Drôles d’embrouilles à Charleroi('Le Soir'lundi 26 août 1996 pg11)
Drôles d’embrouilles à Charleroi
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Le fer de Neufchâteau est porté au coeur même de l'institution judiciaire carolorégienne.
L'interpellation de Georges Zicot ouvre la seconde vague d'enquêtes déclenchée par le juge Connerotte depuis l'arrestation de Marc Dutroux. Elle vise clairement les «magouilles» auxquelles Dutroux et consorts se livraient en plus du trafic d'enfants. Elle porte surtout le fer dans le milieu des protecteurs de la bande, et au coeur même de l'institution judiciaire carolorégienne dont on n'hésite pas à dénoncer, sous le couvert de l'anonymat, les pratiques mafieuses qui s y sont installées chez certains depuis quelques années.
Au centre de l'histoire, pour l'instant: le rôle de l'inspecteur principal de police judiciaire Georges Zicot, chargé à la P.J. de Charleroi des vols et trafics de voiture. Né en août 1951, Georges Zicot est d'abord entré à la gendarmerie en 1979.
De 1982 à 1985, il a été affecté à la BSR de Charleroi, mais il a quitté le corps à sa demande (sans rapport «négatif») le ler octobre 1985, pour entrer à la P.J. de Charleroi.
Georges Zicot a la réputation, chez ses collègues policiers, d'être « un bon flic ». Un de ceux qui n'hésitent pas à prendre des risques pour boucler ses affaires et lutter efficacement contre la truanderie. Un des premiers à avoir mis en évidence les mécanismes compliqués utilisés par les trafiquants de voitures, comme « le carrousel » ou « le leasing italien ». Les amis de Zicot se plaisent ainsi à rappeler qu'il y a plus d'un an des voyous italiens lui ont «donné une leçon » en le tabassant très sérieusement.
Ils ajoutent en outre que l'efficacité policière de Zicot lui vaut, depuis plus de deux ans, la haine de Philippe Demanet (né en mars 1963 à Gosselies) et de son père Georges Demanet, le procureur général de Mons.
L'histoire mérite d'être contée...
Le 10 septembre 1993, Philippe Demanet signale à la police de Castel Playa d'Aro (en Espagne) le vol de sa Porsche 911 et de sa marque d'immatriculation LRS.911 (une immatriculation rare se rapportant au modèle de cette voiture de 3,5 millions). Le signalement de ce vol est confirmé à Thuin... où un policier commet une erreur dans le numéro de châssis du véhicule (inscrivant un «0» à la place d'un zéro). A cause de cette erreur, la Porsche de Philippe Demanet « volée » en Espagne n'est donc pas vraiment signalée volée.
Cette Porsche avait, en fait, été volée une première fois en 1992 chez un riche collectionneur de voitures flamand et elle avait retrouvé sa virginité grâce à une facture de vente dressée au nom de la société Deltalab.
Une société où plusieurs factures vierges avaient jadis été volées et servent depuis à ce type de maquillage. Une entourloupe connue dans les assurances et chez les spécialistes du vol de voitures. Mais Philippe Demanet pourtant expert automobile au Parquet de Charleroi ne s'en était apparemment pas rendu compte.
PRESSIONS RÉCIPROQUES
Plus étrange encore : alors que la voiture et ses plaques étaient censées avoir disparu, Philippe Demanet a écrit plusieurs lettres à l'OCR (l'Office de la circulation routière) pour obtenir qu'on remette sa plaque chérie en circulation. Il assurait, en effet, qu'il la possédait toujours.
Toujours plus extraordinaire : un mobilophone équipait ce véhicule. Et, des mois après le vol, il fonctionnait toujours.
Pourquoi? Parce que, assura le fils Demanet, deux utilisateurs étaient branchés sur ce numéro.
En 1993, on allait atteindre le sommet de l'étrange. Georges Zicot, lors d'une visite dans le «garage. de Ransart (en liaison avec Dutroux dans son commerce de voitures volées), allait apercevoir trois Porsche d'origine douteuse. Dont celle de Philippe Demanet. Occupé par autre chose, il remettait au lendemain le projet de s'occuper de cette affaire... mais, bien sûr, un jour plus tard, la Porsche avait disparu.
