Nous avons écrit (Le Roi veut toute la clarté)(Libre Belgique »19 décembre 1996 pg 14)
Le Roi veut toute la clarté
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11 septembre 1996
Voici le texte intégral du communiqué diffusé mardi par le Palais royal :
Le Roi et
Les parents des enfants disparus ainsi que les Souverains ont été touchés par l'extraordinaire courant de solidarité qui a traversé notre pays. Il n'a connu ni frontière linguistique ni écarts entre générations ni différence entre immigrés et belges.
Ce midi, le Roi a reçu le ministre de
Le Roi a rappelé qu'une clarté totale doit être faite sur ce drame, ses origines et toutes ses ramifications.
Sur le plan national, le Roi s'est engagé vis-à-vis des familles des victimes à poursuivre avec elles, ensemble
avec le ministre de
Il est en outre certain que sans porter atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire, essentielle à notre démocratie, une réflexion de fond doit être conduite et poursuivie, qui doit mener à une justice plus humaine et plus efficace. Elle doit aussi mettre en place les contrôles internes et externes, et une formation plus adéquate pour permettre au pouvoir judiciaire de mieux faire face à l'évolution de la criminalité.
Il ne s'agit pas de généraliser les critiques mais de corriger et d'améliorer ce qui doit l'être là où c'est nécessaire. Tous ceux qui sont engagés dans les enquêtes judiciaires doivent être encouragés à poursuivre
leurs efforts jusqu'au bout.
Sur le plan international,une réunion des ministres de
Nos ministres y préciseront un certain nombre de mesures concrètes prises par
Le ministre de
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Une foule contre le mal
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Lui a-t-on assez répété qu'il ne comprenait rien ! Rien à la complexité des pouvoirs, rien à la subtilité des règles juridiques ! Il a répondu dimanche, le bon peuple, par un après-midi doux et gris, sous un ciel couleur d'âme au lendemain de douleur. Il a répondu d'un coeur fort, innombrable et monolithique : la justice est comme l'affection, simple, belle et évidente. Elle est comme ces gens qui ce matin ont quitté leurs foyers, comme ces minuscules ruisseaux qui, de tous les coins habités du pays, ont conflué vers les villes et forment maintenant un fleuve énorme coulant puissamment entre deux murs gris.
Prendre un enfant par la main, sur le dos et dans une poussette, venir en mère, en père, amener le fils-frère du héros du Huitième Jour, ne porter comme emblème blanc qu'une chevelure vieillissante, mais être là, à applaudir en cadence les parents meurtris et dignes, à siffler aussi, pour bien faire entendre que calme et dignité ne peuvent être confondus avec bêtise et naïveté.
Les murs se renvoient l'écho à l'infini alors que deux cortèges convergents se heurtent, puis se mêlent à la suite des parents et que les rues parallèles s'emplissent du trop plein des boulevards. Les murs résonnent et tremblent, submergés par la vague blanche, comme une voie lactée, sueur lumineuse de l'âme pure des enfants.
Que tombent ces remparts de briques, Julie, Mélissa, An, Eefje, Élisabeth, Loubna, Nathalie, Laetitia et Sabine, si vous ne fûtes pas bien-aimées ! Si vous ne l'êtes pas plus encore aujourd'hui, dans vos familles, dans votre immense famille enfin réunie. Cette foule, Julie, alors que tu écrivais seule ton joli nom sur le mur sale de ta prison...
Un enfant chante Duteil, les parents disent des mots tendres et durs. On se sèche la joue d'un revers de manche avant d'applaudir pour ne plus pleurer. Comment ne pas comprendre, alors que les yeux les plus arides et les visages les plus durs se mouillent, les larmes de Bourlet et Connerotte ?
Comment admettre les devoirs mal faits, les coeurs restés insensibles devant l'inquiétude dévorante des parents, quand tout était possible ?
Des colombes s'envolent par dessus la foule, par dessus cette multitude éclatée en autant d'idées de la justice et de la société qu'elle compte d'individus, mais qui rejette d'une même haine le monde noir et sous-terrain du vice innommable, le monstre diffus et griffu qui tient encore ses victimes. Face à lui, on dirait aussi que s'avance une louve géante au corps ondoyant de colère.
Lorsque vient le crépuscule, ils continuent à progresser par centaines de milliers alors que déjà les convois reforment une étoile pour ramener chez eux ceux des premiers rangs.
Les uns comme les autres savent que jamais pourtant la nuit ne tombera sur cette journée, que jamais rien ne pourra obscurcir ni l'effet ni le souvenir de la marche claire d'un peuple contre le Mal.
Jean-Marie BARON.
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Notre devoir
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4 novembre 96
Les Belges ont peur que les enquêtes en cours sur l'existence de réseaux pédophiles, en lien ou non avec l'affaire « Dutroux-Nihoul », n'aboutissent pas. Ils le redoutent parce que des informations ont filtré sur l'implication dans ces dossiers de gens puissants -politiciens, magistrats, hommes d'affaires -.Est-ce la crainte de découvrir que notre «système»est davantage atteint qu'on ne le pensait par les métastases de ce mal et que la santé démocratique de notre pays pourrait en être irrémédiablement affectée ?
Ou n'est-ce pas plutôt la peur diffuse d'être abusé par l'alliance objective de tous ceux qui, à différents niveaux, s'arrangeraient pour que la vérité ne soit jamais connue, et que les enquêtes s'engluent?
Nous disposons, comme d'autres médias, d'informations sur l'évolution des enquêtes; celle sur Dutroux et consorts, mais aussi celles qui ont été ouvertes à propos de faits graves commis dans le passé et qui, dans certains cas, continuent de se commettre.
Nous nous sommes engagés auprès du Parquet à ne pas en divulguer la teneur. Nous avons pris un tel engagement parce que, à l'heure actuelle, nous avons confiance. Nous savons que ces enquêtes progressent.
Nous voulons qu'elles aboutissent et donc, que des preuves ne soient pas détruites, que de faux alibis ne soient pas construits, que des témoins ne soient pas terrorisés jusqu'à ce qu'ils se rétractent.
Des enquêteurs et des magistrats scrupules aujourd'hui comme hier travaillent, plus efficacement désormais parce qu'ils se sentent soutenus par une pression positive de l'opinion. Des parlementaires veulent faire éclater la vérité, même si c'est aux dépens de certains de leurs « amis » politiques. Il faut les encourager, les uns et les autres, et préserver cette volonté d'aboutir.
Dans ce cadre, des journaux - dont «
L'exercice est difficile. Exemple : nous comprenons mal que des parlementaires, membres de la commission d'enquête, se livrent à des commentaires publics à l'issue des réunions qu'ils ont eux-mêmes décidé de tenir à huis clos.
Mais nous recueillons de tels commentaires et nous les relayons pour que l'équilibre soit trouvé entre l'indispensable efficacité des travaux de
Il n'y a donc pour personne de leçons à donner à quiconque.
Mais bien des questions à se poser, y compris à soi-même. En conscience.
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