jeudi 24 juillet 2008

Que voulait-on lui montrer?('Meuse'29 août 1996 p8)


La mère d’Elizabeth Brichet à Jumet ; Que voulait-on lui montrer?

« La Meuse » du jeudi 29 août 1996 page 8

Disparue il y a près de sept ans maintenant, la petite Elizabeth Brichet constitue une véritable énigme elle s'est littéralement volatilisée, le 20 décembre 1989, à Namur.
Ce jour-là, vers 15 h 30, elle prend la direction du domicile de sa copine Vanessa, à cent cinquante mètres de chez elle.
Vers 19 heures, elle reprend le chemin de son domicile: elle n'y arrivera jamais.

Qu'est-elle devenue? Mystère.

Toutes les hypothèses ont couru. Des commissions rogatoires ont été ordonnées aux Canaries, parce qu'on avait cru l'y avoir aperçue. En juin 1995, la dernière conduisait les enquêteurs à Santa Cruz: on avait cru voir la jeune fille dans une maison de passe.
Les personnes rencontrées sur place ont nié avoir jamais vu Elizabeth.

Parce qu'elle faisait partie des proies possibles de Dutroux, son nom a été cité dès l'arrestation du pédophile.
On a donc forcément pensé à la situer parmi les victimes dort on rechercherait le corps, ces derniers jours à Jumet.
Une thèse repoussée par la version officielle qu'avance le porte-parole de la gendarmerie, sur place.
Pourtant, la mère d'Elizabeth est venue à Jumet, ce qui a aussitôt relancé les rumeurs.

Comment ne pas se dire que si on la faisait venir, c'est qu'on avait quelque chose à lui montrer, quelque chose qui ne pouvait être que les restes supposés de sa fille?
Les restes, en tout cas, du petit corps d'une des victimes de Dutroux. Mais malgré cette présence, qui confirmait une macabre découverte, on a persisté à dire, côté gendarmerie, qu'on n'avait rien trouvé, et qu'on avait dès lors fort peu à dire...

P. M K.
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Des fouilles pénibles sous la pluie

« La Meuse » du jeudi 29 août 1996 page 8

A Jumet, les recherches ont été interrompues, hier, à 19 heures
Hier, les fouilles se sont poursuivies toute la journée à Jumet, tout autour du chalet de Weinstein.
Dans des conditions très difficiles à cause de la pluie. Et apparemment sans résultats pour l'instant. Le périmètre de la rue Daubresse à Jumet est resté bloqué toute la nuit et toute la journée de mercredi. Et la pluie est tombée à seaux, inondant tout le site des recherches, où les enquêteurs travaillent toujours sur base des indications de Marc Dutroux.
La nuit précédente, celui-ci leur avait plus- ou moins -montré quatre endroits où chercher, apparemment en leur citant des noms...

Comme du gruyère
Vers 10 H, les enquêteurs se sont remis à l'ouvrage. Simultanément à l'intérieur du hangar et sur le terrain vague.Pendant ce temps, les opérations de déblayage ont continué à Sars-la-Buissière.
Toute la journée, des camions de la protection civile ont emporté des bennes entières de terres.
Le major Boudin fait désormais ses communications en quatre langues (français, néerlandais, anglais et allemand) sans se départir de son flegme face aux nombreuses questions qui l'assaillent: «Je n'ai pas d'informations là-dessus» est la réponse qui revient le plus souvent dès que l'on essaie d'aborder un autre sujet que l'état d'avancement des travaux. Ce qu'il a cependant souligné, c'est que, contrairement à une rumeur persistante, on n'a pas trouvé de tunnel ou de souterrain.

