Bourlet et Connerotte poursuivent enquête au maximum(«Soir Illustré»11 septembre 1996 pg 32' 33)
Bourlet et Connerotte poursuivent enquête au maximum
Chaque élément nouveau mis en évidence est aussitôt analyse compare, recoupé avec d'autres indices, poussant les investigations au maximum de leur potentiel.
Conserver la maîtrise de cette enquête tentaculaire mobilisant gendarmerie, PJ, enquêteurs hollandais, allemands et britannique, ainsi que deux spécialistes du FBI (ils viennent de rentrer aux USA) exige une gestion rigoureuse. Cette enquête, nous l'avons déjà écrit dans le Soir illustré, servira un jour de modèle. Pour l'heure, les rares informations qui filtrent sont limitées aux inculpations dessinant les différents cercles de l'affaire Dutroux. D'où la difficulté de faire le point entre les nombreuses rumeurs et les vraies informations. Celles qui ont été publiées par plusieurs journaux à propos d'une orientation de l'enquête touchant au milieu judiciaire carolorégien, démenties par le procureur Bourlet, risquent de se vérifier sous peu. Le procureur Bourlet disait vrai, quand il démentait ces informations:toute investigation impliquant des magistrats doit être dirigée par la cour de cassation. Rien à voir avec Neufchâteau !
Mais une certaine «Opération Zoulou» devrait viser sous peu des membres de l'appareil judiciaire carolorégien.
Autre piste brûlante, celle de Keumiée, où les enquêteurs recherchaient une valise contenant des documents sur les activités de Dutroux. Bruno Tagliafero, dont l'épouse a révélé, sur RTL-TVi, qu'il possédait une liste de noms, dont celui de Dutroux, et que cette liste mettait ses jours en danger, aurait été empoisonné par Dutroux.
A Keumiée, au soir des premières fouilles, la belle-mère de Tagliafero nous avait dit que son gendre était mort d'une cause indéterminée. A l'époque (novembre 1995), on n'avait pas cherché à vérifier si cet homme de 33 ans, en bonne santé, était mort d'une crise cardiaque, ou encore d'une overdose. Marc Dutroux était-il passé par là? On sait qu'il était passé maître dans l'art de chloroformer ses victimes. Une autopsie du cadavre de M. Tagliafero, réalisée vendredi à Liège, a révélé qu'il était mort empoisonné. Il semble aussi que la mère de Michelle Martin, que l'on disait atteinte de la maladie d' Alzheimer, était empoisonnée depuis des années
(1992, à la sortie de prison de Dutroux) par les époux diaboliques. La vieille dame était sous l'influence de sa fille et de son beau-fils. Les enquêteurs sont retournés dans un hôpital où elle avait séjourné pour vérifier certains détails de son dossier. Le mobile de cet empoisonnement pourrait être la récupération des propriétés immobilières de Mme Martin et de 2.500.000 francs en titres. Les propos apparemment incohérents de la dame âgée conduisent à des vérités. Dans son délire, elle disait que des parachutistes de petite taille étaient descendus à Sars-la-Buissière, et que Dutroux avait dû les enterrer... Les psychologues ont interprété ces éléments de discours en apparence incohérent, pour orienter les fouilles à Sars-la-Buissière.
Dans les turbulences de l'enquête suivie par le monde entier,
Une autre autopsie a été envisagée: celle du cadavre de Serge Dutroux, le frère du monstre, qui se pendit en 1993, sans que l'on ait compris vraiment son geste. Les enquêteurs cherchent à vérifier une partie des propos de l'épouse de Roland Corvillain, le pédophile qui avait vécu dans la maison qui a été fouillée de fond en comble, rue du Conseil, à Ixelles, près de chez la petite Loubna Benaïssa.
Chaque jour révèle aux enquêteurs écoeurés des indices impossible à publier ici, mais qui donnent le vertige à propos de l'horreur des crimes de Dutroux et Martin.
La maman de Michelle Martin apporte un témoignage que des psychologues doivent décrypter.
La pauvre mère émerge de l'influence des médicaments que Dutroux lui imposait. En avril 1992, elle avait dit que "six personnes avaient fait du tort" à son gendre. Quatre ans plus tard, ces six personnes sont mortes.
On vérifie comment.
Qui protégeait Marc Dutroux? Les perquisitions ont fait remonter à la surface une liste des cafés de Charleroi et de la région, où figuraient des renseignements ultra-confidentiels. Ces documents officiels portaient des instructions de destruction ou de recopiage. On le comprend: cette liste précisait les lieux fréquentés par les policiers en civil de Charleroi, ainsi que les cafés dont les tenanciers étaient des indicateurs. Qui avait accès à un document aussi secret, et comment Dutroux était-il en sa possession?
