Sur le bord du monde
« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , pages 8
Sur le bord du monde y a des enfants qui marchent. Ils sont fragiles et doux comme des brebis que le loup va dévorer et puis voilà que viennent des troupeaux d'endoctrineurs, de détourneurs, de dévieurs et l'enfant ne peut plus être lui-même et l'enfance se perd et se noie dans la mer.
Sur le bord du monde marchent des enfants, il ne faut presque rien pour qu'ils tombent dans l'abîme, précipites lors d'eux-mêmes.
Julie et Mélissa ne seront jamais grandes, elles ne seront jamais jeunes filles ni femmes, elles ne seront jamais mamans, elles ne vieilliront jamais, elles resteront dans notre mémoire deux petites filles souriantes
sur des photos qui jauniront aux vitres des maisons et la vie continuera sans elles tandis que leurs petites soeurs et petits frères du nord de la Thaïlande seront vendus à des prostituteurs et que des enfants seront tirés comme des lapins à Bogota et au Brésil.
Julie et Mélissa mourant de faim au fond d'une cave sombre dans une banlieue triste en plein désert économique dans le pays où se trouve la capitale de l'Europe.
Julie et Métissa : deux petites étoiles qu'on a jetées au fond d'un trou mais qui ne cesseront pas de clignoter au coeur de notre firmament mental comme deux signaux d'alarme.
Julos Beaucarne
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