vendredi 17 avril 2009

OPÉRATION DECIME (Télé Moustique 24 octobre 1996 pg 26 à 29)


OPÉRATION DECIME

Télé Moustique du jeudi 24 octobre 1996 page 26 à 29

Mensonges autour de la première mise en observation de Dutroux

En exclusivité, Télémoustique a pu prendre connaissance de l'intégralité du rapport confidentiel de l'ex-Procureur général près de la Cour de cassation, Jacques Velu, sur l'enquête "Julie et Mélissa".

Jusqu'ici, ce document n'avait été qu'évoqué par la presse. Continuant notre politique de transparence, pour que l'opinion puisse juger en connaissance de cause, nous vous en révélons le contenu étonnant, avec ici le récit détaillé de l'opération « Décime », une mission d'observation menée sur Marc Dutroux par la gendarmerie dès décembre 1993. Où l'on découvre que des indices sur les « travaux » de Dutroux ont été galvaudés et qu'à ce propos, soit un magistrat, soit des gendarmes carolos mentent aujourd'hui!

Le document auquel nous faisons référence est intitulé « Premier rapport du Procureur général près de la

Cour de cassation sur l'information disciplinaire à charge du parquet général de Mons et du parquet de Charleroi ». II a été rédigé par M. Jacques Velu et remis au mi nistre de la Justice Stefaan De Clerck le 17 septembre. Ce dernier en a fait part au Parlement lors d'une réunion de la commission de la justice de la

Chambre mais les députés n'ont pu prendre possession du rapport.

Le texte en question commence par une introduction qu'il n'est pas inutile de résumer ici pour bien appréhender le contexte dans lequel il fut rédigé. M. Velu écrit que: "1. Le 23 août 1996, Monsieur le ministre de la Justice, S. De Clerck nous a fait part verbalement de ce «pie suite aux dramatiques développements de l'enquête concernant la disparition des enfants Julie Lejeune et Mélissa Russo à Grâce-Hollogne, les médias ainsi que les membres du Parlement l'avaient interpellé sur des graves dysfonctionnements de cette enquête notamment concernant d'appel de Mons et spécialement le parquet de Charleroi et qu'en conséquence, il lui paraissait utile que nous examinions si des carences pouvaient être relevées.

t...)

2. (...) Ce rapport revêt un caractère provisoire compte tenu du délai relativement court dans lequel il a dû être établi."

Le Procureur général soulève d'emblée: "Il apparaît t...) du courrier qui m'a été transmis par fax le 21 août 1996 par Madame le Procureur général Thily que depuis 1993, le parquet de Charleroi avait connaissance de renseignements Prés précis sur la personne de Monsieur Marc Dutroux. (...) Dans ce même envoi, Madame le Procureur général Thily me transmet un courrier de Madame Doutrewe (NDLR: la juge d'instruction liégeoise chargée de l'enquête visant à retrouver Julie et Mélissa) (...) qui fait part de sa stupéfaction pour n'avoir pas été informée des éléments contenus dons le procès-verbal de Grâce-Hoiogne. (NDLR: A savoir, un rapport de synthèse concernant les opérations de surveillance de Dutroux par la gendarmerie. Cette version de Mme Doutrewe s'est modifiée lors de l'enquête du Comité P, dont nous parlons par ailleurs dans cette livraison de Télé-Moustique. Elle a été informée au moins verbalement des investigations de la gendarmerie sur Dutroux dAns le courant du mois d'août 1995.)

D'ailleurs, le procureur Velu relève ensuite que "dons une note confidentielle du 22 août 1996, le commandant de la gendarmerie, le général Deridder, me fait savoir que "les gendarmes de Grâce-Hollogne ont informé Madame Doutrewe de l'évolution du dossier Dutroux lors des réunions régulièrement tenues dans le cadre du dossier Julie et Mélissa"...il existe donc une contradiction entre la position de Madame Doutrewe et celle de la gendarmerie

On en vient au vif du sujet. Depuis quand la gendarmerie sait elle que Dutroux est un potentiel kidnappeur d'enfants? Comment cette information a-t-elle été traitée?

