mardi 20 janvier 2009

MARCHE BLANCHE( « La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 pg 10)


MARCHE BLANCHE

 Ce sera la marche du siècle !

 « La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 page 10

On attend largement plus de, 100.000 personnes,, dont 60.000 rien que par le train

La mère d'Élisabeth Brichet, disparue le 20 décembre 89 à Namur, est l'initiatrice de la marche de dimanche. A quelques heures de l'événement, voici le message de Marie-Noëlle aux dizaines de milliers de personnes attendues dans la capitale fédérale.

«Je veux leur dire que c'est une marche pacifique, pour la sécurité des enfants; et que cette marche a été pensée bien avant le dessaisissement. Elle ne doit pas être récupérée par des groupes politiques ou autres. Le calme et la détermination sont plus forts que l'agressivité. Soyons-y attentifs quand certains ne demandent qu'à nous discréditer!»

Quand on sait que la SNCB a déjà vendu 20.000 billets et qu'il n'y a plus un autocar de libre à trouver dans le royaume, ne faut-il pas craindre de possibles débordements?

« Je suis consciente du risque de l'« effet de foule ». Mais s'il y avait des débordements, ce serait le fait de ceux qui sont contre les enfants. Et je veux faire confiance aux gens. »

L'idée de la marche remonte à plus de 15 jours...

« Nous étions, Carine Russo et moi, assaillies pas les appels de tous ceux qui nous disaient: Dites-nous ce qu'on peut faire! Et nous, nous étions désemparées, ne sachant que dire. Alors nous avons réfléchi à la façon de mobiliser tout le monde. J'ai suggéré cette marche. Ce n'était encore qu'une idée... que déjà les médias l'avaient relayée. »

Il a fallu faire vite, pour tout mettre en place et obtenir les autorisations.

« Nous avons été reçus par le bourgmestre de Donnéa et sa police, qui ont consenti à nous aider, avec la Croix-Rouge et d'autres. Je tiens à les remercier tous. Même si j'ai été fâchée - et Gino Russo aussi - d'entendre dire à la RTBf que «faute devrais organisateurs, la police avait pris l'affaire en main ». D'accord, on n'est pas des syndicalistes habitués des manifs. Mais on veut faire ça bien ! C'est pour cela que nous avons renoncé à l'itinéraire initialement prévu (rue de la Loi, palais royal et palais de justice), car ce trajet comportait des risques, liés aux engorgements. Et cela aussi, c'était avant le dessaisissement dit juge Connerotte... »

Même si les organisateurs de la marche n'entendent pas se référer à l'« affaire Connerotte », Mme Bouzet a certes un avis sur la question

« Sans guère le connaître, j'aime sa discrétion et son courage. Et je trouve que la mesure qui le frappe est démesurée par rapport au plat de spaghetti.

J'ai même pensé - et je précise que cela n'a pas eu lieu ! – que j'aurais pis fortuitement être amenée à boire un verre avec M. Coméliau (N. D. R.: le magistrat qui, à Namur, instruit le dossier de disparition d'Élisabeth). Aurait-ce été une raison pour le dessaisir ? »

E.H.

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LORS de la marche pacifiste contre les missiles en 1983, la gendarmerie avait recensé 120.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Ce vendredi soir, on annonçait déjà que le chiffre des 100.000 personnes serait dépassé, rien qu'en se basant sur les réservations des chemins de fer et des autocaristes.

Hier en fin d'après-midi, la SNCB avait déjà vendu plus de 40.000 billets en prévente, dont la grosse majorité en Wallonie (Liège et Charleroi).

22 trains supplémentaires (dont 17 en Wallonie) seront mis en circulation et tous les trains normaux vers la capitale seront renforcés dès 10 heures du matin. Il est demandé aux participants de ne pas partir trop tard car le départ de la marche sera vraisemblablement avancé à 13 heures vu l'affluence.

Les prévisions SNCB font état d'au moins 60.000 personnes qui prendront le train,sans compter les enfants de moins de 6 ans (gratuit), ni les abonnés, ni les habitants du Brabant qui auront intérêt à prendre le billet W-E à tarif réduit plutôt que le tarif unique à 250 F. De même, du côté des autocaristes, on sait qu'une opération nationale a fixé à 250 F également le prix du voyage en car qui serait organisé à partir de votre région.

Certaines sociétés organisent même des voyages gratuits.

Enfin, il ne faut pas oublier les Bruxellois qui sont également fortement concernés et qui bénéficieront de tous les transports publics gratuits (métro, tram, bus) de 12 à 20 heures.

Si cette «marche blanche» se déroule comme prévu dans le calme et la dignité, elle aura gagné un pari fou en moins de deux semaines. Celui de mobiliser toute la Belgique profonde pour une cause commune : « Celle d'un monde plus juste et plus respectueux des droits de nos enfants. » Le 20 octobre 1996 sera alors une journée qui fera date dans l'histoire de notre pays.

