samedi 19 juillet 2008

Dutroux aussi monstrueux que cynique ('DH'28'08'1996 pg3)


Dutroux aussi monstrueux que cynique


An et Eefje disparaissaient en août 95, à Ostende

Une longue année d’espoir et d’angoisse

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

OSTENDE - An Marchal et Eefje Lambrecks ont 17 et 19 ans au moment de leur disparition, la nuit du 22 au 23 août 1995. Les deux amies, étudiantes, passaient des vacances à la côte depuis le 18 août, avec des copains d'une troupe de danse et de théâtre.
Elles louaient un bungalow du Marinapark, à Westende. Le 22 au soir, elles se rendent à deux au casino de Blankenberge, pour assister à un spectacle d'hypnose du mage Rasti Rostelli. An' et Eefje montent sur scène.
Elles quittent le casino à 23 h 45 et manquent de justesse le dernier tram vers Westende. Elles ne pourront prendre que le tram suivant, le tout dernier, à 0 h 45. Qui ne va pas plus loin qu'Ostende.
Au terminus, le chauffeur du tram leur conseille de prendre un taxi jusqu'à Westende. Ce qu'elles ne font pas. Un témoin les voit une dernière fois sur le Visserskaai. Ensuite, c'est le trou noir.
Dans leurs aveux, Dutroux et Lelièvre expliqueront qu'ils ont passé la journée du 22 à la côte à la recherche d'une proie. Alors qu'ils roulaient en voiture, ils ont aperçu An ou Eefje dans le tram et ont décidé de l'enlever.
Selon Lelièvre, Dutroux et lui sont intervenus au moment où les deux filles commençaient à faire du stop pour rentrer vers Westende. An et Eefje ont été poussées dans la voiture et droguées aux médicaments. Leur calvaire a commencé.

Parents mécontents
Dès le début de l'affaire, les parents estiment que les policiers de la côte privilégient beaucoup trop l'hypothèse de la fugue. Pour Paul et Betty Marchal, leur fille An ne peut pas avoir disparu volontairement. Il existe des éléments précis. An avait téléphoné à ses parents pour organiser un repas et une fête à la maison; elle avait déjà acheté tous les cadeaux. Le soir des faits, elle portait aussi ses lentilles de contact et n'avait avec elle ni son produit d'entretien ni ses lunettes de réserve.
L'asbl Marc et Corine diffuse rapidement des centaines d'affiches.
De nombreux témoignages affluent. On voit les filles à Coxyde, à Herentals, à Anvers. La première piste suivie est celle de l'hypnose. Les parents pensent (et pensent toujours) que Rasti Rostelli ne les a pas complètement sorties de leur sommeil hypnotique. Ils espèrent qu'à la vue des avis de recherche, les filles vont se réveiller.
Des proches des familles parcourent les rues et les cafés d'Ostende, à la recherche du moindre renseignement. Des centaines de personnes se mobilisent dans la région de Hasselt et viennent à la côte pour mener des battues, avec l'aide des pompiers.
Fin août, alors qu'un juge d'instruction n'est toujours pas désigné, la PJ de Bruges propose de mettre un mouchard sur le téléphone des Marchal, à leurs frais!
Début septembre, deux hélicoptères survolent les dunes entre la France et la frontière hollandaise, sans résultats.
En octobre, des touristes belges affirment avoir vu An et Eefje à la Costa Brava, notamment dans un bar karaoké de Lloret de Mar. Les témoins racontent qu'elles ont chante a deux reprises. La piste paraît sérieuse: les deux chansons en question étaient connues d'An et d'Eefje.
Au printemps dernier, les Marchal décident de faire imprimer et de vendre des autocollants avec les photos des deux filles, pour engager les services d'un détective privé. Le père d'Eefje Lambrecks n'est pas d'accord et dépose plainte au parquet de Hasselt.
C'est le divorce entre les familles éprouvées, qui n'entretiendront plus de rapports. En juillet, l'émission Perdu de Vue (TF1) avait marqué son accord pour programmer une séquence sur An et Eefje en septembre.

B. F.
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Les nerfs à fleur de peau

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

La Belgique entière a les yeux fixés sur Jumet.La Belgique attend. Elle a les nerfs à fleur de peau.
Les horreurs commises par Dutroux et sa bande sont devenues quasiment le seul sujet de conversation de cette terrible fin d'été. Cette attente est atroce, insupportable, inhumaine.
Pour les parents d'An et ceux d'Eefje, ces dernières heures auront, sans aucun doute, été les plus pénibles de leur existence. Lundi, à Neufchâteau, Paul et Betty MarchaI parlaient encore d'espoir.
Ils souriaient. Hier soir, tard, au moment où nous bouclions nos dernières éditions, cet espoir demeurait au fur et à mesure que tombaient les informations...

Voici près de quinze jours, au moment de la découverte des corps des petites Julie et Melissa, un extraordinaire mouvement de solidarité et de colère s'est développé dans l'opinion publique. Deux exigences :
1) une plus grande efficacité dans les enquêtes contre les pédophiles et
2) l'établissement d'une série de mesures destinées a mieux protéger la population de ces monstres. Au premier rang de ces mesures, le vote de peines incompressibles qui interdiront toute possibilité de libération conditionnelle aux bourreaux d'enfants.

