samedi 23 août 2008

Le rôle de Nihoul, objectif des efforts policiers('Soir'5 septembre 1996 p17)


Le rôle de Nihoul, objectif des efforts policiers

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

A Neufchâteau, les enquêtes sur le Bruxellois et sur Zicot se poursuivent dans la discrétion. Mais aussi très activement.

Hier, comme mardi,d'importantes opérations de police ont encore été engagées depuis Neufchâteau, où le juge Connerotte consacre tout son temps à ses dossiers 86 et 87 (concernant d'une part Marc Dutroux et l'assassinat de plusieurs jeunes filles et, d'autre part, Georges Zicot dans une affaire de vols de voitures).

En fin de matinée, via l'agence Belga, le procureur du Roi Bourtet a d'abord confirmé une partie des informations que nous révélions dans nos dernières éditions.., et démenti d'autres «nouvelles» qu'aucun quotidien n'avait évoquées.

II a ainsi confirmé que mardi à l'aube, le juge Connerotte a bien «rendu visite» à un notaire. II s'agit en fait d'un notaire carolorégien (et non bruxellois comme nous l'avions écrit erronément) chez qui on a saisi divers actes et documents relatifs aux maisons que Dutroux possède. A Bruxelles, c'est un collaborateur de ce notaire qui a fait l'objet de la curiosité des policiers.


Michel Bourlet a cependant infirmé (ce qu'aucun quotidien n'avait écrit) que de quelconques magistrats ou policiers soient impliqués dans les dossiers dont il a la charge. Le seul policier impliqué à l'heure actuelle, a-t-il précisé, est Georges Zicot; dans un dossier de vols de voitures ouvert après l'assassinat de Bernard Weinstein.

Le procureur de Neufchâteau ne fait aucun commentaire sur les perquisitions et interpellations effectuées ces dernières heures dans l'entourage de Jean-Michel Nihoul. C'est pourtant autour de ce suspect et de Georges Zicot que les efforts policiers semblent les plus importants et les plus prometteurs pour l'instant.

Plusieurs personnes ont encore été interpellées et entendues hier. Parmi elles: une femme qui avait déjà été interpellée (et laissée en liberté) il y a plusieurs jours.

A ce propos, une information révélée hier par l'agence Belga devrait intéresser les enquêteurs. C'est l'histoire d'une jeune Anversoise qui a été victime des abus sexuels de son beau-père. L'homme - aujourd'hui interné- était connu de la justice pour des faits de moeurs et a même été impliqué dans une tentative d'enlèvement manquée à Anvers. Il y a quelques jours, la jeune victime du pédophile, qui regardait la télévision, s'est soudainement exclamée, en voyant Jean-Michel Nihoul à la télévision, mais c'est Jean-Michel, je l'a vais vu à Bruxelles...Pour la fillette, «Jean-Michel» était un ami de son beau-père. La maman de l'enfant a immédiatement transmis cette information aux autorités judiciaires et le parquet de Neufchâteau en a communication.

En fait, les enquêteurs précisent progressivement l'image qu'ils peuvent avoir de Dutroux et de ses complices. D'une part, le monstre de Sars-la-Buissière leur apparaît de plus en plus comme un pédophile sadique et un voleur d'enfants, apparemment dans une situation financière précaire mais qui tirait des revenus discrets de la vente de vidéocassettes pédophiles.

D'autre part, Nihoul et ses complices pourraient avoir rempli un rôle d'intermédiaire entre Dutroux et les clients qui abusaient de «ses» fillettes.
Au-delà de ces développements discrets de l'enquête, des fouilles importantes se sont poursuivies hier à Keumiée (Wanfercée Baulet), sur les terres d'un ferrailleur mort dans des circonstances douteuses. Officiellement, on ne cherche là que des indices qui pourraient intéresser l'enquête.


Toutefois, selon certaines sources, les enquêteurs évoquent de plus en plus souvent la possibilité de découvrir, après celui de Weinstein, le cadavre d'un autre adulte qui aurait été victime d'un règlement de comptes dans la bande de Dutroux, et plus particulièrement dans le contexte des trafics de voitures volées auxquels elle se livrait.

ALAIN GUILLAUME (avec Michel Petit)

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Le Roi aussi veut toute la clarté

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

II est extrêmement rare que le Palais royal intervienne publiquement à plusieurs reprises dans l'évolution d'un dossier. A fortiori, quand il est judiciaire. On peut donc interpréter le communiqué diffusé hier, dans lequel Albert II se disait déterminé à veiller auprès du ministre de la Justice à ce qu'aucune piste ne soit négligée et qu'aucune ambiguïté ne puisse subsister, comme une volonté réelle du Roi et de la Reine de ne pas laisser l'affaire Dutroux s'étouffer comme ce fut le cas pour d'autres, ces dernières années.

Le Roi, ajoutait-on au Palais, insistera auprès des ministres concernés, afin que tous les moyens soient mis en œuvre pour combattre sans relâche ce fléau sur le plan tant national qu'international et que des mesures de prévention soient prises pour éradiquer ce mal.