Luc Gochel

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Des personnalités au rendez-vous

« La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 page 10

Quel est le point commun entre Jacques Mercier, Philippe Geluck, Stéphane Steeman, Richard Ruben, Adamo, François Pirette, Tibet et Pierre Rapsat? Dimanche, ils participent à fa marche.

Certains ont mûrement réfléchi à leur présence, par crainte qu'elle soit mai interprétée et qu'on puisse penser qu'ils venaient y faire leur pub. Mais ils ne sont ni politiciens, ni avocats, buste artistes et avant tout des hommes et pères de famille.

« Nous y allons en famille, avec Philippe Geluck et quelques autres membres de l'équipe de la Semaine infernale. Nous l'avons décidé dès que nous avons pris connaissance de cette initiative. C'est !a première fois que je vais défiler et c'est une occasion unique de se faire entendre », nous confie Jacques Mercier, papa et deux fois grand-père. « J'ai croisé 200 étudiants manifestant dans le calme. J'ai été très ému par ces ados qui râlent contre cette société que les adultes leur offrent. On a laissé faire, on a été lâche.»

« Etre acteur et pas spectateur», souligne François Pirette, père de deux filles de 5 et 7 ans. «J'y serai avec elles. Je n'ai jamais manifesté quand j'étais étudiant. Je suis d'une génération où un certain calme régnait à l'époque. Ici, cela mérite d'y aller. » Entre Jemappiens, ils se connaissent l'humoriste et le chanteur. Salvatore Adamo, ardent défenseur de l'enfance (à travers ses participations aux Télévie, à Unicef...), défilera aussi.

« La cause est très importante. J' y vais en tant que citoyen et père de famille. J'ai deux fils. Je pense qu'il existe une espèce de volonté unanime d'assainissement de certaines choses en Belgique. »

Fraîchement papa d'un petit Sammy, Richard Ruben se sent également très concerné : « En principe, j'y participe. On promènera ainsi le petit ! En fait, je suis très énervé par tout ce qui se passe et toutes ces erreurs commises... »

En studio à Bruxelles, le chanteur verviétois Pierre Rapsat fera un saut à la marche blanche.

Pour sa part, André Lamy sera à l'étranger, comme les frères Taloche et Muriel Dacq. « Un problème d'agenda. Sinon, j'y aurais été avec ma femme et mes enfants», précise d'emblée l'humoriste.

Par contre, avec Marc Herman, ils se produisent en gala fin décentre pour l'association Marc et Corinne. Sensible aux événements qui se sont déroulés depuis l'été, Stéphane Steeman sera accompagné de son épouse, Régine Verelie. Papa de Ricochet, le dessinateur Tibet s'y rendra en famille, avec sa fille et ses deux petits-enfants.

Caroline Geskens

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Manifestations Historiques:

Les principales manifestations de l'après-guerre: de la violence des années 50 et 60 au pacifisme d'aujourd'hui

« La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 page 10

LA «marche blanche» sera sans doute l'une des manifestations les plus importantes de l'après-guerre.

Contrairement aux autres mobilisations du pays, elle ne sera pas organisée par des syndicats, des partis politiques ni par tout autre mouvement structuré. Mais elle devrait rencontrer un succès qui fera date.

  - Le record de foule semble avoir été enregistré le 23 octobre 1983, avec un rassemblement de 120.000 personnes selon la gendarmerie lors du mouvement de protestation contre l'implantation des missiles à Florennes.

  - La première grande secousse qui fractura notre société fut l'affaire royale. Après le plébiscite - étriqué (58 % de votes favorables) - le roi Léopold III regagna le pays en juillet 1950. Le 26 de ce mois, des grèves éclatèrent, soutenues par la FGTB et un comité d'action formé de socialistes et de communistes.

A Grâce Berleur (près de Liège), les forces de l'ordre ouvrirent le feu, tuant trois ouvriers. Il n'y eut pas de manifestation nationale, le pays étant divisé entre une Flandre léopoldiste et une Wallonie opposée au retour du Roi. Celui-ci abdiqua quand le sang coula.

  - Le mouvement de grèves le plus ample paralysa le pays durant l'hiver 1960-1961 lors de la fameuse loi unique, dite loi d'expansion économique et de progrès social» mais qui visait à alourdir les impôts.

Le 22 décembre, une manifestation tourna à l'émeute à Bruxelles devant le bâtiment de la Sabena, faisant un mort et plusieurs blessés. Le 3 janvier, 15.000 personnes défilèrent à Bruxelles.

Le 6 janvier, Liège devait déplorer un mort et neuf blessés graves devant la gare des Guillemins.

La Chambre vota la loi dite unique le 13 janvier (par 115 voix contre 90 et une abstention) et la reprise du travail fut générale le 22 janvier.

  -Les marches flamandes sur Bruxelles attirèrent le 24 octobre 1961 plus de 60.000 personnes selon les gendarmes. Drainés par le « Vlaamse Actie Comitee voor Brussel », ces manifestants, qui protestaient notamment contre un recensement linguistique - auquel on renonça- se heurtèrent à des francophones.