Les chiens
Tout au long de la journée,la pluie a redoublé d'intensité.
A tel point que la ville a fait installer deux marquises à l'entrée de la rue pour protéger les journalistes qui attendent patiemment. La masse des badauds, elle, est nettement plus clairsemée que la veille...
En fin d'après-midi, le major Boudin expliqua que la pluie et la gadoue rendaient très difficiles les recherches du « nez hollandais», Harry Jongen.
Cet officier hollandais est spécialisé dans la recherche de corps datant de la deuxième guerre mondiale et a acquis une expérience unique au monde. Mais même les Hollandais peuvent ne pas apprécier la drache...
Les enquêteurs commencent-ils à douter des informations, des indications que leur a fournies Marc Dutroux ? Ne pensent-ils pas que Dutroux se moque d'eux? «Je ne suis pas plus sceptique qu'hier », déclarait M. Boudin, hier après-midi.
Le chalet, le terrain et les annexes de Jumet seront systématiquement fouillés, grâce à tous les moyens humains et techniques dont disposent les enquêteurs. Le commandant Johan Dewinne estime que ce sera fait d'ici vendredi soir.
Pour l'instant, a-t-il confirmé, hier, lors d'une conférence de presse, en soirée, aucun corps n'a été trouvé.
Il a précisé que les 5 en droits creusés dans le hangar n'ont pas donné de résultat.
Quand au terrain, il faut d'abord le débarrasser de la couche de remblai, épaisse de 3 à 4 mètres: «Au dessous, quand on arrive à la terre ferme, on peut presque voir à l'oeil nu si la terre a été remuée. Si c'est le cas, on creusera plus profond. » Dans les caves, le radar n'a rien repéré, mais elles ne sont pas encore entièrement déblayées.
L'équipement technique utilisé permet de déceler les cavités. Ainsi, mercredi après midi, il a permis de repérer une «cavité»: il s'agissait en fait d'une bouteille enterrée!
Après. Jumet, les enquêteurs fouilleront les autres propriétés, «selon les demandes du procureur du Roi de Neufchâteau».

A Sars-la-Buissière et à Keumiée, la protection civile prépare déjà le terrain.

Enfin, les enquêteurs sur place disposent des dossiers concernant les disparitions inquiétantes des dix dernières années qui pourraient être liées à l'affaire Dutroux, ils sont au nombre de 13: «Ces dossiers nous aideront à identifier les corps si nous en trouvons », dit encore M. Dewinne qui commande la DVI (Disaster Victim Identification), spécialisée dans les identifications des victimes lors des catastrophes.

Anne Dauchot
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Michèle Martin en aveux partiels

« La Meuse » du jeudi 29 août 1996 page 8

Journée relativement calme, hier, devant le palais de justice de Neufchâteau, les débats se concentrant essentiellement dans les locaux de la gendarmerie de la localité.
En fin de matinée cependant, le procureur du Roi, M. Bourlet, s'est absenté un moment avant de réapparaître accompagné de Michèle Martin, l'épouse de Marc Dutroux.
Michel Lelièvre les a suivis de peu. «Cela fait partie du processus normal de l'enquête. Nous poursuivons les auditions.
Mais jusqu'à présent, aucun élément nouveau n'est à signaler», a commenté le major Guissard, hier en fin de matinée.En fin de journée, l'audition de ces deux personnes se poursuivait toujours.
Vers 17 h 30, le juge d'instruction Connerotte est également arrivé sur les lieux.
Aux alentours de 18 h, l'agence Belga a annoncé que Michèle Martin commençait à faire des aveux partiels. Lors de son arrestation, elle avait nié être au courant des activités de son mari. « Elle reconnaît maintenant sa participation à certains des faits reprochés à Marc Dutroux », ajoute-t-on à Neufchâteau sans toutefois préciser si ces aveux portaient sur des enlèvements ou des séquestrations.

Si peu d'informations filtraient, hier, à Neufchâteau, on sait cependant que le dossier concernant l'enlèvement d'An et Eefje a été transmis mercredi matin du parquet de Bruges au parquet de Neufchâteau.

Celui concernant Julie et Mélissa a également été transmis en fin de journée par le parquet de Liège. Sept gros volumes le composent.

Dossiers transmis
C'est le troisième dossier d'enlèvement d'enfants dans lequel est impliqué Marc Dutroux qui est ainsi officiellement remis au procureur du Roi Michel Bourlet et au juge d'instruction Jean-Marc Connerotte.
Le premier concernait Sabine Dardenne et venait de Tournai.

De son côté, l'agence Belga ajoute qu'il n'est d'ailleurs pas impossible que soient également envoyés au parquet chestrolais d'autres dossiers concernant des tentatives d'enlèvement et d'enlèvement, voire même de meurtres d'enfants restés jusqu'à ce jour inexpliqués. C'est ainsi qu'un dossier en provenance du Parquet d'Eupen concernant une tentative d'enlèvement le 9 août dernier à Saint-Vith pourrait être transmis à
Neufchâteau.