C'est dans cette optique aussi qu'Albert II, que l'on dit très préoccupé et ému personnellement par les événements, a téléphoné la semaine dernière et hier matin aux parents d'An et Eefje, sans pour autant oublier ceux de Julie et Mélissa (comme l'avait insinué une certaine presse prête à faire flèche de tout bois).

Dans la foulée de ces contacts, Albert II a également décidé de recevoir avec la Reine l'ensemble des familles touchées par le drame en tenant compte de la situation qu'ils vivent et dans le respect de leur deuil. Avec la même volonté de discrétion qui avait finalement prévalu lors des funérailles à la basilique Saint-Martin, l'emportant sur toute considération même protocolaire.

Gino et Carine Russo, accompagnés par Marie-France Botte, ont été reçus, hier matin alors que l'après-midi, Paul et Betty Marchal passèrent plus de deux heures avec les souverains ,une audience exceptionnellement longue.. Succédant à une rencontre du Roi avec le délégué général aux droits de l'enfant, Claude Lelièvre.
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Les fouilles ont repris près des caches de Marc Dutroux

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

Les fouilles ont repris, hier, en différents endroits susceptibles d'avoir servi de caches à Marc Dutroux et sa bande. Ainsi, une trentaine de gendarmes, des membres de la Protection civile, assistés de trois pelleteuses et du radar de sol du superintendant John Bennett (mais sans lui), ont investi une nouvelle fois le terrain situé à Keumiée (Wanfercée-Baulet).


C'est là qu'un démolisseur de 33 ans, Bruno Tagliaferro, avait exercé ses activités avant de mourir brutalement dans des circonstances toujours demeurées troubles, en novembre 1995. Bruno Tagliaferro était en relation d'affaires avec Mikaël Diacostavrianos que les riverains avaient souvent aperçu.

Des prévenus du dossier Dutroux auraient révélé que des indices étaient enterrés dans le vaste terrain près d'un hectare -- où Tagliaferro entreposait carcasses de voitures, ferrailles et vieux pneus. Pas de chien cadavres à Keumiée: les gendarmes soutiennent mordicus qu'on y recherche des indices, dont la nature n'a cependant pas été révélée. Il pourrait s'agir d'armes, selon certaines rumeurs. Les fouilles, qui devaient se poursuivre une partie de la nuit, pourraient prendre encore un jour ou deux: les chercheurs sont prêts à retourner tout le terrain sur une profondeur raisonnable, soit un à deux mètres.

A Sars la Buissière aussi, une certaine effervescence régnait hier. Un très important dispositif policier délimitait un périmètre de sécurité agrandi. Les gendarmes se montraient très vigilants et même les riverains étaient sous haute surveillance: pas question pour eux de sortir le caméscope ou l'instamatic à la fenêtre. Des gravats ont été évacués avant que les fouilles proprement dites ne reprennent. Elles furent interrompues vers 18 heures, vu l'intense fatigue des troupes.

Un convoi de la DVI assisté de chiens cadavres allemands a aussi sillonné un important périmètre en Thudinie. Les gendarmes se sont ainsi rendus à Biercée où pourrait se trouver une voiture suspecte dont le père de Marc Dutroux dit qu'elle a été jetée dans la Sambre par son fils. La DVI a également inspecte, avec minutie, un terrain près du château Grignard à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de la propriété de Dutroux à Sars la Buissière. Ces recherches n'ont cependant rien donné. Elles devraient reprendre aujourd'hui.

F. M.
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An et Eefje reposeront séparément

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

An Marchal (17 ans) et Eefje Lambrecks (19 ans) faisaient du théâtre avec les « Arlequins de Hasselt. Parties ensemble en vacances, à Westende, elles avaient disparu en même temps et leurs deux portraits ont figuré pendant un an sur le même avis de disparition. An et Eefje ont été retrouvées côte à côte à Jumet, dans une propriété de Marc Dutroux.

Mais après avoir probablement subi d'identiques souffrances, elles seront enterrées séparément. C'est le père Lambrecks qui l'a voulu ainsi, à l'issue d'une année de désaccords avec les parents d'An sur la façon de mener les recherches. Betty et Paul Marchal ont décidé de respecter cette volonté. Les funérailles d'An auront lieu samedi.

Retour mercredi midi. Une centaine de personnes font la queue devant l'hôtel de ville de Hasselt où deux registres séparés -ont été déposés.
A l'intérieur, sur fond de drapeau belge, un grand portrait des deux jeunes filles réunies un beau bouquet de fleurs blanches et des paniers pour recueillir les condoléances.

Sur la façade de l'édifice, des drapeaux belges et blancs avec ruban noir, en berne comme l'espoir. La population est peu démonstrative, peu loquace mais elle laisse percer sa colère. Boos, boos... Fâchée contre
la justice qui a perdu dix précieux jours, juste après la double disparition des jeunes filles.

Une jeune fille blonde, qui fréquentait l'école d'An, exprime sa peur et son impuissance, une mère de famille sa déception face au double registre:
Je ne comprends pas que les familles aient poursuivi leurs disputes au-delà de la mort partagée de leurs enfants.

Julie et Mélissa étaient inséparables. Depuis quatorze mois, leurs parents font cause commune admirable. Mais qui peut juger?