Des bagarres plus violentes se produisirent lors de la marche du 14 octobre 1962.

  - Les années septante et quatre-vingts furent marquées par des grèves importantes, notamment celle du secteur public en mai 1976, septembre 1982 et mai 1986. On peut mettre entre parenthèses la descente des agriculteurs européens qui saccagèrent la capitale en mars 1971 (un mort et de très nombreux dégâts).

Mais la manifestation la plus spectaculaire fut sans conteste celle du 23 octobre 1983, hostile au déploiement de missiles américains à Florennes : selon la gendarmerie, le cortège comprenait 120.000 personnes, selon les organisateurs (le C.N.P.A.D., Comité national d'action pour la paix et le développement) ils auraient été

400.000. Ce rassemblement, qui recruta surtout en Flandre, entrait dans le cadre d'un mouvement pacifiste européen mais il n'aboutit pas puisque les armes furent installées puis finalement retirées.

- Autre succès de foule : celui du 22 mars 1992, pour la démocratie, et la tolérance et contre le racisme.

Selon la gendarmerie, ils furent un peu moins de 70.000, selon les organisateurs de 120.000 à 150.000.

L'un des moteurs de ce rassemblement fut le MRAX (Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie). Il s'inscrivait en réaction aux scores réalisés par l'extrême droite aux élections du 24 novembre 1992.

- Le groupe le plus remuant de ces dernières années fut celui des enseignants de la Communauté française. Parmi les multiples actions de mécontents, on peut retenir deux temps forts : ceux du 18 novembre 1990, organisé par les associations de parents 40.000 personnes selon la police et la gendarmerie, 100.000 d'après les organisateurs) et du 28 février 1996 réunissant des protagonistes des deux communautés (de 35.000 à 50.000).

G.D.

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PLAINTE

Halte au PTB

« La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 page 10

HIER, à la demande des parents de Julie et Mélissa, le tribunal des référés de Bruxelles a interdit provisoirement au parti d'extrême gauche PTB de faire appel, à travers toutes publications, à la participation à la marche de dimanche si cet appel a un but autre que celui voulu par les organisateurs de la marche. Si le PTB ne se conforme pas à cette ordonnance, il sera condamné à une astreinte de 50.000 F par infraction.

Le PTB (Parti du travail de Belgique) profite de toutes les occasions possibles pour se joindre à des manifestations et clamer ses revendications d'extrême gauche.

Cela, les parents Lejeune et Russo n'en voulaient pas: c'est la raison pour laquelle ils avaient assigné ce groupuscule devant le tribunal des référés de Bruxelles.

En effet, à plusieurs reprises déjà,ce parti avait publié les photos des deux fillettes assassinées dans leurs tracts.

Me Fermon, l'avocat du PTB, s'est étonné de cette requête. Il a souligné que le parti, à la demande des parents Russo et Lejeune, avait déjà retiré ces photos des tracts.

Il ne devrait pas y en avoir d'autres mais, contrairement aux membres des autres partis qui défileront individuellement, le PTB, lui, risque fort de manifester avec ses célèbres calicots. Mais cela, ce n'était pas du ressort du tribunal.

Ce sera, dimanche, aux forces de l'ordre d'intervenir.

 J.H.

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RADIOS TV

Directs et flashes spéciaux

« La Meuse » du samedi 19 et dimanche 20 octobre 1996 page 10

La RTBF et RTL-TVi ont mobilisé leurs troupes, ce week-end. Déjà samedi, à 19 h 25, dans « En direct » sur RTL-TVi, Stéphane Rosenblat accueille Marie-Noëlle Bouzet, maman d'Élisabeth Brichet et responsable de la marche en blanche.

Le lendemain, à midi, sur le plateau de Controverse, Pascal Vrebos donne exclusivement la parole aux parents d'enfants disparus. Il accueille les Lejeune, les Marchal, les Russo, Nabela Benaïssa et Marie-Noëlle Bouzet.

Place ensuite aux éditions spéciales du JT à 13 h et 19 h, en direct de la marche.

Trois journalistes-vedettes de la chaîne seront sur le pont. Après Philippe Henry et Philippe Malherbe, Frédérique Ries prendra le relais l'après-midi dans le cadre des flashes d'infos. Bel RTL couvrira également l'événement. Entre 13 et 14 h, Pascal Vrebos animera Les auditeurs ont la parole.

 

A la RTBF, d'importants moyens sont aussi déployés. A 12 h 45, dans le JT, sont prévus des sujets traitant les départs en gares ainsi qu'un direct à partir de la gare du Nord. A 13 h10, 'Hebdo se met au diapason.

Il propose un reportage de 26 minutes de Marc Bouvier et Pascale Preumont sur la marche, ses raisons, comment s'est faite cette mobilisation... Durant tout l'après-midi, des flashes en direct à18 h, un document intitulé Fleurs blanches relate l'histoire de Julie et Mélissa.

Après le JT soir, Alain Gerlache animera le débat entre les parents d'enfants disparus, des politiciens et des sociologues.

 

CG.

 

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