L’enquête ira jusqu’au bout('LibreBelgique'mardi 27 août 1996)
L’enquête ira jusqu’au bout, affirme le gouvernement
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
Dixième mandat d'arrêt dans le dossier Dutroux .Suite de l'enquête sur l'enquête
L'enquête continue avec tous les moyens, sans aucun obstacle, ni intervention. « Je veux, comme tout le gouvernement, que l'on aille jusqu'au bout et dans les plus brefs délais », a déclaré lundi le
ministre de la Justice, répondant indirectement au procureur du Roi de Neufchâteau,Michel Bourlet, qui avait lâché une petite phrase - « si on me laisse faire » - jetant un doute sur sa véritable liberté d'action.
Dans un communiqué sec et laconique, le Premier ministre a pleinement appuyé lundi l'action et les initiatives du ministre de la Justice visant à déceler les erreurs et négligences éventuelles lors de l'enquête antérieure et à prendre les « sanctions qui s'imposent ».
M. Dehaene -qui a réussi à ne pas même évoquer les prénoms de Julie et Mélissa- affirme encore qu'« il a suivi de près les événements » et que M. De Clerck «lui a régulièrement fait rapport sur l'état de l'enquête judiciaire dans l'affaire des enlèvements d'enfants ».
A Neufchâteau, Michel Bourlet a reçu longuement les parents Russo et Lejeune, ainsi que ceux d'An Marchal et d'Eefje Lambreks, les deux jeunes Limbourgeoises disparues en août 95 à Ostende.
Les enquêteurs mettent les bouchées doubles pour épuiser le dossier Dutroux et consorts.
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
Dixième mandat d'arrêt dans le dossier Dutroux .Suite de l'enquête sur l'enquête
L'enquête continue avec tous les moyens, sans aucun obstacle, ni intervention. « Je veux, comme tout le gouvernement, que l'on aille jusqu'au bout et dans les plus brefs délais », a déclaré lundi le
ministre de la Justice, répondant indirectement au procureur du Roi de Neufchâteau,Michel Bourlet, qui avait lâché une petite phrase - « si on me laisse faire » - jetant un doute sur sa véritable liberté d'action.
Dans un communiqué sec et laconique, le Premier ministre a pleinement appuyé lundi l'action et les initiatives du ministre de la Justice visant à déceler les erreurs et négligences éventuelles lors de l'enquête antérieure et à prendre les « sanctions qui s'imposent ».
M. Dehaene -qui a réussi à ne pas même évoquer les prénoms de Julie et Mélissa- affirme encore qu'« il a suivi de près les événements » et que M. De Clerck «lui a régulièrement fait rapport sur l'état de l'enquête judiciaire dans l'affaire des enlèvements d'enfants ».
A Neufchâteau, Michel Bourlet a reçu longuement les parents Russo et Lejeune, ainsi que ceux d'An Marchal et d'Eefje Lambreks, les deux jeunes Limbourgeoises disparues en août 95 à Ostende.
Les enquêteurs mettent les bouchées doubles pour épuiser le dossier Dutroux et consorts.
Un dixième mandat d'arrêt a ainsi été décerné lundi à l'encontre de Pierre Rochow, 24ans, de Courcelles, pour association de malfaiteurs. Impliqué dans des histoires de vols et de recel de véhicules volés, il faisait partie des trois jeunes séquestrés à Jumet en décembre 95 par Dutroux et
Weinstein pour avoir tenté de « doubler » ces derniers dans une sombre affaire de camion volé.
Weinstein pour avoir tenté de « doubler » ces derniers dans une sombre affaire de camion volé.
Dans la suite du dossier d'enlèvement de mineurs, Marc Dutroux pourrait être prochainement inculpé du meurtre de Julie et Mélissa, la mort des deux fillettes étant considérée comme la conséquence du rapt.
Cette inculpation ne clôturera pas pour autant ce volet de l'affaire Dutroux : les enquêteurs vont rechercher activement toutes les personnes qui auraient abusé des fillettes ou participé à un éventuel trafic de cassettes vidéo à caractère pédophilique.