On a appris, mercredi, que M. Lambrecks avait retiré sa plainte contre les Marchal. Hasselt, où les fêtes religieuses venaient de se dérouler dans une ferveur toute particulière, en présence de 700.000 spectateurs, sera ville morte, le prochain week-end.

Mercredi, 13 h 15, devant la maison des Marchal, en banlieue. Betty et Paul apparaissent sur le pas de la porte où six bouquets de fleurs ont été déposés. Le père a pris quelques notes. Ses tout premiers mots sont en anglais.

Des télévisions étrangères sont présentes.

Au nom des trois enfants qui leur restent, les époux Marchal remercient tout le pays pour le soutien très important qu'il leur apporte. Au procureur Bourlet qui leur a téléphoné mardi, ils ont demandé de transmettre leur reconnaissance à toute l'équipe des enquêteurs qui a si bien travaillé ces deux dernières semaines.

S'adressant aux journalistes: J'espère que vous resterez vigilants dans l'avenir car le problème est international...

Le Premier ministre a téléphoné, le Roi également, qui a reçu les Marchal dans l'après-midi. Juste après la visite à Hasselt du ministre de la Justice. Betty traduit les sentiments actuels du couple: Nous sommes heureux que cela soit fini.


Même si on souhaitait une autre solution. Nous sommes très proches de tous les parents de disparus. Carine Russo, la maman de Mélissa, a téléphoné aux Marchal, ce mercredi matin. Jean-Denis, Louisa et Maxime Lejeune, les parents et frère de Julie, leur avaient envoyé un fax, mardi soir:

Nous sommes encore plus liés qu'avant à eux, commente Mme Marchal, qui conclut à propos des parents Lambrecks: Nous regrettons d'avoir été brouillés durant un an. Mais nous sommes avec les autres parents. Parlons plutôt de ce qui va bien...

MICHELLE LAMENSCH
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Un appel de Jean Luc Dehaene aux parents d’An et Eefje...

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

Le Premier ministre Jean-Luc Dehaene a, à l'instar du Roi, téléphoné personnellement aux parents d'An Marchai et Eefje Lambrecks pour leur présenter ses condoléances et dire qu'il s'engageait avec le gouvernement à mettre tout en œuvre afin d'éviter que de tels événements se répètent.


Le message des parents d'enfants disparus ou assassines, selon lequel des leçons doivent être tirées par les responsables politiques, doit être entendu, a ajouté le Premier ministre. Son porte-parole a précisé qu'il avait également envoyé une lettre aux parents de Julie et Métissa.

... et le report du « sommet du gouvernement


En outre, contrairement à ce qui était prévu, le «sommet» du gouvernement ne s'est pas réuni hier. Le gouvernement veut garder toute sa sérénité et ne pas donner l'impression qu'il passe simplement à l'ordre du jour après la découverte des corps d An et Eefje, a encore explique la porte-parole de M. Dehaene. Mardi, le «sommet» réuni à Val-Duchesse avait été interrompu par la découverte des corps des deux jeunes Limbourgeoises. (Belga.)

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Les évêques « écrasés et révoltés»

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

Dans un communiqué diffusé au nom des évêques de Belgique, l'évêque d'Hasselt, Mgr Paul Schruers, exprime la profonde émotion des évêques après l'annonce de la mort de An et Eefje.

Nous nous sentons écrasés et révoltés que chose pareille soit possible dans notre monde, a écrit l'évêque limbourgeois au nom de ses pairs. Les évêques de Belgique espèrent également que la vie et la mort de An et Eefje contribueront à l'avènement d'une société nouvelle, où tous seront respectés dans leur être profond d'hommes et de femmes, en particulier les enfants et les jeunes. (Belga.)

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Minute de silence dans tous les stades

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17


L'Union belge de football a tenu à manifester sa sympathie aux familles en deuil et demande à tous ses clubs de respecter une minute de silence à l'occasion des rencontres qui se dérouleront ce week-end. (Belga.)

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PSC et VLD veulent la clarté

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

Deux partis politiques, le PSC et le VLD ont demandé hier, eux aussi, que toute la clarté soit faite sur l'affaire Dutroux. Les sociaux-chrétiens avaient avancé leur rentrée politique pour la circonstance et ont plaidé pour une modification de la loi sur la libération conditionnelle.

De son côté, Herman De Croo, le président du VLD, a manifesté sa sympathie aux parents Marchal et Lambrecks et a annoncé que son parti soumettrait à la commission de la Justice les propositions élaborées à l'occasion de son congrès sur la justice de mars 1995. (Belga.)

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Registres de condoléances

« Le Soir » du jeudi 5 septembre 1996 page 17

Comme ce fut le cas pour Julie et Mélissa, de nombreuses administrations communales ont, de nouveau, ouvert des registres de condoléances après la découverte des dépouilles d'An et Eefje. Impossible de les citer toutes mais c'est, notamment, le cas a Bruxelles, Anvers et Charleroi ainsi qu'au Parlement bruxellois. Pour les autres localités, il est recommandé de s'adresser directement à l'administration communale. (Belga.)





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