Une enquête a cependant été ouverte. Sur le vol ou le pseudo vol de cette Porsche, mais aussi sur la nature des rapports troubles que Zicot semblait entretenir avec une série de trafiquants de voitures. Pas -de doute, le torchon brûlait entre le procureur général Demanet et son inspecteur carolorégien. Preuve de la haine corse que les deux hommes se vouent sans doute Zicot a assuré, voici quelques mois: Le procureur général de Mons a mis un contrat sur ma tête dans le milieu carolorégien.
Le « comité P » a ainsi été chargé d'une enquête sur Zicot.
Elle lui semble en son état actuel extrêmement défavorable, mais le dernier devoir d'enquête effectué dans ce dossier remonte à juin 1996. Le dossier Zicot comme l'enquête sur la Porche semblent tout deux évoluer au ralenti : on n'hésite pas, dès lors, à évoquer une sorte d'équilibre de la terreur qui se serait installé entre le haut magistrat et le policier.
Quoi qu'il en soit, le procureur général de Mons a réellement mis le Parquet de Charleroi sous sa tutelle. Cette «reprise en main » (passant par la promotion de certains magistrats et «l'éviction» de certains autres) a bien entendu suscité des rumeurs et des rancoeurs.
On évoque ici les liens étroits d'un magistrat avec des membres du milieu mafieux; l'interrogatoire d'un suspect mené à la matraque par un autre juge; des chantages s'effectuant sur un magistrat; l'implication de policiers judiciaires dans un système de « boule de neige »; des armes disparues dans le contexte de l'enquête sur l'assassinat de l'inspecteur de la P.J. de Charleroi Simon Poncelet (assassiné en février alors qu'il enquêtait sur un trafic de voitures) et pour lesquelles on n'a pas fait de P. -V...
Voilà le contexte peu reluisant dans lequel s'inscrit l'interpellation de Georges Zicot qui entraîne avec lui, dans la boue de l'enquête Dutroux, tout l'arrondissement de Charleroi
ALAIN GUILLAUME
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On a fouillé l’entrepôt de Pierre l’Allemand à Courcelles
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Pas de trêve ce week-end dans la région de Charleroi où de nouvelles fouilles ont été opérées dans les différentes caches de Marc Dutroux.
Vendredi soir, la maison de Dutroux située à Marcinelle, chaussée de Philippe ville, a été entièrement vidée. Des chiens allemands, spécialement dressés pour retrouver des cadavres, ainsi que deux chiens de décombres de la Protection civile ont ensuite été lâchés, notamment à proximité d'une plaque de béton suspecte située dans la cave.
Ils n'ont cependant rien détecté. La maison a ensuite été refermée et le trottoir, encombré de fleurs et de lettres, a été interdit d'accès par une barrière.
Samedi, des fouilles ont été menées dès 8 heures du matin dans les maisons de Bernard Weinstein à Jumet, rue Daubres se, ainsi qu'à Mont-sur-Marchienne à la rue des Hayettes, dans la maison de Michael Diakostavrianos.
Des chiens y ont aussi participé, en vain, semble-t-il. La surprise est venue dimanche après midi lorsque d'importants effectifs sont arrivés à Courcelles, rue du Nord, pour y mener des fouilles.
C'est en effet au 41 de cette rue que se trouvent les entrepôts de Pierre Rochow, dit « Pierre l'Allemand» dans son quartier. Rochow est démolisseur ferrailleur. Le nom de son fils, qui porte le même prénom, a été cité en décembre 1995 en même temps que celui de Dutroux et Weinstein dans un dossier judiciaire.
A l'époque, ces derniers avaient en effet séquestré et drogué Rochow et un complice qu'ils suspectaient de vouloir leur cacher l'endroit où étaient dissimulés des camions volés. Une femme avait aussi été enlevée, la compagne d'un des deux hommes.
C'est elle qui s'était évadée et avait alerté la police de Charleroi qui était intervenue et avait libéré Ies trois personnes.
Weinstein était parvenu à prendre la fuite. On ne l'avait jamais revu avant la découverte de son cadavre à Sars-la-Buissière.
Dutroux avait été arrêté et avait purgé quatre mois de détention préventive qui, affirme-t-il aujourd'hui, avaient été fatals à Julie et Mélissa.
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Le protecteur de Dutroux
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Au moins deux affaires incroyables tendent à démontrer la protection que Georges Zicot semble avoir assurée à Marc Dutroux et à ses complices.
La première se rapporte à une affaire de camion volé et à la séquestration par Dutroux des trois voleurs. C'est dans l'entrepôt du père d'un membre de ce trio qu'on a perquisitionné dimanche (lire ci-dessous).