A qui a-t-elle été communiquée et à partir de quand ? A ce propos, M. Velu avance qu'il apparaît du procès-verbal de la gendarmerie du 20 août 1996 et du rapport du général Deridder que la gendarmerie disposait d'éléments très importants sur la personne de Dutroux depuis 1993. De très nombreux devoirs avaient d'ailleurs été rendus par la gendarmerie concernant DUTROUX afin de tenter de vérifier la réalité de ces informations' : Et que "le parquet de Charleroi (...) avait bien connaissance des informations rassemblées par la gendarmerie sur Dutroux, mais la question est de savoir pourquoi le Parquet n'a pas ordonné la rédaction d'un procès verbal aux fins de porter ces éléments à la connaissance du parquet de Liège à l'attention de Madame Doutrewe".

Nous publierons dons un article ultérieur la réponse affligeante d'un magistrat de Charleroi à cette question. Mais il importe encore une fois de souligner ici que l'information selon laquelle il y a eu déficience de communication entre le parquet de Charleroi et celui de Liège n'absout nullement la juge Doutrewe qui a eu à connaître verbalement d'informations concernant Dutroux par le biais de discussions de travail auxquelles participaient les gendarmes affectés à l'enquête "Julie et Mélissa".

On en vient alors à l'opération Décime, la première mise en observation de Marc Dutroux par la gendarmerie en accord avec le parquet de Charleroi.

Nouvel extrait du rapport Velu:

"En octobre 1993, dans le cadre d'une enquête de vols commis par Dutroux, le maréchal des logis P. de la brigade de Charleroi apprend, pour la première fois, d'un informa teur que Dutroux effectuerait des travaux dans une de ses maisons située à Marchienne au Pont et ce pour y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger.

Cette enquête "vols" a fait l'objet du dossier 17.01.21.327/93 du parquet de Charleroi instruit par le juge d'instruction Lorent sous le n° 1003/93.

C'est dans ce cadre que le 8 novembre 1993, cinq perquisitions sont organisées dans les maisons de Dutroux à Sars-la Buissière, à Marchienne-au Pont et à Jemeppe-sur-Sambre.

"Les gendarmes, reprend le rapport Velu, lors de la perquisition effectuée à Marchienne au Pont, vérifient l'exactitude des informations reçues concernant l'aménagement de locaux pour cacher des enfants. Ils constatent effectivement des travaux de terrassement mais, interrogé sur la nature de ceux-ci, Dutroux explique qu'il aménage ses caves. A l'estime de la gendarmerie, le fait que les travaux en sont à leur début, le caractère parfaitement plausible de l'explication ainsi que l'absence d'autres information ? Concernant une éventuelle activité délictueuse de Dutroux infirment l'information revue'

Pas intéressants, les travaux de terrassement de Marchienne au Pont ? -C'est tout de même un peu vite aller en besogne. D'autant que la gendarmerie ne pouvait ignorer les antécédents de Dutroux qui avait déjà été condamné dans un dossier de séquestrations d'adolescentes et pour viol !

Mais à l'époque, semble-t-il, le passé de Dutroux n'est même pas pris en compte par les enquêteurs. On ne pousse pas plus loin. Puisque le futur meurtrier de Julie, Mélissa, An et Eejfe dit qu'il aménage ses caves, sans plus, bon sang, c'est que c'est vrai!

Le rapport Velu, qui rappelle par ailleurs les antécédents du meurtrier d'enfants, continue en précisant que:

« En décembre 1993, Dutroux, considéré initialement comme receleur des objets volés, est apparu ou fil de l'enquête comme le voleur principal. Afin de retrouver les endroits susceptibles de dissimuler des objets volés, une observation de l'intéressé, baptisée opération "Décime" est initiée, sous la référence 151 M/CP CD 1190 du 10 décembre 1993, adressée à Monsieur le Juge d'instruction LORENT »

Télémoustique dispose de ce document confidentiel relatif à l'opération "Décime". Il est signé par le commandant de gendarmerie Legros et fait effectivement partie du dossier d'instruction "vols" 1003/93 du juge d'instruction forent. En voici le contenu:

"Objet. Opération "Décime"

1. INFORMATION.

Dans le cadre de vols importants commis dans la région de Charleroi, un suspect a été identifié comme receleur.

D'après des renseignements obtenus, cette personne est en réalité l'auteur de nombreux vols et possède un box de garage dons lequel se trouve un stock important de matériel volé.

2. IDENTIFICATION.

Nous avons identifié le suspect comme étant le nommé: DUTROUX MARC. (...)

……………………………………………………………(Suite pages 28 et 29)

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