ONDE DE CHOC
De son côté, le procureur général de Liège, Anne Thily, a entamé son « enquête sur l'enquête » afin de déterminer les éventuels dérapages dans les investigations sur la disparition de Julie et Mélissa. Le même type de rapport a été demandé par M. De Clerck au procureur général près la Cour de cassation, Jacques Velu.
Mme Thily a principalement entendu le juge d'instruction liégeois, Martine Doutrèwe, en charge pendant 14 mois du dossier des deux fillettes de Grâce-Hollogne.
A Charleroi, l'arrestation de l'inspecteur de la PJ, Georges Zicot, a provoqué une véritable onde de choc dans les milieux judiciaires. Le procureur du Roi de Charleroi, Thierry Marchandise, a interrompu ses vacances pour se pencher sur les implications du dossier Dutroux dans son arrondissement judiciaire.
Il doit remettre à son collègue de Neufchâteau un rapport circonstancié à propos du fameux dossier de la gendarmerie « perdu » entre Charleroi et Liège.
A Sars-la-Buissière, les fouilles ont repris de manière intensive : John Bennett, le super-intendant britannique, s'est rendu dans la propriété de Dutroux avec les fameux radars qui avait permis de découvrir les corps enfouis dans le jardin des époux West. Sans résultat lundi soir.
Annick HOVINE.
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Cette inculpation ne clôturera pas pour autant ce volet de l'affaire Dutroux : les enquêteurs vont rechercher activement toutes les personnes qui auraient abusé des fillettes ou participé à un éventuel trafic de cassettes vidéo à caractère pédophilique.
ONDE DE CHOC
De son côté, le procureur général de Liège, Anne Thily, a entamé son « enquête sur l'enquête » afin de déterminer les éventuels dérapages dans les investigations sur la disparition de Julie et Mélissa. Le même type de rapport a été demandé par M. De Clerck au procureur général près la Cour de cassation, Jacques Velu.
Mme Thily a principalement entendu le juge d'instruction liégeois, Martine Doutrèwe, en charge pendant 14 mois du dossier des deux fillettes de Grâce-Hollogne.
A Charleroi, l'arrestation de l'inspecteur de la PJ, Georges Zicot, a provoqué une véritable onde de choc dans les milieux judiciaires. Le procureur du Roi de Charleroi, Thierry Marchandise, a interrompu ses vacances pour se pencher sur les implications du dossier Dutroux dans son arrondissement judiciaire.
Il doit remettre à son collègue de Neufchâteau un rapport circonstancié à propos du fameux dossier de la gendarmerie « perdu » entre Charleroi et Liège.
A Sars-la-Buissière, les fouilles ont repris de manière intensive : John Bennett, le super-intendant britannique, s'est rendu dans la propriété de Dutroux avec les fameux radars qui avait permis de découvrir les corps enfouis dans le jardin des époux West. Sans résultat lundi soir.
Annick HOVINE.
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Défaut d’humanité
Commentaire par Jean-Paul Duchateau
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
Le Premier ministre a réagi aux événements des derniers jours par le biais d'un communiqué de presse dont on peut lire la substance ci-contre.
Nous avons toujours tenu, ici, à ne pas alimenter le mouvement d'opinion qui tend à rendre le personnel politique responsable de tous les maux passés, présents et à venir. Au contraire, nous pensons que les mandataires politiques doivent être, en permanence, encouragés à remplir leur difficile mission, même si cela implique pour l'opinion et la presse un devoir d'aiguillon et de critique. Il faut dire aujourd'hui, ce cadre étant tracé, que l'attitude du Premier ministre nous déçoit et nous inquiète.
On aurait aimé que Jean-Luc Dehaene -l'homme-eût le réflexe, personnel, de se rendre, la semaine dernière, quelques minutes, discrètement et loin des caméras, au funérarium ou chez les parents éprouvés.