Dutroux avait lui-même volé ce camion... mais trois jeunes, qualifiés de «voyous» (dont il pourrait s'être servi), lui avaient à leur tour dérobé l'engin. Foude rage, Dutroux avait enlevé et séquestré les trois présumés voleurs avec l'aide de son complice Weinstein.
On sait que les trois jeunes allaient réussir à s'échapper et que leur séquestration allait valoir à Dutroux sa dernière arrestation (obtenue, pensait-il, grâce aux tuyaux livrés par Weinstein aux enquêteurs).
C'est pour cette raison, sans doute, que Dutroux a « liquidé » Weinstein après une première interpellation, mais avant son arrestation.
Avant d'être arrêté, Dutroux, qui avait récupéré son camion, devait lui rendre une certaine légitimité (aux yeux des enquêteurs et des assureurs). Mais comment reconnaître la récupération du camion sans avouer implicitement la séquestration des trois présumés voleurs?
C'est ici que Georges Zicot entre en jeu: c'est lui qui a prétendu avoir retrouvé le camion... et les assureurs y ont cru, ou ont fait semblant d'y croire.
Voilà un premier signe de la protection que Zicot assurait apparemment à Dutroux. Mais il y en a un autre. Plus inquiétant encore.
A Sars-la-Buissière, une voisine de Dutroux aurait dit à certains de nos confrères (et apparemment confirmé aux enquêteurs) que, voici plusieurs mois, elle s'était inquiétée des travaux nocturnes que Dutroux effectuait dans son jardin, avec son bull. Elle s'en était plainte auprès de la police locale.
A sa grande surprise, quelques jours plus tard, elle avait été convoquée à la P.J. de Charleroi pour s'y faire tancer par un inspecteur de police. Celui-ci lui reprochait son comportement délateur et peu convivial. Un policier de Charleroi? Oui! Tout indique qu'il s'agissait, encore une fois, du même Georges Zicot.
Alors, une fois de plus, on peut se demander ce qui se serait passé si, ce jour-là, un policier s'était vraiment inquiété des travaux nocturnes de Marc Dutroux plutôt que de passer la main à un complice probable du voleur d'enfants.
AI. G.
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Le fer de Neufchâteau est porté au coeur même de l'institution judiciaire carolorégienne.
L'interpellation de Georges Zicot ouvre la seconde vague d'enquêtes déclenchée par le juge Connerotte depuis l'arrestation de Marc Dutroux. Elle vise clairement les «magouilles» auxquelles Dutroux et consorts se livraient en plus du trafic d'enfants. Elle porte surtout le fer dans le milieu des protecteurs de la bande, et au coeur même de l'institution judiciaire carolorégienne dont on n'hésite pas à dénoncer, sous le couvert de l'anonymat, les pratiques mafieuses qui s y sont installées chez certains depuis quelques années.
Au centre de l'histoire, pour l'instant: le rôle de l'inspecteur principal de police judiciaire Georges Zicot, chargé à la P.J. de Charleroi des vols et trafics de voiture. Né en août 1951, Georges Zicot est d'abord entré à la gendarmerie en 1979.
De 1982 à 1985, il a été affecté à la BSR de Charleroi, mais il a quitté le corps à sa demande (sans rapport «négatif») le ler octobre 1985, pour entrer à la P.J. de Charleroi.
Georges Zicot a la réputation, chez ses collègues policiers, d'être « un bon flic ». Un de ceux qui n'hésitent pas à prendre des risques pour boucler ses affaires et lutter efficacement contre la truanderie. Un des premiers à avoir mis en évidence les mécanismes compliqués utilisés par les trafiquants de voitures, comme « le carrousel » ou « le leasing italien ». Les amis de Zicot se plaisent ainsi à rappeler qu'il y a plus d'un an des voyous italiens lui ont «donné une leçon » en le tabassant très sérieusement.
Ils ajoutent en outre que l'efficacité policière de Zicot lui vaut, depuis plus de deux ans, la haine de Philippe Demanet (né en mars 1963 à Gosselies) et de son père Georges Demanet, le procureur général de Mons.
L'histoire mérite d'être contée...