Il en serait de même du dossier concernant la petite Laurence Mathues, retrouvée morte d'une surdose à Fernelmont (province de Namur) et qui se trouve à l'heure actuelle entre les mains du juge Marotte de Namur.
De ce côté, en effet, les médicaments qui auraient provoqué la mort de la jeune fille sont les mêmes que ceux dont Marc Dutroux se servait pour enlever ou profiter de ses victimes.

Des renforts dès ce lundi
On sait également que le parquet de Neufchâteau recevra un magistrat en renfort dès lundi. Il devrait venir du parquet d'Arlon. Le second juge d'instruction sera le juge Langlois, juge au tribunal de 1ère instance de Neufchâteau, qui exerce les fonctions de juge délégué à l'instruction lorsque le juge Connerotte est absent ou en vacances.
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Les enquêteurs ont à nouveau fouillé la maison de Casper Flier

« La Meuse » du jeudi 29 août 1996 page 8

Dimanche, les enquêteurs de la PJ sont venus perquisitionner une maison à Anthée (Onhaye). La vieille bâtisse en pierre, située au 27 de la rue Delcourt, à proximité de l'église, avait été occupée par Casper Flier et Michel Lelièvre. Il paraît même, selon le voisinage, qu'ils y étaient venus accompagnés d'enfants.
Mardi après-midi, les enquêteurs sont revenus à Anthée. Et ils ont entrepris des fouilles, à l'aide du matériel communal, dans un terrain proche de l'habitation.

En début de soirée, on restait discret à propos de ces fouilles. Certains prétendaient même « qu'on ne faisait que nettoyer le terrain ». Mais la présence de policiers en uniforme et l'ampleur « du nettoyage » laissaient supposer que l'on cherchait bien quelque chose.
Apparemment, aucun indice n'a été retrouve à cet endroit. Et mercredi, en début de matinée, l'endroit était de nouveau calme.

Annie Delfosse
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L’ingéniosité machiavélique de Dutroux

« La Meuse » du jeudi 29 août 1996 page 8

Dès le début de l'enquête, policiers et magistrats chargés de ce terrible dossier avaient dit leur surprise devant l'habileté dont avaient fait preuve ceux qui avaient construit la « prison » où furent retenues Sabine et Laetitia, au 128, de l'avenue de Marcinelle, à Marcinelle.

Les enquêteurs et les magistrats ont d'ailleurs expliqué par cette habileté l'échec d'une première perquisition effectuée quelques jours plus tôt dans cette même maison. « Pourtant, nous disait hier un magistrat, les enquêteurs chargés de cette perquisition avaient été parfaitement informés de ce que l'on recherchait lors d'un briefing préalable ». La prison des deux petites était en effet parfaitement indécelable.

Et de multiples précautions avaient été prises par les geôliers pour qu'elle le reste.
Le flair des chiens était annihilé par le système de ventilation mis au point par les ravisseurs des deux fillettes. Ce système qui refoulait l'air vicié et amenait dans la pièce de l'air frais était relié à une buse communiquant avec l'extérieur.

Celle-ci était placée de telle façon qu'elle ne puisse fournir aucune indication aux chiens.
Les murs qui entouraient la prison étaient eux-mêmes rendus totalement opaques par la pose de plaques intérieures empêchant qu'on ne détecte, par des forages thermiques ou la pose de caméras, toute présence humaine.

Enfin, le système d'ouverture de la porte d'accès, dissimulée derrière une armoire fixée au mur, était lui-même un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité. Ce n'est en effet qu'après le déclenchement d'un premier mécanisme secret, qu'il était possible d'actionner le mécanisme général d'ouverture, fonctionnant par un système de rotation sur poulies.
L'ouverture ainsi pratiquée (de 30 à 40 cm) ne permettait le passage que d'une seule personne à la fois.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle lorsque Dutroux a accompagné les policiers lors de la seconde perquisition, il est passé le premier par l'ouverture qu'il venait d'actionner. Les policiers craignaient que la pièce ne soit piégée. Il ne s'y trouvait que deux petites filles.

Les enquêteurs se demandent en tout cas qui a imaginé ce système. « Dutroux est parfaitement capable de l'avoir construit. Mais qui l'a conçu……. Un ingénieur civil?»
L'un des membres de la bande aurait ce titre.

Philippe Crêteur




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