Lui qui, en d'autres circonstances moins dramatiques, a montré qu'il s'y entendait pour gérer son image, n'a pas eu ce geste. Il y a là une maladresse, une erreur de jugement, un défaut d'humanité.
On aurait surtout apprécié que, de retour de vacances, le Premier ministre convoque lundi, avant toutes autres choses, un conseil des ministres extraordinaire. Le soir, il aurait alors pu intervenir à la télévision, dans le cadre solennel d'une communication gouvernementale, pour expliquer- aux Belges que le gouvernement s'est mis d'accord sur un calendrier d'actions qui respecte le travail nécessaire du Parlement, qui évite toute précipitation mais qui rassure quant à la volonté publique de prendre la problématique à bras-le-corps.
L'initiative n'aurait certes pas fait taire toutes les critiques, ni apaisé totalement la colère de l'opinion.
Mais elle aurait montré au pays que son émotion était prise en compte; bref qu'elle comptait, qu'elle n'était pas sous-estimée.
Cette initiative, bien peu perturbante pour l'agenda du gouvernement et ses objectifs budgétaires, n'est pas venue. Elle nous manque.
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Le défi de Stockholm
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
De notre envoyé spécial à Stockholm
Il ne reste plus une chambre disponible dans le parc hâte lier de Stockholm et pourtant Dieu sait si la capitale suédoise a l'habitude de recevoir et est fière de sa légendaire tradition d'hospitalité.
Ville de congrès et de culture, elle accueille aussi en été les amoureux venus se bercer dans les reflets de la « ville qui flotte sur l'eau » et qui trouvent le repos de leur coeur sur l'un des 9.000 bancs publics que compte la cité.
Aujourd'hui pourtant, Stockholm ne se bercera pas d'illusions en recevant les participants, prestigieux ou anonymes, du premier Congrès mondial contre l'exploitation des enfants à des fins commerciales.
A l'appel du gouvernement suédois, du Fonds des Nations unies pour l'enfance
(Unicef), du Groupe d'ONG pour la convention relative aux droits de l'enfant et d'Ecpat international (*), chaque pays tentera d'apporter sa pierre à l'édifice d'une meilleure coopération internationale en vue d'éradiquer les réseaux de pédophilie, sachant que, si il y a une telle offre, c'est qu'il y a une réelle demande.
AU-DELA DES MOTS
Le grand défi de ce congrès international sera de ne pas se contenter de mots, comme l'auraient si bien dit ici les parents des petites Julie et Mélissa.
Mais de véritablement agir pour lutter réellement contre ceux qui mettent sur le marché plus d'un million d'enfants livrés au commerce du sexe à travers le monde.
Aux Philippines, en Thaïlande, dans les pays du tiers-monde, mais aussi à partir de chez nous, et il est d'évidence que les événements tragiques qui secouent et endeuillent la Belgique ont de telles répercussions internationales qu'ils participent à la ruée des caméras du monde entier venus se précipiter au pied « Folkets Hus », le centre de conférence international de Stockholm.
Ici aussi, les prénoms de Julie et Mélissa sont sur toutes les lèvres et la délégation belge se serait bien passée d'un rôle tellement en vue.
A l'instar des autres pays, la Belgique sera représentée dès demain par une délégation officielle composée d'éminences des cabinets ministériels mais aussi par des ONG qui luttent concrètement sur le terrain de la prostitution infantile.
Jean-François DUMESNIL.
(*) « End of children prostitution in asian tourism ».
Commentaire par Jean-Paul Duchateau
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
Le Premier ministre a réagi aux événements des derniers jours par le biais d'un communiqué de presse dont on peut lire la substance ci-contre.
Nous avons toujours tenu, ici, à ne pas alimenter le mouvement d'opinion qui tend à rendre le personnel politique responsable de tous les maux passés, présents et à venir. Au contraire, nous pensons que les mandataires politiques doivent être, en permanence, encouragés à remplir leur difficile mission, même si cela implique pour l'opinion et la presse un devoir d'aiguillon et de critique. Il faut dire aujourd'hui, ce cadre étant tracé, que l'attitude du Premier ministre nous déçoit et nous inquiète.
