accompagné du magistrat national M. Van Doren, s'est rendu, dans l'après-midi au district de Neufchâteau. « Voor het werk », dira-t-il devant la meute des journalistes qui l'attendaient à sa sortie. Mais aussi, ajoutera plus tard le procureur, « pour remercier et encourager les enquêteurs pour leur travail ». Le ministre a également eu une très longue discussion, « de travail » sans doute, avec le président du tribunal, Francis Moinet.

Une libération, une confirmation


Depuis plusieurs jours, les enquêteurs ont mis en place une importante structure de travail et de coordination reposant sur l'ensemble des services. « Le ministre a promis des moyens complémentaires en hommes et en matériel ».

Un magistrat devrait débarquer de Liège Un second juge d'instruction sera également désigné pour les dossiers courants. Car le juge Connerotte outre l’enquête sur les enlèvements, planche sur un autre dossier capital, celui du GIA, la mouvance armée islamiste.

En matinée, la chambre du conseil a confirmé, comme il fallait s'en douter, le maintien en détention de Jean-Michel Nihoul, l'agent immobilier bruxellois. Son avocat, M° Declétv, a interjeté appel. Pour lui, la détention ne repose que sur des banalités. Certes, Nihoul admet-il connaître Dutroux depuis un an et demi environ. Il admet l'avoir rencontré quelques fois. En substance, l'avocat explique que Dutroux devait 20.000F à son client. Incapable de rembourser, celui-ci a proposé un marché: on laisse tomber l'ardoise et


Dutroux réparait et assurait le passage d'une voiture de J.-M. Nihoul devant le contrôle technique.
Peu après s'être occupé du cas Nihoul, le juge d'instruction remettait en liberté Casper Slier, un Hollandais de Schaerbeek, qui possède une seconde résidence à Hastière.

Le procureur a enfin confirmé que les arrondissements judiciaires de Liège (pour les enlèvements et meurtres de Julie et Melissa) et de Bruges (pour les enlèvements de Eefje et An) se dessaisiraient cette semaine encore au profit du juge Connerotte

Gilbert Dupont


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Le ministre chez les parents d’An et Eefje

« La Dernière Heure » du mercredi 21 août 1996

HASSELT - « Nous avons pu dire ce que nous avions sur le cœur depuis un an. Et ça faisait beaucoup. Nous nous demandions comment le ministre réagirait. Nous avons été surpris de constater que Stefaan De Clerck partageait nos critiques. Mieux, il nous a même demandé de continuer de dénoncer ce qui ne fonctionnait pas.

Nous avons parlé de Julie et Melissa ainsi que de la douleur des parents. Le ministre partageait notre avis quand nous lui avons dit que les critiques formulées pendant des mois à liège par les familles Russo et Lejeune avaient contribué à sauver Sabine et Laetitia. Ce sont ces critiques qui ont amené le parquet de Neufchâteau à réagir vite et fort après la disparition de Laetitia. An et Eefje n'ont pas eu cette chance. A l'époque,on nous a dit pendant dix jours de ne pas nous inquiéter, nos enfants ayant sans doute fugué...
Le ministre est monté d'un cran dans l'estime des parents. Stefaan De Clerck leur a rendu visite une heure durant. Ils se sont parlés à coeur ouvert. Dans un esprit constructif. Depuis le matin, les rumeurs les plus folles circulaient à Hasselt; elles ont fait naître de faux espoirs. La plus tenace voulait qu'Eefje avait été retrouvée vivante en Slovaquie - ou Slovénie - mais que le parquet réclamait le black out, le temps de récupérer An.

Bière et café noir


En annonçant qu'il rendrait visite aux deux familles, Stefaan De Clerck allait relancer les spéculations. Les parents, eux, gardaient la tête froide. Leur attente pourtant fut terrible. Fidèles à la politique qu'ils se sont fixés depuis le début - faire un maximum de bruit autour de la disparition d'An et Eefje pour empêcher l'affaire de sombrer dans l'oubli et forcer les pouvoirs publics à remuer ciel et terre - les parents continuaient d'accorder des interviews. Les télés accourent de partout. De France avec TF1 et France 2, de Suisse, de Norvège.
A 17 h, le ministre de la Justice et son chef de cabinet arrivent au domicile des Marchal.

Accroché à l'antenne, un crêpe noir. Le ministre, ou plutôt sa voiture de fonction, porte le deuil de Julie et Melissa.
Le ministre est souriant. L'entretien dure. Le ministre et le père d'An boivent des bières. Cédric

Visart de Bocarmé, le chef de cabinet, avale du café noir. Sur le pas de la porte, les reporters se prennent à rêver que le ministre est porteur de bonnes nouvelles...

« Ce n'était pas du tout le but de sa visite, coupe Paul Marchal. Le ministre n'était pas là pour parler des progrès de l'enquête. Pour ça, le procureur de Neufchâteau, Michel Bourlet, nous tient informé.

Quand il en a le temps, souvent tard le soir. Nous avons demandé au ministre d'intervenir contre les spectacles d'hypnose de maître Rasti Rostelli. Nous avons remis au ministre la liste des six prochains spectacles programmés pour octobre. Le ministre a promis qu'il veillerait à faire appliquer la loi, qui interdit ce genre de show »

« Nous lui avons dit aussi que nous avions souffert pendant un an d'être si peu et si mal informé des progrès de l'enquête. A l'avenir, d'autres parents ne devraient plus subir ce calvaire. Le ministre nous a décrit aussi le fonctionnement de l'enquête à Neufchâteau.

Il nous a demandés de ne rien dévoiler mais ce qu'il nous a confié nous a rassurés totalement: nous savons que maintenant, tout est fait pour retrouver nos enfants. Le ministre a enfin ajouté qu'à l'avenir, nous pourrions le contacter en cas de besoin. Nous avons un contact au cabinet !

Nous croyons plus que jamais que l'espoir subsiste de retrouver An et Eefje en vie. Le ministre aussi... »

Gilbert Dupont

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