Des éléments extrêmement précis permettant peut-être de remonter à Michel Nihoul ont été retrouvés à Marcinelle. Notamment cette boîte Tupperware décorée de boules blanches marquées d'une étoile, cachée dans le faux plafond, et qui aurait contenu de l'extasy. Nihoul aurait été le fournisseur de Marc Dutroux et de Michel Lelièvre. Le nom de l'ex substitut bruxellois Claude Leroy apparaît également dans les investigations actuellement en cours.
BSR, de
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Corvillain,Dutroux,Nihoul et papa Haemers
Rita, que Corvillain avait épousé alors qu'elle était mère d'une petite fille de 13 ans. Le couple avait adopté une autre petite fille devenue handicapée mineure à la suite des harcèlements sexuels de son père et des nombreux coups qu'il lui assenait, sous le moindre prétexte. Par respect pour ces victimes, nous en avons changé les noms.
Le jour où Rita le quitte, Corvillain lui écrit une lettre de menaces, très violente. Si Maria, qui venait à peine d'avoir 15 ans, n'avait jamais lu cette lettre, elle n'aurait, sans doute, jamais osé dévoiler l'épouvantable secret qui la hantait depuis plus de deux ans. Sans cette lettre, Maria et sa soeur, Lara, n'auraient jamais parlé à ces deux policiers de la commune d'Ixelles que l'on aime bien, dans le quartier.
Deux policiers qui ont fait preuve de toute la délicatesse indispensable à ce genre d'interrogatoire, pendant plusieurs heures, pour écouter les mots chargés de larmes que prononçaient avec difficulté les deux jeunes filles meurtries.
Roland Corvillain fut immédiatement incarcéré. Et le même jour, le 1er juillet dernier, son appartement était perquisitionné. On y trouva une centaine de cassettes pornographiques, des revues et catalogues du même genre, et aussi de nombreuses photos, d'un goût plus que douteux, dont les modèles étaient principalement des enfants en bas âge, à qui l'on faisait prendre la pose.
Car Roland Corvillain est un as de la photo. Un artiste qui utilise les effets de lumières et les reflets de l'eau, des fontaines et des étangs, pour donner à ses petites victimes sans défense un décor romantique, avec une touche d'indécence, lamentablement suggestive.
Corvillain ne s'était pas contenté d'agresser ses deux petites filles. Sa nouvelle incarcération à la prison de Forest a permis à une autre de ses victimes de se libérer du dramatique secret qui la faisait souffrir, depuis une dizaine d'années. A l'annonce de l'arrestation de Corvillain, elle s'est finalement confiée à un de ses amis commerçant du quartier qui l'a encouragée à parler aux policiers de la commune. Tamara avait 16 ans à l'époque des faits. Elle avait été mariée à 15 ans pour se retrouver, peu de temps après, pensionnaire du foyer pour femmes battues, à Jette, où Rita, l'épouse de Roland Corvillain, travaillait comme monitrice. Corvillain avait, paraît-il, appris à Tamara, à lire et à écrire, dira-t-elle. Il la connaissait donc bien. Mais un jour, alors qu'il rendait visite à sa femme au foyer de Jette, il rejoignit Tamara dans sa chambrette, la bâillonna et la viola. Il répétait ces actes odieux, à l'occasion, en donnant à sa victime quelques menus deniers, à titre de «compensation» et en doublant celles-ci de menaces diverses, pour qu'elle se taise...
Roland Corvillain entretenait des relations douteuses avec certains protagonistes de la bande à Dutroux. D'autres noms cités dans différentes affaires criminelles, auraient également été prononcés, au cours des auditions. Mais pour le juge Connerotte, les noms de Dutroux et de Nihoul auront suffi à exiger que des fouilles méticuleuses soient organisées dans la maison qu'occupait Roland Corvillain. La petite fille marocaine, Loubna, avait en effet disparu à moins de
Dans le grenier de la maison de la rue du Conseil, Roland Corvillain avait établi le siège d'une société de service informatique du nom de Logitel. Il avait pour associé un certain Serge Frantsevich, qui se dit ingénieur diplômé de l' Ecole royale militaire, et dont l'épouse aurait travaillé dans le quartier chaud de la gare du Nord. Serge Frantsevich aurait également proposé ses services à la police et à
Pour les enquêteurs, la location de l'appartement et la présence de Rita ressemble bien à un alibi.
1 commentaires:
Ces deux policiers étaient vraiment persistants, bravo les gars, félicitation!
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