Blanc comme le souvenir...(« DH » du samedi 2 – dimanche 3 novembre 1996 pg 2)
TOUSSAINT PAS COMME LES AUTRES À FLÉMALLE
Les Belges n'oublieront jamais
«
C'est un petit écriteau planté au milieu de ce qui était hier une grande pelouse, un océan de verdure au milieu du petit cimetière de Mons-Crotteux (Flémalle), et qui est aujourd'hui une mer de fleurs - surtout des blanches – et de potées, de couronnes et de messages d'adieux.
« Incroyable ! »,s’étonne encore cette Hutoise qui, « pour mieux se rendre compte et mieux comprendre », a décidé de prendre sa voiture et venir se recueillir devant les tombes des deux petites victimes de Marc Dutroux. « On m'avait dit qu'il y avait beaucoup de fleurs et qu'il en arrivait encore, que les gens n'avaient pas oublié... Mais je n'aurais jamais imaginé autant de monde !
Très tôt le matin, les premiers groupes se pressaient devant les grilles du cimetière, bientôt suivis par d'autres et par d'autres encore.
Plusieurs centaines de personnes en tout. A tel point que la police communale a dû déléguer deux de ses agents pour canaliser la circulation et éviter tout incident.
Pomponnettes, roses, lys et iris le tapis de fleurs est d'une blancheur héritée de la plus grande marche que le pays ait jamais connue, et i I n'a de cesse de s'épaissir. Des milliers de bouquets qui en appellent d'autres, aussi nombreux et qui encadrent les maisons des deux familles endeuillées, à quelques kilomètres seule
ment.
Autour des tombes, accrochés aux croix, ancrés dans la pelouse, des messages de condoléances pour les parents et des lettres d'adieux pour Julie et Melissa, des ours en peluche, derniers compagnons pour un très long voyage, des chapelets, des photos, des ex- voto et des plaques gravées. Dons de la famille, des amis ou d'anonymes.
Comme celle-ci, énigmatique,qui rappelle qu'a ici reposent !es corps de Julie et Melissa lâchement assassinées par des crapules » et qui est signée par « Mme X et les assistants à ses séances. » Ou cette autre, don des « cibistes et leurs voisins » : « fauvettes, suspendez votre vol au-dessus de cette tombe, ici reposent deux trésors perdus mais jamais oubliés. »
Le lent et long défilé se fait bien sûr dans le calme et la dignité, dans le respect des autres visiteurs du cimetière et des deux familles.
« Tous les jours, il y a des gens », poursuit la voisine, en avouant qu'elle a «retrouvé foi en l'être humain.
« Si ça continue, ce petit cimetière deviendra un véritable lieu de pèlerinage. Le symbole d'une enfance bafouée et d'une justice pas toujours... très juste. »
Exceptionnellement, un conteneur a même été disposé entre les rangées de tombes pour recueillir les déchets et fleurs fanées. Exceptionnellement aussi, la fleuriste a prolongé son magasin d'une grande tente :
« Je peux ainsi agrandir ma surface d'exposition. Il est évident qu'on me demande surtout des fleurs blanches, mais les classiques ont toujours la cote.
De cette cruelle Toussaint, chacun se souviendra particulièrement. Elle avait le goût de l'innocence, de l'enfance bafouée. Elle était teintée de blanc.
Mélissa, d'An et d'Eefje depuis la découverte du drame. Les riverains se sont engagés à des titres divers dans des associations: le traumatisme est toujours là et les gens tentent désormais de vivre avec.
Il ne se passe pas un jour sans que des pèlerins ne viennent se recueillir devant le chalet maudit où ont été retrouvés les corps d'An et d'Eefje. Des écoles y organisent des dépôts de f leurs.
Les gens se recueillent, mais ils parlent aussi; les discussions s'animent même parfois et l'on sent que la colère et l'indignation sont toujours vivaces. On évoque les lenteurs de l'enquête, les remous causés par les révélations des parents de victimes à l'occasion de la commission parlementaire Dutroux. Une vieille dame écrase une larme en passant.
La plupart des gens sont de la région : ils sont a lés fleurir leurs morts avant de venir se recueillir à Jumet, certains iront à Marcinelle ou à Sars-la-Buissière aussi. Plus tard, les habitants de la rue mettront sans doute de l'ordre dans les bouquets, nettoieront la chaussée : c'est devenu un devoir pour eux.
A Sars-la-Buissière, le soleil d'automne a rendu au village reculé son allure estivale, comme si, pour
La porte de la maison d'entrée de Marc Dutroux est également encombrée de fleurs, mais Sars est loin de tout et, pour
Au café L'Embuscade, qui jouxte la maison où ont été retrouvées Julie et Mélissa, la vie s'écoule, presque normale : on y vend quand même des pomponnettes et es chrysanthèmes pour
20 décembre 1995. Compte tenu du fait que cette décision n'avait pas été signifiée aux parties, l'appel était encore possible dans des délais qu'aucune loi ne prévoit. Fort de cette situation, Me
Cependant, l'avocat et ses clients ont obtenu à leur tour une remise, compte tenu d'un voyage à l'étranger des parents Russo et Lejeune. La date de l'examen de la requête par la 9e chambre de la cour d'appel sera connue prochainement.
NOUVELLES INCULPATIONS
Jeudi, le parquet de Bruxelles, tenu au silence par le juge d'instruction qui fait valoir l'intérêt de son dossier, s'est refusé à tout commentaire.
Ce n'est plus SOS Sahel qui intéresse à présent le juge de Haan, mais trois autres de ses sociétés, DCN,
DCN Benelux et Eurodiversified. DCN, installée à Jette, administrait
Dans les statuts de ces sociétés, la section financière a retrouvé des noms déjà cités, comme ceux de
Marleen De Cokere, Jean-Claude C., Michel F.,Jean-Louis D., etc.
Des devoirs importants ont été prescrits par le juge, se contente d'indiquer le parquet, qui précise qu'effectivement d'autres personnes, anciennes associées de Nihoul, pourraient être impliquées sous peu
En tout cas, la, justice ne laisse plus le temps à l'inculpé de souffler. Mercredi, c'est
pourraient également être chargés pour cet homme de 55 ans que le juge Connerotte, le soupçonnant d'être le commercial du réseau Dutroux, a inculpé pour l'enlèvement de Julie, Mélissa et Laetitia.
Gilbert Dupont
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