Jusqu'à présent, on ne sait trop pourquoi, le ministre de la Justice a obstinément refusé de défendre ce principe réclamé par le peuple. M. De Clerck parle de commission d'évaluation, de projets de mise à l'épreuve, d'avis d'experts... Bref, il tente de noyer le poisson.
C'est ce que l'on appelle un déni de démocratie, la découverte possible de nouveaux cadavres d'enfants et d'adolescentes à Jumet rend la position du ministre encore plus scandaleuse.
Ces prochains jours, le mouvement populaire doit et va s'étendre,le temps n'est plus où quelques ministres pouvaient se permettre de jouer avec la vie des citoyens en libérant à tout va des criminels dangereux, des désaxés avides de sang et de plaisirs interdits. Nous devons crier bien haut notre volonté de prendre notre destin en main et de défendre la vie de nos gosses.

C'est dans cet esprit que nous avons décidé, hier, d'imprimer l'autocollant Protégez nos enfants que vous proposera ce mercredi votre libraire.
Pour que personne n'oublie. Pour que tous ces jeunes ne soient pas morts en vain. Et pour que, demain, d'autres ne tombent pas entre les mains infâmes des pédophiles.

Michel Marteau
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Pas d’avocat pour le monstre

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

ARLON - « Sincèrement, accueillir Dutroux et sa bande, cela n'a rien d'un privilège ! »
Appuyé contre la lourde porte d'entrée grise,prêt à prendre son service, ce gardien de la prison d'Arlon n'en dira pas plus. Certes, on est loin de l'agitation de la mi-août, au moment où les détenus de cet établissement pénitentiaire de la province de Luxembourg ont appris la présence de Dutroux et de ses complices dans leurs murs. Mais il demeure une drôle d'atmosphère au 29 de la rue Castilhon...
Les détenus ne parlent que de cette histoire, explique une mère venue voir son fils écroué pour un, vol de voiture. En fait, il est arrivé un peu avant Dutroux. Il n'est ce pendant pas resté longtemps dans sa cellule : !e jour de l'incarcération de celui-ci et de Lelièvre notamment, lui et les détenus de son étage ont été emmenés dans une autre section. Dutroux et ses complices occupent donc tout le huitième étage. Ils n'ont pas le moindre contact avec les autres prisonniers.
Hier par exemple (lundi), ils ont fait évacuer tous les parloirs parce que l'un des neuf recevait une visite. Je crois que cela vaut mieux pour eux...
D'après le directeur de la prison, Germain Chalon, la tension perçue pendant le triste week-end du 15 août, lors de la découverte des corps de Julie et de Mélissa, s'estompe. Les cris et les menaces les plus diverses sont aujourd'hui confidentiels. La bande de Dutroux cherche d'ailleurs à s'isoler du reste des détenus, de peur des représailles. « Ils ne demandent pas à pouvoir quitter leur cellule, précise Germain Chalon. De toute façon, ils n'en auraient guère l'occasion car ils sont, la plupart du temps, soumis aux interrogatoires. Pour le reste, ils disposent de la télévision et des journaux comme ailleurs.

Désigné d'office
Qui aura la redoutable tâche de défendre Dutroux ? La question reste, à l'heure actuelle, sans réponse. Et pour cause, en raison des préjudices imputables à ce type d'affaire, plusieurs avocats, dont un pénaliste bien en vue du barreau de Bruxelles, ont été contraints de renoncer à prendre la défense du monstre de Sars-la Buissière. Conséquence immédiate de cette situation peu banale, le bâtonnier sera sans doute obligé de désigner un avocat, car Dutroux compte faire appel aux services d'un pro déo commis d'office.
Par ailleurs, il se dit que Dutroux aurait l'intention de demander la nomination d'un collège d'experts psychiatres: il serait chargé de se pencher sur l'opportunité d'un internement. Le compagnon de Michèle Martin invoquerait effectivement une maladie mentale grave ou un état de démence qui le rendrait totalement incapable de contrôler ses gestes. Ben tiens !

N. Dz
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Georges Zicot

Photos osées de l’inspecteur

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

MAUBEUGE -Georges Zicot, l'inspecteur principal à la PJ de Charleroi placé sous mandat d'arrêt, en connaît un bout sur le vol des voitures. Comme enquêteur, mais aussi, à l'occasion, comme victime. Effectivement, deux canailles du Nord de la France lui ont dérobé son véhicule en 1995, retrouvé par les gendarmes de Maubeuge
Les Français l'ont interrogé sur la découverte, dans la voiture, de cartouches 9 mm, liées à sa profession, mais aussi sur le contenu d'une enveloppe brune dans laquelle étaient glissées quelques photos polaroïd. On voit en scène, très scabreuse, deux dames et un monsieur.
Lequel, pour les pandores français, est bien... Georges Zicot.
Les enquêteurs d'Outre-Quiévrain n'ont pas poussé davantage les investigations, vu que les filles semblaient majeures. Vu aussi que G. Zicot se présentait comme travaillant à la section moeurs.

