LAETICIA et SABINE : JOIE et COLERE
Folle joie à Bertrix et à Kain, mais aussi une question qui révolte tout le monde : Pourquoi avait-on rendu la liberté au pervers de Marcinelle ?
En 1998, Marc Dutroux avait déjà commis cinq rapt et viols de gamines avec la complicité de sa femme Michelle Martin.
Huit ans plus tard, malgré de lourdes condamnations,le couple de prédateurs a repris la « chasse aux fillettes » en suivant exactement le même scénario.
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BERTRIX
Joie et colère
LA MEUSE du samedi 17 août ,page 9
Les cloches de l'église se mettent à sonner
Au bout d'un quart d’heure, l’euphorie et l'émotion depuis le domicile de Laeticia jusqu'à la Grand' place n'est toujours pas retombée et cela va durer pendant une grande partie de la nuit. La rue Dr Liffrange ne connaîtra plus jamais ça Ouf !
Pour qu'elle ne voit pas ça
En attendant le retour de la petite, prévu le soir même,l'asbl "Marc et Corine" au comble de la joie., se charge de faire enlever le maximum d'avis de disparition d'avis de disparition
« Quelle déception cela doit être pour les parents de Julie et Mélissa ! Ici on fait la fête et pendant ce temps là ,les pauvres pleurent.Pourvu qu’on les retrouve aussi. Après tout,Sabine est bien revenue avec Laeticia,alors pourquoi ne pas y croire.Ce serait génial ! »
Après une semaine sans sommeil pour toute la famille,l’émotion prend tout le monde à la gorge. On pleure plus qu’on ne rit,mais le bonheur et la fatigue mélangés donnent le frisson.
Vers minuit, alors que la foule est maintenue sur la grand ‘place où a lieu le feu de joie ,on annonce l’arrivée de la petite. Des véhicules de gendarmerie-combis et voitures banalisées- prennent la rue Dr Liffrange suivis d’une autre voiture,celle du parrain de la fillette.
Martinne Piette
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« Ma maison ! Pour toujours !... »
LA MEUSE du samedi 17 août 1996 page 9
Sabine a fondu en larmes dans les bras de sa grand-mère
La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans le quartier résidentiel de la résidence du Renard, à Kain.
La joie de tous ceux qui la connaissaient à dépassé en intensité l'angoisse vécue depuis presque trois mois.Guy Dardenne ,son père,est parti dans un véhicule de la gendarmerie pour aller la retrouver au district de Charleroi
Je tiens à rendre hommage au travail des bénévoles qui se sont démenés pour Sabine,que ce soit à l’asbl Marc et Corinne où d’autres anonymes. Nous devons également un grand coup de chapeau aux enquêteurs qui ont fait leur travaille en nous soutenant moralement et en prenant garde de ne jamais nous donner de faux espoirs.
Un nouveau vélo
Ils étaient des dizaines à l’attendre en face de chez elle,jeudi soir,pour la voir , l’entendre où simplement lui manifester un signe d’encouragement.
Les copains de Sabine s’étaient organisé aussi vite que lors de sa disparition : En quelques heures une grande banderole « Bienvenue Sabine » avait été déroulée dans le jardin ,des petits ballons accrochés un peu partout, et comme pour conjurer le sort ,un grand feu de joie a été allumé avec les avis de recherche qui concernait la jeune fille.Et dans le quartier on parle de lancer une souscription pour que Sabine puisse très vite recevoir un nouveau vélo,puisque qu’elle a perdu le sien dans son épouvantable mésaventure.
Quand elle est arrivée à bord d’un véhicule de la gendarmerie,ce fut une énorme explosion de joie.
Une bonne nuit
Epuisée,Sabine à adressé un petit signe de la main à ceux qui l’attendait.Elle est tombée en larme dans les bras de sa grand-mère en bredouillant à sa mère et à ses deux sœurs :
Le père de la jeune fille parle d’une chape de plomb qui vient de s’envoler de ses épaules.
Aujourd’hui j’ai confiance en la justice. Mais je ne peut pas cacher la haine que j’ai en moi à l’égard de ces trois personnes. Ce qu’il faut en faire ? J’ai choisi de garder mes convictions pour moi…
David Flament
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JULIE ET MELISSA
Un espoir pour les parents des deux petites Liégeoises
LA MEUSE samedi 17 aoùt 1996
Presque automatiquement après l'annonce de la libération de Laetitia et de Sabine, toutes les pensées se sont tournées vers les parents des deux petites Liégeoises, Julie et Mélisse, disparues, elles, depuis un an et deux mois.