Le 10 septembre 1993, Philippe Demanet signale à la police de Castel Playa d'Aro (en Espagne) le vol de sa Porsche 911 et de sa marque d'immatriculation LRS.911 (une immatriculation rare se rapportant au modèle de cette voiture de 3,5 millions). Le signalement de ce vol est confirmé à Thuin... où un policier commet une erreur dans le numéro de châssis du véhicule (inscrivant un «0» à la place d'un zéro). A cause de cette erreur, la Porsche de Philippe Demanet « volée » en Espagne n'est donc pas vraiment signalée volée.
Cette Porsche avait, en fait, été volée une première fois en 1992 chez un riche collectionneur de voitures flamand et elle avait retrouvé sa virginité grâce à une facture de vente dressée au nom de la société Deltalab.
Une société où plusieurs factures vierges avaient jadis été volées et servent depuis à ce type de maquillage. Une entourloupe connue dans les assurances et chez les spécialistes du vol de voitures. Mais Philippe Demanet pourtant expert automobile au Parquet de Charleroi ne s'en était apparemment pas rendu compte.
PRESSIONS RÉCIPROQUES
Plus étrange encore : alors que la voiture et ses plaques étaient censées avoir disparu, Philippe Demanet a écrit plusieurs lettres à l'OCR (l'Office de la circulation routière) pour obtenir qu'on remette sa plaque chérie en circulation. Il assurait, en effet, qu'il la possédait toujours.
Toujours plus extraordinaire : un mobilophone équipait ce véhicule. Et, des mois après le vol, il fonctionnait toujours.
Pourquoi? Parce que, assura le fils Demanet, deux utilisateurs étaient branchés sur ce numéro.
En 1993, on allait atteindre le sommet de l'étrange. Georges Zicot, lors d'une visite dans le «garage. de Ransart (en liaison avec Dutroux dans son commerce de voitures volées), allait apercevoir trois Porsche d'origine douteuse. Dont celle de Philippe Demanet. Occupé par autre chose, il remettait au lendemain le projet de s'occuper de cette affaire... mais, bien sûr, un jour plus tard, la Porsche avait disparu.
Une enquête a cependant été ouverte. Sur le vol ou le pseudo vol de cette Porsche, mais aussi sur la nature des rapports troubles que Zicot semblait entretenir avec une série de trafiquants de voitures. Pas -de doute, le torchon brûlait entre le procureur général Demanet et son inspecteur carolorégien. Preuve de la haine corse que les deux hommes se vouent sans doute Zicot a assuré, voici quelques mois: Le procureur général de Mons a mis un contrat sur ma tête dans le milieu carolorégien.
Le « comité P » a ainsi été chargé d'une enquête sur Zicot.
Elle lui semble en son état actuel extrêmement défavorable, mais le dernier devoir d'enquête effectué dans ce dossier remonte à juin 1996. Le dossier Zicot comme l'enquête sur la Porche semblent tout deux évoluer au ralenti : on n'hésite pas, dès lors, à évoquer une sorte d'équilibre de la terreur qui se serait installé entre le haut magistrat et le policier.
Quoi qu'il en soit, le procureur général de Mons a réellement mis le Parquet de Charleroi sous sa tutelle. Cette «reprise en main » (passant par la promotion de certains magistrats et «l'éviction» de certains autres) a bien entendu suscité des rumeurs et des rancoeurs.
On évoque ici les liens étroits d'un magistrat avec des membres du milieu mafieux; l'interrogatoire d'un suspect mené à la matraque par un autre juge; des chantages s'effectuant sur un magistrat; l'implication de policiers judiciaires dans un système de « boule de neige »; des armes disparues dans le contexte de l'enquête sur l'assassinat de l'inspecteur de la P.J. de Charleroi Simon Poncelet (assassiné en février alors qu'il enquêtait sur un trafic de voitures) et pour lesquelles on n'a pas fait de P. -V...
Voilà le contexte peu reluisant dans lequel s'inscrit l'interpellation de Georges Zicot qui entraîne avec lui, dans la boue de l'enquête Dutroux, tout l'arrondissement de Charleroi
ALAIN GUILLAUME
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On a fouillé l’entrepôt de Pierre l’Allemand à Courcelles
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Pas de trêve ce week-end dans la région de Charleroi où de nouvelles fouilles ont été opérées dans les différentes caches de Marc Dutroux.
Vendredi soir, la maison de Dutroux située à Marcinelle, chaussée de Philippe ville, a été entièrement vidée. Des chiens allemands, spécialement dressés pour retrouver des cadavres, ainsi que deux chiens de décombres de la Protection civile ont ensuite été lâchés, notamment à proximité d'une plaque de béton suspecte située dans la cave.