On aurait aimé que Jean-Luc Dehaene -l'homme-eût le réflexe, personnel, de se rendre, la semaine dernière, quelques minutes, discrètement et loin des caméras, au funérarium ou chez les parents éprouvés.
Lui qui, en d'autres circonstances moins dramatiques, a montré qu'il s'y entendait pour gérer son image, n'a pas eu ce geste. Il y a là une maladresse, une erreur de jugement, un défaut d'humanité.
On aurait surtout apprécié que, de retour de vacances, le Premier ministre convoque lundi, avant toutes autres choses, un conseil des ministres extraordinaire. Le soir, il aurait alors pu intervenir à la télévision, dans le cadre solennel d'une communication gouvernementale, pour expliquer- aux Belges que le gouvernement s'est mis d'accord sur un calendrier d'actions qui respecte le travail nécessaire du Parlement, qui évite toute précipitation mais qui rassure quant à la volonté publique de prendre la problématique à bras-le-corps.
L'initiative n'aurait certes pas fait taire toutes les critiques, ni apaisé totalement la colère de l'opinion.
Mais elle aurait montré au pays que son émotion était prise en compte; bref qu'elle comptait, qu'elle n'était pas sous-estimée.
Cette initiative, bien peu perturbante pour l'agenda du gouvernement et ses objectifs budgétaires, n'est pas venue. Elle nous manque.
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Le défi de Stockholm
« UNE » de « La Libre Belgique » du mardi 27 août 1996
De notre envoyé spécial à Stockholm
Il ne reste plus une chambre disponible dans le parc hâte lier de Stockholm et pourtant Dieu sait si la capitale suédoise a l'habitude de recevoir et est fière de sa légendaire tradition d'hospitalité.
Ville de congrès et de culture, elle accueille aussi en été les amoureux venus se bercer dans les reflets de la « ville qui flotte sur l'eau » et qui trouvent le repos de leur coeur sur l'un des 9.000 bancs publics que compte la cité.
Aujourd'hui pourtant, Stockholm ne se bercera pas d'illusions en recevant les participants, prestigieux ou anonymes, du premier Congrès mondial contre l'exploitation des enfants à des fins commerciales.
A l'appel du gouvernement suédois, du Fonds des Nations unies pour l'enfance
(Unicef), du Groupe d'ONG pour la convention relative aux droits de l'enfant et d'Ecpat international (*), chaque pays tentera d'apporter sa pierre à l'édifice d'une meilleure coopération internationale en vue d'éradiquer les réseaux de pédophilie, sachant que, si il y a une telle offre, c'est qu'il y a une réelle demande.
AU-DELA DES MOTS
Le grand défi de ce congrès international sera de ne pas se contenter de mots, comme l'auraient si bien dit ici les parents des petites Julie et Mélissa.
Mais de véritablement agir pour lutter réellement contre ceux qui mettent sur le marché plus d'un million d'enfants livrés au commerce du sexe à travers le monde.
Aux Philippines, en Thaïlande, dans les pays du tiers-monde, mais aussi à partir de chez nous, et il est d'évidence que les événements tragiques qui secouent et endeuillent la Belgique ont de telles répercussions internationales qu'ils participent à la ruée des caméras du monde entier venus se précipiter au pied « Folkets Hus », le centre de conférence international de Stockholm.
Ici aussi, les prénoms de Julie et Mélissa sont sur toutes les lèvres et la délégation belge se serait bien passée d'un rôle tellement en vue.
A l'instar des autres pays, la Belgique sera représentée dès demain par une délégation officielle composée d'éminences des cabinets ministériels mais aussi par des ONG qui luttent concrètement sur le terrain de la prostitution infantile.
Jean-François DUMESNIL.
(*) « End of children prostitution in asian tourism ».
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