Hier matin, le téléphone n'arrêtait pas de sonner chez Gino et Carine Russo. Avec le papa de Julie, Jean-Louis Lejeune, ils étaient réunis, comme à accoutumée, pour affronter ce nouveau rebondissement de l'enquête. La maman de Julie, elle, était au travail.
Ce sentiment ambigu, les parents des deux fillettes l'ont aussi ressenti à l'annonce de la bonne nouvelle. Les autorités judiciaires avaient eu la délicatesse de dépêcher un ancien inspecteur de la BSR de Seraing, une heure avant le dénouement, afin de les prévenir de l'imminence de la libération de Marcinelle et de leur confirmer que tout était fait pour essayer d'établir un lien avec leurs enfants.
Par contre, les deux couples pouvaient légitimement être fiers d'avoir été un peu pour quelque chose dans ce dénouement heureux. « C'est la preuve notre combat a porté ses fruits.
Dès le début, nous avons dit que nos filles avaient pu être enlevées par des pédophiles et les enquêteurs liégeois ne voulaient pas entendre parler de réseau.
Ceux de Tournai et de Neufchâteau, eux, ont directement démarré sur cette piste avec ce formidable résultat.
C'est la preuve que ce que nous présumions existe bel et bien. La preuve aussi que l'on peut encore retrouver nos enfants vivants. »
Les tient-on désormais au courant de l'enquête?
Nous avons fait le compte en heures: aujourd'hui midi, il y a exactement 10.032 heures d'attente pour nous et surtout pour nos petites. Vous vous imaginez ce qu'elles peuvent souffrir ?
Luc Gochel
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Le trio cache t’il un réseau
"UNE" du journal "LE SOIR"Vendredi 16 août 1996
Le trio qui détenait les deux jeunes filles dans une cave de Marcinelle cache-t-il un réseau ? Le remarquable travail des enquêteurs va en ce sens.
Marc Dutroux, Michelle Martin et un homme, un certain N. , ont comparu, aujourd'hui en fin de matinée, devant la Chambre du Conseil de Neufchâteau. Une foule les a hués et leur a adressé des bordées d'injures lors de l'arrivée de leurs fourgons au Palais de Justice où l'on devait renouveler les mandats décernés contre eux pour enlèvement et séquestration.
Une quinzaine d'heures plus tôt, soit vers 18 h 40 jeudi, les deux victimes du trio, Sabine et Laetitia avaient été délivrées de leur geôle, dans une cave de Marcinelle. Laetitia Delhez, 14 ans, avait disparu de Bertrix depuis vendredi dernier. En la libérant, on a aussi découvert et délivré Sabine Dardenne, 12 ans, qui avait disparu le 28 mai à Kain, près de Tournai, alors qu'elle se rendait en classe à vélo.
L'enquête est partie de la piscine de Bertrix. Laetitia en était sortie avec une amie, en début de soirée, vendredi dernier, disant qu'elle rentrait chez elle. Elle n'y arriva pas.
Deux témoins se sont présentés à la gendarmerie. L'un signalait une camionnette blanche suspecte qui avait stationné devant la piscine, l'autre avait noté une partie de la plaque.
La gendarmerie confia ces éléments à son ordinateur doté d'un système d'analyse sophistiqué, qui sortit le nom d'un suspect théorique, Marc Dutroux, âgé de 40 ans.
Celui-ci avait été condamné en 1989 à neuf ans de prison pour le viol (et la séquestration), perpétrés en 1985, de deux mineures, qu'il avait ensuite libérées : il avait abusé d'elles plusieurs fois après leur avoir plaqué du sparadrap sur la bouche et les yeux. L'homme avait été libéré en avril 1992.
La camionnette correspondait, la plaque aussi. Cet homme devenait le suspect n° 1. On le retrouva dans la région de Charleroi.
Il possède six maisons avec son amie, Michèle Martin (36 ans), qui a déjà été détenue pendant six ans. On surveilla toutes ces maisons. Et, mardi matin, la gendarmerie appréhenda le couple à Sars-la-Buissière, près de Thuin, où ils vivent avec leurs trois enfants. Elle perquisitionna aussi les six maisons, dont certaines étaient vides. Sans rien trouver.
L'interrogatoire donna plus de résultat. Le suspect n° 1 finit par avouer et lança : Je vais vous donner deux filles...
C'est dans une des maisons déjà perquisitionnées qu'on découvrit Laetitia et Sabine, hier, au 128 de l'avenue de Philippeville, à Marcinelle. L'entrée du réduit minable dans lequel leurs ravisseurs les avaient enfermées était dissimulée par une armoire métallique, qui coulissait sur des rails, ce que les enquêteurs n'avaient pas remarqué au cours de leur première visite.