Ils n'ont cependant rien détecté. La maison a ensuite été refermée et le trottoir, encombré de fleurs et de lettres, a été interdit d'accès par une barrière.
Samedi, des fouilles ont été menées dès 8 heures du matin dans les maisons de Bernard Weinstein à Jumet, rue Daubres se, ainsi qu'à Mont-sur-Marchienne à la rue des Hayettes, dans la maison de Michael Diakostavrianos.
Des chiens y ont aussi participé, en vain, semble-t-il. La surprise est venue dimanche après midi lorsque d'importants effectifs sont arrivés à Courcelles, rue du Nord, pour y mener des fouilles.
C'est en effet au 41 de cette rue que se trouvent les entrepôts de Pierre Rochow, dit « Pierre l'Allemand» dans son quartier. Rochow est démolisseur ferrailleur. Le nom de son fils, qui porte le même prénom, a été cité en décembre 1995 en même temps que celui de Dutroux et Weinstein dans un dossier judiciaire.
A l'époque, ces derniers avaient en effet séquestré et drogué Rochow et un complice qu'ils suspectaient de vouloir leur cacher l'endroit où étaient dissimulés des camions volés. Une femme avait aussi été enlevée, la compagne d'un des deux hommes.
C'est elle qui s'était évadée et avait alerté la police de Charleroi qui était intervenue et avait libéré Ies trois personnes.
Weinstein était parvenu à prendre la fuite. On ne l'avait jamais revu avant la découverte de son cadavre à Sars-la-Buissière.
Dutroux avait été arrêté et avait purgé quatre mois de détention préventive qui, affirme-t-il aujourd'hui, avaient été fatals à Julie et Mélissa.
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Le protecteur de Dutroux
« Le Soir » du lundi 26 août 1996 page 11
Au moins deux affaires incroyables tendent à démontrer la protection que Georges Zicot semble avoir assurée à Marc Dutroux et à ses complices.
La première se rapporte à une affaire de camion volé et à la séquestration par Dutroux des trois voleurs. C'est dans l'entrepôt du père d'un membre de ce trio qu'on a perquisitionné dimanche (lire ci-dessous).
Dutroux avait lui-même volé ce camion... mais trois jeunes, qualifiés de «voyous» (dont il pourrait s'être servi), lui avaient à leur tour dérobé l'engin. Foude rage, Dutroux avait enlevé et séquestré les trois présumés voleurs avec l'aide de son complice Weinstein.
On sait que les trois jeunes allaient réussir à s'échapper et que leur séquestration allait valoir à Dutroux sa dernière arrestation (obtenue, pensait-il, grâce aux tuyaux livrés par Weinstein aux enquêteurs).
C'est pour cette raison, sans doute, que Dutroux a « liquidé » Weinstein après une première interpellation, mais avant son arrestation.
Avant d'être arrêté, Dutroux, qui avait récupéré son camion, devait lui rendre une certaine légitimité (aux yeux des enquêteurs et des assureurs). Mais comment reconnaître la récupération du camion sans avouer implicitement la séquestration des trois présumés voleurs?
C'est ici que Georges Zicot entre en jeu: c'est lui qui a prétendu avoir retrouvé le camion... et les assureurs y ont cru, ou ont fait semblant d'y croire.
Voilà un premier signe de la protection que Zicot assurait apparemment à Dutroux. Mais il y en a un autre. Plus inquiétant encore.
A Sars-la-Buissière, une voisine de Dutroux aurait dit à certains de nos confrères (et apparemment confirmé aux enquêteurs) que, voici plusieurs mois, elle s'était inquiétée des travaux nocturnes que Dutroux effectuait dans son jardin, avec son bull. Elle s'en était plainte auprès de la police locale.
A sa grande surprise, quelques jours plus tard, elle avait été convoquée à la P.J. de Charleroi pour s'y faire tancer par un inspecteur de police. Celui-ci lui reprochait son comportement délateur et peu convivial. Un policier de Charleroi? Oui! Tout indique qu'il s'agissait, encore une fois, du même Georges Zicot.
Alors, une fois de plus, on peut se demander ce qui se serait passé si, ce jour-là, un policier s'était vraiment inquiété des travaux nocturnes de Marc Dutroux plutôt que de passer la main à un complice probable du voleur d'enfants.
AI. G.
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