M.Pe.
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Dutroux en Slovaquie :Ils y étaient début août

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

BRATISLAVA - Le pédophile belge Marc Dutroux a séjourné en Slovaquie du 2 au 4 août en compagnie de plusieurs de ses complices, une dizaine de jours seulement avant son arrestation, a indiqué mardi le directeur du bureau slovaque d'Interpol, M. Rudolf Gajdos.
Dutroux s'est notamment rendu à Topolcany, petite ville de province située à 70 km au nord-est de
Bratislava, où il venait depuis 1994 pour « se reposer » et « chercher de nouveaux contacts » avec des jeunes femmes, selon M. Gajdos.
Apparemment, il avait rapidement assimile le slovaque (apparenté au tchèque).
La police slovaque a également retrouvé des traces de séjours dans ce pays de la compagne de Dutroux, Michelle Martin, et de ses complices, Michel Lelièvre et Michael Diakostavrianos.
Dutroux, qui se faisait passer pour un marchand de pneumatiques d'occasion importés d'Allemagne et de Belgique, profitait de ses déplacements en Slovaquie pour contacter des jeunes filles d'environ 18 ans, dont plusieurs devaient être ensuite recrutées comme « vedettes » de films pornographiques.

Deux des filles en question, interrogées par la police, se sont dites « choquées » tant en apprenant la nature des véritables activités de Dutroux que le fait qu'elles soient apparues dans des vidéos porno. Elles ont affirmé avoir été droguées et ne s'être rendues compte de rien. Jusqu'à présent, la police slovaque n'a pas trouvé de preuves formelles d'activités criminelles de Dutroux en Slovaquie et aucune des jeunes femmes interrogées sur cette affaire n'a voulu porter plainte contre lui, selon le chef de la section slovaque d'Interpol.
Cependant, il serait soupçonné de « délits graves dont le viol d'une jeune fille », selon certaines sources policières slovaques.
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Les parents de Julie et Mélissa soutiennent ceux de An et Eefje

Nous on sait que les petites sont près de nous !


« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

LIEGE- L'attente est longue... Toutes les minutes apportent leur lot d'espoir, mais aussi de désespoir. Une rumeur, un coup de fil, un indice, et on y croit. Un démenti, un courrier, et c'est l'enfer, les idées noires.
L'attente, les parents de Julie et de Mélissa connaissent. Pendant pratiquement 14 mois, ils ont attendu des nouvelles des enfants.
Bonnes ou mauvaises. Bien sûr, l'espoir de les retrouver vivantes était plus fort que nous. Mais ne rien savoir était pire encore...

« Maintenant on sait. Ça ne comble pas notre chagrin mais ça nous aide à tenir le coup», explique Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie.
« Quand on ne sait pas où sont les enfants, on se pose des tas de questions sur leur souffrance, leurs conditions de vie,... C'est ça qui est terrible. Et nous sommes maintenant de tout coeur avec les parents d'An et d'Eefje, d'Elizabeth Brichet,... Nous avons rencontré cette dernière lundi, elle a perdu son espoir de retrouver la petite vivante. Mais elle voudrait savoir... De notre côté, on sait maintenant où sont les gamines. Et on sait aussi que si on veut être près d'elles, on le peut; elles ne sont pas loin de nous » !

Les rumeurs
Ces derniers jours, la tension a été à son comble pour les parents de Julie et de Mélissa. Ils ont tout d'abord beaucoup espéré lorsque Sabine et Laetitia ont été retrouvées, puis ont été abattus par le chagrin. En même temps, ils étaient révoltés... Cette pression a duré plus d'une semaine. Maintenant, ils ont besoin de calme. Les familles Lejeune et Russo ont quitté leur domicile pour quelques jours. Afin d’être à l'écart de la presse et des coups de fil incessants.
« Où en est votre asbl ? Qu'allez-vous faire ? » « Il faut vous battre, on vous soutient ! ».
Les sympathisants sont nombreux. Ils ne veulent assurément pas mal faire mais pour les parents, ce harcèlement est insupportable.

Concernant l'asbl, rien de concret n'a encore été décidé. Les choses vont se faire, mais pas tout de suite. Il faut que tout soit bien pensé. Il est en effet inutile de mettre plusieurs petites bicyclettes sur un chemin. Ce qu'il faut, c'est remplir un wagon costaud, qui tienne bien sur les rails. Des actions, nous en ferons, c'est certain.
Nous les déciderons avec notre avocat, Victor Hissel », remarque M. Lejeune.
Concernant l'avocat, les parents de Julie et de Mélissa tiennent à préciser qu'ils savaient que Me Hissel avait défendu un pédophile il y a 4 ans. « Notre conseil ne nous a jamais rien caché. Nous l'avons donc choisi en connaissance de cause. Nous nous sommes dits que s'il connaissait le milieu des pédophiles, il pourrait mieux nous défendre ». Cela pour mettre fin aux rumeurs.

Nathalie Evrard


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