Dans le réduit, deux lits superposés : Sabine et Laetitia s'y trouvaient.
Trois personnes ont donc été arrêtées : le couple Dutroux-Martin et ce N. dont on sait peu de choses.
Deux autres suspects sont encore recherchés.
Lors d'une conférence de presse tenue hier à 21 heures au district de gendarmerie de Charleroi, en présence du magistrat national André Van Dooren et du juge d'instruction Jean-Marc Connerotte, le procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, a exprimé sa double joie d'avoir retrouvé Laetitia et Sabine, et a remercié tous ceux qui ont aidé les services d'enquête : l'ASBL " Marc et Corine ", la population et la presse.
Les deux fillettes sont maintenant rentrées chez elles. Elles sont en bonne santé physique mais elles sont toutes deux sous le choc.
À Kain comme à Bertrix, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre hier soir. Dans le lotissement où habitent les parents de Sabine Dardenne, tout le monde était dans la rue. On se congratulait, on s'interpellait de porte à fenêtre, tous communiaient dans le bonheur des parents.
A Bertrix, c'est sur la grand-place que curieux et proches de Laetitia se sont réunis. Un grand feu de joie a illuminé la place, alimenté par les affiches signalant la disparition... (On lira par ailleurs le récit de ces heures de joie et d'émotion dans les deux localités.)
Mais on doit aussi penser aux deux fillettes qui ont subi cette séquestration longue de près d'une semaine pour Laetitia et de deux mois et demi pour Sabine, dont on craint qu'elles aient eu à subir des sévices sexuels. Elles auront sans aucun doute, toutes deux, besoin de beaucoup de réconfort, d'aide, de patience et d'amour pour surmonter leurs drames.
Et les autres fillettes enlevées ? L'espoir renaît soudain de les retrouver.
Les enquêteurs pensent de plus en plus sérieusement qu'ils ont mis la main sur une bande - un réseau - de pédophiles dont Sabine et Laetitia ne seraient pas les seules victimes. Bien des indices leur permettent de le croire; des noms, des lieux circulent déjà. On évoque même une filière de trafic d'enfants passant par la Hollande et la Slovénie.
Le procureur du Roi Bourlet ne nie pas l'existence de cette théorie mais, prudent, il assure que rien n'en démontre encore la véracité.
ALAIN GUILLAUME (avec S. D. et J.-L. B.)
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Sabine et Laetitia l’angoisse, l’espoir la fête
LE SOIR Page 14 Vendredi 16 août 1996
On les croyait mortes. Aujourd'hui l'hypothèse d'un réseau pédophile - que les enquêteurs travaillent - relance les espoirs.
Depuis mardi, les gendarmes du Bureau central de renseignements et de la Cellule disparitions et enlèvements, étaient persuadés que Dutroux était bien le ravisseur Laetitia.
Les planques qu'ils avaient organisées pendant la nuit suivante avaient renforcé cette conviction... mais aussi celle que la fillette avait peut-être déjà perdu la vie.
Arrêté à plusieurs reprises, Dutroux abusait de ses victimes en les bâillonnant, en leur fermant les paupières avec du sparadrap. Mais chaque fois, ils les avait libérées vivantes, en les jetant de sa voiture sur une route. " S'il a appris une chose depuis son arrestation "pensaient les gendarmes " c'est peut-être qu'il ne peut plus laisser ses victimes en vie ". Pendant des heures, les craintes des enquêteurs furent grandes.
Il n'y eut cependant plus aucun doute quant à la lourdeur des soupçons pesant sur l'homme quand on découvrit dans sa camionnette des traces de cheveux et de sang. Dutroux ne résista pas longtemps à l'interrogatoire... et conduisit les enquêteurs à Marcinelle où il leur montra comment on accédait à la prison des fillettes.
Je vais vous donner deux filles, avoua-t-il... comme s'il y en avait d'autres. On découvrit donc l'infâme réduit; les deux lits métalliques superposés; les cassettes vidéo pornographiques et un équipement dont les enquêteurs ne veulent encore rien dire.
Mais cette prison si soigneusement équipée ne devait-elle servir qu'à la détention de deux fillettes ? Un pervers, ou un couple de pervers... mais cinq ? Et d'où le couple Dutroux-Martin tirait-il ses revenus ?
Et les enquêteurs d'envisager sérieusement l'hypothèse du réseau pédophile. Plus précisément même, une filière de trafic d'enfants passant par la Hollande et la Slovénie.
Espoir ? Peut-être. Mais le procureur du Roi Bourlet reste prudent : rien, dit-il, ne démontre encore la crédibilité de cette hypothèse et de ces espoirs.
ALAIN GUILLAUME
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